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Théorie du complot : comment le « best seller » de Richard Hofstadter « Le Style paranoïaque » fut détourné par les néo-conservateurs

The Paranoid Style in American Politics (Le Style paranoïaque dans la Politique américaine) est un ouvrage de l’historien américain Richard Hofstadter (1916-1970). Très souvent repris pour expliquer les théories du complot de la droite radicale en Amérique, cet essai fit autorité dès sa parution en 1964.

Dans un premier temps, l’historien revient sur une période de l’histoire américaine (1950/1956) qualifiée de « chasse aux sorcières ». Ce terme tient son origine de la campagne de répression anti-communiste qui fut orchestrée par le sénateur Joseph McCarthy qui parlait de la situation des États-Unis, selon lui « périlleuse ». En substance McCarthy s’exprimait ainsi :

« Comment pouvons-nous expliquer notre situation actuelle à moins que nous croyions que les hommes haut placés dans ce gouvernement travaillent de concert pour nous livrer à la catastrophe ? Ceci doit être le produit d’une grande conspiration, une conspiration si ignominieuse que, lorsqu’elle sera mise à jour, ses principaux protagonistes seront à jamais voués aux gémonies par les honnêtes gens. »

Hofstadter réexamine alors à la loupe l’Histoire américaine et nous fait remonter en 1797, année où l’écossais John Robison affirmait avoir les preuves d’une conspiration contre toutes les religions et les gouvernements de l’Europe. Il publie Proofs of Conspiracy, un livre édité à Edimbourg qui plus tard sera réimprimé à New York.

Dans ce livre, Robison développe la thèse d’un complot de la franc-maçonnerie elle-même infiltrée par les Illuminés de Bavière qui seraient les véritables commanditaires de la révolution française. Cette théorie est analogue à celle du prêtre jésuite français Augustin Barruel.

Les théories de Robison et Barruel s’exportèrent vers les États-Unis, à travers la Nouvelle-Angleterre en pleine effervescence. En 1798, le révérend Jedidiah Morse prononce des sermons dans lesquels il soutient le livre de John Robison. Ces sermons ont été imprimés et cette affaire fut suivie par de nombreux journaux. Rappelons que le parti anti-maçonnique (Anti-Masonic party) fut créé en 1828.

Dans son ouvrage, Richard Hofstadter aborde également plusieurs autres théories du complot : Par exemple le complot jésuite, la conspiration des banquiers internationaux, le complot des papes, le complot des catholiques (…). Ses décryptages nous permettent de comprendre comment périodiquement le style paranoïaque réapparaît sous la forme de « groupes de défense » de la droite radicale que Hofstadter qualifie de pseudo-conservateurs.

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Le candidat pseudo-conservateur à l’origine du conservatisme moderne

Si l’étude de Hofstadter obtint un succès retentissant en 1964, c’est en grande partie parce qu’elle abordait principalement (80% du livre) l’influence politique d’une des figures incontournables de la droite américaine de l’époque, le sénateur Barry Goldwater, qui se présentait à l’élection présidentielle cette année-là contre le démocrate Lyndon Johnson, déjà président depuis l’assassinat de Kennedy un an plus tôt. Goldwater affirmait que son pays était menacé par les complots de la gauche et pour beaucoup d’observateurs, la campagne profondément anti-New Deal, anti-sociale et anti-communiste que mena Goldwater, servit d’assise au programme économique et social de Ronald Reagan en 1981. L’essentiel des travaux de l’historien fut publié par le magazine Harper en Novembre 1964. Ce premier article servit d’ébauche à l’ouvrage final.

The Paranoid Style in American Politics Harper’s Magazine

La préface à l’édition française de 2012 : un détournement

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Pour comprendre le détournement opéré depuis les années 1990, revenons sur la trentaine de pages qui composent la préface de l’édition française de 2012. Cette préface est signée Philippe Raynaud. Il y souligne que Barry Goldwater avait pris le contrôle du parti Républicain, et que l’élection de Reagan concrétise le style paranoïaque. Il souligne également que Reagan apporta un soutien sans faille à Goldwater pour la présidentielle de 1964. Jusque-là rien de très original, c’est le point de vue majoritaire. Mais très vite nous comprenons que Raynaud va tout faire pour minimiser l’importance du style paranoïaque dans la politique américaine conventionnelle.

