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Les droits de l’homme et l’argent

Ceux qui se sont méfiés dès le début de cette « société civile », trop médiatisée ici et là-bas, pour être honnête, ont finalement eu raison. Ceux qui dénonçaient le financement des ONG par des démembrements des gouvernements occidentaux à travers de sulfureuses institutions (National Democratic Institute-NDI, National Endowment for Democracy-NED, Freedom-House et consorts), bien engagées dans les « démocratisations » en cours, un peu partout, en dehors des pays atlantistes, avaient aussi raison.

La preuve, ce scandale, qui vient de se produire à la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADDH). À ne pas confondre avec celle dirigée par Hocine Zahouane, dont elle constitue une scission reconnue par la FIDH, et qui est boycottée par la presse « démocratique » au point d’avoir disparu du paysage des médias. Tout a commencé quand des membres de la Ligue ont publié une déclaration « afin de ne pas être complice (d’un) manquement à l’éthique et à la gestion démocratique » de leur organisation. Ceci en réaction à l’opacité sur l’origine et la gestion d’un pactole de plus de 20 millions de dinars et sur la « teneur du don fait par la délégation européenne, présente pour la surveillance des élections législatives… ».

Les questions concernent une année et demie de gestion. L’un de ceux qui veulent être mis au courant des affaires, Kamel Dine Fekhar, est édifiant dans sa déclaration, « …nous ne savons pas d’où est venu cet argent et comment il a été dépensé ». Tout simplement. Le site TSA a pu avoir une réponse laconique de l’ancien secrétaire général qui dit qu’il n’a pas de commentaire à faire à la presse et que la « question… sera réglée en interne ». Mais l’activité tonitruante de la LADDH éclaboussée rend ses propos irrecevables au sein de l’opinion. Surtout que l’un des derniers chevaux de bataille a été la lutte contre la corruption et l’exigence de la transparence dans la gestion des affaires publiques. A tout le moins, alors, il est impératif que les choses soient clairement livrées, en conformité avec les prétentions affichées. Ce qui risque de ne pas être assumé, puisque, selon les frondeurs, l’actuel président préfère aller « vers une assemblée générale constitutive dans l’urgence afin de fuir les explications sur la question de la gestion financière ». Et ils ont cette phrase qui tue, en s’adressant à leur président d’honneur, « pour rappeler les principes sur lesquels a été bâtie la ligue dans l’adversité féroce de ceux qui n’aiment que les ligues compréhensives qui serviront de rampe de lancement aux opportunistes de tous bords ».

Ont-ils seulement réalisés le poids des mots ? Apparemment non, sinon « l’adversité féroce » n’aurait pas été citée, pas plus que la « rampe de lancement aux opportunistes de tous bords », qui veut qualifier les adversaires. Car pour un tel résultat en termes d’évitement de l’opportunisme, il semble bien que l’adversité supposée n’a pas été, loin de là, une garantie. Le bénéfice du doute peut être toutefois permis, jusqu’à ce que soient confortées les accusations, même si leurs sérieux attendus renforcent la conclusion au tripatouillage.

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