RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

"Il ne faut pas cultiver l’espoir d’une vie bourgeoise chez le peuple"

Dans un entretien avec Granma international, l’intellectuel et théologien brésilien passe en revue différents aspects de la situation actuelle au Brésil et nous livre ses réflexions sur les défis auxquels sont confrontés les mouvements progressistes en Amérique latine et dans la Caraïbe

FREI Betto est l’un des intellectuels latino-américains les plus connus pour ses contributions théoriques, ses liens avec les dirigeants de la région, son amitié avec Fidel et son travail permanent en faveur des mouvements sociaux et des justes causes du continent et du monde.

Ses concepts, inhérents à son statut de l’un des principaux théologiens brésiliens de la libération, le relient – non seulement dans son propre pays, mais dans toute l’Amérique latine et ailleurs – à d’importants mouvements qui représentent l’espoir pour les démunis et les opprimés.

Au Brésil, il n’est pas seulement un militant de gauche, mais aussi un combattant de première ligne, aux côtés de Lula et d’autres dirigeants qui se battent pour le progrès humain, et il est capable d’analyser de manière critique les facteurs négatifs qui, à son avis, ont imprégné certains partis et mouvements sociaux chassés du pouvoir par des coups d’État – juridiques et médiatiques – comme ceux que l’on voit aujourd’hui.

Je commence cet entretien par le Brésil, le pays de Betto, où le leader le plus populaire et le plus engagé envers son peuple, Luiz Inacio Lula da Silva, est détenu illégalement derrière les barreaux.

Le Brésil vit des moments décisifs : un processus électoral qui pourrait perpétuer le coup d’État de droite ou produire le changement souhaité par la majorité du peuple, avec Lula aux commandes. Pouvez-vous prédire un dénouement dans ce contexte ?

Il est impossible de prédire un dénouement. Il n’y a même aucune certitude que Lula puisse se présenter officiellement comme candidat. En septembre, nous allons avoir un mois chargé de surprises, pour le meilleur (je l’espère) ou pour le pire (je le crains).

Mon espoir, c’est que Lula, qui est crédité de 37% des intentions de vote, pourra transférer ses voix à Fernando Haddad, même s’il est empêché de se présenter. Un sondage publié le 21 août, a révélé que 39% des électeurs de Lula n’ont pas l’intention de voter pour Haddad. Autrement dit, le panorama électoral brésilien est particulièrement brouillé. J’espère que Jair Bolsonaro (le candidat d’extrême droite) perdra des électeurs lorsque la propagande électorale démarrera à la télévision, à partir du 30 août. »

Comment expliquer que le gouvernement putschiste se soit maintenu au pouvoir, malgré le grand recul des programmes sociaux ?

Michel Temer s’est maintenu au pouvoir grâce au soutien du Congrès, qui a acheté de nombreux députés et sénateurs. Par ailleurs, les gouvernements du PT n’ont pas procédé, tout au long des 13 ans de la gauche au pouvoir, à l’alphabétisation politique du peuple. Les mouvements populaires n’ont pas été renforcés. Ainsi, la mobilisation contre ce gouvernement putschiste n’a pas suffi à le faire tomber, même si cette mobilisation a réussi à empêcher la réforme de la sécurité sociale.

Pensez-vous que Lula et le PT ont élaboré un éventuel Plan B qui serait mis en œuvre lors de la dernière phase pré-électorale s’il ne pouvait pas se présenter comme candidat à la présidence en octobre prochain ?

Oui, le Plan B est connu de tous : Fernando Haddad du PT en tant que candidat à la présidence et Manuela D’Avila, du Parti communiste du Brésil (PcdoB), comme vice-présidente. Le défi est d’obtenir que les voix de Lula leur soient transférées.

À votre avis, quelles sont les plus grosses erreurs commises par la gauche latino-américaine au cours de la dernière décennie dans des pays comme le Brésil et l’Argentine ?

