Bonjour
Les US et les idiots utiles de l’UE , dits aussi petits calibres ou lèches bottes font bien pire qu’un petit détournement de derrière les fagots .
Ils dispersent avec des projectiles à combustion explosive de l’adversaire politique à l’enfant innocent .
Vol Cubana 455 , Massacre d’Ustica , Samora Machel .
Les liens sont du Diplo ; Maniére de Voir : Avril 2018 "" Complots Théories et Pratiques "" où l’on voit qui sont les très gros calibres du complotisme .
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Le Mozambique hanté par l’assassinat de son premier président
Qui a tué Samora Machel ?
Alors que le Mozambique, secoué par des scandales, fragilisé par la chute du prix des matières premières, traverse l’une des plus graves crises de son histoire, la mort mystérieuse du président Samora Machel, survenue en 1986, hante le débat public. Avec le temps, les langues se délient ; la vérité commence à émerger. Et un faisceau d’indices désigne le gouvernement d’apartheid de l’Afrique du Sud.
par Augusta Conchiglia
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Le Monde diplomatiqueQui a tué Samora Machel ?↑
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Malangatana Valente Ngwenya. – Peinture murale dans le jardin du Musée d’histoire naturelle, Maputo
De Agostini Picture Library - S. Vannini - Bridgeman Images
Le 19 octobre 1986, le premier président du Mozambique indépendant, Samora Machel, 53 ans, meurt dans un accident d’avion sur le flanc de la colline de Mbuzini, dans le nord-est de l’Afrique du Sud. Il revenait, à bord d’un Tupolev 134A, de Mbala, dans le nord de la Zambie, où il avait participé à un sommet régional. Sur les trente-trois passagers — le président, son entourage et l’équipage soviétique —, neuf ont survécu.
Presque trente et un ans plus tard, les causes de cet accident demeurent mystérieuses. La version sud-africaine, qui pointe des erreurs commises par les pilotes, domine dans les chancelleries occidentales. Mais pour Moscou et Maputo, alors alliés, l’avion aurait été dévié de sa route par le signal d’une balise VOR (pour very high frequency omni-directional range). Celle-ci émettait sur les mêmes fréquences que l’aéroport de Maputo, opportunément plongé dans le noir ce soir-là.
Immédiatement, l’URSS et le Mozambique exigent une enquête sur place. Membre, avec eux, d’une commission tripartite constituée après le désastre, l’Afrique du Sud tergiverse. Sourde à leurs protestations et à celles des consultants de l’Organisation de l’aviation civile internationale, elle ne délivre les boîtes noires qu’un mois après l’accident.
Les documents déclassifiés par la France à l’occasion du trentième anniversaire du crash, en 2016, dédouanent le pays de l’apartheid. Ils révèlent surtout le dilettantisme de la diplomatie hexagonale dans ce dossier. Un télégramme du 13 juillet 1987, signé de l’ambassadeur français à Maputo Gérard Cros, sous-entend, contre toute évidence, une négligence du président : « Machel avait été mis en garde contre l’obsolescence des appareils et les déficiences des procédures de pilotage des Soviétiques. »
Ces deux accusations ne figurent pas dans le rapport sud-africain publié le 9 juillet 1987 sous la direction du juge Cecil Margo. L’ancien officier de l’armée de l’air sud-africaine savait que le Tupolev 134A avait été construit en 1980 et équipé des instruments les plus modernes. Quant à l’ivresse supposée des pilotes, il s’agit d’une invention du ministre des affaires étrangères sud-africain Roelof Frederik « Pik » Botha, vingt-quatre heures après l’accident et avant toute autopsie. Le rapport sud-africain conclut à une erreur humaine, celle des pilotes. Mais il se contredit en suggérant que le crash « a été la conséquence d’une action préméditée à travers un VOR au Mozambique même », tout en ajoutant que… « l’existence d’une fausse balise ne peut pas être mise en cause dans l’accident » !
Pour Pretoria, l’initiative de trop
Margo avait lui-même été pilote de bombardiers pendant la seconde guerre mondiale, puis en 1948 en Israël, où il s’était rendu à la demande de son ami le premier ministre David Ben Gourion. Sa carrière d’enquêteur spécialisé dans les accidents d’avion avait débuté en 1961, avec le crash du DC-6 qui avait coûté la vie au secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Dag Hammarskjöld, près de Ndola, en Rhodésie du Nord (actuelle Zambie). Son enquête avait également conclu à une erreur des pilotes. Depuis quelques années, cette version est contestée par l’ONU, qui, en 2016, a demandé la réouverture du dossier (1).
Dans le cas du crash de Mbuzini, des témoignages sont venus corroborer la thèse du Mozambique et de la Russie, qui, en 1996, réclamaient encore l’ouverture d’une enquête et l’analyse approfondie des débris de l’avion — en partie emportés par des Sud-Africains, « tels des trophées de chasse », selon les termes de la veuve du président mozambicain, Mme Graça Machel (qui en 1998 épousa Nelson Mandela en secondes noces).
