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Juan Guaidó : préparation d’une tentative de renversement du Gouvernement Bolivarien inspirée par un manuel de subversion nord-américain (MintPress News)

Whitney Webb est une journaliste de MintPress News basée au Chili. Elle a contribué à plusieurs medias indépendants, notamment à Global Research, EcoWatch, le Ron Paul Institute et 21st Century Wire. Elle a fait plusieurs apparitions à la radio et à la télévision et a remporté le Prix Serena Shim 2019 pour l’intégrité sans compromis de son travail de journaliste. Nous proposons une traduction de son remarquable article. A des fins d’éclaircissement pour le lecteur, on a ajouté quelques liens à ceux qui figurent déjà dans le texte original de Whitney Web, ainsi que plusieurs notes explicatives.

Note d’actualisation (09-04-2019)

La "grande marche du 6 avril ", qui devait donner le coup de grâce au Gouvernement Bolivarien, a révélé l’échec flagrant de Juan Guaidó et de son ’“Opération liberté”. Tournée ce même jour, une vidéo de Últimas Noticias - le grand groupe médiatique de la droite vénézuélienne, très hostile à la Révolution Bolivarienne -, parle sans ambigüité d’une « baisse terrible » (« bajada tremenda ») de la mobilisation contre Nicolás Maduro. On y apprend également que les marches de l’"Opération Liberté" n’ont pas quitté les « zones fondamentalement acquises à l’opposition ».(« zonas básicamente de corte opositor »). En clair : : les marches "anti-chavistes" sont restées cantonnées dans les beaux quartiers de la bourgeoisie de Caracas. Par contraste, elles ont fait piètre figure face à l’imposante démonstration des partisans chavistes qui s’est déroulée le même jour (https://www.youtube.com/watch?v=aHYgBBNErNg)..

D’où, n’en déplaise à la servilité de la presse française et plus généralement occidentale, une situation vénézuélienne non pas « effroyablement dégradée par un sanglant dictateur » -– énième renouveau du « bolchevique au couteau entre ses dents » ! – mais qui est au contraire profondément travaillée par une lutte de classe ("horresco referens !).

D’où encore, l’effondrement du média-mensonge, comme dirait Michel Collon, qui voudrait que les quartiers populaires de Caracas et des principales villes du pays soient en train de se rallier au coup d’état du président auto-proclamé Juan Guaidó.

Il n’en reste pas moins que l’analyse de Whitney Webb éclaire sur de nombreux points les mécanismes de l’ingérence de Washington au Venezuela pour mettre en place un pouvoir tout dévoué aux désidératas de l’impérialisme. Nul doute que celui-ci n’a pas renoncé, loin s’en faut, aux tactiques de subversion que dénonce la journaliste dans son article du 29 mars (D. Vives Simorra)

* * *

CARACAS, VENEZUELA : Juan Guaidó, le “président intérimaire autoproclamé du Venezuela” soutenu par le gouvernement des États-Unis, a récemment annoncé des « actions tactiques » qui seront entreprises par ses partisans à partir du 6 avril 2019 dans le cadre de l’“Opération liberté” (3), supposée susciter dans les milieux populaires des actions pour renverser le président du Venezuela Nicolás Maduro.

Selon Juan Guaidó (4), l’opération sera dirigée par des “Comités pour l’Aide et la liberté” (Comités de Ayuda y Libertad) qui, à leur tour, créeront des “cellules de liberté” dans tout le pays. Ces “cellules” seront activées lorsque Juan Guaidó donnera le signal le 6 avril pour lancer des manifestations communautaires de grande ampleur. Le plan déclaré de Guaidó implique que les militaires vénézuéliens choisisse leur camp, mais son insistance à dire que « toutes les options sont encore sur la table » (c’est-à-dire une intervention militaire étrangère) révèle son impatience envers les forces armées qui sont restés fidèles à Maduro pendant toute la “présidence intérimaire” de Guaidó.

Cependant, un document publié en février 2018 par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), et commenté en février 2019 dans un rapport de Devex (5), détaille la création de réseaux de petites équipes, ou cellules, qui fonctionneraient d’une manière très similaire à celle que Guaidó décrit dans son plan pour “Opération liberté”.

