RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
12 

Gilets jaunes : Ce que la France a de spécifique (Insurgente)

L’Allemagne et le Japon ont l’honneur improbable d’être deux pays où jamais une révolution n’a triomphé. Ce n’est pas par hasard qu’ils sont ceux qui, précisément pour cette raison, ont donné naissance à des régimes aussi honteux que le nazisme et le militarisme fasciste japonais. En revanche, l’histoire de France est marquée par des révolutions et des soulèvements populaires récurrents. Outre la Grande Révolution de 1789, il y eut des éruptions révolutionnaires en 1830, beaucoup plus vigoureuses en 1848 et la glorieuse Commune de Paris de 1871, le premier gouvernement de la classe ouvrière de l’histoire mondiale. Après leur écrasement sanglant, il semblait que la rébellion du peuple français s’était éteinte à jamais. Ce ne fut pas le cas. Elle réapparaît dans la résistance héroïque à l’occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, puis, avec une force écrasante, en mai 1968.

Est-ce la seule chose qui fait de la France un pays si particulier ? Plus important encore que ce ferment insurrectionnel incessant qui distingue historiquement les couches populaires françaises, c’est que leurs luttes résonnent comme aucune autre sur la scène mondiale. Karl Marx l’avait déjà remarqué en 1848 quand, en observant la révolution en France, il disait que "le chant du coq gaulois réveillera à nouveau l’Europe". Et il la réveilla, bien que ces rêves aient été écrasés à mort par le sang et le feu. Regardons l’histoire : la Révolution française a résonné en Europe et en Amérique, avec une force tonitruante ; la Commune est devenue une source d’inspiration pour le mouvement ouvrier mondial, ses enseignements retentissant même dans certaines régions reculées d’Asie. Le mai français serait reproduit, avec les caractéristiques nationales logiques, dans le monde entier. En d’autres termes : la France a cette capacité unique de transformer le sien en un événement historique-universel, comme Hegel aimait à le dire. Et c’est précisément la particularité inimitable des Français.

La rébellion des " gilets jaunes " qui a commencé il y a quelques semaines lorsque deux camionneurs et la propriétaire d’une petite entreprise - inconnus l’un de l’autre et vivant dans des lieux différents à l’intérieur de la France - ont lancé un appel à protester dans les ronds-points à l’entrée de leurs petites villes contre la hausse du prix des carburants, via des réseaux sociaux. Quelques jours plus tard, la seconde comptait près d’un million d’adeptes sur son compte Facebook. Puis vint la convocation du 17 novembre à Paris et, de là, la protestation prit une dimension phénoménale qui mit le gouvernement de Macron entre le marteau et l’enclume. Ce que les syndicats des chemins de fer n’avaient pas pu faire en trois mois de luttes a été réalisé par les "gilets jaunes" en quelques semaines. Et les choses continuent, et la "contagion" du virus rebelle qui arrive de France est déjà visible au-delà de ses frontières. Elle a déjà gagné la Belgique, la Hollande et maintenant la Pologne, à l’occasion du Sommet sur le climat de Katowice. En Égypte, le régime d’Al Sisi a interdit la vente de gilets jaunes dans tout le pays par mesure de précaution pour éviter que l’exemple français ne se répande dans leur pays.

La révolte, ouverte, ne concerne plus seulement le prix des carburants. Il s’agit d’une protestation diffuse mais généralisée avec une composition sociale très hétérogène contre la France des riches et dont l’agenda hétéroclite des revendications permet de percevoir les contours d’un programme non seulement post mais clairement anti-néolibéral. On trouve aussi d’autres contenus qui font référence à une cosmovision plus traditionnelle d’une France blanche, chrétienne et nationaliste. Cet ensemble hétéroclite de revendications, exprimées de façon inorganique, recèle des revendications multiples et contradictoires, issues de l’émergence soudaine et inattendue d’un activisme spontané, sans direction politique. C’est là un grave problème parce que toute cette énorme énergie sociale libérée dans les rues de France pourrait tout aussi bien mener à des conquêtes révolutionnaires que s’effondrer par un coup de grâce réactionnaire. Cependant, au-delà de l’incertitude sur l’évolution future de la mobilisation populaire et de l’inévitable complexité idéologique présente dans tous les grands mouvements de masse spontanés, il ne fait aucun doute que leur existence même a compromis la continuité de l’hégémonie néolibérale en France et la stabilité du gouvernement d’Emmanuel Macron.

Et dans un monde surpeuplé de Trumps et de Bolsonaros, de Macris et de Macrons, tout cela est une bonne nouvelle car le "chant du coq gaulois" pourrait bien réveiller la rébellion latente - ou plutôt anesthésiée par préméditation - des peuples en Europe et à l’étranger et devenir l’étincelle qui allume la plaine aride que nos politiques néolibérales ont transformé en sociétés victimes de la mort et du silence de l’holocauste social aux proportions inouïes.

Ce n’est pas la première fois que les Français jouent ce rôle d’avant-garde sur la scène universelle et leur lutte ardente pourrait devenir, surtout dans les banlieues de l’empire, le déclencheur d’une vague de soulèvements populaires - comme ce fut le cas principalement avec la Révolution française et mai 1968 - contre un système, le capitalisme et une politique, le néolibéralisme, dont on sait les résultats catastrophiques. Nous ne savons pas si une telle chose se produira, si la "contagion" redoutée finira par se produire, mais les signes d’une répudiation généralisée des gouvernements qui ne font qu’enrichir les riches et piller les pauvres sont chaque fois plus nombreux à travers le monde. Nous n’aurons pas à attendre longtemps, car l’histoire nous dictera bientôt son verdict sans appel.

Au-delà de ses effets globaux, la brise venant de France est opportune et stimulante à l’heure où tant d’intellectuels et de publicistes d’Amérique latine, d’Europe et des Etats-Unis se réjouissent de la " fin du cycle progressiste " dans Notre Amérique, qui serait suivie du début d’un autre signe " néolibéral " ou conservateur que seuls ceux qui veulent convaincre les gens qu’il n’existe aucune alternative au changement et que l’expression « capitalisme ou chaos », cache malicieusement la réalité que le capitalisme EST le chaos. C’est pourquoi les événements en France sont un coup de torchon sur tant de mensonges qui prétendant s’appuyer sur une analyse économique ou sociopolitique rigoureuse. Ils nous montrent que l’histoire peut toujours prendre un tournant inattendu, et que ce qui semblait être un ordre économique et politique immuable et imprenable peut tomber en morceaux en moins de temps qu’un coq ne chante ... en français.

Atilio Boron

Traduction par Alfare avec l’aide de du traducteur Deepl

»» http://insurgente.org/atilio-boron-chalecos-amarillos-la-peculiaridad-...
URL de cet article 34251
  

Cuba, Fidel et le Che - ou l’aventure du socialisme
Danielle BLEITRACH, Jacques-François BONALDI
Voilà notre livre, il est enfin sorti de l’imprimerie, tout chaud comme un petit pain… Il faut que je vous explique de quoi il s’agit, comment se le procurer s’il vous intéresse et comment organiser des débats autour si bien sûr vous êtes en mesure de le faire… Danielle Bleitrach D’abord sachez que ce livre inaugure une collection du temps des cerises, collection qui portera le nom "aventure du socialisme" Je reviendrai sur cette idée du socialisme comme aventure. L’idée donc du livre (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

La différence entre antisionisme et antisémitisme ?
Environ 80 points de QI.

Viktor DEDAJ

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.