Tout content bien que fatigué, il rangea ses premières affaires dans les tiroirs de son nouveau bureau à Élysée. Avant toutes choses, et comme il allait y passer beaucoup de temps et qu’il avait un coeur, il rangea dans le tiroir du bas des photos de quelques êtres qui lui étaient familiers et chers afin de se donner du courage pour les jours où il en manquerait.
Puis il leva un peu la tête pour déposer des copies d’articles d’Onfray et autres couvertures de la presse de droite déchaînée dans le tiroir du haut…
Et il vit : des chaussures pointues et des pantalons rayés, pour ceux qui se la jouaient comme à Hollywood, au service de l’Empire, étaient entrés silencieusement et étaient disposés le long des murs… Les mains de leurs propriétaires étaient dans leurs dos car elles cachaient soit un révolver, soit un bâton, soit diverses menaces plus ou moins vitales.
Il resta penché, tourna la tête vers la fenêtre, se redressa et l’ouvrit. Il fit signe alors qu’il était en détresse.
Et la foule des résistants, de ses frères et soeurs de combat, envahit le vaste bureau et mit en déroute (tout en les filmant et en les photographiant), les bandits à la solde des puissants. Il fut dès lors bien clair pour tous que sans ce peuple pour le garder il était totalement impuissant et à la merci du premier venu.
C’est ainsi qu’il ne put savourer longtemps la satisfaction d’avoir mené à bien un combat qui paraissait pourtant désespéré. Un combat qui l’avait opposé à ceux qui sont sans foi ni loi et oppriment le peuple de toute la puissance qu’ils lui ont volée pendant des siècles ! Qui l’avait opposé à ceux qui ont développé le mensonge éhonté, l’hypocrisie malsaine, l’assassinat et la torture qu’ils disaient « sans état d’âme », pour accroître encore cette puissance volée.
Car un autre combat commençait aussitôt pour tous les exploités et le leader qu’ils avaient trouvé.
L’oppresseur ne renonçant pas à des siècles de méprisante puissance, ferait feu de toutes ses armes, aussi bien visibles que secrètes, pour la défendre. Et le combat serait quotidien, plus sauvage et assassin encore - celui des élections n’en étant qu’un avant-goût très léger.