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Neolibéralisme la loi du marché jusqu’au crime et par des agents de l’État

Les tenants de l’ultralibéralisme nous le martèlent, la loi du marché, rien que la loi du marché, la non intervention de l’État dans tous les domaines et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes. La palme de d’or du faux-cultisme attribué à l’unanimité à BFMTV qui nous gratifie de ses stupeurs et ébahissements de saint-jean bouche d’or dans son émission juridique dominicale avec en guest-star, l’homme hybride, mi-journaliste, mi-policier, Dominique Riset. Petite incise sur la campagne pro-vaccinatoire sur la chaîne de ses « vrais journalistes » « non militants » eux, défense de rire. Qui se souvient de l’affaire Marie-Hélène Dini de juillet dernier ? Une femme d’affaires, victime quelques mois auparavant d’un tabassage, un véhicule suspect, signalé par un voisin au pied de son immeuble à Créteil, des mois d’enquête et au final, plus qu’une barbouzerie, une conséquence de la fameuse loi du marché.

Le marché, TINA, l’absolu du bonheur sur terre

Margaret Thatcher et Ronald Reagan nous en chantaient les louanges il y a de cela 40 ans au point d’affirmer “ There Is No Alternative ”, au marché. L’affirmation en soi est tout ce qu’il a de plus réfutable en ce domaine comme en bien d’autres. Si, au contraire, aux lois du marché, alternative il y a. Seules les lois de la nature sont par essence incontournables. Si on me lâche du 4è étage, il y a peu de chances pour que je me retrouve, saine et sauve, sur le toit de l’immeuble, sauf intervention improbable, humaine ou divine. En revanche en crêpe sur le trottoir, c’est déjà plus prévisible. Tout le reste est construction humaine et donc le résultat de choix.

Mais bon, considérant que les élites mondiales font preuve d’aveuglement et de crétinisme dès lors qu’il est question d’argent et d’accumulation, non seulement ces théories n’ont jamais été remises en question depuis par les dominants, bien au contraire. Elles ont aiguisé les appétits voraces des détenteurs du capital, jamais rassasiés d’argent, grandement accompagnés en cela, dans leur campagne d’appropriation de toute la richesse mondiale, par une classe politique et ses vassaux médiatiques tout aussi prédateurs et décérébrés. La loi du marché c’est donc l’avidité individuelle sans limites.

La loi jusqu’au-boutiste du marché

La crise sanitaire a mis au jour le risque pour l’humanité du jusqu’au-boutisme de la loi du marché. Fermeture de lits en pleine saturation des services hospitaliers, manque de médicaments faute d’industrie productrice, vente des masques FFP2 produits à l’étranger faute de commande de l’État, propagation sans frein, la liste serait bien trop longue.

Cette crise sanitaire, si elle est terrible pour toutes ses victimes, est précieuse dans la démonstration de l’absurdité de la propagande néolibérale. Non, le marché n’est pas et ne sera jamais le garant de l’allocation optimale des ressources, a fortiori de la répartition équitable des moyens. Jamais, contrairement aux enfumages des Jean-Baptiste Say (laisser-faire, laisser-passer), car oui nous avons eu notre lot d’idiots utiles, des Adam Smith et sa main-invisible, le libéralisme, construction intellectuelle essentiellement anglo-saxonne (sans oublier le très aimant de son prochain le pasteur Malthus pour qui les pauvres ne méritaient pas de vivre, rien que ça) n’a permis d’améliorer le sort de l’humanité, enfin dans sa totalité. Car, et une fois de plus au contraire de ce qui nous répètent en boucle les serviteurs du marché, l’accumulation se fait et se fera toujours au détriment d’un autre. Comme disait Jean-Luc Mélenchon dans un célèbre meeting à Rennes, non les capitalistes ne cueillent pas l’argent aux arbres ou n’attrapent pas les billets avec des filets comme des papillons. C’est le principe même de l’économie, qui est comme chacun sait la science de la gestion de la pénurie, à défaut de corne d’abondance qui rendrait la science inutile. Il y a donc forcément, et contrairement aux idéaux libéraux, une limite à la répartition des richesses et par conséquent un jeu de vases communicants ou autrement dit un jeu à somme nulle. Ce que l’un accumule l’autre le perd. Non, il n’y a pas un accroissement généralisé des patrimoines, mais bien des inégalités. Si tant est que le patrimoine soit le préalable à tout bonheur. Mais à ce stade, c’est l’injonction néolibérale, soit riche (comme le disait un célèbre président de la République pour qui l’idéal d’une jeunesse se devrait d’être milliardaire), qui prévaut dans la sphère autorisée à pérorer sur la place publique et ce si j’ose dire quoiqu’il en coûte.

