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Impressions sur Impressions, septembre 2001.

Septembre 2001.

Image d’un 11 septembre 2001 sur CNN : Henry Kissinger, les joues tremblantes de rage, explique comment l’attentat contre les Etats-Unis constitue une attaque "contre la Liberté et la Démocratie". Dans la salle de rédaction de CNN, même les mouches avaient cessé de voler par pur respect de ce géant de la politique internationale. Même un ange n’aurait pas osé violer cet espace aérien médiatique, traversé uniquement par les paroles du maître. En surimpression, l’image d’un 11 septembre 1973, d’un président Chilien assassiné et d’un Henry Kissinger aux commandes. J’ai pensé très fort "ta gueule", mais le bla-bla a continué.

Image d’un 12 septembre 2001 sur CNN : La découverte d’une voiture abandonnée sur un parking d’un aéroport. Sur le siège avant, un manuel de pilotage rédigé en arabe. Sans doute une dernière révision de cours juste avant un examen final. Et une valise abandonnée qui contenait un Coran et des cassettes vidéos de cours de pilotage. Des cours par correspondance, sans doute. Voilà ce qui arrive aux mauvais élèves. En surimpression, l’image de ma mère qui cachait des oeufs de pâques dans le jardin. J’étais petit et ma mère les entourait de papier aux couleurs vives, pour que je puisse les trouver plus facilement. J’étais content de les trouver et ma mère faisait semblant d’être surprise.

Image d’un 13 septembre 2001 sur CNN : un drapeau états-unien flotte au vent devant les carcasses de deux tours de Manhattan. Et une banderole proclame "God Bless America" - Dieu bénisse l’Amérique. En surimpression, l’image d’un barbu ricanant au commandes d’un Boeing qui hurle "Allah est Grand". Allah et Dieu en face-à -face. Duel au sommet, en quelque sorte. Il parait que le 21ème siècle sera religieux ou ne sera pas. Mais le 21ème siècle, je m’en fous après tout, car je refuse de vieillir.

Image d’un 14 septembre 2001 sur la télévision française : Il faudrait marquer une minute de silence, me dit-on. Mais le silence n’est pas mon fort et une minute passe trop vite pour dire des choses vraiment importantes. En surimpression, ce graffiti lu au Nicaragua en 1990, "Pour toutes les victimes de l’oppression, pas une seule minute de silence, mais toute un vie de luttes". Non, décidemment, je n’aimerais pas que mes amis se taisent s’il me venait un jour à mourir.

Une question qui me trotte dans la tête depuis ce 11 septembre : quel point commun y’a-t-il entre Ben Laden, un taliban et 1.5 millions d’Irakiens morts d’un blocus ? Vous pouvez répondre "ce sont tous des islamistes" ou vous pouvez répondre "ce sont tous des produits de la politique étrangère des Etats-Unis". C’est le moment de réfléchir. En surimpression me revient un fait divers. Un chien pitbull dressé pour le combat a attaqué une petite fille. Il a même mordu son maître. Le maître a froncé les sourcils. Le maître n’était pas content. Le chien, bien entendu, a été tué. On a même envisagé un moment de faire tuer tous les pitbulls du pays. Peu de temps après, guéri de ses blessures, le maître s’est acheté un autre chien. Oui, un pitbull.

En revoyant les images de ce 11 septembre, je revois deux mâchoires volantes se refermer sur les jambes du maître et, en surimpression, l’expression "Tel chien, tel maître".

Ah, au fait, la petite fille est morte.

Viktor Dedaj

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Eugenio Balari
in Medea Benjamin, "Soul Searching," NACLA Report on the Americas 24, 2 (August 1990) : 23-31.

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