RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
24 
La fin d’une utopie égalitaire ?

Les difficultés du communisme.

A la suite de la chute du « socialisme réel » en URSS et dans les pays de l’est, les porte-parole du capitalisme ont clamé aux quatre vents que c’était la fin du communisme, des utopies et jusqu’à celle de l’Histoire. La Révolution d’Octobre 1917 a été une tentative pour établir une société égalitaire et auto-déterminée, une organisation socialiste des rapports humains et de l’économie, ambassadrice de la société communiste du futur.

A la suite de la chute du « socialisme réel » en URSS et dans les pays de l’est, les porte-parole du capitalisme ont clamé aux quatre vents que c’était la fin du communisme, des utopies et jusqu’à celle de l’Histoire. La Révolution d’Octobre 1917 a été une tentative pour établir une société égalitaire et auto-déterminée, une organisation socialiste des rapports humains et de l’économie, ambassadrice de la société communiste du futur.

Les difficultés externes rencontrées par une pareille gageure sont bien connues : agressions militaires, blocus, harcèlement matériel et spirituel, etc. Avec cet effondrement s’est écroulée aussi l’expérience consistant à répartir le travail, l’éducation, la santé, l’alimentation et le logement entre tous.

Cependant, il n’a pas été capable de surmonter ses difficultés internes, c’est-à -dire, le socialisme d’entregent mis en place par une bureaucratie plus intéressée par son propre pouvoir que par le bien-être et l’auto-détermination des populations, par leur émancipation matérielle et spirituelle.

Il semble que Karl Marx ait prévu ce genre de difficultés. Sans presque d’expérience pratique, si ce n’est la brève tentative de La Commune de Paris (18 mars au 18 mai 1871) il écrivait ce qui suit en 1842 : « Nous avons la ferme conviction que ce n’est pas dans l’instauration pratique mais dans le développement théorique des idées communistes qu’est le véritable danger, car les instaurations pratiques, bien qu’elles soient le fait des masses et soient périlleuses, peuvent être contestées par les idées en place [con los cañones ?], mais les idées qui se sont emparées de notre esprit, qui ont conquis notre conviction et en lesquelles notre intellect a forgé notre conscience sont des chaînes auxquelles il n’est pas possible de se soustraire sans avoir le coeur déchiré. » (MEW, I, p ; 108. Souligné par Marx)

Alfonso Sastre, expert en expérimentation du socialisme bureaucratique du XX° siècle s’est heurté au pessimisme et à l’abandon dominants. Ce n’est pas possible, proclamaient de toutes part et dans tous les médias les porte-parole « bien-pensants », et abondamment nourris, du capitalisme. « Abandonnez toute espoir ! » affirmaient-ils en citant Dante (« Lasciate ogni speranz »). Mais Sastre défend l’utopie communiste, c’est-à -dire l’utopie d’une société égalitaire et auto-déterminée. Ce n’est pas qu’elle soit impossible, comme le clament les voix du capital, mais que les uns ou les autres la rendent impossible. Ce n’est pas la même chose une auto-détermination impossible en soi et une impossibilité due aux difficultés rencontrées par les entraves imposées par l’hétéro-détermination.

Tout mouvement d’émancipation, d’auto-détermination économique, politique et culturel qui a eu lieu dans l’Histoire a connu ces difficultés et a été combattu à mort. C’est pour cela que, pour Sartre, le communisme contient « une puissance de libération énorme ».