Parti chercher du secours, l’un des survivants, M. Fernando Manuel João, garde du corps de Machel, raconte avoir trouvé, à son retour sur les lieux, des unités d’élite de l’armée sud-africaine, plusieurs officiers de haut rang et des membres de l’exécutif, dont le puissant ministre de la défense, Magnus Malan. Les militaires fouillaient l’avion à la recherche des valises diplomatiques, n’hésitant pas à demander aux blessés quelles places occupaient le président Machel et ses collaborateurs. Les premiers secours n’arrivèrent que huit heures après. Trop tard pour certains blessés…
Machel était le père de l’indépendance du Mozambique, auparavant colonie portugaise. Commandant de la guérilla lancée en 1964 par le Front de libération du Mozambique (Frelimo), il en prend la tête en 1970, un an après l’assassinat par colis piégé d’Eduardo Mondlane, premier chef du Frelimo. Reconnu par Lisbonne comme interlocuteur unique dans les négociations entamées après la chute de la dictature portugaise en 1974, il accède au pouvoir le 25 juin 1975. Soutenu par l’aile marxiste du Front, le jeune président de 42 ans pose les jalons d’une économie socialiste qui fait rapidement fuir des dizaines de milliers d’anciens colons. Il lance une politique volontariste — voire autoritaire — de « rationalisation » du monde rural inspirée par l’expérience tanzanienne des villages ujamaa (2). Cela lui vaut l’opposition des chefferies traditionnelles du centre et du nord du pays.
Pourtant, ce n’est pas dans les campagnes que surgit le principal mouvement de lutte contre le Frelimo. Créée par la bourgeoisie et par des colons blancs de la Rhodésie voisine (actuel Zimbabwe), qui reprochent au Front de soutenir la guérilla de M. Robert Mugabe (3), la Résistance nationale mozambicaine (Renamo) regroupe des mercenaires et met à profit le mécontentement des campagnes. Elle mène ses premières actions d’éclat à partir de 1977.
Après l’indépendance du Zimbabwe, en 1980, et l’accession de M. Mugabe — toujours au pouvoir en 2017 — au poste de premier ministre, l’Afrique du Sud prend la relève de l’opposition à Machel, lequel a décidé d’accueillir le Congrès national africain (ANC, mouvement antiapartheid) en exil. Pretoria soutient la Renamo par tous les moyens, militaires et économiques. Avec un produit intérieur brut vingt-cinq fois supérieur, à l’époque, à celui du Mozambique, l’Afrique du Sud est déjà la première puissance d’Afrique subsaharienne. Très dépendant de son voisin, notamment pour le trafic du port de Maputo, le Mozambique se retrouve exsangue en quelques années. Les attaques de la Renamo entravent tout effort agricole ; ses sabotages des lignes à haute tension du barrage de Cahora Bassa privent le pays d’électricité.
Machel cherche alors un compromis avec Pretoria. En mars 1984, il signe avec le premier ministre sud-africain Pieter Willem Botha l’accord de Nkomati (ville sud-africaine proche de la frontière avec le Mozambique). Dans ce pacte de bon voisinage, les deux pays s’engagent à cesser de soutenir les mouvements de guérilla gênant l’autre partenaire et à reprendre la coopération économique (4).
Maputo s’exécute très rapidement en mettant fin à la liberté d’action sur son territoire de la branche militaire de l’ANC, dont il expulse les principaux responsables — seuls les cadres politiques, pour la plupart des chercheurs et des universitaires, demeureront dans le pays jusqu’à la fin de l’apartheid. Pretoria, en revanche, ne respecte pas sa part du contrat, se contentant de transférer au Malawi, son allié, l’essentiel de la logistique opérationnelle de la Renamo. Désormais, c’est de ce territoire enclavé que la rébellion mozambicaine mène ses opérations et ravitaille ses bases.
Sans rien abandonner de ses idéaux marxistes, et quelque peu insouciant de la progression des idées libérales dans ses propres rangs, Machel compte alors sur l’amitié que lui a témoignée la première ministre britannique Margaret Thatcher. La Dame de fer lui est reconnaissante de sa contribution au succès des accords de Lancaster House de 1979, qui scellaient l’indépendance du Zimbabwe à la condition notable que certains droits soient garantis à la minorité blanche (5). En septembre 1985, un an après l’accord de Nkomati, Machel est reçu par le président américain Ronald Reagan, qui le félicite à son tour pour la « relation constructive » engagée avec l’Afrique du Sud et les perspectives économiques qu’elle ouvre. Mais ni Londres ni Washington, alors complaisants avec le régime d’apartheid, ne font pression sur Pretoria pour qu’il respecte le pacte de non-agression.
