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Pour économiser les balles, ils écrasaient la tête des enfants contre le mur…

Guatemala : un dictateur poursuivi, un président inquiété

Efraà­n Rà­os Montt, ce nom ne dit rien aux Français surinformés par une pléthore de médias « libres et objectifs ».
Entre 1982 et 1983 où ce général dirigea le Guatemala par suite d’un coup d’Etat appuyé par les USA, 200 000 Guatémaltèques (au moins) ont été assassinés. Constitution abrogée, tribunaux secrets, enlèvements, tortures, exécutions extra-judiciaires furent l’oeuvre de la junte militaire oeuvrant pour « la démocratie ».
En décembre 1982, 440 villages furent entièrement rasés, 10 000 indiens abattus ou jetés vivants par hélicoptère dans l’océan Pacifique.
Le 30 janvier 2013, un procès s’est ouvert contre Rios Montt, âgé de 85 ans.

LGS.

Une première en Amérique latine : le 30 janvier s’est ouvert un procès pour « génocide et crimes contre l’humanité » à l’encontre de l’ancien dictateur guatémaltèque Efraà­n Rà­os Montt et de l’ex-responsable des renseignements militaires José Mauricio Rodrà­guez Sanchez.

Le général putschiste Rà­os Montt dirigeait le pays depuis un an lorsque, le 14 mars 1983, un reporter du New York Times rend compte de son séjour dans le pays : « Nous n’avons cessé d’entendre la même histoire : des soldats du gouvernement en uniforme arrivent dans un village, rassemblent les hommes et les femmes et les mitraillent. Mais, apparemment, ils ne gaspillent pas leurs balles à tirer sur des enfants. Ils les attrapent par les pieds et leur écrasent la tête contre un mur. Ou encore, ils leur nouent une corde autour du cou jusqu’à ce que mort s’ensuive par strangulation. Nous avons entendu parler d’enfants jetés en l’air puis passés à la baïonnette ». Pour se justifier, Rà­os Montt se contente de répondre : « Nous ne pratiquons pas une politique de la terre brûlée, mais une politique de communistes brûlés ».

Rà­os Montt est à son tour renversé en août 1983. Pourtant, son nom reste associé à la période la plus sanglante de la guerre civile guatémaltèque (près de quarante ans et environ deux cent mille morts et disparus), au cours de laquelle les militaires guatémaltèques reçurent l’aide active de la Central Intelligence Agency. Après tout, Washington n’avait-il pas décidé le renversement du président Jacobo Arbenz, élu en 1951, coupable d’avoir promulgué une réforme agraire ayant conduit à l’expropriation partielle de la compagnie bananière United Fruit ?

Trois ans après la signature des accords de paix de décembre 1996, la Fondation Rigoberta Menchú déposait une plainte pour « génocide, tortures et crimes contre l’humanité » contre Rà­os Montt, devant les tribunaux espagnols. Sans succès.

A l’époque, l’oligarchie terrienne « a tout intérêt à voir se perpétuer le chaos », écrivait Maurice Lemoine dans nos colonnes, en mai 1996. Sous l’effet d’une singulière réconciliation entre les acteurs du conflit " à l’exception de l’Union révolutionnaire nationale guatémaltèque (URNG) ", le Guatemala est devenu peu à peu « le pays où la droite est reine ». L’impunité s’est installée, tout comme la criminalité organisée : la violence a dépassé le niveau qu’elle avait atteint durant le conflit armé.

Après un premier frémissement en octobre 2012, l’ouverture du procès contre Rà­os Montt et Rodrà­guez Sanchez signe un premier succès pour les organisations de défense des droits humains et de lutte contre l’impunité dans le pays.

Le gouvernement du président Otto Pérez Molina, un ancien militaire, s’est refusé à tout commentaire. En 1982, Pérez Molina participait aux campagnes militaires menées dans la zone de l’Ixil, l’une des plus touchées par la répression selon la Commission d’éclaircissement historique (CEH) des Nations unies. « Deux documents, le plan de campagne militaire dit "plan Sofia" (1982) et le film Titular de hoy : Guatemala (1), montrent M. Pérez Molina agissant en tant que responsable d’unités militaires d’intervention dans les communautés de la région », rappelait Grégory Lassalle (« Guatemala, le pays où la droite est reine », La valise diplomatique, 28 octobre 2011), qui ajoutait :« Connu en temps de guerre sous le nom de "commandant Tito" et de "Capitán Fosforito" ("Capitaine Allumette" ) pour sa disposition à brûler les maisons dans les villages qu’il rasait, M. Pérez Molina nie : "Il n’y a pas eu de massacres. Quand j’étais là -bas, au contraire, les gens ont retrouvé le moral. Ma présence a changé la situation de la guerre en Ixil."  »

La justice le conduira-t-elle à réviser son souvenir ?

Le Monde Diplomatique,

mercredi 6 février 2013.

http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2013-02-06-Guatemala-un-dictat...

(1) Le « plan Sofia » est un document de campagnes militaires daté d’août 1982, rendu public récemment. « Titular de hoy : Guatemala » a pour sa part été tourné par le journaliste Mikael Wahlforss en 1982.

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