Étant donné que Guaidó a été formé par un groupe financé par le Fondation Nationale pour la Démocratie (National Endowment for Democracy, NED) – une organisation sœur de l’USAID (6) – et qu’il est notoire qu’il reçoit ses instructions de Washington, y compris celle qui l’a amené à s’autoproclamer président intérimaire” ou encore celle de retourner au Venezuela après l’épreuve de force qu’a suscité “l’aide humanitaire” [du 23 février 2019] – on doit considérer ce document de l’USAID comme une feuille de route pour cette ‘“opération liberté” qui fait partie des prochaines “actions tactiques” que Guaidó compte diriger.

Les Équipes RED

Le document ou rapport de l’USAID est Intitulé : Équipes pour le développement d’expéditions rapides (RED) : Évaluation des Demandes et de la faisabilité (Rapid Expeditionary Development (RED) Teams : Demand and Feasibility Assessment) [Document ou rapport RED]. Long de 75 pages, il a été produit pour le Laboratoire de Développement Global (U.S. Global Development Lab), une branche de l’USAID.

Il a été rédigé en partie pour s’efforcer d’apaiser les nombreux responsables militaires, du renseignement et de l’aide au développement que les auteurs du rapport ont interviewés et qui leur ont fait part d’un « sentiment généralisé » selon lequel « le gouvernement des États-Unis n’est malheureusement pas aussi performant dans des environnements hostiles où règne l’intolérance », notamment au Venezuela. On remarque en particulier que certains officiers des forces armées, plusieurs responsables du renseignement et du développement humanitaire qui ont été interrogés, avaient déjà l’expérience de travail clandestin au Venezuela.

L’approche proposée dans ce rapport a trait à la création d’“équipes de développement expéditionnaire rapide” (RED), qui « seraient déployées en groupes de deux personnes et qui travailleraient de concert avec des partenaires « non traditionnels de l’USAID pour exécuter un mélange d’opérations offensives, défensives et de stabilisation dans des conditions extrêmes ». Le rapport note, plus loin, que ces partenaires “non traditionnels ” sont les forces spéciales américaines (FS) et la CIA (7).

Le rapport poursuit en déclarant que « les membres de l’équipe RED seraient des « agents catalyseurs », menant des activités centrées sur le « développement aux côtés des communautés locales, tout en assurant une coordination avec des partenaires appartenant à diverses agences » (8). De plus, il ajoute « qu’ »il est prévu que la compétence prioritaire des agents du RED préposés aux questions de développement reposerait sur la Théorie des Mouvements Sociaux (Social Movement Theory, SMT) » (9) et que « les membres de l’équipe RED seraient des “super facilitateurs”, capables d’observer les situations sur le terrain et de réagir immédiatement en concevant, en finançant et en exécutant des activités à petite échelle ».

Autrement dit, ces équipes composées d’agents de renseignement, de militaires et/ou de personnel travaillant à la “promotion de la démocratie” travailleraient comme des “super-facilitateurs” d’“activités à petite échelle”, axées sur la Théorie Des Mouvements Sociaux et sur des mobilisations communautaires, telles que des mobilisations se traduisant par des manifestations protestataires.

La nature décentralisée des équipes RED et leur concentration sur les techniques visant à “mobiliser” les “mouvements sociaux” comporte de grandes similitudes avec le plan de Guaidó pour l’“Opération Liberté” (10).

Il est prévu que cette opération débute par le biais des “Comités Liberté et Aide” qui implanteront des “cellules de liberté” décentralisées dans tout le pays et qui créeront des mobilisations de masse lorsque Guaidó donnera le feu vert le 6 avril prochain. Le but ultime de l’“Opération Liberté” est de faire converger les protestations générées par les “cellules de la liberté” vers le palais présidentiel du Venezuela, où réside Nicolás Maduro. Étant donné l’essoufflement de l’action de Guaidó et son manque de popularité au Venezuela, il semble très vraisemblable que les “acteurs catalyseurs” du gouvernement américain joueront un rôle clé dans le plan de Guaidó dont l’objectif est de renverser Maduro en un peu plus d’une semaine.

