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MALI : INGÉRENCE HUMANITAIRE OU NOUVEAU SAHELISTAN ?

Les dollars de l’Oncle Sam pour promouvoir le terrorisme

Sous le prétexte d’une « responsabilité de protéger », les Français sont intervenu au Mali sans mandat de l’ONU. Les puissances occidentales les soutiennent pour une mise sous tutelle programmée de l’Afrique.

Mais dans la tutelle de l’Afrique, il y a la mise sous tutelle de la France par les USA, car ceux qui mènent le jeu au Sahel, ce sont les Américains, avec la complicité de nombreux pays d’Afrique et d’Afrique du Nord, qui semblent depuis quelques années appeler le néocolonialisme de leurs voeux.

Dans le nouvel ordre mondial qui voit le jour, la financiarisation est inséparable de la militarisation, le monde de la finance étant intimement lié au complexe militaro-industriel qui a pris la Maison-Blanche en otage. La Maison-Blanche, quant à elle, prend en otage d’autres pays, des plus grands aux plus petits. Moscou et Pékin et les pays du BRICS semblent être les seuls États à s’opposer à cette hégémonie, que les Américains refusent de voir fragilisée, quitte à ramener les récalcitrants avec le « gros bâton » cher au président Theodore Roosevelt.

Beaucoup d’éléments ont argumenté dans le sens d’une préméditation de l’opération Serval dans le cadre d’un complot contre le Mali et les pays frontaliers, pas uniquement l’Algérie. Mais on a compris que tout ce micmac flagrant montre qu’il s’agit d’une crise créée de toutes pièces et que le manipulateur en chef, le Département de la défense américain (DoD) la préparait depuis les années 1990, lorsqu’il a suscité des situations créatrices de crises (crisogènes) par sa seule présence. Revenons à l’histoire de la présence étatsuninenne en Afrique et à l’apparition mystérieuse du terrorisme, à chaque fois qu’une base américaine se crée dans une région. « L’idée politique centrale de l’impérialisme, écrit la philosophe politique Hannah Arendt, est l’expansion comme un but permanent et suprême de la politique », tandis que Chalmers Johnson écrit dans The Sorrows of Empire. Militarism, Secrecy, and the End of the Republic : « L’impérialisme ne peut pas exister sans un puissant appareil militaire pour soumettre et policer les gens qui s’opposent sur son chemin et un système économique pour financer un établissement militaire couteux et improductif. » (1) En 2002, dans une perspective qui s’inscrivait dans le projet impérialiste du Grand Moyen-Orient, George Bush a créé le plan Pan Sahel afin de « lutter » contre le terroriste dans le Sahel. Or il n’y avait pas de terroristes au Sahara ni dans sa région sud, est et ouest, même après dix années de troubles en Algérie. Le terrorisme s’est développé au nord du Maghreb, et s’y est maintenu car il n’avait pas d’assisses dans le sud, d’autant que l’Islam traditionnel et soufi y est très puissant et constituait un paravent contre les takfiristes, wahhabites et autres excommunicateurs. Ce bel Islam de nos ancêtres dérangeait beaucoup, car il donne une idée forte et puissamment ancrée d’une tradition spirituelle et culturelle empêchant la prolifération des parasites. Mais le Sahel était une région visée par les Etatsuniens dès que le bloc communiste a sombré. Déjà , en 1996, ils ont demandé aux Saoudiens d’envoyer l’agent Ben Laden au Soudan, non sans avoir concocté un coup d’État dans ce pays afin de permettre à un Etat « islamiste » d’y prendre racine. Ben Laden enverra des armes et des Arabes-Afghans vers l’Algérie et, au préalable, il écrira pour ses amis du parti dissous les paroles de : « Alayha nahia, alayha noudjahed. »

