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Donbass Insider : Trolls, pressions et menaces de mort

Q. Comment cela se passe-t-il de l’intérieur au Donbass Insider ?

R. De l’intérieur nous avons l’afflux de beaucoup de commentaires, lettres ou messages sur les différents supports. La plus grande masse est de gens qui nous suivent, parfois depuis longtemps. Ils nous envoient des encouragements, des liens, des informations, du renseignement et un résumé de l’ambiance qui règne autour d’eux, en France ou ailleurs. Je dirais qu’environ 85 % de ces communications qui viennent à nous sont positives, le reste vient du support de l’Ukraine et il faut être sacrément tordu pour avoir du temps à perdre dans une telle démarche négative !

Q. Et que vous écrivent ces gens qui supportent l’Ukraine ?

R. Il y a trois types de personnages : 1) le supporter ancien de l’Ukraine, il se fait plus rare maintenant, car ceux-là comprennent l’arrivée imminente de la défaite. Ils ont cru il y a 8 ans à la victoire, nous nous souvenons que des néonazis français envoyaient des messages parlant de notre fin. Laurent Brayard (2015-2016), a même reçu des lettres très précises sur comment ils allaient le tuer, avec descriptions des tortures, menaces pour ses enfants, ses parents. Il s’agissait surtout de néonazis français ou belges, de types qui vont se faire petit je pense, mais aussi d’une frange libérale, socialiste, européiste qui rêvait de l’Union européenne comme du paradis ultime. En 2) le troll, beaucoup plus répandu, à l’orthographe incertaine, souvent au verbe fleuri, très prolixe et violent non seulement avec la langue française mais aussi dans les propos. Ceux-là sont le plus grand nombre, ils ont vu trois infos à la télévision, la guerre se déclenche dans leur salon et l’espace d’un temps plus ou moins court, ils se lancent dans l’envoi de commentaires assassins ! En 3) de l’Ukrainien ou plus rarement du « Russe » de la diaspora. Je dis « Russe » mais ce sont souvent plutôt des Géorgiens, Caucasiens et Tchétchènes, et pour le reste de l’Ukrainien. Les nazis ukrainiens ont autre chose à faire que de nous écrire, mais le social-démocrate oui, c’est un peu plus poli, un peu plus construit mais c’est toujours dans la culture du déni, rien sur les massacres, les tueries, la police politique du SBU.

Q. Ces pressions viennent-elles d’ailleurs ?

R. Oui mais par d’autres canaux. Essentiellement celui des journalistes occidentaux. Comme ils ne font pas leur travail, il y a clairement entre eux et nous une guerre de l’information. Certains ont essayé de nous apitoyer en s’infiltrant dans le Donbass à nos côtés. La ruse consistait à entrer en contact avec nous, venir sous notre couvert ou notre aide, puis en se justifiant d’être venus dans le Donbass de descendre en flammes dans leurs articles mensongers la cause des insurgés et des populations contre le Maïdan. Olivier Lafaye spécialiste à l’époque au journal Le Monde de l’extrême-droite a voulu venir. Nous lui avions dis oui (2016), car l’extrême-droite en Ukraine, il y avait de quoi faire ! Au dernier moment il avait déclaré que Benoît Vitkine viendrait à sa place... pour étudier l’extrême-droite dans le Donbass ! Une fois ce fut un journaliste de RFI qui fit semblant de nous interviewer pour tenter de trouver une info croustillante ! Il a disparu et nous n’en entendîmes plus jamais parler ! D’autres l’ont joué sur l’affectif. C’est le cas de Gulliver Cragh de France 24. Nous avons eu aussi les « reportages chocs » de l’arrière-ban égoutier de ces journalistes. Comme avec Matthieu Mollard, ou Antoine Haslay et bien sûr le friable Paul Gogo, dans des blogs ou recoins d’internet ou des journaux comme Slate ! Une référence dans les médias sponsorisés... d’un certain Georges Soros, une sorte de Voici sordide de l’information, digne de Goebbels ou de La Pravda réunis !

Q. Mais vous parliez de menaces de mort, avez-vous ressenti ce danger ?

R. Des menaces précises Christelle Néant en a reçu beaucoup en six ans. Nous avons même eu le cas d’un infiltré, peut-être des services secrets français. C’était un super troll en apparence, 2015-2019, qui a réussi à faire de l’entrisme auprès de presque tous les activistes du Donbass. Il en a arraché des informations, les a instrumentalisé, publié, jouant A contre B, B contre C etc. Nous avons échappé à ce piège pour notre part, mais ce travail de désinformation pouvait parfaitement nous mettre en danger. Nous ou bien nos familles. Tous les volontaires, et encore plus ceux avec des armes, du moins les médiatisés savent de quoi il retourne. Nos familles ont été menacées de mort et certaines anecdotes seront à raconter après la guerre. Certaines personnes de notre réseau arrière ont pris peur parfois. J’ai quelques noms en tête, de gens qui au fil du temps se sont inquiétés. Le volontaire et activiste Sébastien Hairon a été celui qui a le plus travaillé sur le repérage, le tri et l’étude des personnages qui nous menaçaient. Je me rappelles de ses archives, impressionnant ! Une montagne et il y en avait de toutes les sortes.