Au Brésil, ne pas avoir mieux travaillé sur la formation politique du peuple, le renforcement de ses mouvements et la promotion de la démocratisation des médias. Nous avons créé un pays de consommateurs et non pas de protagonistes politiques. Beaucoup veulent que Lula revienne au pouvoir pour avoir le même niveau de consommation sous son gouvernement et du premier de Dilma.

En Argentine, l’alphabétisation politique des gens n’a pas été prise en compte non plus. Un gouvernement progressiste ne s’appuie pas sur des slogans.

Que pensez-vous de ce qui se passe en Équateur et des accusations portées contre Rafael Correa ?

La situation en Équateur est vraiment lamentable. Avec cette gauche-là, il n’y a pas besoin d’une droite.

Pensez-vous que nous assistons à un retour en force de la droite latino-américaine ?

Oui, la gauche « entre dans le placard » et la droite en sort. Les gouvernements progressistes ont pris des mesures pour améliorer la situation sociale et réduire les inégalités, mais ils n’ont pas élaboré de stratégie pédagogique pour l’éducation politique du peuple, son organisation et sa mobilisation. Au nom d’un avenir meilleur, la gauche ne doit pas cultiver l’espoir d’une vie bourgeoise chez le peuple.

Éduquer la subjectivité humaine est aussi important que de garantir aux gens les biens matériels essentiels à une vie digne. Comme disait le conteur cubain Onelio Jorge Cardoso, rassasier les gens de pain et de beauté.

Pensez-vous que les pertes essuyées par la gauche de la région seront réversibles ?

Oui, je pense qu’elles sont réversibles, si nous nous livrons à une autocritique, en reconnaissant nos erreurs, comme celle croire que le gouvernement est un violon, que l’on tient de la main gauche et que l’on joue avec la main droite. La corruption de certains secteurs de la gauche a aussi grandement affaibli notre crédibilité.

Fidel m’a dit un jour qu’un révolutionnaire peut tout perdre, y compris sa vie, mais il ne doit jamais perdre sa morale.

Dans ce contexte, deux grands hommes ne sont plus physiquement parmi nous : Chavez et Fidel. Quel souvenir gardez-vous d’eux ?

Je me souviens de Chavez, qui était le troisième frère de Fidel, après Raul. Fidel et Chavez étaient tous deux en parfaite harmonie. Ils se ressemblaient dans leur intelligence stratégique, dans leur macro-vision de la conjoncture, dans leur forte empathie avec les masses. Ce sont des pertes irréparables.

Interview par Elson Concepción Pérez

»» http://fr.granma.cu/mundo/2018-09-06/frei-betto-il-ne-faut-pas-cultive...
URL de cet article 33785
  

« Arabesque américaine » : Printemps Arabe ou révolutions colorées fomentées par les USA ?
Ahmed BENSAADA
Souvent évoqué, parfois décrié, mais rarement analysé, le rôle des États Unis dans les révoltes de la rue arabe fait enfin l’objet d’un travail sérieux, rigoureux et fort bien documenté. Arabesque américaine* est l’ouvrage d’Ahmed Bensâada, un chercheur algérien établi à Montréal. Dès les premières lignes, l’auteur annonce la couleur « une chose est évidente : le mode opératoire de ces révoltes a toutes les caractéristiques des révolutions colorées qui ont secoué les pays de l’Est dans les années 2000. Comme il (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Le pire des analphabètes, c’est l’analphabète politique. Il n’écoute pas, ne parle pas, ne participe pas aux événements politiques. Il ne sait pas que le coût de la vie, le prix de haricots et du poisson, le prix de la farine, le loyer, le prix des souliers et des médicaments dépendent des décisions politiques. L’analphabète politique est si bête qu’il s’enorgueillit et gonfle la poitrine pour dire qu’il déteste la politique. Il ne sait pas, l’imbécile, que c’est son ignorance politique qui produit la prostituée, l’enfant de la rue, le voleur, le pire de tous les bandits et surtout le politicien malhonnête, menteur et corrompu, qui lèche les pieds des entreprises nationales et multinationales. »

Bertolt Brecht, poète et dramaturge allemand (1898/1956)

Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.