De plus, une annexe incluse dans le rapport indique que les membres des équipes RED, en plus d’être formés à la Théorie Du Mouvement Social et aux techniques de mobilisations communautaires, seraient également formés au « maniement et à l’utilisation des armes », ce qui suggère que leur rôle d’“acteurs catalyseurs” pourrait également aller de pair avec un comportement du type Maidan (11). Il s’agit d’une possibilité distincte soulevée par le rapport qui recommande que les membres de l’équipe RED soient entraînés à se servir d’armes “offensives” et “défensives”.

Une autre annexe stipule encore que les équipes RED devraient aider à « identifier des alliés et à mobiliser de petites sommes d’argent liquide pour établir des relations pécuniaires avec la communauté » – c.-à-d. des pots-de-vin – ce qui profiterait particulièrement à la CIA en lui offrant un moyen de « transformer une action clandestine en activités d’engagement communautaire ».

Sentir le souffle de Bolsonaro sur son cou

Ce qui renforce le spectre d’une connexion entre le document publié en février 2018 et la situation au Venezuela vient de ce qu’il suggère que le Brésil pourrait servir de lieu potentiel pour une réaliser une étude expérimentale concernant les équipes RED. Plusieurs des personnes interrogées à l’occasion de ce rapport ont affirmé que « les pays d’Amérique du Sud étaient mûrs pour participer à des projets pilotes » du programme du RED. Le même rapport ajoutait que :

« ces [pays étaient] des endroits où l’on attire peu l’attention et où l’on peut travailler discrètement sans prendre aucun risque, à moins d’être idiot. Dans ces pays, les civils nord-américains qui travaillent pour le gouvernement des États-Unis ont une relative liberté sans être limités par les exigences de la SD [Sécurité diplomatique] et ils bénéficient des bonnes relations qu’entretient le gouvernement hôte avec l’administration nord-américaine » (12).

En janvier dernier, Jair Bolsonaro a pris ses fonctions en tant que président du Brésil. C’est un fasciste qui n’a pas fait mystère de son intention d’aligner son pays sur les intérêts de la Maison Blanche. Lors de sa récente visite à Washington, il est devenu le premier président du Brésil à visiter le siège de la CIA à Langley, en Virginie (13). Le président Donald Trump a déclaré lors de sa rencontre avec Bolsonaro qu’il avait conclu « une grande alliance avec le Brésil, la meilleure que les USA n’avaient jamais eu ». En outre, il s’est prononcé en faveur de l’adhésion du Brésil à l’OTAN.

Bien que le gouvernement de Bolsonaro ait prétendu fin février qu’il n’était pas d’accord pour que Etats-Unis lancent une intervention militaire à partir de son territoire (14), le fils de Bolsonaro, Eduardo Bolsonaro – conseiller de son père et membre du Congrès brésilien – a déclaré la semaine dernière que « l’usage de la force sera nécessaire » au Venezuela « à un certain moment » (15). Se faisant l’écho de l’administration Trump, il a ajouté que « toutes les options sont sur la table ». Si le gouvernement de Bolsonaro autorise le « recours à la force » tout en excluant l’option d’une intervention militaire étrangère, à proprement parler, ses liens étroits avec l’administration Trump et la CIA laissent à penser que des actions secrètes, comme celles qu’envisagent les équipes RED, restent dans l’ordre des possibilités alternatives.

Frontier Design Group (16)

« Frontier Design Group (FDG) : FDG est une entreprise qui travaille dans le domaine de la sécurité nationale des Etats-Unis. Elle est « la seule organisation sous-traitante » employée par l’USAID pour créer « une nouvelle doctrine de contre-insurrection pour le Gouvernement Trump et dont le fruit [...] est le document qui traite des équipes du RED » (17).

Le rapport de l’équipe RED a été rédigé par des membres du Frontier Design Group (FDG) pour le Laboratoire de Développement Global (Global Development Lab) de l’USAID.
FDG s’est spécialisé dans les questions de sécurité nationale. Sa feuille de route sur son site Web est très révélatrice :

Depuis sa fondation, Frontier s’est concentré sur les défis et les opportunités qui concernent les “3 D” : Défense, Développement et Diplomatie. Frontier a des relations cruciales avec la communauté du renseignement. Notre travail s’est concentré sur les problèmes dangereux et parfois entremêlés qui concernent les situations de fragilité : extrémismes violents, terrorisme, guerre civile et insurrection. Notre travail sur ces questions complexes comporte des projets avec le Département d’État, le Département de la Défense [le Pentagone], l’USAID, le Centre National du Contreterrorisme et l’Institut des États-Unis pour la paix (National Counterterrorism Center & U.S. Institute of Peace).

