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Les gilets jaunes et les banlieues : le flashball pour tous

A tous les grands moments où le devenir de la société est en jeu, il y a une formidable accélération de l’histoire à laquelle personne ne s’attendait. Voilà que des « gueux », méprisés et renvoyés à l’inculture, protestent de manière inédite en occupant les ronds-points et les stations de péage, manifestant chaque samedi depuis plusieurs semaines. Sans montrer le moindre signe de fatigue ni d’essoufflement, la contestation radicale des gilets jaunes est majoritairement soutenue dans la société car toutes les classes sociales, à l’exception de l’infime minorité des grands capitalistes, voient leur niveau de vie se dégrader.

Il faut imaginer l’état de sidération de la classe politique et de cette armée d’experts médiatiques, convaincus que tout allait bien et que, s’il existait des injustices, elles n’étaient que marginales. Ils étaient persuadés que la fiction économique du ruissellement allait réparer l’injustice. Que le capitalisme avait suffisamment de ressources pour surmonter l’insurmontable : l’appauvrissement des masses dont il est la cause. Ils sont les seuls à croire dans cette fable alors que leur modèle est au bord du gouffre. Ce moment historique a provoqué un retournement du monde : la connaissance pratique des gilets jaunes et leur finesse politique ont mis en lumière l’insondable crétinisme des élites répétant les mêmes inepties avec la régularité froide d’un robot.

Mais il y a ce fait remarquable que la profondeur de leur crétinisme, effet de leur situation de classe, les empêche de saisir justement l’importance de ce renversement historique. Être bien né et diplômé des grandes écoles ne garantit pas l’intelligence politique. Il leur reste les incantations et la brutalité de la matraque pour espérer que ce mouvement ne bascule pas dans la radicalité d’une révolution anticapitaliste. Leur vision du monde est percutée de plein fouet par celle, plus en phase avec le réel, des classes populaires. Du haut de leurs diplômes et de leurs titres, et même si, instinctivement, ils sentent la terre trembler sous leurs pieds, ils n’ont pas encore pris conscience que leur vision du monde est un château de cartes idéologique en déphasage total avec la réalité historique. Jojo le gilet jaune effraie l’énarque et le propagandiste des médias ! Déterminé, Jojo demande la démission de Macron. Républicain au sens noble du terme, jojo revendique l’égalité avec un ministre !

Les leçons de la violence policière

Et si Momo s’alliait à Jojo ? Si les quartiers populaires du monde urbanisé rejoignaient la contestation des milieux populaires des territoires périurbains ? Depuis plusieurs semaines, cette question a pris une place centrale dans les débats des gilets jaunes. Si cette alliance des classes populaires n’a pas encore eu lieu, la confrontation physique des gilets jaunes avec le pouvoir a eu un effet décapant quant à leur perception des banlieues. Les préjugés s’effritent lorsqu’ils se cognent contre le mur de la violence policière. Quelque peu narquois, mais affichant sa solidarité avec les gilets jaunes, un jeune adulte des quartiers populaires a fait ce constat incontestable : « Maintenant c’est le flashball pour tous ! ». Les gilets jaunes ont appris, et ils apprennent vite, que la violence policière ne fait pas de distinction ; qu’elle s’abat de manière impitoyable, quelles que soient les origines, lorsque le peuple manifeste et crie famine. Ironie de l’histoire, les théories racialistes ont reçu un coup mortel porté par une classe sociale assimilée pourtant aux gaulois réfractaires et roulant au gasoil ; ces prolétaires aux préjugés apparemment solidement ancrés et sensibles aux thèses de l’extrême droite. L’histoire prend parfois des chemins inconnus jusqu’alors.

Un gilet jaune de la région bordelaise, Cyril P., a eu ces mots qui ont connu un important retentissement sur les réseaux sociaux : « Ah ben écoutez si vous croisez des « jeunes » ou des moins jeunes de banlieues défavorisées, vous leur direz de ma part que s’il y a une chose que ce mouvement m’a appris, c’est de reconsidérer complètement le regard que je portais sur cette « racaille » et sa violence supposée. Moi, ça fait un mois et demi qu’on s’en prend plein la tronche une petite fois par semaine, et je suis déjà limite à bout, alors je n’imagine même pas la colère qu’ils peuvent avoir en eux de subir ce qu’ils subissent ou disent subir. Bref, je crois bien que c’est la première fois que je me sens proche d’eux, et je me dis tous les jours que j’ai été bien con, avec mes yeux de Blanc moyen privilégié. Merci ! »

La lutte des classes contre le préjugé raciste

Certes, il est difficile de déterminer précisément l’ampleur de ce mea culpa parmi les gilets jaunes, mais il n’en demeure pas moins que la conscience populaire « blanche » a franchi un cap. La violence policière et médiatique n’est pas le seul triste privilège des jeunes des banlieues. L’Etat est un appareil répressif qui devient aveugle à l’origine lorsque les fondements de l’ordre capitaliste sont mis en cause. Que des gilets jaunes revendiquent une augmentation des salaires ou que des jeunes de banlieues dénoncent les discriminations racistes à l’embauche, ils disent la même chose : « Nous voulons vivre dans la dignité ! ». Et ils contestent tous, avec une conscience plus ou moins aigue, la légitimité d’un système inféodé à la loi des dividendes et de l’insatiable appétit de la grande finance.

La rupture, qui s’annonce durable, d’avec le pouvoir se traduira-t-elle nécessairement par un rapprochement entre les gilets jaunes et les catégories populaires des quartiers ? Cette hypothèse devient probable. Malgré un endoctrinement séculaire sur la supériorité de la « race blanche », la distance politique et culturelle se réduit entre les deux fractions de la classe populaire. La violence policière a impulsé une dynamique qui rend vains tous les efforts déployés pour maintenir la division au sein des classes dominées. Et il a suffi de trois mois de lutte pour que se fissurent les préjugés tenaces avec lesquels s’observaient ces fractions de la classe populaire.

Les conséquences idéologiques et pratiques méritent une analyse concrète et approfondie, mais il est certain que la généralisation de la délégitimation de toutes les institutions était l’étape ultime et nécessaire pour que puisse se réaliser une unité des classes populaires contre le même adversaire politique. Pour paraphraser un slogan célèbre, prolétaires de toutes les origines, unissez-vous ! Ce qui était impensable hier est de l’ordre du possible aujourd’hui. La lutte des classes a eu raison de la posture identitaire stérile. Jojo et Momo fraterniseront par nécessité contre le règne sans partage de Rothschild et consorts !

Tayeb EL MESTARI

6 février 2019

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