Pour moi le 9 août, c’était
Le jour de Nagasaki et
Ses soixante et dix mille crimes
Impunis…
Aussi le jour de la mort
De Mahmoud Darwich
Dont le village fut rasé
Lors de la Nakba…
Qui aimait tant la vie…
C’était en 1945… C’était en 2008…
http://www.legrandsoir.info/HONTE-A-LIBERATION-MAHMOUD-DARWICH-ENTERRE-SOUS-LA-RUBRIQUE.html
N’oublions pas ses textes superbes…
http://www.legrandsoir.info/pages-grise-la-trace-du-papillon-s-est-envolee-pensee-pour-mahmoud-darwich.html
A l’heure de l’épuration ethnique dans le Néguev… Des dizaines de milliers d’autres palestiniens voient leurs villages rasés,
http://www.legrandsoir.info/plan-prawer-destruction-de-villages-bedouins-au-neguev-naqab-poursuite-de-la-nakba.html
http://www.legrandsoir.info/nous-sommes-tous-des-bedouins-du-naqab-et-merci-a-l-union-europeenne-encore-un-effort-pourtant.html
Comme le fut celui de Mahmoud Darwich...
Comme le sont tant d’autres sous les bombes de l’Empire…
Comme furent rasés Hiroshima et Nagasaki…
Au nom de ‘notre’ Occident sanglant…
Relisons ce poème dont l’actualité reste si grande : “ Passant parmi les paroles passagères ”
Vous qui passez parmi les paroles passagères
portez vos noms et partez
Retirez vos heures de notre temps, partez
Extorquez ce que vous voulez
du bleu du ciel et du sable de la mémoire
Prenez les photos que vous voulez, pour savoir
que vous ne saurez pas
comment les pierres de notre terre
bâtissent le toit du ciel
Vous qui passez parmi les paroles passagères
Vous fournissez l’épée, nous fournissons le sang
vous fournissez l’acier et le feu, nous fournissons la chair
vous fournissez un autre char, nous fournissons les pierres
vous fournissez la bombe lacrymogène, nous fournissons la pluie
Mais le ciel et l’air
sont les mêmes pour vous et pour nous
Alors prenez votre lot de notre sang, et partez
allez dîner, festoyer et danser, puis partez
A nous de garder les roses des martyrs
à nous de vivre comme nous le voulons.
Vous qui passez parmi les paroles passagères
comme la poussière amère, passez où vous voulez
mais ne passez pas parmi nous comme les insectes volants
Nous avons à faire dans notre terre
nous avons à cultiver le blé
à l’abreuver de la rosée de nos corps
Nous avons ce qui ne vous agrée pas ic
pierres et perdrix
Alors, portez le passé, si vous le voulez
au marché des antiquités
et restituez le squelette à la huppe
sur un plateau de porcelaine
Nous avons ce qui ne vous agrée pas
nous avons l’avenir
et nous avons à faire dans notre pays
Vous qui passez parmi les paroles passagères
entassez vos illusions dans une fosse abandonnée, et partez
rendez les aiguilles du temps à la légitimité du veau d’or
ou au battement musical du revolver
Nous avons ce qui ne vous agrée pas ici, partez
Nous avons ce qui n’est pas à vous :
une patrie qui saigne, un peuple qui saigne
une patrie utile à l’oubli et au souvenir
Vous qui passez parmi les paroles passagères
il est temps que vous partiez
et que vous vous fixiez où bon vous semble
mais ne vous fixez pas parmi nous
Il est temps que vous partiez
que vous mouriez où bon vous semble
mais ne mourez pas parmi nous
Nous avons à faire dans notre terre
ici, nous avons le passé
la voix inaugurale de la vie
et nous y avons le présent, le présent et l’avenir
nous y avons l’ici-bas et l’au-delà
Alors, sortez de notre terre
de notre terre ferme, de notre mer
de notre blé, de notre sel, de notre blessure
de toute chose, sortez
des souvenirs de la mémoire
ô vous qui passez parmi les paroles passagères
(Mahmoud Darwich)