FDG déclare également sur son site Web qu’elle travaille aussi régulièrement avec le Conseil des Relations Extérieures (Council on Foreign Relations) ainsi qu’avec le groupe Omidyar Group. Cet organisme est contrôlé par Pierre Omidyar, un milliardaire qui a relations étroites avec l’establishment de la sécurité nationale nord-américaine, relations qui ont fait l’objet d’une récente série d’articles de MintPress (18).

Selon le journaliste Tim Shorrock, qui mentionne le document dans une autre enquête récente sur Pierre Omidyar pour le site Washington Babylone (19), FDG était le « seul entrepreneur » engagé par USAID dans le but de créer une « nouvelle doctrine anti-insurrectionnelle pour l’administration Trump » et le fruit de ce travail a été le document intitulé “Équipes RED” qui a été décrit antérieurement. L’une des co-auteur(e)s de ce rapport est Alexa Courtney, fondatrice du FDG et ancienne agente de liaison entre l’USAID et le Département de la Défense. C’est aussi l’ex¬directrice des Opérations Civiles de Lutte contre le Terrorisme en Afghanistan pour l’USAID. Par ailleurs, elle a travaillé comme spécialiste de la contre-insurrection pour l’entreprise américaine du renseignement Booz Allen Hamilton (20).

En outre, comme l’écrit Tim Shorrock, le nom d’Alexa Courtney apparaît également

« sur plusieurs contrats de Caerus [Associates] (21) avec l’USAID et avec les services de renseignements américains qui m’ont été divulgués sur une clé USB, y compris un projet de 77 millions de dollars de l’USAID pour suivre les “réseaux licites et illicites” au Honduras »

Courtney, selon son compte LinkedIn (22), a été récemment honorée par [la multinationale pétrolière nord-américaine] Chevron Corporation pour son « leadership démontré et son impact sur les résultats du développement ». MintPress a récemment rendu comptedu rôle de Chevron dans les tentatives actuelles menées par les États-Unis pour renverser Maduro et le remplacer par Guaidó (23).

Envoyez l’USAID

Bien que Devex ait appris le mois dernier que l’USAID « travaillait encore sur les détails et la manière de formuler les initiatives que doivent prendre les équipes de développement expéditionnaire rapide (RED) », Courtney a déclaré que le contenu du rapport avait été « très favorablement accueilli » par des « hauts fonctionnaires influents » qu’elle avait rencontrés lors de la rédaction du document – – que ceux-ci soient toujours en activité ou non.

Par exemple, l’une des personnes interrogées a affirmé que le système de l’équipe RED « rétablirait la capacité de travail perdue depuis longtemps par l’USAID ». Un autre responsable de l’USAID, qui a 15 ans d’expérience, y compris dans des « environnements extrêmement défavorables », a déclaré :

Nous devons être impliqués dans la sécurité nationale sinon l’USAID ne sera pas performante. Quiconque pense que nous n’avons pas besoin de travailler avec du personnel combattant ou avec des groupes des FS [forces spéciales] est tout simplement naïf. Ou bien nous irons de l’avant ou bien notre action ne sera pas pertinente... Le champ couvert par L’USAID est très large en ce moment, mais c’est un domaine dans lequel nous pouvons être utiles. Il faut que cela se fasse

Étant donné que le document [RED] représente les activités du seul sous-traitant chargé d’élaborer la nouvelle stratégie antiterroriste de l’administration actuelle, il y a tout lieu de croire que son contenu – publié il y a plus d’un an – a été ou sera utilisé au Venezuela, potentiellement dans le cadre de la prochaine “Opération liberté”, qui devrait débuter le 6 avril 2019.

