RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Etats-Unis : Notre dernier espoir, c’est l’humour (Counterpunch)

Quand il y a un article sur Internet qui parle d’Obama et de Romney, je sais que son auteur ne considère pas la politique comme une chose sérieuse. Il est clair que ces deux hommes, à l’instar de tout le système bureaucratique étasunien, sont impuissants à résoudre les problèmes sérieux qui se posent aux Etasuniens et d’ailleurs à toute la planète. Cette année, la glace de la mer Arctique a diminué et sa diminution va bientôt atteindre des records historiques. La situation est bien pire qu’elle ne semble car la glace qui reste est molle et fine. De plus, à la différence de 2007, ce n’était pas le meilleur moment pour qu’elle fonde. La glace plus épaisse, dont l’épaisseur moyenne n’était que de 1,5 mètre, bien moins épaisse que les 7 mètres de l’ancien temps, est maintenant en morceaux. Elle est charriée par le détroit de Fram vers l’atlantique où elle fond. Si vous pensez qu’il a fait chaud cette année, attendez que toute la neige de l’Arctique soit fondue d ’ici quelques années.

Je pourrais continuer à énumérer les autres problèmes vraiment graves mais ceux qui les connaissent les connaissent déjà , et ceux qui ne les connaissent pas, ne les connaîtront jamais.

Le système politique étasunien est dans l’incapacité de gérer ces problèmes. L’histoire nous montre que son seul domaine de compétence est le domaine militaire et paramilitaire, et encore, il n’y est pas très performant. Regardez Katrina. Regardez les infrastructures en ruine. Regardez le chômage, le logement, la réaction à Fukushima. Ce système est une bête aveugle et idiote qui détruit la planète à travers ses agences hypertrophiées, remplies de gens si obnubilés par la technique qu’ils en perdent toute notion de l’humain. Sa structure pesante bourrée d’éléments de langage "politique" absurdes en fait une proie facile pour les multinationales et en premier lieu pour le secteur financier et militaro-industriel, qui jettent le pays dans des guerres dont le seul but semble être de détruire nos propres armes pour pouvoir en commander d’autres. Ces guerres sont des calamités épouvantables de quelque manière qu’on les prenne.

Plus personne ne peut croire à l’intelligence et à la force des politiciens étasuniens. Leur échec complet dans tous les domaines les condamne. Leur vertu est à vendre. Ils mentent ouvertement et de pathétiques experts tamisent leurs paroles pour y trouver des parcelles de vérité. Les intérêts qu’ils sont payés pour servir, n’ont rien à voir avec l’intérêt général de l’espèce humaine car même ceux que la kleptocratie a rendus riches, connaîtront une mort horrible dans l’holocauste qui nous attend. Comment peut-on voir dans les tentatives de falsifier les données scientifiques du réchauffement climatique autre chose qu’un désir de mort ? Le système politique étasunien est une machine de mort, même pour les très riches qui vivront peut-être un peu plus longtemps mais ce ne sera pas la fête quand il devront survivre dans un désert radioactif brûlant rempli de desperados. Ce n’est pas idéal pour des banquiers.

Il est inutile de s’attarder sur les leaders que le système produit. Ils sont juste bons à sentir quand le vent tourne, rien de plus. Apparemment pleins d’énergie, ils dérivent de ci de là , au gré du vent, comme des bateaux sans gouvernail. Et les vents les plus forts sont les vents de la guerre et leurs pluies de cash. D’Obama ou de Romney, également dénués des qualités de leader, peu importe qui prendra la barre de ce navire sans gouvernail car c’est le vent qui décide de la direction. Il est ridicule de croire qu’avec Obama à la barre, la direction sera un petit peu différente. Car même si c’était le cas, cela ne changera rien quand la tempête de catastrophes qui s’annonce nous engloutira tous.

