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Le Venezuela a vu naître le coup d’État médiatique (Prensa Latina)

Nicholas Valdés

Le célèbre journaliste espagnol Ignacio Ramonet a déclaré aujourd'hui qu'il était au Venezuela le jour du 1er coup d’État médiatique de l'histoire, ce qui oblige à réfléchir sur la façon d'utiliser les moyens de communication. Caracas, le 11 avril (PL)

"Il y a 14 ans, jour pour jour, on a tenté de destituer le président de l’époque, Hugo Chavez[1], mais cela a surtout été possible par le rôle qu’ont joué les médias dans cet événement," a déclaré Ramonet à Prensa Latina, dans le cadre de l’événement "Le Venezuela à la Croisée des chemins," organisé par le Réseau des intellectuels et artistes en Défense de l’humanité[2].

Le directeur de publication du Monde Diplomatique, dans sa version en espagnol, a ajouté que c’est précisément à cause de ce constat que le Venezuela est aussi le pays où on a le plus réfléchi sur la façon dont les médias dominants ont manipulé la population.

"La communication de masse a une importance indéniable, mais à condition que le message soit bien travaillé ; il ne suffit pas d’avoir de nombreux médias pour être efficace parce que, quand un système répète trop la même chose, il peut produire l’effet inverse de celui recherché, à savoir, le rejet du public," a-t-il expliqué.

Ignacio Ramonet a illustré son propos avec le cas de l’Argentine, où Néstor Kirchner est parvenu à la présidence, malgré que les médias dominants soient du secteur privé, avec le groupe Clarin en première ligne.

"Depuis lors, au cours de la dernière décennie, il y a eu dans ce pays des médias publics très importants, des réseaux communautaires significatifs ont été créés, et malgré tout cela, paradoxalement, la droite a été imposée lors des dernières élections présidentielles," a-t-il précisé.

L’analyste a expliqué que la raison réside probablement dans le traitement du message : "on se reposait sur l’idée qu’avec de nombreux médias nous obtiendrons quelque chose. Mais ce n’est pas la bonne formule, car il est surtout nécessaire de délivrer un discours bien élaboré," a-t-il ajouté

Le journaliste a averti que ce qu’a fait la droite au cours des derniers mois pour revenir, c’est tirer parti de la crise économique mondiale, avec des méthodes différentes.

"Nous l’observons au Brésil, où l’on essaie de porter un coup d’État judiciaire contre le gouvernement de Dilma Rousseff ; ou encore ici au Venezuela, où la majorité de l’opposition à l’Assemblée nationale cherche à imposer des lois qui en réalité ne sont pas prévues par la Constitution," estime Ignacio Ramonet.

"Autrement dit, ils essayent de créer des débats qui ne sont déjà plus aussi que frontaux que ceux du 11 avril 2002, mais en réalité ils cherchent la même chose : arrêter l’expérience progressiste, car elle va à l’encontre des grands intérêts des oligarchies," a-t-il ajouté.

L’auteur de "Cent heures avec Fidel (Castro)" a rappelé que le chef de la Révolution cubaine, à son avis, avait conscience de l’importance de travailler correctement les messages à l’intention des masses.

Il y a quelques années à La Havane, Fidel avait averti un groupe d’intellectuels : « l’importante est de faire connaître notre vérité » et à l’heure actuelle, il nous faut reprendre cette réflexion avec beaucoup de force, les médias ne constituent qu’une partie [des moyens de communication], la différence se fait au niveau de leur contenu, conclut-il.

Nicholas Valdés

Source de l’article original : Prensa Latina.cu, "Venezuela vio nacer el golpe de Estado mediático, asegura Ramonet, le 11 avril 2016

Traduction : Admin Site France-Cuba

Notes :

[1] NdT : en référence à la tentative du Coup d’État du 11 avril 2002.

[2] NdT : voir Forum à Caracas du 8 au 14 avril "Le Venezuela et notre Amérique entre la crise du capitalisme et la géopolitique impérialiste"

 http://www.francecuba.org/venezuela-a-naitre-coup-detat-mediatique/
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COMMENTAIRES  

15/04/2016 05:08 par Vincent Lessage

Le rôle des médias vénézuéliens dans le coup d’Etat de 2002 contre Chavez est détaillé avec précision et avec de nombreux exemples authentiques dans "Rouges, les collines de Caracas" polar de Maxime Vivas.
On peut le recevoir par : http://www.librairie-renaissance.fr/

19/04/2016 18:07 par T 34

Ces jours ci le Venezuela commémorait la tentative de coups d’état de 2002.

A cette occasion la télé publique a diffusé ce résumé de toutes les "manifestations pacifiques" de la contre révolution de 1965 à nos jours : Ley de Amnistía, aviso previo de golpe de Estado.

19/04/2016 22:08 par alain harrison

Bonjour.
Bon article succin qui va droit au but. Merci.

