RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
La presse est au service des citoyens, pas du gouvernement

Pourquoi la poursuite de Julian Assange par l’administration Biden est une grave erreur (Louisville Courier Journal)

Avec la décision prise en décembre par un tribunal britannique d’annuler une décision antérieure contre l’extradition, il semble de plus en plus probable que Julian Assange reviendra aux [plutôt « sera extradé vers »… NdT] États-Unis pour faire face aux accusations liées à la publication par Wikileaks, en 2009-2010, de plus de 700 000 documents que Chelsea Manning a volés à l’armée américaine. Pour des raisons tant juridiques que politiques, la décision de l’administration Biden de poursuivre cette action en justice est une grave erreur.

En droit, Assange a été accusé d’un chef de conspiration en vue de commettre une intrusion dans un ordinateur. Mais Assange n’a pas conspiré pour pirater des ordinateurs américains - Manning y avait déjà accès. La tentative ratée d’Assange d’aider à générer un mot de passe pour se connecter par le biais d’un autre compte avait pour but de cacher l’identité de Manning, et non d’obtenir l’accès aux fichiers.

Non seulement les journalistes encouragent fréquemment leurs sources à divulguer des informations, mais ils les aident également à cacher leur identité. En effet, les journalistes sont tenus de le faire lorsque leurs sources sont exposées à un "danger, à des représailles ou à d’autres dommages", selon le code de déontologie de la Society of Professional Journalists. Le New York Times, par exemple, dispose d’une page web qui donne des conseils et des encouragements de ce type : nytimes.com/tips.

Assange est également accusé de 17 chefs d’accusation d’espionnage, mais aucune personne raisonnable ne peut interpréter ce qu’il a fait comme de l’espionnage. Contrairement à l’espion israélien Jonathan Pollard, Assange, pour autant que nous le sachions, n’a pas agi en tant qu’agent d’une puissance étrangère. Il n’a pas vendu ou tenté de vendre les documents volés qu’il a obtenus. Il les a simplement mis à la disposition du public par le biais de Wikileaks. Ce n’est pas illégal, et cela ne devrait pas l’être.

Les politiciens comme les profanes doivent se rappeler que la presse est au service des citoyens, pas du gouvernement. Comme l’a expliqué la Cour suprême dans son arrêt sur les Pentagon Papers : "La presse a été protégée [par les Fondateurs] afin qu’elle puisse dévoiler les secrets du gouvernement et informer le peuple. Seule une presse libre et sans entrave peut exposer efficacement les mensonges du gouvernement. Et la responsabilité primordiale d’une presse libre est d’empêcher toute partie du gouvernement de tromper le peuple et de l’envoyer dans des pays lointains pour y mourir de maladies étrangères ou sous les balles."

Beaucoup ont prétendu qu’Assange avait mis en danger le personnel et les agents américains, mais le gouvernement a acquitté Manning pour aide à l’ennemi. Et si quelques carrières diplomatiques ont été compromises, rien ne prouve que la fuite ait entraîné des décès ou des blessures.

D’autre part, les documents que Manning a remis à Assange détaillent des crimes de guerre manifestes, comme la torture de prisonniers et des attaques illégales contre des civils irakiens. Ces informations servent clairement aux citoyens américains en tant que frein au pouvoir de l’État.

Il est également important de se rappeler que les étrangers ne sont pas des vassaux des États-Unis. Bien que cela puisse être désagréable à reconnaître, en tant qu’étranger politiquement opposé aux guerres américaines contre l’Irak et l’Afghanistan, Assange n’est absolument pas obligé de respecter les classifications de secret de l’armée américaine.

En outre, le motif des poursuites semble fondé sur la vengeance, et non sur la primauté du droit. En 2016 - après que l’administration Obama a décidé de ne pas poursuivre Assange en raison des implications du premier amendement - Assange a divulgué les emails de John Podesta, qui ont exposé les malversations du Parti démocrate pour saper la poussée progressiste menée par Bernie Sanders. Ces informations ont peut-être contribué à l’échec d’Hillary Clinton dans son ascension vers la présidence.

À la lumière de la frustration enragée des démocrates à la suite de leur perte catastrophique en 2016, il n’est pas déraisonnable de soupçonner que la décision de l’administration Biden de poursuivre Assange pour des motifs rejetés par l’administration Obama est motivée par une soif de vengeance partisane et non par un dévouement impartial à la justice.

James Miller et Peter S. Fosl

James Miller enseigne le journalisme et le droit des droits civils à la DuPont Manual High School.

Peter S. Fosl est professeur de philosophie à l’université Transylvania.

Traduction "répéter l’évidence pour ceux et celles qui auraient raté le train... notamment les journalistes" par Viktor Dedaj avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

»» https://eu.courier-journal.com/story/opinion/2022/01/13/biden-administ...
URL de cet article 37679
  

Même Thème
Julian Assange parle
Karen SHARPE
200 citations qui reprennent les mots d’Assange, privé de la parole depuis si longtemps maintenant. A travers différentes thématiques, on comprend l’homme et les raisons qui ont poussé les États-Unis à le poursuivre sans raison. APPEL POUR JULIAN ASSANGE De Julian Assange vous avez beaucoup entendu parler. Souvent en mal. Mais lui-même, l’avez-vous entendu ? Savez-vous ce qu’il a vraiment dit et fait, pourquoi il a fondé Wikileaks, ce qu’il pense de la guerre, d’Internet, du journalisme et de bien (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Rien ne fait plus de mal aux travailleurs que la collaboration de classes. Elle les désarme dans la défense de leurs intérêts et provoque la division. La lutte de classes, au contraire, est la base de l’unité, son motif le plus puissant. C’est pour la mener avec succès en rassemblant l’ensemble des travailleurs que fut fondée la CGT. Or la lutte de classes n’est pas une invention, c’est un fait. Il ne suffit pas de la nier pour qu’elle cesse :
renoncer à la mener équivaut pour la classe ouvrière à se livrer pieds et poings liés à l’exploitation et à l’écrasement.

H. Krazucki
ancien secrétaire général de la CGT

Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.