Le système tout entier branlant ne repose plus que sur un pied fragile : la Cour de Justice. La soumission des citoyens à l’absurde comédie de la Cour de Justice, permet à la pièce de théâtre orchestrée par le gouvernement de se dérouler. Le fait que le gouvernement personnifie la justice dans les tribunaux lui donne sa légitimité. Mais la foi vacille. Le théâtre de la justice paraît de plus en plus absurde. Peut-on imaginer le procès de Julian Assange ? Il tournerait vite à la farce. Ils n’osent même pas reconnaître qu’un Grand Jury l’a inculpé. On peut être sûr que s’ils parviennent à l’amener ici, ils l’enverront devant un tribunal secret. Les tribunaux militaires sont des tribunaux secrets parce qu’ils ne peuvent pas supporter la lumière du jour. Ils sont la preuve indéniable que le spectacle digne de Polichinelle que donne la justice lui a ôté toute dignité et que l’honorable juge devrait porter un tricorne. Il n’aurait pas l’air plus idiot que dans sa ridicule robe noire. Combien de temps durerait la Cour Suprême si elle se retrouvait en face d’une mer de visages moqueurs. La dérision pourrait être extraordinairement subtile - un léger ricanement, un roulement des yeux, une attitude goguenarde, un geste farfelu. Pour tout dire, je pense (et j’espère) que le rire vient tout seul quand on a compris la blague. Mais combien faudra-t-il encore de temps aux Etasuniens pour comprendre la blague ? Parce que la loi est devenue une blague. J’imagine parfois entendre un éclat de rire accueillir la Cour Suprême de Justice, faisant s’écrouler tout le système américain.

Il faut changer de système. Celui-ci n’est pas à la hauteur des enjeux que doit affronter la race humaine en ce moment. Les Etats-Unis devraient mener le monde, et ils en sont incapables. Le rire et la dérision, pas la violence, sont les armes qu’il faut utiliser contre le système. Les systèmes totalitaires craignent le rire autant que le terrorisme. Le fait que l’humour soit interdit aux chacals de la Sécurité Intérieure qui accueillent les voyageurs étasuniens et étrangers révèle au monde entier ce que les Etats-Unis sont réellement devenus : un pays totalitaire au bout du rouleau qui sombre dans la bêtise. N’est-il pas évident que n’importe quel être humain d’une intelligence normale montrerait, dans un débat présidentiel, plus de sens commun que les candidats et experts et serait capable de les disqualifier ? S’il demandait par exemple "quelle est votre politique étrangère ?" il n’obtiendrait que des réponses de Normand. Todd Akin, le représentant du Missouri, l’état "où on ne croit que ce qu’on voit" s’est surtout révélé un imbécile incapable de réfléchir. Voilà le niveau intellectuel du politicien moyen étasunien.

Il y a toutes les chances pour que nous soyons déjà fichus, même si c’est politiquement incorrect de le dire. Mais ce serait quand même beaucoup mieux d’essayer de nous servir de notre intelligence pour faire ce que nous pouvons. Le système des Etats-Unis porte en lui la disparition de l’humanité. Il ne profite à personne même pas aux riches, à moins qu’ils n’aient envie de mourir. Il faut s’en débarrasser si on veut assurer la survie d’un modèle acceptable d’Homo Sapiens.

Le rire, le rire est notre dernier espoir.

Michael Doliner

Pour consulter l’original : http://www.counterpunch.org/2012/08/24/a-plea-for-mockery/

Traduction : Dominique Muselet

URL de cet article 17552
  

Même Thème
CUBA OU L’INTELLIGENCE POLITIQUE - Réponses à un président des États-Unis (Livre format PDF)
Jacques-François BONALDI
365 JOURS APRÈS Aujourd’hui 22 mars 2017, voilà un an jour pour jour que Barack Obama entrait de son pas caractéristique sur la scène du Grand Théâtre de La Havane pour une première : un président étasunien s’adressant en direct et en personne au peuple cubain. Trois cent soixante-cinq jours après, que reste-t-il de ce qui était le clou de sa visite de deux jours et demi à La Havane ? Pas grand-chose, je le crains… Les événements se déroulent maintenant si vite et tant de choses se sont passées depuis – (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Il est difficile de faire comprendre quelque chose à quelqu’un lorsque son salaire lui impose de ne pas comprendre."

Sinclair Lewis
Prix Nobel de littérature

Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.