Programme d’aide, programme d’asservissement

Pourquoi les Américains voulaient-ils « combattre » le terrorisme sur un territoire où le phénomène n’existait pas si ce n’est pour le créer ? Comme par hasard, dès l’année suivante, entre 2003 et 2004, le groupe d’El Para kidnappa plusieurs groupes de touristes au Sahara ! Le groupe terroriste nigérian Boko Haram fut créé en 2002. Entre 2007 et 2008, la Mauritanie subit des attaques et des enlèvements de l’Aqmi. Le terrorisme était inconnu en Irak avant 2003. Aujourd’hui, ce pays est son fief. En 2008 apparaissaient les djihadistes d’Al-Shabbab, en Somalie. Moubarak et Benali ont éradiqué le terrorisme que le « printemps arabe » vient de ressusciter en Égypte et en Tunisie… Idem pour la Libye et surtout la Syrie actuellement… où les Américains s’installent. Le cancer terroriste se développe, comme s’ils l’inoculaient directement par injection. En 2005, le programme US Pan Sahel se transforme en Trans Sahel Conter Terrorism Partnership dont l’objectif était de former les forces militaires des sept pays sahariens « volontaires » dans leur lutte contre leurs différents ennemis, y compris « terroristes », en fait des alliés sous de faux drapeaux. Tactique du pyromane pompier…

Les États-Unis ont aussi un programme appelé Counter Terrorism Train and Equip destiné à apporter de l’aide militaire à des pays maghrébins et d’Afrique subsaharienne (Algérie, Burkina Faso, Tchad, Libye, Mali, Mauritanie, Maroc, Niger, Nigeria, Sénégal, Tunisie) en leur offrant quelques armes et véhicules, du matériel de communication, des pièces de rechange et des tenues militaires. Cela leur permet d’avoir un pied à terre dans ces pays en attendant mieux, une base militaire, un puits de pétrole ou une exploitation minière, par exemple. Ainsi donc, les États-Unis visent l’implantation dans des pays qui sont traditionnellement dans le giron français. Peu d’égards pour la France amie et alliée au sein de l’OTAN. Mais les États-Unis ne sont-ils pas venus concurrencer la France à Djibouti en 1981 ? Et, comme par hasard, le piratage s’est développé dans la corne de l’Afrique dès que la base américaine de Camp Lemonnier a été créée en 2003. Les actes de piratage contre des navires marchands se développent en même temps que le terrorisme, au fur et à mesure que la répression grandit. L’injustice nourrit la révolte, c’est ce que font semblant de ne pas comprendre les pays qui ont de longues expériences coloniales. Une fois le terrorisme installé en Afrique, George Bush décida de créer, en 2007, un commandement unifié pour l’Afrique (United States Africa Command) dont l’acronyme est Usafricom ou Africom et destiné, en premier lieu, à coordonner toutes les activités militaires et sécuritaires étatsuniennes sur ce continent. Son deuxième but fut la « géopolitique du pétrole », soit la sécurisation des approvisionnements américains par le golfe de Guinée afin de diminuer la dépendance vis-à -vis des réserves du Moyen-Orient. Le troisième but était la compétition économique afin de contrer, par un pré-positionnement militaire US, la montée en puissance de la Chine. Parmi ces objectifs, on ne sait lequel est prioritaire, car comptent beaucoup pour les États-Unis les nécessités de défense pure, soit la dépense du budget militaire dans des conflits nécessaires pour le fonctionnement du complexe militaro- industriel.

Ce n’est qu’à cela essentiellement qu’ont servi les guerres d’Afghanistan et d’Irak depuis 2003. Car il faut savoir que la Maison-Blanche a dépensé près de 5 000 milliards de dollars en dix ans en Irak et en Afghanistan, sommes qui sont allées dans les coffres du complexe militaro-industriel et ceux d’autres entreprises étatsuniennes. La recette est simple : on crée la pauvreté dans un pays, et lorsqu’il devient ingouvernable, on y envoie des terroristes qu’il s’agira d’éliminer sous prétexte qu’ils menacent le « monde libre ». Ainsi, la chaîne de production d’armes tourne à fond pour doter à la fois les terroristes et les pays qui combattent le terrorisme. En 2008, Jeremy Keenan, un anthropologue très au fait des problèmes de terrorisme et de renseignement, écrivait dans la revue d’intelligence Menas : « Rares sont les endroits au monde qui ont été autant sujets à désinformation que le nord du Mali et sa frontière avec l’Algérie. Il est vrai que c’est le point focal de l’administration Bush en ce qui concerne sa fabrication d’un second front saharien dans sa prétendue guerre contre le terrorisme. » En 2009, le Mali a bénéficié du programme Trans Sahel Conter Terrorism Partnership, mais au préalable, les États-Unis ont imposé à ce pays criblé de dettes une restructuration qui l’a davantage affaibli puis entraîné dans le gouffre actuel. En un tour de passe-passe américano-franco-qatari, voilà le Mali coupé en deux, avec un nord occupé par une nébuleuse d’islamistes et de pseudo-rebelles également à la solde. Puis voilà les Français qui accourent pour sauver un peuple de barbares islamistes… qu’ils ont pris soin de doter des armes les plus sophistiquées…

