RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
Coup d’état « constitutionnel » au Paraguay

Semaine diplomatique sous tension en Amérique du Sud

Pour la deuxième fois en trois ans, l’Amérique latine est confrontée à un coup d’Etat « constitutionnel » dans l’un de ses pays [1]. C’est aujourd’hui au Paraguay de goûter le retour aux affaires de la droite conservatrice par des moyens certes à première vue légaux sur le papier, mais illégitimes [2]. L’agressivité menaçante des oligarchies se déploie particulièrement là où les processus progressistes démocratiques latino-américains sont les moins structurés, et cela dans une double dimension sociale et institutionnelle [3].

Leur offensive poursuit deux objectifs principaux : d’une part, déstabiliser, au niveau national, des présidents élus menant des politiques de transformation politique et sociale (et ce, par le biais de campagnes médiatiques et de troubles sociaux et politiques pouvant aller jusqu’à un renversement « légal » lorsque les conditions le permettent) ; d’autre part, enrayer, au niveau régional, la dynamique d’intégration politique en marche, notamment depuis la création de l’Union des nations sud-américaines (Unasur) en 2008 à Brasilia (Brésil), dont le siège du secrétariat général permanent est situé à Quito (Equateur), et dont la présidence pro tempore est actuellement assurée… par le Paraguay pour l’année 2011-2012.

Il est de ce point de vue significatif de noter qu’Unasur - regroupant l’ensemble des 12 pays d’Amérique du Sud dans un même « espace d’intégration et d’union culturel, social, économique et politique entre ses peuples » [4] - a été qualifiée d’initiative « chaviste » par l’un des représentants du nouveau pouvoir en place à Asuncion.

Pour les droites dures latino-américaines, il s’agit de créer, partout où elles le peuvent, un climat de déstabilisation dans la région et de tenter de diviser les pays entre eux en générant des tensions politiques et géopolitiques entre gouvernements de droite alliés des Etats-Unis (Colombie et Chili notamment), de centre-gauche (Brésil, Argentine, Pérou, Uruguay) et de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA) : Antigua-et-Barbuda, Bolivie, Cuba, Equateur, La Dominique, Nicaragua, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Venezuela [5].

Y arriveront-elles cette fois-ci ? Pour le moment, rien ne permet de l’assurer, ni de l’infirmer. Une semaine diplomatique intense débute en effet en Amérique du Sud durant laquelle l’ensemble de ces acteurs va être confronté à la gestion d’une crise dont les conséquences géopolitiques concernent directement toute la région. Pour le moment, et après de premières déclarations timides des gouvernements de la Colombie et du Chili prononcées au début de la crise paraguayenne à Rio - lors de la Conférence des Nations unies « Rio+20 » sur le développement durable -, la dynamique de condamnation collective semble se consolider et s’amplifier.

Face aux enjeux de l’intégration régionale et à l’intérêt que représente cette dernière pour tous les gouvernements actuels sud-américains - y compris les plus conservateurs -, il semble que personne ne soit prêt à soutenir directement, du moins pour le moment, l’aventure de l’oligarchie paraguayenne.

Sur le plan bilatéral, de nombreux pays ont pris des mesures diplomatiques, parfois de sanction, contre cette dernière désormais au pouvoir. Ainsi, l’Argentine, le Brésil, le Chili, la Colombie, l’Uruguay et le Venezuela ont retiré leur ambassadeur à Asuncion. Le président Hugo Chavez a également annoncé la suspension de la coopération pétrolière de Caracas avec le Paraguay.

De leur côté, les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay) ont décidé de « suspendre le Paraguay, de façon immédiate ( …), de son droit de participer à la 43ème réunion du Conseil du marché commun et au Sommet des présidents » qui se tiendra en Argentine le 29 juin. Dès le 24 juin, un communiqué commun du Mercosur et de ses pays associés (Bolivie, Chili, Colombie, Equateur, Pérou, Venezuela) exprimait, lui, une « énergique condamnation de la rupture de l’ordre démocratique intervenue dans la République du Paraguay » [6].

