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Pakistan. Benazir Bhutto assassinée.










29 décembre 2007.


Elle était la dirigeante d’un des deux grands partis (avec la Ligue musulmane de Nawaz Charif) de la bourgeoisie et des grands propriétaires du Pakistan, le PPP (parti du peuple pakistanais) qui avait drainé des couches populaires depuis les grèves insurrectionnelles de 1969. [1]

Fille de l’ancien président Ali Bhutto, elle venait de revenir au Pakistan, suivie de son rival Nawaz Sharif, sous la pression des Etats-Unis qui voulaient orchestrer une "transition pacifique" préservant le régime militaire et l’Etat pakistanais.

Quoi que l’on pense de sa politique, son assassinat vise les peuples et la classe ouvrière de ce pays, qui avaient commencé à manifester en masse pour chasser le dictateur militaire Mousharaff avec comme perspective politique immédiate "Benazir au pouvoir", ce qui voulait dire ouvrir la voie à tous les changements. C’est bien pour fermer cette perspective, trop dangereuse pour le régime pakistanais et pour "l’ordre" mondial, qu’elle a été tuée par la connection services secrets-islamistes, ISI (les services secrets pakistanais, sous-produit historique des services coloniaux britanniques) -al Qaïda.

Grèves, manifestations et émeutes balaient le pays. La crainte de tous les gouvernements et défenseurs de l’ordre établi est que cet assassinat odieux produise l’inverse de ce qu’il voulait empécher, car il y a maintenant dans les rues un peuple de partisans de "Benazir" sans Benazir ... s’ouvrant ainsi un espace vers une organisation ouvrière et populaire indépendante ! "La tragédie renforce le sentiment dans l’administration Bush qu’il est plus que jamais nécessaire de s’accrocher à Musharraf", a déclaré Daniel Markey, ancien responsable des questions pakistanaises au département d’Etat. Le Conseil de sécurité de l’ONU vient au secours de Washington en grave difficulté, puisque c’est Washington qui avait monté le nettoyage de la dictature et qui vient de précipiter la crise en envoyant Benazir Bhutto à la mort.

Toutes les bonnes âmes journalistiques se déchaînent : pour eux, entre le "chaos" et Musharaff le dictateur, il faut choisir Musharaff. Ils agitent le spectre de la bombe atomique aux mains d’al Qaïda, alors que ce qui leur fait réellement peur, ce sont les masses dans la rue, dressées contre la dictature et contre les assassins à son service, c’est-à -dire contre al Qaïda et compagnie !

Pascal Boniface, expert français officiel en relations internationales, résume le mensonge général d’une phrase, ce vendredi 27 décembre sur Antenne 2 : "Le président Musharaff est le dernier rempart contre les islamistes." C’est ridicule : les masses qui se lèvent au Pakistan dénoncent trois adversaires, qui sont le pouvoir, les islamistes et Washington. Cela s’appuie sur une représentation raciste : des manifestants brandissant des bâtons et protestant contre le pouvoir assassin ne sauraient être, pour nos "journalistes", que des islamistes, alors que les partis islamistes pakistanais, totalement infiltrés par les services secrets, sont dénoncés par les manifestants comme ennemis de la démocratie, oppresseurs des femmes et miliciens anti-grève.

"Il faut que le calme règne au Pakistan", s’exclament tous les biens pensants. Cela veut dire : maintenir Musharaff en place.

Ni chaos, ni dictature : démocratie. Musharaff dehors ! Destruction de la caste des officiers, suppression de l’ISI. Voila ce que veulent les peuples du Pakistan.

Vincent Présumey
Militant





[1Le BA-ba du marxisme, c’est dire ce qui est, et non pas faire prendre des vessies pour des lanternes, comme qualifier le PPP d’ "expression organisée de la volonté des masses à changer la société" (éditorial d’Alan Woods repris sur le site de La Riposte à l’annonce de l’assassinat de Benazir Bhutto) et prétendre que "Les principes fondateurs du PPP fixent l’objectif d’une transformation socialiste de la société". Fondé en 1967 par le futur président Ali Bhuto, le programme historique du PPP se résume dans la formule "socialisme islamique, démocratie et non-alignement", formulation assez classique pour un parti bourgeois nationaliste. Les grèves insurrectionnelles de 1969 auraient pu déboucher sur la formation d’un parti ouvrier indépendant sans la décision du PC et des chefs syndicalistes d’entrer au PPP. Tout le monde sait trés bien que le groupe dirigeant du PPP, dominé par la famille Bhutto, représente l’oligarchie foncière Sind, qui opprime paysans et ouvriers agricoles du Sud du pays. Il a exercé plusieurs fois le pouvoir et n’a évidemment effectué aucun pas vers la "transformation socialiste de la société" pour laquelle la condition indispensable est l’organisation indépendante des ouvriers et des paysans.


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