Selon Grayzone, le site web d’information et de politique consacré au journalisme d’investigation et d’analyse qu’édite le journaliste Max Blumenthal, cette probabilité est corroboré par une corrélation troublante entre un autre document financé par le NED et produit par CANVAS – « Centre pour l’action et la Stratégie Non Violente Appliquée » (Center for Applied Nonviolent Action and Strategies) -, et les récentes pannes d’électricité qui ont eu lieu dans tout le Venezuela ; des coupures que le gouvernement [Bolivarien] a qualifiées d’acte de « malveillance » organisé par les États-Unis.

Dans son article du 11 mars 2019, Grayzone a rapporté l’essentiel de la note de service de septembre 2010 du CANVAS – une organisation qui a formé Juan Guaidó – où était décrit en détail comment l’effondrement potentiel de l’infrastructure électrique du pays, tel que celui qui a récemment été observé au Venezuela, serait « un événement décisif » qui « aurait probablement pour effet de donner une forte impulsion à des troubles dans la population qu’aucun groupe de l’opposition ne pourrait espérer obtenir » (24).

Le document du CANVAS nomme spécifiquement barrage de Guri et la centrale hydroélectrique Simón Bolívar qui a été endommagée au début de mars 2019 en raison de ce que le gouvernement vénézuélien considère comme un « sabotage » mené par le gouvernement des États-Unis. Cette affirmation a été renforcée par le fait que le sénateur américain Marco Rubio était apparemment au courant de la coupure d’électricité. Il existe donc un précédent qui montre une corrélation entre ce type de documents et les actions réalisées dans le cadre des tentatives des États-Unis pour changer le régime en place au Venezuela.

De plus, il serait logique que l’administration Trump essaie de mettre en œuvre une initiative telle que celle décrite dans le document [du CANVAS], car elle se révèle apparemment incapable de lancer une intervention militaire au Venezuelan, et cela malgré ses fréquentes affirmations selon lesquelles « toutes les options sont sur la table ». En effet, les alliés de Washington – y compris ceux qui sont proches du Venezuela, comme la Colombie – ont rejeté l’intervention militaire, étant donné le rôle passé des États-Unis dans les coups d’État sanglants et les guerres civiles dans toute la région (25).

Ainsi, ayant les mains liées pour une éventuelle intervention militaire, seules des actions secrètes, comme celles que décrit le document de l’équipe RED, sont susceptibles d’être mises en œuvre par le gouvernement américain afin d’obtenir un « changement de régime » au Venezuela [...],

Whitney Webb

Whitney Webb* : « Guaido Set to Enact Uprising Rooted in US Regime-Change Operations Manual », » (« Guaido s’apprête à donner le signal pour un soulèvement qui s’inspire d’un manuel nord-américain sur les techniques permettant des changements de régimes ») – 29 mars 2019 (1) - Trad. D. Vives Simorra (2)

»» https://communismeinfos.org

Notes (Whitney Webb et Daniel Vives Simorra)

1 – https://www.mintpressnews.com/guaido-us-regime-change-venezuela/256747/[29-03-2019]

2 – Sauf indications contraires, toutes les traductions (depuis l’anglais ou l’espagnol) sont les miennes (D. Vives Simorra).

3 – « Juan Guaidó : « D’ici le 6 avril, nous devons être prêts et savoir les endroits où nous allons manifester, Il y aura des milliers de points de rassemblement le jour de #OpérationLiberté ! Tant que nous resterons unis et mobilisés, avec toutes les options sur la table, en discutant avec nos alliés, nous ne pouvons échouer en aucune façon. », [https://twitter.com/jguaido/status/1111417739527090183]

4 – Juan Guaidó : « Attendez-nous cette semaine dans les différents états de notre pays pour former les Comités d’Aide et de Liberté dans chaque maison, chaque bloc d’immeuble et dans chaque lieu de travail au Venezuela ? Soyez prêts à vous mobiliser dans les rues », [https://twitter.com/jguaido/status/1110977912742834177].

