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Pauvre Brésil

Manifestation de femmes contre le candidat d’extrême droite à la présidentielle au Brésil, Jair Bolsonaro, à Rio de Janeiro le 29 septembre 2018 Photo : AFP

Comme prévu le Brésil a basculé vers un avenir incertain. En élisant Jair Bolsonaro avec 55,1% des voix, le peuple brésilien ouvre la porte à un nostalgique de la dictature militaire aux propos qui font froid dans le dos. Lui qui promet de nettoyer le Brésil de ce qu’il nomme les « marginaux rouges » va donc pouvoir diriger le plus grand pays d’Amérique latine pendant quatre années.

Et elles vont être longues ces années pour tous ceux s’étant opposés au candidat de l’extrême-droite. Les militants syndicalistes, associatifs, politiques mais aussi les minorités, et bien-sûr les plus démunis. Bolsonaro est l’incarnation parfaite d’un nationalisme à outrance mais aussi d’un ultralibéralisme assumé. Ce n’est pas un hasard si les marchés financiers brésiliens se sont réjouis à l’annonce des résultats, ni qu’il soit soutenu par les élites économiques de ce pays. Et que dire des médias et des chefs de gouvernement qui désormais s’offusquent de l’élection de Jair Bolsonaro mais qui hier ne trouvaient rien à dire à l’emprisonnement de Lula et à la destitution de Dilma Rousseff.

Avec Bolsonaro, allié de Washington et de Donald Trump, c’en est fini du Brésil qui, par le biais notamment des BRICS- groupement de pays réunissant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud- donnait un espoir d’un monde multipolaire, où la superpuissance des Etats-Unis, caractérisée notamment par la Banque mondiale et le FMI, prendrait fin. C’en est aussi fini de la solidarité avec les pays d’Amérique latine et tout un processus qui avait été mis en oeuvre visant à la coopération entre les Nations progressistes de ce continent.

La sécurité fut l’une des obsessions de cette campagne. Et nul doute que ce thème sera l’un des principaux durant la durée de son mandat. En effet, Jair Bolsonaro, veut mettre au pas les gangs qui sévissent dans les favelas. Mais ce n’est pas en autorisant les citoyens à avoir des armes, ni en autorisant la police à tuer que le problème se réglera. Or avec ses solutions très radicales et directes Bolsonaro risque d’embraser un pays qui, avec près de 60 000 homicides par an, n’a pas besoin de cela.

De son côté, avec plus de 45 millions d’électeurs, Fernando Haddad, candidat du Parti des travailleurs (PT) n’a pas à rougir de sa campagne. Au contraire. Débutée très tardivement, le 11 septembre dernier, il aura tenté, en vain, d’inverser la courbe, s’appuyant sur notamment sur le bilan social du PT qui, sous les mandats de Lula et de Dilma Rousseff, aura permis à des millions de personnes de sortir de la pauvreté. Dans sa déclaration juste après la proclamation des résultats, Fernando Haddad a appelé le nouveau pouvoir à respecter ses électeurs et donc la démocratie. Une démocratie désormais fébrile.

République sociale

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« Le pire des analphabètes, c’est l’analphabète politique. Il n’écoute pas, ne parle pas, ne participe pas aux événements politiques. Il ne sait pas que le coût de la vie, le prix de haricots et du poisson, le prix de la farine, le loyer, le prix des souliers et des médicaments dépendent des décisions politiques. L’analphabète politique est si bête qu’il s’enorgueillit et gonfle la poitrine pour dire qu’il déteste la politique. Il ne sait pas, l’imbécile, que c’est son ignorance politique qui produit la prostituée, l’enfant de la rue, le voleur, le pire de tous les bandits et surtout le politicien malhonnête, menteur et corrompu, qui lèche les pieds des entreprises nationales et multinationales. »

Bertolt Brecht, poète et dramaturge allemand (1898/1956)

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