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Les El Khomristes, comptez-vous

Plus de 70 %° des Français sont hostiles à la loi El Khomri. La grande majorité des syndicats aussi avec des millions de citoyens qui ont défilé pendant quatre mois à travers le pays. Les forces de l’ordre s’agacent du rôle qu’on leur fait jouer. Une majorité de députés est opposée à la loi (les « frondeurs » ont menacé de faire tomber le gouvernement). Des locaux du PS sont tagués, d’autres protégés par les CRS.

Ses réunions internes sont perturbées par ses propres militants que des vigiles expulsent tandis que son université d’été est prudemment annulée. Des cartes d’adhérents sont déchirées (le PS a perdu 25 % de ses effectifs depuis 2012). Ses parlementaires sont désavoués sur le terrain par leurs électeurs. Les ministres se font huer dès qu’ils approchent d’une usine sous bonne escorte casquée. Au sein du gouvernement, des dissensions apparaissent entre les ministres sur ce qu’il faut négocier. Le MEDEF rejoint les mécontents (mais pour d’autres raisons). Le Conseil constitutionnel censure partiellement le texte de loi dont la CGT rappelle qu’il n’est pas conforme au droit international établi par l’OIT et l’ONU.

Il ne manque qu’une déclaration du pape François invoquant la parabole biblique de « L’homme riche vêtu de pourpre et de fin lin, et qui chaque jour menait joyeuse et brillante vie » pour fustiger Emmanuel Macron, passé directement de chez « mon adversaire la finance » au ministère de l’Economie avec son costume que-les-chômeurs-peuvent-se-payer -en-se-levant-tôt.

A l’instar d’un Juppé droit dans ses bottes qui voulait s’en prendre en 1995 aux retraites et à la Sécurité sociale, Valls se montre raide dans son corset. Dans une vidéo qui circule sur le Net, une manifestante l’interpelle : « On n’en veut pas, de votre loi El Khomri ! ». Et lui, goguenard, sans tourner la tête vers elle, comme bloqué par une minerve : « Bah, eh bien, vous l’aurez ! ».

Jean-Jacques Rousseau (« Du contrat social ») avait vu les défauts de l’absence de disposition intermédiaire de contrôle des élus par les citoyens : « Le peuple anglais pense être libre, il se trompe fort ; il ne l’est que durant l‘élection des membres du parlement : sitôt qu’ils sont élus, il est esclave, il n’est rien ».

Cependant, la rue reste un inaliénable espace d’expression démocratique. A peine finie la fête de l’Humanité, la mobilisation reprendra (le 15 septembre), pour la journée d’action décidée par une intersyndicale qui porte la voix du peuple, elle.

On ne verra pas, on ne verra jamais des partisans de Myriam El Khomri défiler avec des pancartes favorables à la casse du Code du travail. Le risque serait trop grand de ne compter dans le cortège que quarante-neuf virgule trois manifestants (selon les organisateurs) ou trois pelés (1) et un tondu (selon moi).

Maxime VIVAS*

NOTE
(1) ... dont un flic en civil de la Bac et un cédétiste discipliné préparant un avenir doré à son secrétaire général Laurent Berger.

*Dernier livre paru (éditions Golias) : « Les déchirures » (sur France Télécom, Goodyear, Air France, Continental…).


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COMMENTAIRES  

10/09/2016 12:56 par Clocel

Les El Khomristes, comptez-vous : 49.3

10/09/2016 16:50 par Scalpel

Les français ne sont pas contre "la loi El Khomry", cher Maxime.
Ils sont rageusement et légitimement contre, en l’ignorant totalement... l’article 121 du TFUE contenu dans le Traité de Lisbonne et ses GOPE nous intimant la feuille de route anti-démocratique de laquelle est extraite cette loi scélérate.
Nuance.
Évoquer la loi dite "El Khomry" sans en référer aux véritables instigateurs de la guerre de classe visant la mise en servage de tous au profit exclusif d’une pincée de sociopathes, revient à taper sur Guignol et non sur le marionnettiste. C’est désespérément puéril, consternant et contre-productif en définitive.
Pour le dire autrement, quand on veut acheter un produit en supermarché en connaissance de cause, on ne se contente pas de se fier à la marque, mais on regarde de près à l’étiquette, celle qui est aussi illisible...qu’instructive sur la vraie nature dudit produit.
Apprenez je vous prie à désigner l’adversaire par son nom, cela évitera de dissiper notre énergie vitale dans des combats vains.
Ainsi je fus atterré dans les manifs anti loi "travaille !" de ne voir AUCUNE référence à la généreuse mangeoire de la C.E.S. : l’UE.
Cordialement.
PP

10/09/2016 18:05 par Louise de Bretagne

"Le piège de la révision du code du travail..." Le mot "travail" provient du Grec ancien qui signifie ; l’action désignée par "torture".
Pour "plus d’emplois profitable à tous" et être mieux partagé le temps de travail doit être diminué mais contre le peuple le gouvernement fait le jeu du patronat qui veut augmenter la durée légale du travail et ne plus payer d’heure supplémentaires et moins payer de retraite...
Cela ressemble fort au retour à l’esclavage sous une forme différente mais toujours avec le même fond ou à l’instauration d’un travail qui est un esclavage des temps moderne et qui ne peut ou n’ose pas dire son vrai nom..!
Employer le 49-3 est l’aveu de faiblesse d’une dictature qui ne montre pas son vrai visage et passe de force envers et contre la volonté du peuple en se cachant derrière l’enseigne salie de la Res-Publica qui n’existe plus que sur papier car (la chose publique) a été vendue aux lobbies du NWO...

Toute loi que le peuple n’a pas ratifiée en personne est nulle, ce n’est pas une loi. "Contrat social livre III Chapitre XV 1762"
(Jean-Jacques Rousseau)
Il vaut mieux le combat qu’un siècle d’esclavage la mort existe alors sans crainte je lutte car "la Loi c’est le peuple".
(Louise)

10/09/2016 19:43 par mandrin

Vive la reprise de la contestation loi travail vive l’inter syndical et que macron et compagnie se disent qu’un des ses 4 matin ils pourraient bien se lever tôt avec un costard de plume et de goudron...il est d’une importance vital que le débat s’articule contre cette loi antisociale et non occulté sur les question sécuritaire...un sel Mot Mobilisation le peuple de tout horizon est attaqué !

10/09/2016 20:39 par calame julia

Clocel ! allons pas de mauvais esprit ! :)

Un Italien, toujours émigré, en discutant me demande ce que je pense de la loi El Gomorrit ! Je rectifie et il
me rétorque : pourquoi ça rassemble pas à Napoli ?

11/09/2016 10:17 par Palamède Singouin

Article 2 de la Constitution :
"Son principe [de la République] est gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple"

Ce qui donne après traduction solférinienne :
Gouvernement de Hollande, par Valls, contre le peuple.
On peut avantageusement remplacer Hollande par "la finance" et Valls par "le Medef"

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