La faute au Tea Party ?

Phillipe Raynaud nous explique succinctement que les Tea Party sont les principaux dépositaires du style paranoïaque. Avec les Tea Party, Raynaud a « trouvé son grand méchant loup » : il écrit « On peut retrouver les thèses de Goldwater dans les courants autour des mouvements Tea Party« .

Il est donc important de rappeler ici que le Tea Party est bel et bien une composante à part entière du Parti Républicain. Trois exemples significatifs : En 2012 sous l’impulsion de la mouvance du Tea Party, le gouverneur républicain anti-syndicats Scott Walker fut réélu dans le Wisconsin. Lors de la Présidentielle de 2008, le candidat républicain John McCain choisit l’égérie du mouvement des Tea Party Sarah Palin comme colistière pour le poste suprême. Enfin rappelons-nous que Rand Paul, autre figure du mouvement Tea Party, fils du candidat à la primaire Républicaine Ron Paul, a officiellement soutenu Mitt Romney pour l’élection présidentielle de 2012.

Le pseudo-conservatisme aurait disparu avec Goldwater ?

Philippe Raynaud présente les choses ainsi : « Dans la perspective de Hofstadter, la révolte pseudo-conservatrice était une pathologie de la démocratie que l’échec de Goldwater avait permis de surmonter« .

Pourtant Hofstadter est très clair et nous dit : « En 1954, à l’apogée de l’ère maccarthyste, j’écrivais qu’il fallait considérer la droite américaine non comme un mouvement néo-fasciste se préparant à la conquête du pouvoir, mais plutôt comme une minorité efficace et persévérante dont la principale nuisance serait de faire naître un climat où la poursuite rationnelle du bien-être et de la sécurité deviendrait impossible« . Donc pour Hofstadter le principal pouvoir de la droite conservatrice est un pouvoir d’influence. Il n’a pas besoin de remporter la Maison Blanche ni même d’obtenir l’investiture républicaine pour s’exercer.

Et n’oublions pas que Goldwater comptait parmi ses soutiens en 1964 un certain Richard Nixon, futur 37e président des États-Unis, mais aussi Gerald Ford, 38e président des États-Unis, Ronald Reagan, 40e président des États-Unis, et enfin et surtout Milton Friedman, l’économiste américain anti-New Deal qui a inspiré Ronald Reagan, Margaret Thatcher, et Augusto Pinochet.

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Richard Nixon – Ronald Reagan – Barry Goldwater

La question raciale aux USA sans objet ?

Philippe Raynaud

Philippe Raynaud

Sur la question raciale, Philippe Raynaud considère qu’aux États-Unis la lutte contre le racisme n’a plus de raison d’être. Pour preuve, George W. Bush a nommé des noirs à des postes importants : Condoleezza Rice et Colin Powell. Et depuis, Barack Obama a été élu Président en 2008.

Or la dernière étude du site d’investigation ProPublica nous révèle que les jeunes hommes noirs tués par la police sont 21 fois plus nombreux que les jeunes hommes blancs. Le taux de chômage chez les afro-américains est le double de celui des blancs : 13,4% contre 6,7% en 2013 selon l’institut Pew Research Center. C’est même une constante depuis les années 1960 : le taux de chômage des noirs est systématiquement au moins deux fois supérieur à celui des blancs, indique l’Economic Policy Institut.

 

Et bien que Philippe Raynaud nous rappelle que la réforme de l’assurance santé voulue par Obama fut adoptée par les parlementaires américains, les vrais chiffres sont là pour nous rappeler qu’il ne s’agit que d’une victoire en trompe l’oeil.

Par delà les effets d’annonce, sur la base de statistiques émanant de services sociaux, l’avocate Rebecca Vallas revient sur 10 points qui résument totalement la situation économique et sociale des USA : 1 – Plus d’un demi-million de personnes sont sans-abri. 2 – Un quart des sans-abri sont des enfants. 3 – Des dizaines de milliers d’anciens combattants sont sans-abri. 4 – La violence domestique est la cause principale pour laquelle les femmes se retrouvent à la rue.

