L’esclavage a été aboli par des minorités agissantes observées avec stupeur par des êtres soumis et abêtis. La Révolution française, qui continue à émerveiller les peuples, n’a pas entraîné 50 % (+1) des citoyens. Quant aux Résistants, dans le Vercors, dans les maquis de Corrèze ou ailleurs, ils étaient une poignée à dire que les nazis devaient quitter la France, contredits par le gouvernement légal de Vichy, par les collabos respectueux de la loi, par les masses amorphes vivant de combines et de marché noir en attendant de se ranger du côté des vainqueurs.
Tout ce qui fait de la France un pays à part est le fruit de luttes, grandes ou grandioses, mais qui jamais n’entraînèrent des majorités. Pas même mai 68.
Macron, ses affidés, fustigent les minorités qui, dans les entreprises, les gares, les facs, prétendent s’affranchir des contraintes sorties des édicules à rideaux où Candide se dissimule pour glisser dans une enveloppe le nom choisi par les médias : celui du plus menteur, du plus disposé à se dédire, à le trahir, à le spolier, à le matraquer.
La place des néo-pétainistes et de leurs supplétifs de salles de rédaction est-elle à l’île-d’Yeu ?
Si les travailleurs ne sont plus esclaves et bénéficient de congés payés, de la sécurité sociale, d’une retraite, de la garantie d’un salaire minimum, si l’école est laïque, gratuite et obligatoire, si les femmes peuvent signer des chèques et enfin voter, si le travail des enfants est interdit, si les syndicats vivent dans les entreprises, si le droit de grève est inscrit dans la Constitution, si la France ne parle pas allemand, s’il reste dans l’Hexagone des juifs, des communistes, des homosexuels, nous le devons à des minorités, des pionniers, des militants éclairés, une avant-garde.
Les « preneurs d’otages » éclairant les troupeaux sont le progrès. Ils sont la liberté qui guide le peuple en refusant d’être confinés 5 ans dans un isoloir sans écarter le rideau. Ils professent qu’il y a de la vie entre deux élections, surtout quand ils se sont trompés (aidés en cela par la clique médiatico-politique médéfienne). Le droit à l’erreur, Monsieur le président !
Les « preneurs d’otages » sont la France qui bouge, qui va de l’avant, qui trace de nouveaux chemins. Ils sont ceux que Pétain et le patronat pro-hitlérien n’ont pas su voir. Ceux devant lesquels Macron et le patronat dressent des rangées de CRS, des barricades de désinformations, des collines dures et sèches de certitudes comptables, des montagnes de préjugés des siècles passés, des Himalaya de morgue mal camouflée des castes structurellement supérieures, des rigidités de cadavres déguisés en vivants.
Les « preneurs d’otages » sont l’avenir de ce pays. Ils sont les restaurateurs de son prestige. Ils sont la France des réformes. Oui, des réformes !
SPARTACUS
EN COMPLEMENT
« Un jour, un jour » (Aragon)
Tout ce que l’homme fut de grand et de sublime
Sa protestation ses chants et ses héros
Au dessus de ce corps et contre ses bourreaux
A Grenade aujourd’hui surgit devant le crime
Et cette bouche absente et Lorca qui s’est tu
Emplissant tout à coup l’univers de silence
Contre les violents tourne la violence
Dieu le fracas que fait un poète qu’on tue
Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Ah je désespérais de mes frères sauvages
Je voyais je voyais l’avenir à genoux
La Bête triomphante et la pierre sur nous
Et le feu des soldats porté sur nos rivages
Quoi toujours ce serait par atroce marché
Un partage incessant que se font de la terre
Entre eux ces assassins que craignent les panthères
Et dont tremble un poignard quand leur main l’a touché
Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Quoi toujours ce serait la guerre la querelle
Des manières de rois et des fronts prosternés
Et l’enfant de la femme inutilement né
Les blés déchiquetés toujours des sauterelles
Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue
Le massacre toujours justifié d’idoles
Aux cadavres jeté ce manteau de paroles
Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou
Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche.
ARAGON
Par jean Ferrat : https://www.youtube.com/watch?v=rvWu5cEIMg8