Hermann Kant, un autre excellent écrivain Allemand, a pris lui aussi une part active dans la construction du socialisme en RDA. Quand il parle des difficultés impliquées par ce projet, il fait référence, par dessus tout, aux difficultés internes. Dans son allocution aux jeunes « Kommen und Gehen » il les prévient que la tâche n’a rien de facile. Ici, il n’y rien, c’est toute une société qui est à transformer ! Avec tout son appareillage matériel et mental : ses moyens de production, de transport, sa nourriture, sa façon de vivre, ses comportements, ses façons de penser et ses habits. Et c’est précisément ce qui est le plus difficile. Entre autre, par exemple, l’habitude de catégoriser et juger les personnes en fonction de leur manière de s’habiller. Ou celle d’adapter l’épaisseur de son porte-documents à celle de ses pairs. Ou bien l’habitude de jouer des coudes pour se frayer un passage. Le petit exploit constitué par l’abandon d’habitudes appelées « jalousie », « indifférence », « goût du pouvoir », « servilité », etc.

Oui, le communisme est bien hors des sentiers battus du système. Il s’intéresse à des choses qui lui sont étrangères. Et toutes ses solutions comportent du travail. Les valeurs qu’il défend sont le contrepoint de celles qui sont en vigueur. Face à l’individualisme régnant, il défend le fait que le bonheur est dans la coopération et la solidarité. Pour lui, le pire des malheurs est la solitude. Il est convaincu que l’autodétermination commence avec la reconnaissance de l’hétéro-détermination. C’est pour cela qu’il appelle voleurs les maires vénaux, blasphémateurs les curés, pyromanes les propriétaires terriens, plaisantins les universitaires qui répriment la pensée critique et qu’il empêche leur accès aux écoles.

Il a subi tout ce qui peut l’être, de la marginalisation et l’humiliation au harcèlement au travail et dans la société. Il a été reconnu comme cause du mal. Et c’est pour cela qu’il vaut mieux ne pas s’en approcher. Certains « bien-pensants », c’est-à -dire bien placés, ont essayé de le convaincre que ses idées sont dépassées, que les inégalités et l’exploitation de l’homme par l’homme font partie de la condition humaine, que c’est quelque chose de naturel. Mais les communistes savent que cette résignation n’est pas satisfaisante, que la vie stimulante est diverse, belle, fraîche… C’est pour cela qu’il ne reconnaît pas comme naturel tout ce qui se présente comme tel, en particulier le bien et le mal. La phrase qui dit que les choses sont et ont toujours été comme ça vient des temps où les êtres humains étaient obligés de dire des bêtises pour sauver leur peau.

Ce que le communiste authentique défend c’est une vie pleine d’aventures, un travail que personne ne voudrait échanger contre un autre, un école dont la fin n’est pas considérée comme un prix à payer. Il souhaite tendre l’oreille aux chuchotements infimes qui annoncent la transformation. Et tremper les nerfs les plus forts pour qu’ils ne se brisent pas quand la terre hurle. Il est capable de dire la vérité à ses amis et a le courage de la dire aussi à ses ennemis ou, si cela arrive, de ne pas dire un seul mot. Par-dessus tout, il est capable de penser.

Oui, loin du caractère totalitaire et oppresseur que lui attribuent de manière intéressée ses détracteurs, le communisme authentique est l’expression maximale de la liberté et de la dignité humaines. C’est l’utopie possible, si facile à comprendre mais si difficile à réaliser.

Vicente Romano

17/12/ 2011

Source : http://insurgente.org/index.php?option=com_content&view=article&am...

URL de cet article 15498
  

Même Thème
Manifeste du Parti Communiste
Karl MARX
Présentation de l’éditeur " On ne peut prétendre que quelques belles pages peuvent à elles seules changer la face du monde. L’oeuvre de Dante tout entière n’a pas suffi à rendre un saint empereur romain aux Communes italiennes. Toutefois, lorsque l’on parle de ce texte que fut le Manifeste du parti communiste publié par Marx et Engels en 1848 et qui a, indéniablement, exercé une influence considérable sur deux siècles d’histoire, je pense qu’il faut le relire du point de vue de sa qualité littéraire ou, (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

L’écart gigantesque entre ce que les dirigeants des Etats-Unis font dans le monde et ce que les habitants des Etats-Unis croient qu’ils font est une des grandes réussites de propagande de la mythologie politique dominante.

Michael Parenti

Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.