5 – Beaucoup sont sans domicile parce qu’ils n’ont pas les moyens de payer un loyer. 6 – Il y a aujourd’hui moins de locations abordables pour les pauvres. 7 – Ces dernières années, des millions de personnes ont perdu leur maison. 8 – L’état ne fournit pas autant d’aides qu’on le pense. 9 – Un sans-abri sur cinq souffre de maladie mentale grave non traitée. 10 – Les villes criminalisent de plus en plus l’impossibilité de se loger.

Un impératif dans le système Hofstadter

​Lorsque Philipe Raynaud écrit : « Hofstadter n’a jamais prétendu que la droite avait le monopole du style paranoïaque« ​, il semble​ très affecté par le fait que la thèse de Hofstadter s’appuie essentiellement sur la croisade anti-communiste menée par Joseph McCarthy et Barry Goldwater. ​​Il confirme ​d’ailleurs cette impression ​quelques lignes plus loin où, ​semblant joindre frustration et mépris il ajoute : « Hofstadter montre qu’il a toujours été étranger au pathos de la gauche radicale. »

Alors pourquoi Hofstadter ne parle-t-il pas des groupes de gauche quand il aborde le style paranoïaque ? Tout simplement parce que dans la démonstration de Hofstadter, il y a une condition sine qua non à remplir pour appartenir au style paranoïaque, et donc aux adeptes des théories du complot. L’ennemi est considéré comme étant totalement mauvais, notamment sur le plan des mœurs. Il a pactisé avec des forces démoniaques dotées d’une puissance quasi-surnaturelle. Ce qui nous renvoie par exemple au jargon de George W. Bush et son « ‘Axe du Mal« 

Or historiquement les groupes de gauche se sont construits sur une autre théorie, communément appelée lutte des classes. Impulsé par Marx, le concept de lutte des classes fut l’élément commun à la totalité des mouvements contestataires de gauche. Rien de religieux, pas non plus de grands complots pour les penseurs de la lutte des classes, seulement une société organisée en classes concurrentes. Et quoi que l’on puisse penser de cette approche, le milliardaire américain Warren Buffett déclarait : « Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner ».

Bilderberg : attention pas touche

Sur le groupe Bilderberg, Raynaud écrit : « ce séminaire informel de dirigeants politiques et économiques qui, aujourd’hui encore, est l’une des cibles favorites de tous les courants conspirationnistes de droite et de gauche ( … )« .

Inflexibles les néo-libéraux et les néo-conservateurs concernant le Bilderberg : Vous n’avez pas fini de terminer la dernière syllabe que ces derniers vous traitent de « conspirationniste » ! A l’exception de quelques parutions, nous ne connaissons pas grand chose sur le Groupe Bilderberg. Toutefois en 2011 fut publié l’ouvrage « L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie » de l’ancien journaliste du Monde Hervé Kempf. D’après lui, « les lobbies décident des lois en coulisses, les libertés sont jour après jour entamées. Dans tous les pays occidentaux, la démocratie est attaquée par une caste« . Calomnié par quelques fantassins de la sphère néo-libérale / néo-conservatrice depuis la sortie de son livre, Hervé Kempf ne parle pourtant pas de complot, mais plus modestement d’un réseau antidémocratique au service de la classe sociale de Warren Buffett.

Et cinquante ans après, l’analyse de Kempf va dans le même sens que les travaux de Hofstadter, ce dernier voyant le problème ainsi : « On pourrait objecter qu’il a bel et bien existé des actes de conspiration au cours de l’histoire et que ce n’est pas paranoïaque que de prendre acte de leur présence. J’en conviens. Le trait distinctif du style paranoïaque ne tient pas du fait que ses représentants voient des conspirations ou des complots çà ou là au cours de l’histoire, mais au fait qu’à leurs yeux une vaste et gigantesque conspiration constitue la force motrice des événements ourdie par des forces démoniaques. »

Donc invariablement pour Hofstadter, le style paranoïaque relève du manichéisme mystique que nous retrouvons dans la vision apocalyptique des néoconservateurs qui ont depuis longtemps détourné son propos.

