RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Liban : La Fabrication d’Issa, par Rana El-Khatib.








Un Enfant de l’Invasion Israélienne


Counterpunch, Edition du week-end des 2 et 3 septembre 2006.


En 1982, Issa avait cinq ans. Cette année-là , Israël a envahi le Liban, tuant plus de 19.000 civils libanais et plus de 9.000 Palestiniens du Liban. C’est alors qu’Israël a semé les graines de la résistance au Liban — les graines qui ont conduit à la formation du Hezbollah, les graines qui vont faire pousser Issa et qui vont entraîner sa mort 24 années plus tard alors qu’il résistait à une autre invasion du Liban par Israël.

Je connaissais Issa depuis 12 ans et je me souviendrai toujours de son sourire timide quand il parlait de sa nouvelle épouse avec laquelle il s’était marié deux années plus tôt, ainsi que de la manière dont il montrait les photos de sa nouvelle fille, Fatima, la fierté sortant de toutes ses pores. Issa était du Liban sud. Il a vécu la plus grande partie de sa vie sous occupation israélienne. Il a été le témoin chaque jour de la cruauté insouciante contre sa famille, son peuple, son Liban. Comme la plupart des Libanais du Sud, des membres de sa famille sont morts et leurs maisons détruites sous les bombes israéliennes.

Depuis 1968 Israël a tué 33.630 civils libanais et blessé 49.385 autres.
Bien que ce soit presque toujours le Sud qui a supporté le plus gros de la furie israélienne, aucun Libanais n’est épargné par cette brutalité. Et aucun Libanais n’ignore que la communauté internationale n’a pas bougé le petit doigt, laissant impitoyablement Israël tuer en toute impunité.

Les enlèvements commis par Israël sur des civils libanais et palestiniens sont passés dans une grande mesure inaperçus, n’entraînant aucune condamnation de la part des leaders du monde.
Des guérilleros palestiniens ont enlevé un soldat israélien le 25 juin en réponse à l’enlèvement par Israël de deux civils palestiniens la veille. Comme le monde était uni derrière Israël, ce détail n’a pas été relevé. Il n’y a pas eu d’appels pour leur libération, aucune reconnaissance d’un droit des Palestiniens à se défendre eux aussi. Au lieu de cela, alors qu’Israël déchaînait son courroux contre les civils de Gaza, le président Bush prit position pour Israël et déclara que ce dernier avait le droit de s’ "auto-défendre".

Aujourd’hui, avec quelque 9.200 Palestiniens croupissant dans les prisons israéliennes, la plupart sans jugement ni aucune charge réelle contre eux, Israël poursuit ses agressions contre les cités et villes des territoires occupés de Cisjordanie et de Gaza et continue d’ enlever des civils palestiniens, y compris des personnalités politiques de premier plan, comme des ministres du gouvernement démocratiquement élu du Hamas et des membres du Conseil législatif palestinien. Le silence du monde est assourdissant.

Lorsque le 12 juillet, des combattants du Hezbollah capturèrent deux soldats israéliens dans l’intention de les échanger contre les six Libanais détenus dans les prisons israéliennes, Israël, une fois de plus avec le soutien des Etats-Unis d’Amérique, infligea des dommages massifs à la totalité du territoire libanais, détruisant sa fragile économie, tuant plus de 1.400 civils innocents et en blessant environ 4.000.

Même si les crimes d’Israël sont blanchis sous couvert de l’ "auto-défense", leurs traces sont enregistrées dans les mémoires de tous les Libanais.

En 1982, Israël a constitué une milice qui a arrêté, torturé et emprisonné des Chiites du Sud du Liban. La plupart ont été détenus dans la tristement célèbre prison de Khiam. Quand Israël a enfin fini par être chassé du Liban 18 années plus tard, le Hezbollah ouvrit les portes de Khiam au public. Il s’agissait d’un monument accablant sur la sauvagerie de la prison qui était placée sous la direction de la force de sécurité d’Israël, le Shin Bet.

Le Hezbollah proposait des visites guidées, souvent conduites par d’anciens prisonniers qui connaissaient Khiam comme leur poche. Ils s’arrêtaient à l’extérieur de chaque pièce afin de décrire, par des détails douloureux, les tortures et cruautés qui eurent lieu à l’intérieur de ses murs. Les cellules d’isolement absolu étaient particulièrement choquantes. Après l’ouverture de la prison, la puanteur des excréments et de l’urine humaine étaient insoutenables, la souffrance humaine manifeste.

Au cours de la dernière guerre, Israël a démoli la prison, afin de détruire les preuves. Il ne reste aujourd’hui que des ruines. Une autre parcelle de la sinistre et accablante preuve de la cruauté d’Israël au Liban a été éliminée. Mais les cicatrices de Khiam sont aussi gravées dans les mémoires des Libanais.

Quand Israël a à nouveau envahi le Liban, pilonnant le pays et promettant de le ramener vingt ans en arrière, Issa a pris les armes pour l’en empêcher. Il voulait vivre libre ou mourir en échappant aux étiquettes que lui collaient les envahisseurs. Un jour il se rendit chez lui pour passer quelques heures avec sa femme et sa fille. Il fut tué le jour suivant par un missile lancé d’un drone.

Issa était l’enfant "made in Israël". Pour un Issa qui meurt injustement, dans le silence de la communauté internationale, dix autres naissent.

Il y a un autre chemin : celui de la justice.

Rana El-Khatib est une écrivaine et poétesse palestinienne/libanaise vivant à Beyrouth.

- Source : Counterpunch www.counterpunch.org

- Traduit de l’anglais en français par Gérard Jugant



Liban : La salutaire leçon des barbares du 21ème siècle, par Sadek Hadjerès.

Guerre du Liban : Israël sème les graines de la haine, par Rana El-Khate.




URL de cet article 4077
  

Israël, parlons-en !
Michel COLLON
PRESENTATION : Voilà qui peut paraître étrange tant les médias nous parlent d’Israël. Mais les raisons du conflit sont-elles claires ? Israël : terre sans peuple pour un peuple sans terre ? Démocratie en légitime défense ou Etat d’apartheid ? Choc des civilisations, conflit religieux ou enjeu pétrolier ? Pourquoi une solution paraît-elle impossible ? Michel Collon a interrogé 20 témoins et spécialistes. Israéliens et Arabes, juifs et musulmans, Européens et Américains. Chacun éclaire une question (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes.

Karl Marx

Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.