Le Conseil de sécurité s’est réuni ce dimanche, 25 septembre, à la demande des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France. Inutile de relayer les discours des représentants de ces trois pays, les médias aux ordres des meneurs de la prétendue Coalition internationale de lutte contre le terrorisme se sont, très lourdement, chargés de la besogne.
Les trois délégations des diplomates américains, anglais et français, sont donc venus solidaires, ont parlé d’une même voix, puis se sont précipités pour quitter la salle dès l’intervention du représentant permanent de la Syrie auprès des Nations Unies.
Par conséquent, ils n’ont pas écouté ce que le Dr Bachar al-Jaafari avait à leur dire, à moins qu’ils n’aient jugé en avoir suffisamment entendu lors de la session précédente [*], réunie dans la même urgence quatre jours auparavant, le 21 septembre.
Après avoir retrouvé la vidéo, introuvable sur les sites officiels, et avoir éliminé ce qu’ils auraient pu considérer comme des redites, le Dr Bachar al-jaafari avait au moins une information excessivement importante à leur offrir et dont il faudra nous souvenir, au cas où… [NdT].
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Monsieur le Président
L’un des collègues parmi les représentants des trois États ayant appelé à la tenue de cette session, le délégué permanent de la Grande Bretagne auprès de l’ONU, a parlé de mon pays, disant : « La Syrie est brisée et sur le point de mourir ». J’aimerais le rassurer, mon pays n’est pas brisé et ne rompra pas. Ce sont là des paroles qui évoquent Satan rêvant de posséder le paradis, rien que des rêves, et c’est un discours sans commune mesure avec le poids d’un État membre permanent du Conseil de sécurité.
Quant aux trois délégués réunis, ils sont apparus comme s’ils avaient redécouvert la roue, pointant du doigt le gouvernement syrien qui tenterait de reprendre Alep !
Imaginez cette formidable découverte par ces trois membres permanents du Conseil de sécurité, comme si Alep était une ville de Djibouti, d’Afghanistan ou du Brésil. Je les rassurerai aussi. Le gouvernement syrien reprendra Alep, car si les États membres de cette organisation internationale ont une seule capitale, mon pays en a deux : Damas et Alep.
Monsieur le Président,
Si Shakespeare et les pionniers du théâtre de l’absurde, Jean Genet, Adamov, Kafka, Kierkegaard, Georges Schehadé, revenaient à la vie, ils nous offriraient des œuvres d’une absurdité encore plus merveilleuse qu’à l’époque, car contrairement au Roi Lear, ils n’ont pas eu à entendre autant de mensonges et d’hypocrisies. C’est dire qu’aujourd’hui le meurtrier a rejoint le cortège funèbre de sa victime et a versé ses larmes de crocodile.
Les trois États ayant demandé la tenue de cette session d’aujourd’hui, ont fait échouer, par treize fois, l’adoption d’une décision présidentielle condamnant les attentats terroristes par voitures et ceintures piégées, ou les frappes « par erreur » de leurs forces aériennes ayant tué des civils et des militaires syriens. Treize fois ! Et naturellement, ils ont empêché les tentatives de nos amis pour l’adoption, par ce Conseil, de résolutions condamnant le terrorisme qui sévit en Syrie.
Mais lorsqu’un terroriste français du nom de Mohamed Merah s’en prend à Toulouse, les Forces d’élite françaises le tuent de 300 balles…300 balles… et ils ont bien fait. Mais nul n’a entendu d’autres pays, ou nous-mêmes, qualifier ce terroriste français d’« opposant armé modéré ». Tel est aussi notre comportement à l’égard des terroristes actifs aux États-Unis et ailleurs.
Même si l’Espagne renonçait au Pays basque, la France à la Corse, la Grande Bretagne à l’Écosse, les États-Unis à la Californie ou au Texas, le Gouvernement syrien ne renoncera jamais à un seul pouce de notre territoire conformément à la Constitution et aux règles du droit international.
Monsieur le Président,
Nous voici de nouveau réunis au sein de ce Conseil à la demande de nombre d’États membres, lesquels tentent de secourir les organisations terroristes armées qu’ils qualifient faussement de « modérées ». Ceci, comme à chaque fois que les signaux indiquent leur déroute sous la pression ininterrompue de l’Armée syrienne et de ses alliés. Ils font semblant d’avoir oublié l’enfant palestinien, Abdallah Issa, égorgé sous vos yeux, par le Mouvement Nour el-Dine al-Zinki, lequel contrôlait avec le Front al-Nosra le camp des réfugiés palestiniens de Handarat à Alep.
Par conséquent, nous pensons que la convocation de cette réunion par ces trois États, membres permanents du Conseil de sécurité, est un message adressé au Front al-Nosra, et autres organisations terroristes apparentées, leur signifiant que leur soutien et leur couverture politique ne sont pas interrompus et ne cesseront pas, et que le terrorisme utilisé comme arme de pression politique sur le gouvernement syrien est toujours en vigueur.
Partant de la responsabilité qui incombe au gouvernement syrien de par la Constitution, tout autant qu’à vos gouvernements, de protéger les citoyens contre les agissements des groupes terroristes, dont nos citoyens à Alep ont tant enduré, une opération militaire a été lancée il y a deux jours par l’Armée syrienne et ses alliés ; autrement dit, à la fin de la prétendue « cessation des hostilités », sept jours après l’échec de ladite trêve [le 12 septembre suite à l’accord russo-américain du 9 septembre ; NdT].
Et, l’Armée syrienne soucieuse de protéger les civils les a invités à s’éloigner des zones de regroupement des terroristes armés dans les quartiers est de la ville, facilitant leur sortie après leur avoir assuré le logement et les nécessités d’une vie digne ; facilités offertes à tous, y compris aux « dupés » qui ont dirigé leurs armes contre l’État. En revanche, les groupes terroristes armés ont continué à empêcher la sortie des civils d’Alep est, dans le but d’en faire des boucliers humains.