Raynaud chez Finkielkraut

On notera tout d’abord que directeur de conscience labellisé néoconservateur Alain Finkielkraut ne se prive pas d’inviter dans son émission Répliques, sur France Culture, son collègue idéologue Philippe Raynaud qui figure en effet parmi les invités les plus fréquents !

Encore sur France Culture dans l’émission « Le Rendez-vous des Politiques » du 23 décembre 2012 animée par Alain Finkielkraut, Philippe Raynaud (en pleine campagne de promotion) confirme son positionnement en minimisant autant que possible l’influence de l’ultra-droite américaine au sein du Parti Républicain. Titre du jour : « Paranoïa politique », avec comme autre invité Véronique Campion-Vincent, auteur de « La Société parano« .

Conforté dans ses positions anti-Chomsky et pro-USA par Véronique Campion-Vincent, Finkielkraut ira jusqu’à dire « les Etats-Unis sont les boucs émissaires« , et il s’offusque de la visite de Noam Chomsky à Paris. Campion-Vincent et Finkielkraut qualifient Chomsky d’écrivain conspirationniste qui a eu l’impertinence et l’audace d’écrire La Fabrication du Consentement : De la Propagande médiatique en Démocratie.

 

S’appuyant sur une manipulation sémantique, les néoconservateurs placardent les mots « paranoïaques », « complotistes » ou encore « conspirationnistes » sur tout ce qui remet en cause leur idéologie. Conspirationniste, Étienne de La Boétie quand il rédige le Discours de la servitude volontaire ? Conspirationniste, Honoré de Balzac lorsqu’il écrit « Derrière chaque grande fortune il y a un crime » ? Conspirationniste, Victor Hugo pour cette citation : « C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches » ?

Mais alors Alain Finkielkraut est paranoïaque lorsqu’il écrit : « Les noirs et les arabes ont la haine de la France » ? Ou « les Antillais vivent de l’assistance de la métropole » ? Ou encore « l’équipe de foot de France est ’black-black-black’, […] elle est devenue la risée de toute l’Europe » ?

Se référer à Alain Finkielkraut ou la nouvelle pureté nationale.

Daniel Pipes, le propagandiste ultra sioniste à l’origine du détournement

Daniel Pipes

Daniel Pipes fut l’un des premiers néo-cons sionistes à contrefaire les travaux de Richard Hofstadter, et cela dès le début des années 1990. Pour Pipes, les historiens « hofstadteriens » sont devenus obsolètes ; Pipes qui précise : « Jusqu’à présent, la paranoïa dans la société américaine était à droite, mais aujourd’hui elle s’est écartée de sa maison traditionnelle pour migrer vers la gauche. »

Si dans un souci de cohérence, Hofstadter s’applique à partir d’un point A pour aller vers un point B, avec Pipes nous entrons dans une nouvelle ère, celle des intellectuels néo-cons beaucoup plus enclins à la propagande qu’à la rigueur scientifique. Ainsi sans vergogne Pipes distille des rapports douteux par l’intermédiaire du « Middle East Forum », son média personnel. Par exemple : « L’enfance musulmane de Barack Obama« . Pas la moindre ligne directrice dans les billets de Pipes, seulement un martelage islamophobe en boucle. Il évoque ad nauseam les délires arabes, ou encore « le conspirationnisme et l’antisémitisme des palestiniens« .

Daniel Pipes, figure emblématique du néoconservatisme, entouré par Michel Zerbib, directeur de l’information à Radio J, et Christian Malard, chroniqueur politique sur la chaîne israélienne i24news, le 23 mars 2015 lors d’une remise de « Prix de la Liberté » décerné par l’Institut Gatestone à Jeannette Bougrab.