Viva la muerte ?

Le cas de Créteil questionne en effet, sur les méthodes « commerciales » autorisées en situation d’économie néolibérale mondialisée. C’est qu’à force d’années de propagande individualiste, de crée ta richesse, de soit le promoteur de toi-même, de lutte dans la concurrence libre et non faussée et de « destruction créatrice » (magnifique oxymore tellement signifiant), les plus demeurés d’entre les biberonnés au néolibéralisme ont pris l’injonction au pied de la lettre.

Dans lutte pour la fortune privée, qui se soucie de réussir en valorisant ses propres qualités et compétences quand la destruction du concurrent suffit ?

C’est ce qu’à dû penser le concurrent de Marie-Hélène Dini. Ce probable Schumpétérien, loin de s’embarrasser à rechercher la mise en valeur de sa propre entreprise, aura jugé plus radical et efficace, et surtout moins fatiguant, la destruction physique de sa concurrente .

Nous voici donc face à l’illustration de la mise en application des théories néolibérales où tous les moyens sont bons pour réussir, jusqu’à la liquidation physique des concurrents. Les vapeurs de jeune fille des chantres de l’ultralibéralisme de BFMTV sont également édifiantes. Feindre la surprise, plutôt que creuser les absurdités de la loi divino-libérale, tu ne renonceras à aucun moyen pour y parvenir. Surtout s’il s’agit des moyens de l’État.

Il est temps de reprendre en mains la gestion de nos deniers

Personne n’a oublié la très intelligente déclaration de Flamby 1er, et de son ex-compagne d’ailleurs : en toute occasion, « c’est l’État qui paye ». En clair les sans-dents paient pour tes bévues, et les faveurs à coups de CICE et autres CIR que tu as fait à ceux qui ont déjà tout.

Ainsi comme le souligne Frédéric Lordon, les anti-Etat, sont les premiers à tendre leur sébile à l’occasion, ce qui donne le fameux adage, privatisation des profits, socialisation des risques.

Dans ce cas, nous sommes un degré au-delà, privatisation des profits, certes, mais socialisation des moyens pour nuire, voire détruire la concurrence aussi. Et l’on peut dire qu’en la matière la destruction est plutôt radicale.

Les hypocrites du néolibéralisme, BFMTV en-tête feignent la stupéfaction, « Quoâ ? Des agents de l’État au service d’intérêts privés ? ». Si ce n’était que cela.

Sept milliards pour Air France, sans contre-partie, et combien pour les Sanofi et autres laboratoires pour le développement de vaccins dont les bénéfice mirobolants vont venir engraisser davantage leurs actionnaires ? Une prise de participation et les dividendes étaient mutualisés aussi, mais non c’est un pêché aux yeux des libéraux. Toucher des aides et des subventions oui, rendre à l’État, et puis quoi encore ?

Et là un pas plus loin, dont on peut se demander s’il s’agit d’un cas isolé quand on connaît le ballet des énarques entre privé et public en récompense le plus souvent de leur incompétence (sibeth je-ne-sais-pas-mettre-un-masque, en dirigeante de l’esclavagiste Suisse Addeco). Quoi d’étonnant alors que les lampistes de la DGSE se soient pris pour des OSS117 (version Jean Dujardin toutefois) et accepté contre rémunération et au mépris de leur hiérarchie et de toutes les règles déontologiques qui s’imposent à tous les serviteurs de l’État, à savoir nous, de se mettre à disposition d’un litige commercial privé ? Rien.

Car tout va pour le mieux dans le monde néolibéral. Confusion des genres, mise au service des intérêts privés de fonctionnaires payés par nos impôts, immoralité pour toute vertu, recours à l’assassinat, le néolibéralisme trouve dans l’affaire Dini l’illustration de son ultime expression.

Qui s’en émeut ? Qui s’en empare ? Qui pousse l’analyse et fait le lien entre la mise sous contrat de la tête de concurrents et le néolibéralisme ? Les médias s’en sont-ils fait le relais, à part comme BFMTV pour faire du sensationnalisme au rabais tout en occultant les causes profondes de ce fait pas si divers ? Personne et pourtant cet exemple en dit plus long sur la logique néolibérale que toutes les analyses critiques dont il fait l’objet.

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