Ce faisant, l’ensemble de ces pays fait écho à la position - qu’il durcit - exprimée initialement par l’Unasur dans son communiqué officiel du 22 juin. Celui-ci désavouait le nouveau gouvernement de Federico Franco au motif que ce dernier constituait « une menace de rupture de l’ordre démocratique » [7] au Paraguay. L’actuel bénéficiaire du coup d’Etat « constitutionnel » n’est autre que l’ancien vice-président du pays dont la formation, le Parti libéral, a « lâché » l’alliance gouvernementale avec Fernando Lugo pour soutenir la manoeuvre du Parti colorado.

Le président élu a pour sa part annoncé la mise en place d’un « gouvernement pour la restauration démocratique » qu’il a réuni pour la première fois le 25 juin. Qualifiant la situation de « coup d’Etat politique parlementaire », il a confirmé qu’il se rendra également, es qualité, au Sommet du Mercosur et assuré qu’en aucun cas, il n’était possible « de coopérer avec un gouvernement illégitime ».

C’est dans ce contexte que l’Organisation des Etats Américains (OEA), dont on ne peut suspecter la moindre proximité avec les gouvernements progressites latino-américains, doit se réunir le 26 juin pour statuer sur la situation au Paraguay. Par la voix du secrétaire général de sa Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH), Santiago Canton, cette dernière semble prendre ses distances avec le gouvernement illégitime. Ainsi, pour Monsieur Canton, la situation au Paraguay constitue une « atteinte à l’état de droit ». Et d’ajouter : "Destituer un président en 24 heures sans qu’il puisse se défendre est une parodie de justice et une violation des droits de l’homme".

Pour sa part, le secrétaire général de l’OEA, José Miguel Insulza, considère que le droit à la défense du président Lugo a bel et bien été violé lors de l’activation du mécanisme de destitution par le Sénat : «  la communauté internationale a émis des doutes fondés quant au respect (par le parlement paraguayen) des normes de la Constitution du Paraguay et des traités internationaux souscrits par ce pays qui consacrent les principes universels (…) du droit légitime » a-t-il déclaré.

Toutefois, pour Monsieur Insulza, ce point de vue ne doit pas aboutir, à cette étape, à la reconnaissance d’un coup d’Etat. Il reste en effet plus ambigüe sur son appréciation du fond de la situation. « Je préfère ne pas attribuer d’adjectif (sur le coup) (…). Il y a eu une décision du Congrès prise avec les majorités nécessaires, mais sans (que le président Fernando Lugo) n’ait pu se défendre » a-t-il précisé. Pour lui, le rôle de son organisation sera de « chercher une solution constructive » [8].

Les conclusions de l’OEA permettront en réalité de découvrir la position d’un autre acteur politique clé dans la région : les Etats-Unis. Prendront-ils acte, s’ils ne peuvent s’appuyer sur d’éventuelles divisions au sein d’Unasur, du rejet des nouvelles autorités du Paraguay par tous les pays d’Amérique du Sud ?

De même, ces derniers - notamment les pays alliés des Etats-Unis - prendront-ils, comme l’a fait le Venezuela, de réelles mesures de sanction contre le gouvernement de Federico Franco une fois écoulée cette première semaine de crise ou laisseront-ils pourrir la situation en attendant les prochaines élections prévues en avril 2013 ?

C’est tout l’enjeu d’une semaine cruciale pour le Paraguay et l’Amérique du Sud.

Christophe Ventura

http://www.medelu.org/Semaine-diplomatique-sous-tension

URL de cet article 17096
  

Chasseurs de matières premières.
Michel COLLON
Chaque citoyen européen consomme par an en moyenne 26 kilos d’appareils[1] en tous genres : ordinateurs, téléphones, télévisions, électro-ménager... L’avons-nous décidé ? Le souhaitons-nous ? Quoi qu’il en soit, cet acte apparemment innocent a en réalité un impact énorme. Sur la Nature, on s’en doute, mais aussi sur des êtres humains. Des femmes et des hommes du Sud sont condamnés à mourir de faim, leurs enfants seront privés d’éducation, ils souffriront de la malaria, de la tuberculose et autres maladies (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Je l’ai invitée lors d’un prochain séjour à venir jouer avec l’orchestre de Paris et l’Ensemble orchestral de Paris.

Bertrand Delanoe
maire socialiste de Paris, Fév. 2005, en parlant de Condoleezza Rice

Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.