Quelques jours avant sa mort, Machel réunit un mini-sommet régional à Maputo avec des pays de la « ligne de front ». Il exige du président du Malawi, Hastings Kamuzu Banda, qu’il cesse son soutien à la Renamo, en le menaçant de fermer la frontière, ce qui priverait son pays d’accès à l’océan Indien. Les États de la « ligne de front » (6) étaient une coalition régionale informelle née à la fin des années 1960 dans le but de résister aux multiples pressions, économiques puis militaires, du pays de l’apartheid. Mais, au-delà de l’affirmation d’une solidarité, la majorité de ses membres dépendaient trop de l’Afrique du Sud pour prendre des mesures fermes, comme le boycott, à l’encontre de leur puissant voisin.
Le jour du crash, des chefs d’État de la « ligne de front » réunis en Zambie, Machel en tête, veulent obtenir de Mobutu Sese Seko, président du Zaïre (qui deviendra en 1997 la République démocratique du Congo), qu’il cesse de soutenir la guérilla de l’Union pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita), elle aussi financée par l’Afrique du Sud. « Pour Pretoria, c’est l’initiative de trop. C’est peut-être alors qu’il est décidé de tuer Samora Machel ou, au moins, de lui faire très peur », nous explique Colin Darch, chercheur sud-africain de l’université du Cap et auteur de plusieurs études sur le Mozambique (7).
À Maputo enfle la rumeur d’une attaque imminente de l’Afrique du Sud. L’explosion d’une mine sur la frontière, attribuée à l’ANC (qui dément), blesse des soldats sud-africains. En représailles, Pretoria suspend le recrutement des travailleurs mozambicains dans ses mines d’or ; un quasi-acte de guerre vis-à-vis d’un pays aux coffres désespérément vides et dont quelque 100 000 ressortissants sont régulièrement employés chez son voisin, sans compter les 170 000 ouvriers clandestins.
« Avant l’accident d’avion, les relations entre les deux pays avaient atteint leur niveau le plus bas », se souvient Andre Thomashausen, professeur à l’université de Pretoria, à l’époque proche de plusieurs dirigeants de la Renamo en formation politique en Afrique du Sud. « Le Mozambique était aigri par l’intensification de la rébellion de la Renamo depuis Nkomati, et l’Afrique du Sud avait réuni assez de preuves du soutien du Frelimo à l’ANC. » Mais ces événements ont également produit des conséquences en matière de politique intérieure. « L’échec de l’accord de Nkomati et de la politique de Machel, poursuit l’universitaire, a favorisé la défaite de l’aile réformiste du Parti national, incarnée par le ministre des affaires étrangères “Pik” Botha. Les “sécurocrates” ont alors pris le pouvoir. »
« L’accord n’a jamais été respecté »
Comme le révèlent des procès instruits en 1994, après la chute de l’apartheid, contre les tueurs des forces spéciales, tel Eugene de Kock, les ultras mènent une campagne haineuse contre le Mozambique, en exagérant les dégâts causés par son soutien à l’ANC. Au cours d’une des audiences, « Pik » Botha admet que d’importantes décisions du gouvernement sud-africain ont en fait été prises sur la base de mensonges. « L’accord de Nkomati n’a jamais été respecté par les éléments ultras des forces armées et de sécurité de Pretoria. Machel avait fait l’objet de plusieurs tentatives d’assassinat que nous avions réussi à empêcher à temps », nous confie M. Sergio Vieira, ministre de la sécurité mozambicain lors de l’accident.
En 1996, la Commission vérité et réconciliation (CVR) mise en place sous la présidence Mandela pour les crimes commis pendant l’apartheid recueille plusieurs témoignages sur l’accident du Tupolev. « Le faisceau de soupçons de la commission impliquant l’armée sud-africaine, le renseignement militaire et les forces spéciales justifie l’ouverture d’une nouvelle enquête judiciaire », déclare en 1998 le chef des investigations de la commission, M. Dumisa Ntsebeza. Ouverture qui n’aura pas lieu, en dépit de la promesse solennelle faite par Mandela lors du dixième anniversaire du crash. « Des questions demeurent sans réponse concernant ce voyage qui s’est terminé par la mort d’un des plus grands dirigeants de l’Afrique », avait-il déclaré sur les lieux de l’accident, avant d’ajouter : « Nous ne ménagerons pas nos efforts pour découvrir et faire connaître la vérité. »
La presse sud-africaine a parfois évoqué l’hypothèse d’une complicité mozambicaine, notamment dans la haute hiérarchie militaire (8). « Est-il question de protéger quelqu’un en Afrique du Sud ou quelqu’un au Mozambique ?, s’interroge Colin Darch. S’il y a eu un complot, ce que je crois vraisemblable, il a impliqué beaucoup de monde. » Il paraît certain qu’au moins deux techniciens de la tour de contrôle de l’aéroport de Maputo, MM. Cornelio Vasco Cumbe et António Cardoso de Jesus, ont été recrutés et payés par l’agent sud-africain Craig Williamson. Lequel est également à l’origine de l’assassinat de plusieurs militants antiapartheid refugiés à l’étranger, dont Ruth First, à Maputo en 1982, et Dulcie September, représentante de l’ANC, à Paris en 1988. Il revient à une enquête de prouver définitivement la culpabilité de Pretoria dans cet accident.
Augusta Conchiglia
Journaliste.