RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Que fait l’armée française en Afrique ?

Préface d’Odile Tobner-Biyidi

Que fait l’armée française en Afrique ? Et de quel droit s’y trouve-t-elle encore aujourd’hui ? Si l’on en croit les discours officiels, elle n’y aurait plus depuis longtemps que des missions humanitaires et de maintien de la paix. La page du néocolonialisme et de la Françafrique aurait été tournée en même temps que finissait la guerre froide.

Ce « Dossier noir » examine, à travers de nombreux exemples concrets, la réalité de cette présence depuis deux décennies. Après un retour sur le dispositif néocolonial mis en place au lendemain des indépendances, il analyse - notamment à travers les conflits en Côte d’Ivoire ou au Tchad - les interventions militaires censées illustrer la « nouvelle » politique africaine de la France.

Entre héritage colonial et stratégies pour s’adapter à l’évolution des rapports de force internationaux, cette politique n’a jamais cessé d’être criminelle.

Militant de l’association Survie, Raphaël Granvaud est également l’un des rédacteurs de Billets d’Afrique, bulletin mensuel d’information alternative sur les avatars de la politique africaine de la France.

La portée du soutien stratégique français au Tchad ne doit pas être sous-estimée. Des dizaines de milliers d’habitants terrorisés ont dû fuir N’Djamena et, sitôt les rebelles mis en échec, Idriss Déby en a profité pour tenter de liquider son opposition démocratique, avec la complicité des autorités françaises. Tandis que l’armée semait la terreur parmi la population, ceux des opposants ou des défenseurs des droits humains qui n’ont pas été arrêtés ont été contraints à la clandestinité. Les arrestations auraient été décidées après que l’armée française ait fourni au dictateur des informations selon lesquelles il y aurait eu des contacts entre les rebelles et les opposants.

Alors que Déby décrétait le couvre-feu, Amnesty international dénonçait des tueries extra-judiciaires, parfois sur des bases ethniques, ainsi que les arrestations de militants et de journalistes. Mais Bernard Kouchner ne voyait aucun inconvénient à tenir une conférence de presse commune avec les ministres tchadiens en visite en Europe. Puis Nicolas Sarkozy s’est rendu au Tchad, où il appelle l’« opposition tchadienne à prendre ses responsabilités »… Enfin, Bernard Kouchner s’est contenté de déclarer : « Entre le président de la République Idriss Déby Itno et la France et entre moi-même et le chef de l’État Déby, les choses sont simples. » Simples, mais pas rassurantes…

http://atheles.org/agone/dossiersnoirs/quefaitlarmeefrancaiseenafrique/


Sur l’échiquier continental

Est-elle si loin, l’époque de Kolwezi, quand la France parachutait la Légion sur le sud du Zaïre pour sauver un despote aux abois et affirmer la primauté de ses armes en Afrique francophone ?

C’était il y a 31 ans, et c’était la Guerre froide.

Aujourd’hui que l’URSS ne menace plus son « pré carré », que fait l’armée française en Afrique ? C’est le thème - et le titre - du livre de Raphaël Granvaud.

De l’armée coloniale à l’armée néo-coloniale, il étudie l’évolution du dispositif militaire français en Afrique, et le discours qui l’accompagne. L’avenir, c’est la sous-traitance, avec la formation d’armées supplétives. Quand ça ne marche pas, il reste toujours les bons vieux corps expéditionnaires (au Tchad ou en Centrafrique). Aucune puissance étrangère ne dispose d’autant de troupes prépositionnées sur le continent.

Un des chapitres est consacré à la montée de l’influence chinoise et états-unienne sur le continent, qui perturbe le jeu habituel de la Françafrique. Les Chinois restent pour l’instant prudents. On apprend même que depuis l’an dernier Pékin et Washington négocient un deal pour éviter que le continent devienne un « front de conflit » entre eux. Un deal dont les États-Unis testent la résistance, en revanche, c’est celui passé avec la France. Même si les deux États restent fondamentalement alliés, c’est l’équilibre de l’alliance qui est sujet à un permanent rapport de forces. Ainsi Washington n’hésite plus à nouer directement des partenariats militaires avec des pays du « champ » français. Paris doit défendre son influence pied à pied, quitte à téléguider certains putschs. En août 2005 encore, Paris n’était pas mécontent de voir le dictateur mauritanien Ould Taya, trop proche de Washington, destitué au profit d’une junte militaire qui lui a aussitôt donné des gages de fidélités On ne plaisante pas avec la Françafrique…

Guillaume Davranche

Alternative Libertaire n°188, octobre 2009

URL de cet article 9347
  

Même Thème
Meurtre au Burundi. La Belgique et l’assassinat de Rwagasore
Ludo de WITTE
En 1999, Ludo De Witte publie un livre-choc : L’Assassinat de Lumumba. Ses révélations sur le rôle du roi Baudouin, du gouvernement belge et de la CIA amèneront la Belgique à présenter des excuses officielles au Congo. En 2017, le sociologue belge sort chez Investig’Action L’Ascension de Mobutu. Salué par Jean Ziegler : « Un livre superbe d’érudition, de courage et d’intelligence analytique. Au magnifique peuple congolais, il contribue à restituer une mémoire claire… » En 2021, ce nouveau livre (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Depuis 1974 en France, à l’époque du serpent monétaire européen, l’État - et c’est pareil dans les autres pays européens - s’est interdit à lui-même d’emprunter auprès de sa banque centrale et il s’est donc lui-même privé de la création monétaire. Donc, l’État (c’est-à -dire nous tous !) s’oblige à emprunter auprès d’acteurs privés, à qui il doit donc payer des intérêts, et cela rend évidemment tout beaucoup plus cher.

On ne l’a dit pas clairement : on a dit qu’il y avait désormais interdiction d’emprunter à la Banque centrale, ce qui n’est pas honnête, pas clair, et ne permet pas aux gens de comprendre. Si l’article 104, disait « Les États ne peuvent plus créer la monnaie, maintenant ils doivent l’emprunter auprès des acteurs privés en leur payant un intérêt ruineux qui rend tous les investissements publics hors de prix mais qui fait aussi le grand bonheur des riches rentiers », il y aurait eu une révolution.

Ce hold-up scandaleux coûte à la France environ 80 milliards par an et nous ruine année après année. Ce sujet devrait être au coeur de tout. Au lieu de cela, personne n’en parle.

Etienne Chouard

"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.