5 – Rapid Expeditionary Development (RED) Teams. Demand and Feasibility Assessment – (Équipes pour le développement d’expéditions rapides -RED : Évaluation des demandes et de la faisabilité). USAID, February 28, 2018, , https://pdf.usaid.gov/pdf_docs/PA00T6VQ.pdf – « USAID mulls proposal to train aid workers as special forces », (« L’USAID réfléchit à une proposition visant à former des travailleurs humanitaires en tant que forces spéciales »), [https://www.devex.com/news/usaid-mulls-proposal-to-train-aid-workers-a...]

6 – Voir « The Making of Juan Guaidó : How the US Regime Change Laboratory Created Venezuela’s Coup Leader » [29-01-2019], [https://thegrayzone.com/2019/01/29/the-making-of-juan-guaido-how-the-u...]. Voir la traduction. Française : « La fabrication de Juan Guaidó : comment le laboratoire de changement de régime américain a créé le leader du coup d’État au Venezuela », https://reseauinternational.net/la-fabrication-de-juan-guaido-comment-...]

7 – « Non-traditional USG partners [are] the special operations forces (SOF) and intelligence community (IC) [...They are] a subset of SOF and the IC comprised of green berets and seasoned CIA paramilitary and case officers », (« Les partenaires non traditionnels sont les forces d’opérations spéciales et la communauté du renseignement. [Ils forment] un sous-ensemble des forces d’opérations spéciales (FOS) et de la communauté du renseignement (CI) composé de bérets verts, de paramilitaires expérimentés de la CIA et d’officiers traitants »), « Appendix D », Rapid Expeditionary Development (RED) Teams [...], op.cit. , p. 55.

8 – Le terme de “développement” (« development activities ») renvoie à des actions similaires à celles que mène l’USAID – l’Agence des États-Unis pour le Développement International (United States Agency for International Development) – c.-à-d. une politique d’ingérence et de subversion, sous couvert d’aide apportée aux pays récepteurs : agriculture, santé, éducation, pauvreté, croissance économique, catastrophes naturelles, prévention des conflits, campagnes en faveur de la démocratie...

9 – La Théorie des Mouvements Sociaux sur laquelle s’appuient les agents du RED semble ne renvoyer que de façon indirecte à la théorie néolibérale développée par Alain Touraine dans les années 70 pour combattre les influences marxiste ou proche du marxisme dans la sociologie française et en finir avec les notions de classes sociales et de luttes de classes. Elle semble surtout puiser à la Social Movement Theory (SMT), de Smelser et Kronhauser qui ont théorisé dans les années 1960 aux USA une conception des mouvements de masse particulièrement négative. Les groupes seraient guidés par des impulsions irrationnelles. Leurs frustrations et leur agressivité mettraient en péril les structures institutionnelles, garantes quant à elles de stabilité, d’équilibre et de résolution pacifiques des conflits. Selon Smelser et Kronhauser, les actions de masses seraient travaillées par des tendances désorganisatrices à l’inverse des formations institutionnelles (structures étatiques, judiciaires, policières, académiques, etc.) qui auraient vocation à intégrer les différents acteurs sociaux. Le programme RED se propose de reprendre à son compte nombre de ces idées mais en les retournant et en les utilisant contre les gouvernements qui font obstacle aux intérêts des USA. Il s’agit de former des agents nord-américains, civils, militaires ou paramilitaires, dont la tâche sera de manipuler divers mouvements sociaux non-institutionnels – ONGS, mouvements écologistes, féministes, LGBT, groupes minoritaires, organisations humanitaires, formations politiques ou parapolitiques plus ou moins liés au gouvernement des États-Unis.

Voir Alain Touraine, Production de la Société, Paris, éds. Du Seuil, 1973 et « Les mouvements sociaux : objet particulier ou problème central de l’analyse sociologique ? », Revue Francaise de Sociologie (CNRS), janvier-mars, XXV-1, 1984. William Kornhauser, The Politics of Mass Society, Glencoe, Free Press, 1959 ; Neil Smelser, Theory of Collective Behavior, New York, ed. MacMillan, 1963. Sur ce sujet, voir aussi : Leopoldo Múnera Ruiz, « De los movimientos sociales al movimiento popular », Historia crítica (Universidad de Los Andes : Facultad de Ciencias Sociales. Departamento de Historia, Bogotá), nº.7, 1993.