« « La communication de masse a une importance indéniable, mais à condition que le message soit bien travaillé ; il ne suffit pas d’avoir de nombreux médias pour être efficace parce que, quand un système répète trop la même chose, il peut produire l’effet inverse de celui recherché, à savoir, le rejet du public," a-t-il expliqué. » »

Le passage critique :
« « quand un système répète trop la même chose, il peut produire l’effet inverse de celui recherché, à savoir, le rejet du public » »

Ici, j’en profite pour réitérer l’urgence de lire le chapitre 1 du livre de Jean-marie Abgrall, tous manipulés tous manipulateurs.
Un passage apparenté : chapitre 1. La manipulation. p.27
« « La répétition à l’infini du message conditionnant ou manipulatoire renforce le message ainsi que les comportements qui lui sont attachés. L’écueil que doit surmonter le manipulateur est de percevoir avec justesse la « dose » à na pas dépasser. Car la volonté de « surapprentissage » finit par conduire à une remise en question de la véracité du message par le manipulé qui, à un certain niveau de conditionnement, se sent agressé. » »

Mais il faut faire attention, c’est une chose de répéter un mensonge et une autre que de répéter une vérité pour réveiller.
L’idée c’est de s’approprier le "discernement" entre le discours et les faits.
Exemple criant : les promoteurs de l’UE promettent l’UE social, mais que l’austérité est le chemin pour y parvenir. Ici, on cherche à confondre le moyen avec la fin, la fin l’UE sociale, le moyen l’austérité. Mais dans les faits, c’est le recul des avancés sociétales qui est réalisée par l’austérité : la fragilisation de la paix sociale risque d’être le gain réel, avec les conséquences sécuritaires.......voir Hollande et la Constitution.....
Ici la manipulation sert à approfondir la confusion dans le peuple.
Il y a un adage qui dit :
La fin réside dans les moyens.
Vous savez ce qui se passe avec Macri au pouvoir en Argentine, et bien, nous avons notre Macri, ici même au Québec, à un degré moindre, plus subtile *. Le chef du PLQ, Couillard y va même au grand jour. Il octroi un contrat de 64 millions (développement informatique au ministère de la Santé) à un de ces amis sans passer par l’appel d’offre, ce qui est dénoncé par l’opposition. Mais ça lui glisse comme sur le dos d’un canard. Il coupe dans tout ce qui est d’ordre social, mais rien y fait. Comment expliquer ce comportement au grand jour, parce que la répartition des votes le favorise, ce qui se comprend dans le cadre des élections existant.

* plus subtile, c’est un vrai paradoxe. Car la question de gouverner dans la transparence est en quel que sorte une feinte. Je dois vous dire qu’en écoutant le débat à la chambre des députés, entre Couillard et l’opposition, il n’y a rien à faire avec le manipulateur Couillard.
Et cela en toute transparence, l’éthique est dévoyée de façon magistrale.
Quand à moi, s’il était à mon emploi, je le virais manu militari.
Vous êtes pris avec Hollande, un autre Macri.
Aux US, attention à la Dame Clinton, Thatchers a ses clones.

La gauche doit se sortir des pièges connus et des nouveaux qui se mettront en place, le néo-capitalisme sauvage est très inventif, et il a ses sbires partout, même dans la gauche, dans les ONG........
Et les médiats...OUF !

22/04/2016 08:10 par alain harrison

Bonjour.

« « Il y a quelques années à La Havane, Fidel avait averti un groupe d’intellectuels : « l’importante est de faire connaître notre vérité » et à l’heure actuelle, il nous faut reprendre cette réflexion avec beaucoup de force, les médias ne constituent qu’une partie [des moyens de communication], la différence se fait au niveau de leur contenu, conclut-il. » »

Malheureusement, le matraquage médiatique l’emporte encore. Mais comment se fait-il que la population retombe encore dans le même sillage ?

La question est complexe, et il faut y répondre dans toutes ses dimensions. Et surtout pas unilatéralement en y appliquant une idéologie. Et ici je vise les sous-produits du Marxisme.

À moins d’insérer le Marxisme avec d’autres éléments pertinents.....KAPUT.

En Amérique Latine ils ont su subordonner le marxisme au Bolivarisme fondé sur les idées du libérateur Simón Bolívar.

En Argentine la figure de Peron......

En France........

Au Québec, nous avons René Lévesque, associé à l’indépendance.

Mais une grande figure ne suffit pas, elle marque un premier souffle de rassemblement, mais ne répond pas, et surtout aujourd’hui, aux appétits consuméristes, voyez la Chine qui est entré dans le mouvement.
La question, la bonne question est :
Qu’est-ce que la gauche peut m’apporter, à moi, à ma famille ?
Oublier la belle phrase de Kennedy, richissime et adulé, tien Trudeau, serait-il un sauveur, non , maintenant on parle de cocluche, et les médiats y veillent . Voyez la manipulation, on passe de la politique au divertissement.
Quoi de plus cynique que le divertissement à grande échelle. Comme on dit chaque chose a sa place, mais la démesure....
La belle phrase de kennedy : ne demandez pas à l’état ce qu’il peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour l’état. Le vrai sens de la phrase. L’état étant les oligarques, le 1%.
Là on est dans le cynisme le plus noir. On aurait du dire le XXIe siècle sera cynique ou ne sera pas, ce qui veut dire à peu près la même chose.

