D’abord un petit préambule. Nous avons en occident un problème fondamental avec la gauche : elle est tellement occupée à des luttes internes qu’elle en a oublié l’intérêt général. Et cela ne date pas d’aujourd’hui : Il n’y a qu’à voir les héros de la révolution d’Octobre que sont Lénine et Trotsky confisquer le pouvoir populaire pour le donner au parti et s’acharner ensuite, non seulement sur les contre-révolutionnaires mais aussi sur les anarchistes. Ceci montre bien que le peuple russe fut privé de sa victoire dés le début, et que dés le début le pouvoir fut donné au parti, un parti qui ne sut éviter de reproduire en son sein les mêmes luttes de pouvoir qui déchirent les systèmes mufti-partistes de nos démocraties.
Même Cuba n’est pas exemptes de reproches vis-à -vis des anarchistes. Il ne furent pas massacrés comme le fit en Russie l’armée rouge commandée par Trotsky mais leur sort ne fut pas très enviable pendant quelques décennies. Malgré toutes les difficultés, le parti communiste cubain a su constamment évolué et il a aujourd’hui, ce qui est réjouissant, prouvé sa tolérance autant vis-à -vis des anarchistes que vis-à -vis d’autres minorités comme les homosexuels ou les croyants (je suis pas convaincu que ces derniers soient une minorité :-).
J’en viens au point principal que je veux soulever. Pour Marx, l’avènement du communisme doit mettre fin à l’aliénation humaine. L’aliénation étant la négation de la nature humaine, le communisme se pose comme la négation de cette négation et permet de restaurer ainsi la véritable nature humaine. Il suffirait donc de prendre le problème sous l’angle de la société et de renverser les rapports de production pour obtenir une société où l’être humain serait réconcilié avec sa transcendance, cette qualité qui lui permet de définir ici, maintenant et consciemment ses buts, et toujours ici et maintenant, de travailler à leur réalisation.
Or, il y a un enseignement capital que nous devons retenir des peuples premiers. Comme le dirent les indiens d’Amérique du nord qui voyaient la façon dont les colons puritains les massacraient et massacraient les bisons :
"Un être humain qui ne respecte pas la nature est incapable de respecter ses semblables."
Ils rajoutèrent même : "Vous ne comprendrez que l’argent ne se mange pas que le jour où il ne restera rien d’autre."
Ces gens, qui n’avaient jamais lu ni Marx ni GreenPeace avaient cependant compris le fond du problème : le respect de la nature est la forme fondamentale de respect, celle qui conditionne toutes les autres. Cela est facilement confirmé par un petit exemple tiré de notre vie de tous les jours. De nombreux couples, à la naissance de leur premier enfant, vendent leur petite voiture pour en acheter une autre. Dans la plupart des cas, ils n’en achètent pas une qui pollue moins, mais une plus grosse. Or nous savons tous 1) qu’une grosse voiture pollue plus l’air des autres qu’une petite de technologie équivalente, 2) que l’air des autres est aussi celui de nos enfants. Par conséquent, leur seule certitude est qu’ils vont polluer plus l’air de leurs propres enfants.
Cet exemple simple et facilement vérifiable montre que les peuples premiers ont raison : Un être humain qui ne respecte pas son environnement est incapable de respecter ses semblables, et comme l’exemple ci-dessus le montre, il est même incapable de respecter ses propres enfants. Mon but n’est pas de moraliser ou de faire culpabiliser mais simplement de montrer à quel point ce problème est fondamental et à quel point il est notre problème à tous.
Un autre exemple, nécessaire, le dernier. Nous transformons systématiquement toutes les ressources naturelles que nous exploitons en autant de sources de pollution. Dans ce contexte, le réchauffement climatique n’est même pas la partie apparente de l’iceberg, c’est la réaction de la planète à une partie de ce que nous lui faisons subir. Une autre réaction de la planète est que les espèces animales et végétales disparaissent d’ors et déjà à un rythme supérieur à celui des autres extinctions massives d’espèces que la planète a connu par le passé. Cela devrait nous interpeller et nous faire prendre conscience de l’urgence de la situation dans laquelle nous avons mis la planète, et nous avec.