La guerre, seule logique de la Maison-Blanche

Pour renforcer sa présence en Afrique, au détriment d’une France qui n’a plus d’argent pour y être présente, Washington va, selon le Département d’Etat, déployer une centaine de conseillers en Afrique de l’Ouest et les répartir au sein des contingents africains de six nations : Niger, Nigeria, Burkina Faso, Sénégal, Togo et Ghana, qui fournissent des troupes à la Misma. Ces « mentors » dépendent du programme African Contingency Operations Training and Assistance (ACOTA). Même s’ils ne seront pas déployés sur le territoire malien, économiquement, il s’agit d’une ingérence dans la chasse gardée d’un allié atlantique. Pour comprendre cette stratégie, il faut savoir que le budget américain est de 755 milliards de dollars (2010) alors que celui de la Chine est de seulement 143 milliards de dollars, que celui de la Russie est de 71, 9 milliards et celui de la France de 62,5 seulement. Le budget défense des États-Unis est non seulement colossal, mais il est plus important que tous les autres secteurs réunis : il compte pour plus de la moitié du budget du pays alors que celui de la France est le deuxième après celui de l’éducation. En 2011, le budget du DoD représentait 41% du total mondial de défense par rapport à la Russie qui n’en détient que 4,1% et la Chine 8,2 % tandis que l’Arabie Saoudite en détient 3%. La véritable course aux armements n’a jamais été aussi folle qu’aujourd’hui, car les États-Unis dope les achats en imposant une surenchère, ensuite grâce au terrorisme qui cible les pays non amis et ennemis. Ainsi, les pays arabes, qui soutiennent le terrorisme (Arabie Saoudite, le Qatar et les autres pays du Golfe) sont devenus des investisseurs dans l’industrie militaire occidentale par le biais d’opérations de leurs fonds souverains, et ce, indirectement ou directement dans certaines entreprises liées au complexe militaro-industriel (Carlyle et la société militaire privée Vinnel) : des enjeux importants les lient désormais au terrorisme qui nourrit le complexe militaro-industriel… Le problème malien s’inscrit donc dans une stratégie géopolitique globale qui dépasse les acteurs apparents (groupes terroristes) et même ceux qui se sont mis en avant depuis le début ou dernièrement (Qatar et France) : elle s’inscrit dans un plan du Grand Moyen-Orient tout comme les « printemps arabes » qui visaient à éliminer tous les raïs (Benali, Moubarak et surtout Kadhafi) susceptibles de s’opposer à la création, à leur frontière (Mali), d’un État failli où se déploient les groupes terroristes, tout comme en Afghanistan.

Fin 2010, Obama avait dit vouloir renforcer l’armée de son pays et lui donner de nouveaux « partenaires » pour la réussite de ses objectifs : il ne parlait pas d’alliés car ceux de l’Occident sont connus ; il s’agissaitt donc de ces innombrables traîtres à leur nation qui prolifèrent depuis les « printemps arabes ». Ce sont les services de renseignements étatsuniens qui recrutent les traîtres, ainsi que des agences supposées de droits de l’homme, des ONG prétendument humanitaires ou destinées à « promouvoir la démocratie dans le monde », comme l’Open Society, le Fondation Soros, la National Endowment for Democracy… D’ailleurs, ces trois ONG liées à la CIA ont joué un rôle fondamental dans les « printemps arabes ».

A.E.T.

http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2013/02/17/article.php?sid=1452...

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