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Pour des négociations publiques et filmées... (qui sera pour, qui sera contre ?)

Je rebondis sur un incident récent autour d’un « représentant » des Gilets Jaunes, convié à Matignon, et qui est aussitôt reparti faute d’avoir obtenu que l’entretien soit « retransmis en direct à la télévision ». En voilà une idée qu’elle est bonne. En effet, depuis quelques temps déjà, il m’arrive d’animer des ateliers pour – en particulier – des syndicalistes. Ces ateliers portent plus précisément sur la bataille des idées et les médias en général. Et parmi les modestes suggestions que j’offre à des militants généralement plus aguerris que moi, est celle de refuser de participer à des négociations à huis-clos. Ceci pour plusieurs raisons.

La première est le constat que la « base » n’a le plus souvent aucune idée précise de ce qui se passe lors de ces mythiques « négociations ». Encore moins des rapports que les « négociateurs » d’en face, qu’ils représentent le gouvernement ou le patronat, tentent d’instaurer lors de ces séances loin des yeux et des oreilles de la population. Des séances qui feront ensuite l’objet de « comptes-rendus » présentés par les participants et répercutés par les médias. Des médias par ailleurs très majoritairement acquis au(x) pouvoir(s), lorsqu’ils n’en sont pas la propriété.

Car, dans les coulisses de ces pièces de théâtre sur-jouées avec toutes les variations, la réalité est plus crue.

Prenez par exemple une grande entreprise. Un conflit social éclate. Les représentants du personnel et les représentants de la direction se retrouvent face-à-face pour des « négociations ». Derrière ce terme de « négociation » se cache un ballet chorégraphié d’avance. Vous avez d’un côté des travailleurs engagés, le plus souvent avec des cœurs « gros comme ça », avec plusieurs années d’ancienneté et une représentativité - et donc légitimité - certaines, qui se retrouvent face à... quoi, exactement ? Pas compliqué (et corrigez moi si je me trompe) : en face d’eux, on trouvera des « connards de HEC (ou l’équivalent) », fraîchement débarqués, entre deux promotions, sans pouvoir de décision et pour qui l’enjeu réel n’est qu’une ligne de plus sur leur CV. Ils ne sont pas là pour faire avancer quoi que ce soit mais pour faire de la figuration.

Ils ont aussi eu tout le temps et moyens nécessaires pour préparer leur dossier. Ils usent et abusent de codes de langage et de techniques de communication apprises dans leurs écoles ou lors de séminaires. Ils savent faire semblant d’écouter. Ils savent comment faire enliser une réunion. Ils savent comment faire se dresser le représentant de telle organisation contre celui de telle autre.

Le déséquilibre dans ce face-à-face est flagrant. Le non-sens aussi. La réalité crue est qu’il ne s’agit que très rarement de « négociations », au sens où vous et moi l’entendons. Alors pourquoi se fatiguer à faire semblant ?

La deuxième est que l’écrasante majorité des travailleurs n’ont pas vraiment une idée de ce qui se passe en coulisses, ni de ce que subissent leurs représentants lors de ces réunions, sans parler de l’attitude de ceux d’en face. Présenté autrement : on ne sait à qui on a réellement affaire que lorsqu’on le voit réellement à l’oeuvre.

Et c’est suite à ces constats que l’idée a germé : exiger que les séances soient filmées et accessibles au public (réseaux sociaux ou autre). Les travailleurs n’ont rien à perdre et tout à gagner.

On verra bien qui s’opposera à une telle mesure, et en quels termes. Il est à parier que d’aucuns crieront à la démagogie, voire au populisme.

Et c’est à leurs protestations contre la transparence que l’on reconnaîtra ceux qui ont quelque chose à (nous) cacher.

Viktor DEDAJ
"allumez les projecteurs"

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