RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Epidémies et littérature

Oedipe et le Sphinx - Médaillon d’un kylix attique à figures rouges, 480-470 av. J.-C

A l'heure où le virus se propage et nous oblige au confinement, c'est le moment de se plonger dans ces oeuvres littéraires qui nous parlent des réactions humaines et sociales en temps d'épidémie. De Sophocle à Camus en passant par Jean de la Fontaine, et quelques autres, lisons (ou relisons) ces classiques et tirons-en des enseignements pour aujourd'hui ... et pour demain !

♦ "Œdipe Roi" de Sophocle (Ve siècle avant JC)

Ce sont les tragédies grecques qui, les premières, se sont intéressées aux épidémies et leur ont donné une dimension littéraire. Mais aussi mythologique comme il était courant à l’époque.

Ainsi pour Sophocle, dans "Œdipe Roi", c’est la peste qui ravage Thèbes qui provoquera l’accomplissement de son destin.

Œdipe, a été élevé à Corinthe par des parents adoptifs. Roi de Thèbes il se découvre parricide et incestueux malgré lui. L’oracle de Delphes lui demande de chasser son père biologique de la ville afin de la sauver de "la souillure".

Dans l’œuvre de Sophocle, la peste n’est pas seulement le prétexte qui permet au destin d’Œdipe de se réaliser, c’est aussi une métaphore de la violence qui se répand dans la ville de façon contagieuse.

♦ "Les Animaux malades de la peste" de Jean de La Fontaine (XVIIe siècle)

Bien des siècles plus tard Jean de la Fontaine s’inspirera de la peste de Thèbes dans sa fable : "Un mal qui répand la terreur, Mal que le ciel en sa fureur, Inventa pour punir les crimes de la terre". "Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés"

Pour sauver son peuple de la peste le roi (le lion) propose de sacrifier "le plus coupable". C’est l’âne, le plus honnête, mais aussi le plus naïf, qui sera condamné car "on cria haro sur le baudet".

La Fontaine nous décrit ici un univers politique qui nous est familier, hélas, fait de mensonges et d’hypocrisie : "Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir" nous dit-il.

La peste est ici, non pas le vecteur du mal, mais le milieu même sur lequel elle peut se répandre.

Le Masque de la mort rouge, d’Edgar Allan Poe (1842)

Traduit en français par Charles Baudelaire, un roman "gothique" qui se prête à de nombreuses interprétations.

Dans une abbaye fortifiée le prince s’est enfermé, avec mille de ses courtisans, afin de fuir l’épidémie foudroyante de la Mort Rouge, terrible fléau qui frappe le pays. Indifférents aux malheurs des populations frappées par la maladie, ils mènent alors une vie de plaisirs en toute sécurité.

Mais leur isolement n’est qu’illusion et ils finiront par être frappés eux aussi.

La Peste écarlate, de Jack London (1912)

Un récit d’anticipation post apocalypse : suite à une épidémie, le monde est redevenu sauvage et presque tous les humains ont disparu. Les quelques individus épargnés ont recréé un semblant de société mais sans culture et sans passé et dirigé par des brutes.

Mais un espoir subsiste : un vieillard a entreposé dans une grotte des ouvrages, vestiges de la civilisation, afin qu’un jour l’esprit humain puisse renaître de ses cendres.

Le théâtre et la peste, d’Antonin Artaud (1933)

Il introduit sa réflexion par une anecdote : le vice-roi de Sardaigne fait un rêve, quelques jours avant l’explosion de la grande peste à Marseille en 1720. Il rêve d’une épidémie qui détruirait toutes les structures de la société.

Pour Artaud : « Il y a dans le théâtre comme dans la peste quelque chose à la fois de victorieux et de vengeur. Cet incendie spontané que la peste allume où elle passe, on sent très bien qu’il n’est pas autre chose qu’une immense liquidation."

"De même que la peste, le théâtre est fait pour vider collectivement des abcès", pour guérir des crises, "par la mort ou la guérison" !

La Peste, d’Albert Camus (1947)

Camus écrira une partie de son roman "La Peste" au Panelier, un hameau près du Chambon-sur-Lignon (42). Il y passe plusieurs mois en 1942/43 suite à une rechute de tuberculose. Il y sera sans doute témoin des nombreuses actions de sauvetage en faveur de familles et d’enfants juifs menées par les habitants.

Si l’histoire se déroule à Oran (Algérie) dans les années 40, l’épidémie de peste qui a lieu dans le roman est en fait une allégorie qui fait clairement référence à l’horreur des camps nazis.

Camus lui-même nous éclaire sur ses intentions :

« La Peste, dont j’ai voulu qu’elle se lise sur plusieurs portées, a cependant comme contenu évident la lutte de la résistance européenne contre le nazisme. La preuve en est que cet ennemi qui n’est pas nommé, tout le monde l’a reconnu, et dans tous les pays d’Europe. Ajoutons qu’un long passage de La Peste a été publié sous l’Occupation dans un recueil de Combat et que cette circonstance à elle seule justifierait la transposition que j’ai opérée. La Peste, dans un sens, est plus qu’une chronique de la résistance. Mais assurément, elle n’est pas moins. »

On retrouve dans le livre de Camus toutes les réactions humaines face à l’assaut du mal que les épidémies, comme les guerres, réveillent : ceux qui s’acharnent à combattre la maladie et à sauver des malades, ceux qui s’enfuient et ceux qui tirent profit de la situation.

Bref une excellente lecture que cette "chronique de la résistance".

Le hussard sur le toit, de Jean Giono (1951)

Roman d’aventures avec chevauchées et coups d’épées. Un colonel de hussards traverse la Provence en proie à une épidémie de choléra.

La jeunesse et l’allégresse des deux héros contraste avec l’univers d’une humanité qui a perdu ses repères. La catastrophe de l’épidémie libère la peur, l’égoïsme et la rapacité.

Lors d’une interview, Giono explique lui-même : « Le choléra est un révélateur, un réacteur chimique qui met à nu les tempéraments les plus vils ou les plus nobles."

»» https://blogs.mediapart.fr/register/blog/160320/epidemies-et-litterature
URL de cet article 35788
  

Palestine, photographies de Rogério Ferrari
Préface, Dominique Vidal - Texte, Leïla Khaled Rogério Ferrari n’est pas un reporter-photographe. Il ne scrute pas, ne témoigne pas, n’écrit pas d’images. Il s’emploie à rendre au plus grand nombre ce qu’il a reçu en partage : l’humanité tenace de celles et ceux à qui elle est déniée. Existences-Résistances est un alcool fort, dont l’alambic n’a pas de secret ; il lui a suffit de vivre avec celles et ceux qui en composent le bouquet. Au bout de ces images, point d’ivresse. Mais un silence. De ces silences (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Si les lois de Nuremberg étaient appliquées, chaque président des Etats-Unis de l’après-guerre aurait été pendu.

Noam Chomsky

Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.