RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher


Qu’on leur coupe la dette ! Partie 1/3 : La saignée

Antoine Dumini, François Ruffin

Le journal Fakir est un journal papier, en vente dans tous les bons kiosques près de chez vous. Il ne peut réaliser des reportages que parce qu’il est acheté ou parce qu’on y est abonné !

« Faire des sacrifices » pour « rassurer les marchés ».

On se croirait dans la mythologie grecque, mais non, on est bien dans l’Europe du troisième millénaire - et c’est la seule voie que connaissent nos élites pour sortir de la crise.

Pourtant, dans l’histoire, bien d’autres solutions ont existé - et réussi.

Qu’on leur coupe la dette ! La saignée par fakirpresse

Ne pas payer les créanciers, c’est possible.
Déjà , en 1307, le roi de France Philippe Le Bel a une lourde ardoise - notamment auprès des Templiers. Avec leurs gigantesques fermes, leurs trésors, eux sont devenus les banquiers de la chrétienté. Que faire, dès lors ? _ On les arrête, on les juge avec des procès fantaisistes, on les envoie au bûcher. Et les finances publiques sont aussitôt soulagées.

Et Louis XIV ? Il opte, à peu près, pour le même remède : le roi Soleil doit énormément à son surintendant, Nicolas Fouquet. Qu’à cela ne tienne : il l’accuse de préparer une rébellion, le condamne à l’exil, l’enferme dans une forteresse, confisque ses biens. Le problème de la dette est largement réglé.

Dans notre histoire, c’est devenu une tradition : « Entre 1500 et 1800, la France a répudié ses dettes en huit occasions, notent Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff. Comme les rois de France avaient pris l’habitude de mettre à mort les grands créanciers nationaux (une forme ancienne et radicale de "restructuration de la dette"), le peuple avait fini par appeler ces épisodes des "saignées". »

Ces deux économistes dédramatisent, en un sens, le défaut : ils en dénombrent « au moins 250 entre 1800 et 2009 ». Et surtout, d’après leurs statistiques, les économies se relèvent assez vite d’un « défaut sur la dette extérieure » : trois ans après la crise, il n’y paraît plus. Le recul du PIB est effacé. Mais pas le recul dans la fortune des créanciers…

C’est la solution qu’a ainsi choisie, plus près de nous, l’Argentine.
Début 2002, sous la pression du peuple, le président a décidé de suspendre le paiement de la dette - et de dévaluer massivement le peso par rapport au dollar. La croissance économique est alors revenue, et le chômage a diminué. Les créanciers ont perdu plus de 50% de leurs billes, mais l’Argentine ne s’en porte que mieux !

Annuler la dette ? S’asseoir dessus ?
Cette mesure n’est pas à exclure de notre arsenal. Bien sûr, les détenteurs de capitaux, eux, crient déjà à « l’immoralité », à « l’injustice », au « suicide du système ». Mais les banquiers de BNP-Paribas, de la Société Générale ou de HSBC pourront toujours se consoler : comme nous sommes cléments, ils termineront mieux que Fouquet ou les Templiers…

Source : Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff, Cette fois, c’est différent, éditions Les Temps changent, 2010. _

La rigueur, oui mais pour qui ?

La « rigueur » attaque jusqu’au plus vital. Pas seulement le « gel des salaires », le « non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux », mais jusqu’aux estomacs.
L’Europe avait diminué de 75 % ses aides alimentaires aux plus démunis, de 480 millions à 113 millions d’euros - avant d’accorder un « sursis » pour deux ans. Pendant ce temps, mille fois plus, 480 milliards d’euros ont été consacrés, entre 2008 et 2010, à sauver les banques européennes.

Depuis la crise, le Programme alimentaire mondial a été divisé par deux : de 6 milliards de dollars à 3 milliards. Pendant ce temps, la rémunération des banquiers français a bondi de 44,8% en 2010.

La crise a entraîné, en Europe, une hausse de 35 % du taux de chômage entre 2007 à 2009 - et une hausse également des taux de suicide : + 13 % en Irlande, + 17 % en Grèce. Parmi ces désespérés, pour l’instant, on ne mentionne aucun banquier, aucun trader sautant dans le vide depuis un gratte-ciel.

Ce Tchio Fakir (petit, en picard) résume le dossier paru dans le (gros) Fakir n°53 « Ces solutions qui leur font peur » de décembre 2011.

Pour diffuser largement ce quatre pages (dans les manifs, au bureau, dans les tournois de pétanque, etc.), pour lutter ensemble contre la fatalité ambiante, on s’est joints à ATTAC - une association d’éducation populaire, dont le but premier est la reconquête des espaces perdus par la démocratie au profit de la finance.


Qu'on leur coupe la dette 1/3 : La saignée par fakirpresse

Antoine Dumini, François Ruffin, 16/03/2012

URL de cette brève 2378
https://www.legrandsoir.info/qu-on-leur-coupe-la-dette-partie-1-3-la-saignee.html
Imprimer version PDF
pas de commentaires
no comment
reagir
RSS RSS Commentaires
   

LA TYRANNIE DU BIEN VIEILLIR
Martz Didier, Michel Billé
La tyrannie du Bien Vieillir, voilà bien un paradoxe ! Il faut être un peu iconoclaste pour aller s’en prendre à une si belle idée, qui fait si largement consensus : « bien vieillir ». Bien vieillir, qui pourrait être contre ? Qui ne le souhaiterait pas pour soi-même et pour autrui ? Qui oserait affirmer préférer vieillir mal ? C’est que le désir de bien vieillir de chacun sans trop d’inconvénients est devenu un slogan qui anime les cercles politiques, court dans les maisons de retraite, envahit les (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

L’avenir appartient à ceux qui ont des ouvriers qui se lèvent tôt.

Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.