Ceci, en sachant que deux millions de citoyens vivent encore à Alep, dont 1 725 000 dans les quartiers contrôlés par l’État et 275 000 restés contraints et forcés à Alep est, contrôlée par le Front al-Nosra et ses alliés.
Mon gouvernement condamne l’usage des armes interdites en vertu du droit international, et affirme que l’ensemble des opérations miliaires menées par l’Armée syrienne et ses alliés respecte la Charte des Nations Unies et reste conforme aux résolutions du Conseil de sécurité concernant la lutte contre le terrorisme.
Dans le même ordre d’idées, mon gouvernement dénonce les accusations mensongères, portées par certains membres de ce Conseil et des hauts fonctionnaires du Secrétariat général, contre l’Armée syrienne et ses alliés quant à leur prétendu usage d’armes internationalement interdites ou d’attaques délibérés contre des civils.
Ce genre de faux témoignages de la part de hauts fonctionnaires du Secrétariat général ramènera cette organisation internationale au triste sort de la Société des Nations. Une telle conduite irresponsable conduira à son échec et à sa faillite.
Il est vraiment étonnant que le Secrétaire général et sa hiérarchie d’assistants s’acharnent à formuler ces fausses accusations fondées sur de faux témoignages, pendant qu’ils continuent à faire mine d’ignorer des faits véridiques concernant l’utilisation, des dizaines de fois, d’armes chimiques contre les civils et les militaires par les groupes armés terroristes, notamment Daech qui a fait main basse sur une usine de fabrication de chlore située à quarante kilomètres d’Alep.
Je viens de recevoir à l’instant des informations excessivement inquiétantes. Elles se résument à dire que les terroristes de la mouvance « Ahrar al-Cham » ont l’intention de mener des attaques au phosphore jaune, pour ensuite accuser l’État syrien de l’avoir utilisé contre les civils. Ils porteront la tenue régulière de l’Armée syrienne et diffuseront photos et vidéos, exactement comme ils ont procédé pour l’enfant « Oumrane » et d’autres victimes de leur terrorisme, afin de nourrir la propagande et vous faire chanter, vous et l’opinion publique internationale. L’essentiel est que ces produits chimiques sont entreposés dans six barils, cachés à une profondeur de douze mètres sous un enfouissement d’ordures au nord de la ville de Sarakeb, elle-même située au nord d’Alep et à vingt kilomètres de Idleb. De plus, le 6 septembre dernier, deux spécialistes américaines ont visité les lieux avant de se rendre en Turquie.
Ce rapport est à la disposition du Conseil de sécurité comme les dizaines de lettres concernant l’utilisation d’armes chimiques par les groupes terroristes en mon pays, que nous vous avons transmises.
[…]
Monsieur le Président,
Tous doivent réaliser que la véritable guerre contre le terrorisme n’a pas encore commencé et que la victoire de la Syrie et de ses alliés est devant nous. C’est inévitable. Cette victoire versera dans l’intérêt des résolutions adoptées par ce Conseil pour la lutte contre le terrorisme et la paix du monde.
Je voudrais terminer en vous signalant qu’aujourd’hui, les Forces aériennes syriennes ont parachuté des aides aux habitants de la ville de Deir ez-Zor, laquelle est désormais la victime de Daech, depuis que les Forces aériennes américaines ont frappé les positions de l’Armée syrienne protégeant cette ville.
Quant aux terroristes invités aux réunions de Genève, lesquels ont été écartés après les réunions précédentes parce que tout le monde s’est rendu compte qu’ils étaient des terroristes, il faut savoir que le gouvernement syrien se rendra à Genève, mais pour un dialogue entre Syriens et non pour un dialogue entre Syriens et terroristes.
C’est pourquoi nous aurions besoin que l’Émissaire spécial de l’ONU réunisse « toutes les oppositions » en une délégation unique, laquelle pourrait alors négocier avec la délégation de la République arabe syrienne. Nous ne sommes pas disposés à négocier avec des terroristes, ni avec les centaines de factions terroristes armées et génétiquement modifiées pour la circonstance.
En tant que gouvernement, nous sommes prêts à dialoguer avec une délégation unique d’opposants patriotes qui veulent une solution entre Syriens, sans aucune ingérence étrangère. Car nous ne considérons absolument pas que tous les opposants et toutes les oppositions sont des terroristes, comme l’a suggéré Monsieur l’Émissaire spécial. Nous voulons dialoguer avec ceux qui ont foi en notre pays et en leur identité syrienne.
J’affirme, encore une fois, que le gouvernement de la République arabe syrienne est toujours disposé à retourner à Genève pour poursuivre le dialogue, mais pas un dialogue avec des aveugles, des sourds ou des muets. Nous voulons poursuivre le dialogue avec des Syriens patriotes, comme nous ; des Syriens qui ne travaillent pas pour des agendas étrangers et qui ne logent pas dans les hôtels cinq étoiles, encaissant leurs salaires de mains étrangères qui les utilisent pour exécuter leurs basses besognes.
Merci, Monsieur le Président.
Dr Bachar al-Jaafari
Délégué permanent de la Syrie auprès des Nations Unies
25/09/2016
Source : Vidéo / Al-Fadaiya [Syrie]
https://www.facebook.com/seyasi/videos/1140445206031495/
Transcription et traduction par Mouna Alno-Nakhal
[*] Nous sommes passés d’une guerre par procuration à une vraie guerre ! http://www.legrandsoir.info/syrie-nous-sommes-passes-d-une-guerre-par-procuration-a-une-vraie-guerre.html