Le communisme est souvent opposé à la religion qu’il considère comme obsolète et propre à la morale bourgeoise. Force est de constater deux choses : 1) la majorité des habitants de cette planète sont des croyants, 2) les dogmes de base de toutes les religions organisées donnent des qualités superstitieuses aux choses (bien ou mal, yin ou yang, ...), qualités qui autorisent deux hiérarchies, la première, celle qui est fondamentale, entre les dieux, les hommes et le reste de la création, la deuxième, subordonnée à la première, entre les hommes dont certains se retrouvent plus près des dieux que les autres.
Ceci implique deux choses. D’abord, l’important n’est pas de se débarrasser des religions mais de l’influence de leurs dogmes dans la société, dogmes qui y sont véhiculés depuis quelques millénaires.
Ensuite, tout croyant doit se poser la question de savoir si les valeurs véhiculées par les dogmes de sa religion sont compatibles avec sa foi.
Les hiérarchies autorisées par ces dogmes sont la justification morale de toutes les formes d’exploitation, à commencer par l’exploitation de la nature par la première hiérarchie pour finir par l’exploitation de ses semblables par la deuxième hiérarchie. Cela implique que pour réussir sur le long terme, une révolution quelle qu’elle soit doit non seulement avoir pour but une société égalitaire et auto-déterminée, mais elle doit aussi tenir compte du cadre dans lequel cette société doit se développer : notre planète. La seule façon viable de tenir compte de la Terre est de la respecter pour ce qu’elle est : la seule source de vie à notre disposition, une source de vie dont dépend notre survie en tant qu’espèce.
Ce qu’il faut bien comprendre est que pendant que les économistes jouent au monopoli avec de l’argent, nous jouons tous au monopoli avec les conditions nécessaires à la vie sur cette planète. Cela était supportable avant l’industrialisation, mais aujourd’hui, les preuves scientifiques que les conditions nécessaires à la vie sur cette planète sont en train de disparaître ne cessent de s’accumuler. Ce cauchemar est la conséquence logique d’un société basée en premier lieu sur l’exploitation aveugle des ressources naturelles qui a passé au stade industriel. Ce stade industriel permet non seulement un croissance exponentielle de l’exploitation de nos ressources naturelles, mais aussi une croissance exponentielle de la démographie, c’est à dire du nombre d’exploiteurs des ressources naturelles. Enfin, ce stade industriel, quand il n’est pas maîtrisé, autorise la transformation systématique des ressources naturelles en autant de sources de pollution et leur rejet tout autant systématique dans l’environnement, la seule nature à notre disposition.
C’est notre rapport à la nature qui conditionne notre rapport avec les autres ainsi que notre rapport avec nous-même, avec notre nature d’être humain. Les religions organisées, parties intégrantes de l’idéologie bourgeoise nous le prouvent par leur dogmes. Les conditions écologiques désastreuses des la planète nous le prouvent scientifiquement.
Face à cela, il ne s’agit donc pas seulement de renverser le capitalisme, lequel n’est jamais que la xième version de l’idéologie de domination bourgeoise qui sévit depuis l’antiquité, mais de renverser ce qui rend possible cette double exploitation, celle de l’homme par l’homme, mais aussi celle plus fondamentale de la nature par l’homme. Ce n’est qu’ainsi que l’homme pourra redevenir ce qu’il n’aurait jamais du cessé d’être : un être humain conscient de sa place et de ses possibilités.
Pour y parvenir, je ne vois qu’une solution : subordonner le but de la société révolutionnaire au respect de l’environnement et au respect des autres tout en gardant bien à l’esprit que la forme de respect fondamentale, celle qui conditionne les autres, est notre rapport avec la nature..
Pour en revenir à mon préambule, le respect de la nature n’a jamais été une des priorités ni des soviets, ni des gouvernements successifs de l’URSS. A Cuba par contre, le respect de la nature est une des priorités du gouvernement. Suite à la récente décision des cubains de démocratiser l’accès à la voiture, je ne peux qu’espérer que la force d’aliénation de ce mode de transport sera moindre que la force de la révolution et que Cuba, tout en continuant son développement, saura rester ce paradis naturel qu’il est encore.