L’état providence était l’état visé dans cette phrase. Un coup reprise dans l’inconscient, l’idée a fait son chemin, non sans aide "médiatique" et toute une panoplie de sbires. Ça sent la psychologie, ne trouvez-vous pas.

Tien un article intéressant.
Pire que l’autre, la nouvelle science économique
Longtemps, les économistes classiques ont élaboré leurs modèles comme si les humains étaient des machines à calculer. Echec. Nourrie de psychologie, l’économie dite comportementale étudie donc nos réactions et nos décisions afin de les anticiper. Et de les influencer par des incitations subtiles. Il suffirait en effet d’un simple coup de pouce pour remettre travailleurs et consommateurs sur le droit chemin.
http://www.monde-diplomatique.fr/2013/07/RAIM/49330

Et

DSM : quand la psychiatrie fabrique des individus performants et dociles
Sommes-nous tous fous ? C’est ce que laisserait supposer la nouvelle version du DSM, la bible des psychiatres recensant troubles mentaux et comportements « anormaux ». Plus on compte de malades, plus le marché de l’industrie pharmaceutique s’élargit. Surtout, le DSM apparaît comme un moyen de faire rentrer dans la norme ceux qui seraient jugés « déviants » – une part de plus en plus grande de la population. Ces « mal ajustés » de notre société orientée vers la rentabilité économique, où l’individu se doit d’être performant et adaptable. Enquête sur un processus de normalisation qui, sous couvert de médicalisation, façonne les individus.
par Laura Raim, juillet 2013
http://www.pressegauche.org/spip.php?article14261

Et encore

Derrière un masque de respéctabilité et d’autorité, liquidateurs d’entreprises & licencieurs en série
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société

Tous ceux qui ont été attirés initialement par l’idéologie originale prennent conscience qu’ils ont désormais affaire à quelque chose d’autre, quelque chose qui a pris la place de l’idéologie originale et qui se présente sous le même nom. La désillusion vécue par ces anciens partisans idéologiques est extrêmement amère.
http://www.legrandsoir.info/lorsque-les-psychopathes-prennent-le-controle-de-la-societe.html

Je conseille de lire les ouvrages de Stanislav Grof.
Certains chapitres sont très pertinents en ce qui concerne le barbarisme.

22/04/2016 20:12 par alain harrison

Bonjour.

« « Ignacio Ramonet a illustré son propos avec le cas de l’Argentine, où Néstor Kirchner est parvenu à la présidence, malgré que les médias dominants soient du secteur privé, avec le groupe Clarin en première ligne.

"Depuis lors, au cours de la dernière décennie, il y a eu dans ce pays des médias publics très importants, des réseaux communautaires significatifs ont été créés, et malgré tout cela, paradoxalement, la droite a été imposée lors des dernières élections présidentielles," a-t-il précisé.

L’analyste a expliqué que la raison réside probablement dans le traitement du message : "on se reposait sur l’idée qu’avec de nombreux médias nous obtiendrons quelque chose. Mais ce n’est pas la bonne formule, car il est surtout nécessaire de délivrer un discours bien élaboré," a-t-il ajouté » »

« « surtout nécessaire de délivrer un discours bien élaboré," a-t-il ajouté » »

Un discours élaborer, c’est à dire transmettre au citoyen la vision d’ensemble, et lui montrer le chemin du questionnement, d’une part.
D’autre part, mettre en relief la confrontation de la problématique vs les solutions, Confronter les avantages de quoi pour qui.
Un exemple intéressant, bien que trivial, mais comme je l’ai souligné.
La gauche et le coopératisme.
Hollande et l’individu-entrepreneur.

10 avantages de se lancer à son compte
Plusieurs salariés se demandent s’ils devraient quitter leur emploi pour devenir travailleurs autonomes. En fait, il y a tellement d’avantages à travailler à son compte qu’on se demande pourquoi cette alternative n’attire pas plus de monde. Peut-être que ces dix avantages en convaincront quelques-uns.

4. Au revoir, le trafic
Lorsque vous travaillez à votre compte, votre lieu de travail, c’est le café du coin, votre salon ou encore votre voiture si vous êtes un travailleur sur la route. Ce n’est surtout pas un endroit qui prend 1h30 pour s’y rendre. Quel emploi offre assez d’avantages pour justifier de perdre quotidiennement trois heures de votre vie dans les transports ? Au bout d’une année, c’est tout un mois que vous avez consacré à vous déplacer d’un point A à un point B. De plus, en travaillant de la maison, vous contribuez dans une moindre mesure à réduire les émissions de gaz à effets de serre.

http://www.msn.com/fr-ca/finances/entrepreneuriat/10-avantages-de-se-lancer-%c3%a0-son-compte/ss-BBoNIc#image=2

La gauche, qu’a-t-elle à offrir ?

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