10 – « Regime change ramp-up ? Guaido announces Venezuela-wide ‘tactical action’ against Maduro », (« Changement de régime ? Guaido annonce une « action tactique » à l’échelle du Venezuela contre Maduro »), [https://www.rt.com/news/454933-venezuela-tactical-action-operation-freedom/]

11 – Allusion à la prise du pouvoir par des milices armée d’extrême droite en Ukraine en 2014, après des combats meurtriers sur la place Maidan à Kiev.

12- Le Service de sécurité diplomatique est l’organisme chargé de l’application des lois nord-américaines et surtout de veiller à la sécurité du Département d’État des États-Unis. C’est à lui qu’incombe la responsabilité fondamentale d’assurer un environnement sûr à l’étranger pour la conduite de la politique étrangère des États-Unis.

13 – « Bolsonaro at Langley : New US Lapdog Pays Homage to the Empire. Brazil’s fascist president going to CIA headquarters tells you all you need to know about the U.S. role in Latin America », (« Bolsonaro à Langley : Le nouveau caniche américain rend hommage à l’Empire. Le président fasciste brésilien qui se rend au siège de la CIA vous dit tout ce que vous devez savoir sur le rôle des États-Unis en Amérique latine. ». 21-03-2019), [https://www.mintpressnews.com/jair-bolsonaro-at-langley-new-us-lapdog-...]

14 – [https://www.reuters.com/article/us-venezuela-politics-brazil/brazil-wi...]

15 – [https://exame.abril.com.br/brasil/uso-da-forca-sera-necessario-na-vene...]

16 – Il n’existe pas de traduction française pour “Frontier Design Group”. Nous proposons en première approximation : “Groupe de prévisions sur les situation-limites”

17 – [http://bolivarinfos.over-blog.com/2019/04/venezuela-l-operation-libert...]

18 – « With strategically placed donations, Omidyar has placed himself in the rare position of being able to support both the national security state and at least part of its self-proclaimed opposition. In the eyes of the former element, that might be precisely what makes him so valuable », (« Grâce à des donations stratégiquement distribuées, Omidyar s’est placé dans la position rare de pouvoir soutenir à la fois la doctrine de la sécurité nationale (CIA, Département de la Défense) et de s’autoproclamer opposé à cette même doctrine, du moins partiellement. Aux yeux des États-Unis, c’est peut-être précisément ce qui le rend si précieux »), Alexander Rubinstein & Max Blumenthal, « Pierre Omidyar’s Funding of Pro-Regime-Change Networks and Partnerships with CIA Cutouts » (Le financement par Pierre Omidyar de réseaux et d’associations en faveur d’un changement de régime et son partenariat avec des intermédiaires de la CIA), [https://www.mintpressnews.com/tag/pierre-omidyar/] [20-02-2019]

19 – « Why Did Omidyar Shut Down The Intercept’s Snowden Archive ? », [https://washingtonbabylon.com/why-did-omidyar-shut-down-the-intercepts...]

20 – Booz Allen Hamilton est une entreprise privée qui agit en étroite collaboration avec le gouvernement américain auquel ses services informatiques vendent des conseils en management et en stratégie relevant des questions de défense et de renseignements. Edward Snowden, qui a travaillé pour Booz Allen Hamilton, a révélé qu’elle espionnait de façon massive les internautes pour le compte des services de sécurité nord-américains (NSA).

21 – Caerus Associates est une ‘entreprise fondée en 2010. Elle fournit des services professionnels en cybersécurité et des analyses de données aux secteurs public et privé. En appliquant des méthodes de recherche quantitative pour générer des données et en en extraire du sens, Caerus crée de nouveaux outils pour anticiper le comportement des utilisateurs. ([http://caerusassociates.com/])

22 – [https://www.linkedin.com/in/alexa-courtney-4ba64830/#experience-section]

23 – « If Guaidó comes to power and privatizes PDVSA, U.S. oil companies — with Chevron and Halliburton leading the pack — stand to make record profits in the world’s most oil-rich nation, as they did in Iraq following the privatization of its national oil industry after U.S. intervention. by Whitney Webb », (« Si Guaidó arrive au pouvoir et privatise PDVSA, les compagnies pétrolières américaines – avec Chevron et Halliburton en tête – devraient réaliser des profits records dans le pays le plus riche en pétrole du monde, comme elles l’ont fait en Irak lorsque son industrie pétrolière nationale a été privatisée après l’intervention américaine »), Whitney Webb, « Regime Change for Profit : Chevron, Halliburton Cheer On US Venezuela Coup », (« Changement de régime pour le profit : Chevron et Halliburton saluent le coup d’Etat américain au Venezuela ») , [https://www.mintpressnews.com/venezuela-coup-regime-change-chevron-hal...]

