Ça y est, les États-Unis ont parlé et il y en a qui ont été particulièrement attentifs..
... à ce qu’a dit la sous-secrétaire d’État aux Affaires politiques, du haut du piédestal que lui offrent les empressés dans l’allégeance. Il n’y a qu’à lire la couverture faite par certains journaux, le choix de leur titraille, pour se convaincre de la soumission ou de l’adhésion aux verdicts assenés par Mme Wendy Sherman.
Autant de messages à destination des sollicitations à peine voilées des courants acquis à l’atlantisme conquérant. Du froid parfois, comme cette phrase où elle « souhaite un prompt rétablissement au président algérien qui est très connu aux États-Unis et… lui souhaite un retour immédiat », ou celle-ci où elle considère que « l’Algérie continue à avancer sur tous les fronts et (qu’) il y a continuité ». Ce qui n’a pas dû être accueilli avec enthousiasme par les catastrophistes de tout bord. Il y a aussi le fait que la dame, sachant les attentes en matière d’ingérence, coupe court aux sollicitations en disant : « Nous n’avons aucun rôle à jouer dans le choix du futur président qui, je le répète, revient au peuple algérien. » Au point où il faudrait peut-être lui dire merci de ne pas se mêler de ce qui ne la regarde pas, faute d’avoir des voix assez fortes pour lui demander ce qui l’autorise à un tel paternalisme. Ainsi lancée, elle ne se prive pas de donner des instructions sur tout. A commencer par cette appréciation : « L’Algérie peut mieux faire. » Ici, elle parle bien sûr de cette « démocratie », dont les néolibéraux de Wall Street et d’ailleurs ont le secret. Tant pis, s’il y en a qui la prennent au pied de la lettre et considèrent qu’elle se préoccupe des droits du peuple algérien. Dans le même temps, elle donne une lueur d’espoir à ceux qui désespèrent du « changement » venu d’ailleurs, qui ne se sont pas privés de décortiquer la moindre tournure de phrase, le moindre mot pour y déceler les menaces traditionnellement adressées aux Arabes et assimilés, celles qui font qu’un pays soit éligible au « printemps ».
Parfois, Mme Sherman leur a facilité la vie, comme quand elle conditionne les élections par leur transparence et leur régularité. Non pas qu’il faille prendre la chose au mot, mais pour y voir le maintien du discrédit à l’égard du pouvoir en place. La chasse à la fraude essentielle est donc permise, par le seul fait qu’il sera bien de prouver à la " « communauté internationale » que la victoire d’un FLN/RND est toujours sujette à caution. La « démocratie » ne pouvant être prouvée et assurée que par l’élection d’un patenté de la presse « démocratique » et des plateaux d’outre-mer. Ce faisant, les fondements du discours étatsunien sont occultés, même s’ils déterminent tout le reste. En ce sens et pour le moment, les États-Unis estiment avec raison qu’ils obtiennent tout ce qu’ils veulent du gouvernement algérien. La pleine coopération dans la gestion stratégique de la région, l’inscription dans les plans de « sécurisation » de l’Afrique subsaharienne, de la Tunisie et de la Libye et, par-dessus tout, la « levée des obstacles » devant l’avancée des forces du marché.