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PSP Montebello : USA corp.








Le Courrier, mercredi 22 Août 2007.


George Bush, Felipe Calderón, Stephen Harper. La brochette de chefs d’Etat ultraconservateurs, réunie depuis lundi au château de Montebello au Québec, a de quoi faire frémir le plus tiède des altermondialistes. Surtout qu’à l’agenda des dirigeants étasunien, mexicain et canadien figurait le controversé Partenariat pour la sécurité et la prospérité, ou PSP, lancé en 2005 au Texas comme antichambre du futur accord de libre-échange nord-américain appelé à remplacer l’actuelle ALENA [1].

Tenus -violemment- à distance par la police, plusieurs milliers de contestataires syndicaux et associatifs ont eu toutes les peines à dénoncer, deux jours durant, ce qu’ils considèrent comme une nouvelle machine de guerre néolibérale, négociée dans le plus grand secret. « Le PSP permet des réglages techniques afin de faciliter le commerce », relativisait à la veille du sommet le diplomate étasunien Roger Noriega, soucieux de désamorcer les critiques syndicales comme nationalistes. « On ne dérange pas trois des politiciens les plus puissants du monde et trente hommes d’affaires pour discuter de l’étiquetage des vêtements », s’étonne pourtant le sociologue de l’université de Montréal (UQAM) Dorval Brunelle.

Trente hommes d’affaires ? Dans le paradis néolibéral du PSP, c’est en effet le Conseil nord-américain de la compétitivité [2] -constitué par dix chefs d’entreprise par pays- qui a été chargé l’an dernier par les gouvernements de dessiner les contours du futur espace économique, social et politique commun. A Montebello, les trente « global leaders » ont donc présenté aux responsables politiques l’avancée de leurs travaux sur l’’« harmonisation » des législations nationales et la « sécurisation » de l’approvisionnement en ressources naturelles et énergétiques !

Avec le PSP, rarement la domination des grands trusts sur les relations internationales n’aura été aussi évidente et décomplexée. Les gouvernements n’ont même pas jugé nécessaire d’inviter les habituels syndicalistes ou scientifiques alibis. Et surtout pas ceux qui ont étudié [3] les effets désastreux de l’ALENA depuis son entrée en vigueur.

Les treize années d’expérimentation de cet accord, comme la procédure choisie pour sa nouvelle version, présagent des résultats attendus : nivellement par le bas des réglementations sociales et environnementales, alignement des politiques publiques (notamment militaires et fiscales) sur Washington, nouvelles explorations minières, privatisation du pétrole et de l’eau, etc.

Contrarié dans son expansion vers l’Amérique du Sud, concurrencé par l’Asie, le capital étasunien semble bien décidé à se replier sur son glacis, à bétonner son assise régionale. Mais qu’on ne s’y trompe pas, l’intégration à la sauce PSP ne concerne pas les seuls Nord-Américains. Comme nombre d’« innovations » locales, elle fera rapidement office de modèle.

Benito Perez


 Source : Le Courrier www.lecourrier.ch




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[1Association de libre-échange nord-américaine, NAFTA, selon l’acronyme anglais.

[2Les compétences du conseil sont listées sur www.pm.gc.ca.

[3Lire sur ce sujet : Sylvie Dugas, « L’’ALENA : un bilan social négatif », Rapport d’un colloque de l’UQAM, disponible sur www.er.uqam.ca.


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