RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Noam Chomsky : Tout lecteur d’Orwell reconnait bien les manœuvres des Etats-Unis

Noam Chomsky, philosophe et professeur de linguistique au Massachusetts Institute of Technology a partagé son opinion sur l’agissement des grands médias américains au cours d’une interview accordée à la chaîne RT.

Les principaux médias étasuniens répètent inlassablement que les responsables politiques veulent que le public sache tout au sujet des affaires globales, a dit l’historien Noam Chomsky à RT. Pour les dirigeants étasuniens, les sources d’informations « qui ne relaient pas la propagande étasunienne ne sont pas acceptables », a-t-il dit.

La culpabilité de l’Occident – pour ne pas citer les Etats-Unis – vis à vis des affaires internationales, telles que le conflit ukrainien ou les tensions avec l’Iran, c’est encore un concept qui n’est pas concevable pour les grands médias américains, a expliqué Chomsky en ajoutant que l’opinion mondial importe peu si cette opinion va à l’encontre de la stratégie américaine.

« L’Occident, c’est les Etats-Unis et tous les pays suiveurs », a-t-il indiqué. « Ce qu’on appelle la communauté internationale aux Etats-Unis, c’est le gouvernement étasunien et tous ceux qui sont d’accord avec sa politique. Prenons exemple la question de l’Iran et de son droit de mettre en œuvre ses politiques nucléaires, quelles qu’elles soient. La ligne communément tenue par la communauté internationale c’est d’être contre. Qu’est-ce que c’est la communauté internationale ? C’est ce que Washington décide ».

« Tout lecteur de George Orwell connaître parfaitement tout ceci. Mais cela se passe de commentaire », a souligné Chomsky.

Les remarques de Chomsky ont été publiées une semaine avant une audience du Congrès appelée officiellement « Confronter la militarisation russe de l’information ». Après la réunion, le président de la commission des affaires étrangères de la Chambre américaine Ed Royce a dit « les médias russes divisent les sociétés à l’étranger, cela représente une militarisation de l’information ».

Le philosophe et professeur émérite de linguistique au Massachusetts Institute of Technology a souligné « si ils étaient éventuellement capables d’honnêteté », M. Royce aurait tout aussi bien pu parler des médias étasuniens. Le professeur Chomsky a pris l’exemple récent de l’article du New York Times qui a énuméré les raisons de ne pas faire confiance à l’Iran en ce qui concerne l’accord de principe sur son programme nucléaire.

« L’exemple le plus intéressant, ce sont les allégations selon lesquelles l’Iran déstabilise le Moyen-Orient parce qu’il soutient des milices qui ont tué des soldats étasuniens en Irak », a expliqué Chomsky dans une interview au correspondant de RT Alexeï Yaroshevsky.

« C’est un peu comme si, en 1943, la presse nazie avait accusé le Royaume-Uni de déstabiliser l’Europe parce qu’elle avait soutenu des partisans ayant tué des soldats allemands. Autrement dit, quand les Etats-Unis envahissent l’Irak, assassinent une partie de son peuple, détruisent le pays, provoquent des conflits sectaires qui sont maintenant en train de déchirer toute cette région, c’est ce qu’on appelle stabilisation. Si quelqu’un résiste c’est de la déstabilisation.

Chomsky a également qualifié de propagande médiatique les récentes tractations du président américain Barack Obama sur Cuba, après avoir considéré le pays comme un état terroriste pendant de longues années, et lui avoir imposé un blocus draconien.

« Les faits sont très clairs. Nous vivons dans une société ouverte et libre, nous avons facilement accès à de nombreux documents internes. Nous savons ce qui est arrivé. L’administration Kennedy a lancé une grave guerre terroriste contre Cuba. C’est un des facteurs qui a conduit le pays vers la crise des missiles. Une invasion du pays était prévue en octobre 1962, mais rien ne mentionnant ceci n’est permis [aux Etats-Unis]. La seule chose qui peut être mentionnée c’est les tentatives d’assassinat sur Fidel Castro. Et celles-ci peuvent être taxées par la CIA de fantaisies. Mais la guerre terroriste en elle-même était très sérieuse ».

Barack Obama n’a pas changé de cap sur la politique de Cuba en vertu de la liberté et de la démocratie, comme il l’affirme aux médias étasuniens, a-t-il dit.

« Il n’y a rien de noble dans tout ça, juste la reconnaissance par Obama que les Etats-Unis se sont mis à la marge de la scène internationale sur ce sujet », a-t-il dit. « Mais vous ne pouvez pas en parler aux Etats-Unis. C’est de l’information publique, il n’y a rien de secret, tout est accessible au public, mais on n’en parle pas. Quand Washington envahit un autre pays et que l’autre pays résiste, ce n’est pas celui qui résiste qui commet le crime, mais bien l’envahisseur ».

Quant à la loi internationale, Chomsky a indiqué qu’elle « peut marcher uniquement dans les limites admises par les grandes puissances ». Au-delà, elle est inutile. Ainsi, la loi internationale n’est donc qu’une illusion si le gouvernement américain choisit en fonction de ce qui l’arrange les règles qui doivent normalement s’appliquer à tous ?

« La loi internationale ne peut pas être appliquée à l’encontre des grandes puissances », a expliqué l’historien. Aucun mécanisme d’application n’existe. Regardez comment la Cour pénale internationale a mené une enquête et a condamné les dirigeants africains que les Etats-Unis n’aimaient pas. Le principal crime de ce nouveau millénaire est sans aucun doute l’invasion étasunienne de l’Irak. Est-ce que la Cour peut entamer une procédure à ce sujet ? C’est au-delà de l’inconcevable.

L’historien a expliqué que ce qu’on appelle le rêve américain et la démocratie étasunienne sont en « sérieuse régression », l’ascenseur social étant parmi les plus grippés des nations les plus riches. Il a aussi indiqué qu’officiellement, le gouvernement américain continue d’appliquer un vernis de démocratie, mais les réelles manifestations de démocratie, elles, déclinent.

« Essentiellement, la majorité de la population est privée de droit de vote », a souligné Noam Chomsky en faisant référence à un récent sondage. « Les représentants ne font pas grand cas des préoccupations de leur base. Pour être entendu il faut avoir de l’argent, plus on est haut sur l’échelle des revenus, plus on a d’influence. En haut se prennent l’essentiel des décisions. C’est plutôt de la ploutocratie que de la démocratie ».

»» http://francais.rt.com/opinions/1804-noam-chomsky-tout-lecteur#.VTKvo0...
URL de cet article 28454
  

Même Auteur
Autopsie des terrorismes - Les attentats du 11-septembre & l’ordre mondial
Noam CHOMSKY
Les États-Unis mènent ce qu’on appelle une « guerre de faible intensité ». C’est la doctrine officielle. Mais les définitions du conflit de faible intensité et celles du terrorisme sont presque semblables. Le terrorisme est l’utilisation de moyens coercitifs dirigés contre des populations civiles dans l’intention d’atteindre des visées politiques, religieuses ou autres. Le terrorisme n’est donc qu’une composante de l’action des États, c’est la doctrine officielle, et pas seulement celle des États-Unis. (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

’’Derrière chaque enfant qui meurt de faim se cache un assassin’’

Jean Ziegler ( Forum Social Mondial de Porto Alegre 2003)

La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.