24 – Max Blumenthal, « US Regime Change Blueprint Proposed Venezuelan Electricity Blackouts as ‘Watershed Event’ for ‘Galvanizing Public Unrest’ », (« Le régime américain modifie le schéma qui prévoit des pannes d’électricité au Vénézuélien en tant qu’événement décisif pour “la galvanisation des troubles publics” »), [https://thegrayzone.com/2019/03/11/us-regime-change-blueprint-proposed...
Le courriel dont parle Max Blumenthal a été transmis le 23-11-2010 par CANVAS à Stratfor, une entreprise privée qui collabore avec les services de renseignements étatsuniens (CIA notamment). Le courriel en question été divulgué par Wikileaks le 27 février 2012 ([https://search.wikileaks.org/gifiles/?viewemailid=218642]). Il fait partie de 5 millions de messages internet que Wikileaks a récupérés à partir du quartier général de la compagnie Stratfor au Texas.

Dans le courriel de CANVAS, on peut lire ceci :

« A key to Chavez’s current weakness is the decline in the electricity sector. There is the grave possibility that some 70 percent of the country’s electricity grid could go dark as soon as April 2010. Water levels at the Guris dam are dropping, and Chavez has been unable to reduce consumption sufficiently to compensate for the deteriorating industry. This could be the watershed event, as there is little that Chavez can do to protect the poor from the failure of that system. This would likely have the impact of galvanizing public unrest in a way that no opposition group could ever hope to generate. At that point in time, an opposition group would be best served to take advantage of the situation and spin it against Chavez and towards their needs. Alliances with the military could be critical because in such a situation of massive public unrest and rejection of the presidency, malcontent sectors of the military will likely decide to intervene, but only if they believe they have sufficient support. This has been the pattern in the past three coup attempts. Where the military thought it had enough support, there was a failure in the public to respond positively (or the public responded in the negative), so the coup failed. »

(« La faiblesse actuelle de Chávez est due en grande partie au déclin du secteur de l’électricité. Il est fort possible qu’environ 70 pour cent du réseau électrique du pays tombe en panne dès avril 2010. Les niveaux d’eau du barrage de Guri baissent et Chavez n’a pas été en mesure de réduire suffisamment la consommation d’électricité pour compenser la détérioration de l’industrie. Ce pourrait être l’événement décisif, car Chavez ne peut pas faire grand-chose pour protéger les pauvres contre l’échec de ce système. Cela aurait probablement pour effet de galvaniser l’agitation publique d’une manière qu’aucun groupe d’opposition ne pourrait jamais espérer susciter. À ce moment-là, un groupe d’opposition serait mieux même de profiter de la situation et la retourner contre Chavez (...). Des alliances avec l’armée pourraient être critiques car dans une telle situation d’agitation publique massive et de rejet de la présidence, les secteurs mécontents de l’armée décideront probablement d’intervenir, mais seulement s’ils croient avoir un soutien suffisant. C’est ce qui s’est passé au cours des trois dernières tentatives de coup d’État. Là où les militaires pensaient avoir suffisamment de soutien, le public n’a pas réagi positivement (ou le public a réagi négativement), de sorte que le coup d’État a échoué. »)

25 – « Lima Group rules out military intervention in Venezuela. Eleven of the 14 governments respond to comments by OAS chief who refused to rule out military intervention. » ; (« Le Groupe de Lima exclut toute intervention militaire au Venezuela. Onze des 14 gouvernements répondent aux propos du chef de l’OEA qui a refusé d’exclure l’intervention militaire »), [https://www.aljazeera.com/news/2018/09/lima-group-rejects-military-int...] [17-09-2018]


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