Q. Avez-vous eu des menaces d’officiels, de l’État français ?

R. De personnalités, jamais directement, mais plutôt de seconds couteaux. Je me souviens d’un assistant parlementaire d’un député socialiste du Mans. Il publiait sur les réseaux sociaux des insultes dégradantes, sans parler des menaces de procès. Des procès il y en a eut deux en fait : celui de Laurent Brayard en 2017, gagné par lui. C’était grave, il y fut question de son appartenance « aux réseaux de Poutine », l’attaque visait ses enfants avec perte de ses droits de parent, grosse amende et compensation financière. C’était tellement ridicule que la juge aux affaires familiales, en charge de l’affaire n’a pu que juger en sa faveur et de l’intérêt surtout des enfants. Mais ça montre le niveau d’en face. Le deuxième procès a été celui de Cécile Vaissié... pour sa diffamation notamment d’Olivier Berruyer ou d’Hélène Richard-Favre. Cette professeure d’Université de Rennes a été condamnée en 2019, mais elle fut quand même protégée et une bonne partie des faits écartés bien qu’elle eut été en flagrant délit d’avoir tenu la plume de la pire des désinformations, celle qui cherche à salir l’honneur, chargée de bile et de fiel. L’État ne pouvait se montrer réellement, mais il a cherché à frapper par la suite ailleurs. Toujours dans le cas de L. Brayard, il fut atteint par plusieurs dénonciations administratives survenues dans l’année 2018. Les conséquences ont été la fermeture de son seul compte bancaire en France (Société Générale) ainsi qu’une ubuesque tentative de contrôle fiscal de l’administration française. La Société Générale lui avait même demandé, si sa domiciliation fiscale était... l’Ukraine, on l’imagine bien annoncer à sa banque, à propos d’un compte sans mouvement durant tout son séjour : « Messieurs, je suis en Ukraine ! ». Et par quelle artifice sa banque a-t-elle eut cette « information »... je vous laisse imaginer !

Q. Y-a-t-il des trolls professionnels en face ?

R. Oui certainement mais ici, il est difficile d’affirmer. Nous savons cependant que les états occidentaux, l’Union européenne, etc., embauchent des trolls internet. Chacun d’eux fonde des comptes sur les réseaux sociaux, jusqu’à plusieurs dizaines et commentent un peu partout pour tenter d’intimider les badauds, donner l’impression d’une tendance inverse, désinformer, noyer le poisson ou même rendre inaudible le débat se réduisant à un infâme pugilat d’insultes sordides. Plus nombreux sont les trolls amateurs. Ce qu’ils ne savent pas toutefois c’est qu’après 8 ans à travailler sur le front du Donbass... nous n’avons peur de rien ! Nous traîner devant une justice ? Comment ? En venant nous chercher dans le Donbass ? Absurde ! Nous sommes totalement protégés dans une république en dehors de l’Ordre Mondial. Beaucoup envoient des insultes ou des commentaires sur le Donbass Insider. Ce qu’ils ne savent pas c’est qu’une fois désignés comme indésirables, leurs commentaires vont directement dans la poubelle du site. Nous ne lisons jamais leurs messages. Quelques lignes suffisent à définir que c’est négatif, un clic, hop hop, la poubelle ! Ensuite c’est automatique dès qu’ils ont été repérés.

Q. Vous pouvez les identifier ?

R. Dans l’immense majorité des cas oui, mais nous ne sommes pas des Ukrainiens, nous n’établissons pas de liste de gens à tuer après la guerre, comme le faisait l’Ukraine et le SBU, notamment avec la liste Mirotvorets, très connue, directement issue de la loi et opération ATO de la Rada d’Ukraine (2014). Christelle Néant est sur cette liste, Laurent Brayard aussi, nombre d’autres activistes, c’était une menace supplémentaire et un socle qui en cas de victoire de l’Ukraine aurait pu nous envoyer à la mort ou 15 ou 20 ans en prison... si nous avions été pris. Mais à l’heure actuelle j’ai bien peur que l’Ukraine ne soit pas en mesure de jamais nous atteindre ! Au contraire les gens du SBU qui ont fait ces listes devront être jugés. Ce que nous regardons quand les gens nous menacent ou envoient des insultes c’est l’IP. Elle nous informe de suite de la localisation, cela nous permet d’avoir une idée d’où viennent les menaces car ces gens sont très peu prudents ! Parfois les adresses électroniques parlent ! Nous avons eu un brave conseiller municipal breton et cadre d’une entreprise française qui nous écrivait avec son adresse du travail. Une petite lettre à son entreprise et le monsieur a du transpirer un bon quart d’heure dans le bureau de son directeur ! Car des menaces physiques ou des diffamations cela peut conduire au pénal en France ! Le SBU et les assassinats politiques c’est en Ukraine ! La loi n’est pas totalement corrompue en Europe de l’Ouest et lorsque les Russes ouvriront les charniers et apporteront les preuves des répressions politiques terribles qui ont été commises, autant vous dire que plus d’un en France se feront petit pour avoir serrés des mains ensanglantées ou fait des déclarations de soutien aux massacreurs !

Q. Un petit mot pour la fin ?

R. Oui, nous n’oublions pas que ces gens, pour une bonne part, hormis journalistes et politiques, ont été trompés par ces derniers. Comme dans l’Allemagne de l’après-guerre, beaucoup vont dire, « on ne savait pas, on nous a trompé, on n’a rien vu ! ». En Ukraine et aussi en France bien sûr... car comment imaginer que nos services secrets n’ont pas su pour les massacres, les tortures et tout le reste ? S’ils n’ont rien su, alors la France possède les services les plus notoirement incapables de toute la planète !

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