Il faut dire que pour Pipes, soit les arabes se soumettent, soit l’occident doit les écraser. Ce belliciste acharné considère par exemple que l’état d’Israël « manque de fermeté vis-à-vis des Palestiniens« . A propos des professeurs, Chomsky en tête, qui s’opposent à la guerre que Bush mena en Irak, Pipes intitule l’une de ses chroniques « Profs qui haïssent l’Amérique« . La consécration, Pipes l’obtient à la suite des événements du 11-Septembre. Dès lors il est l’homme que les médias s’arrachent, il interviendra dans 110 émissions de télévision et 450 émissions de radio. Il est une source d’inspiration principale pour les néoconservateurs et autres extrémistes français comme Taguieff et son disciple Rudy Reichstadt pour qui Pipes est « auteur d’un ouvrage remarquable sur le phénomène conspirationniste« .

Plusieurs des pseudos études de Pipes sont disponibles en français (Conspiracy theories). Toutes les théories et analyses de Pipes ont pour tronc commun d’inciter systématiquement le lecteur à s’en tenir aux discours officiels, surtout quand le récit est favorable à la gloire des Etats-Unis et d’Israël, cela va de soi.

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Daniel Pipes a financé l’extrémiste Geert Wilder

Le Middle East Forum que préside Daniel Pipes a financé la défense de Geert Wilder, leader de l’extrême droite néerlandaise, poursuivi pour incitation à la haine raciale. Geert Wilder comparait le Coran à Mein Kampf, et appelait les musulmans à se conformer à la « culture dominante » ou à s’en aller. Il sera relaxé en 2011.

En 2002, le Middle East Forum lance Campus Watch, un programme de délations dans lequel est établie une liste noire de professeurs aux déclarations jugées « anti-israéliennes ». Les méthodes de type « chasse aux sorcières » employées par Campus Watch seront largement condamnées par la presse. Pour l’hebdomadaire américain The Nation, Kristine McNeil décrit Pipes comme un propagandiste « anti-arabe » qui a construit sa carrière sur une distorsion de la réalité. On constate cette déviance avec le détournement de l’analyse de Hofstadter pour servir l’idéologie néo-conservatrice.

Nous le verrons dans la seconde partie, les néoconservateurs français en fidèles vassaux de leurs maitres États-uniens pratiquent les mêmes falsifications idéologiques.>

Pierre-André Taguieff : le néo-con français en chef

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Pierre-André Taguieff, rédacteur du site dreuz.info pendant de longues années.

A l’instar de Daniel Pipes, Pierre-André Taguieff est souvent présenté comme « expert » en théories du complot. C’est surtout un spécialiste de la pensée par les amalgames. Dans son discours, toute critique à l’égard de la politique des États-Unis et d’Israël équivaut à de l’antisémitisme. En 2004, il signe « Prêcheurs de haine : Traversée de la judéophobie planétaire« . Cet ouvrage fait suite à « La Nouvelle Judéophobie » sorti deux ans auparavant. Selon Taguieff, « il y a bel et bien une judéophobie planétaire dont le front d’attaque s’étend de Cuba, en passant par la Syrie, l’Irak et l’Iran, jusqu’à l’ex Union Soviétique. Ce phénomène nourrit l’idéologie d’une multitude de groupes, de personnages politiques et médiatiques« . Un conglomérat plutôt hétéroclite si l’on suit Taguieff dans sa logique. Pour lui, les jeunesses communistes, la LCR, l’UOIF, le Hamas, l’Union du Peuple Russe, l’Union générale des Étudiants de Palestine en France et les Frères musulmans sont tous sous l’influence des « Protocoles des Sages de Sion ». A ceux-là s’ajoutent Tariq Ramadan, Jean-Marie Le Pen, Carlos, Ben Laden, José Bové, Roger Garaudy, Olivier Besancenot, Daniel Mermet… Quant à ses formulations, elles sont aussi diverses et variées que l’ « islamo-gauchisme« , la « propagande nazie, soviétique et palestinienne« , l’ « anti-américanisme et les dérives du néo-gauchisme« , la « vague altermondialiste« … Bref, l’équation que nous impose Taguieff est simple à comprendre : anti-impérialisme est égal à anti-américanisme, qui lui même est égal à antisémitisme ; donc celui qui s’oppose à l’impérialisme est un adepte du complot juif. Au final, le maccarthysme de Pierre-André Taguieff n’a rien à envier à celui de Daniel Pipes.

Si vous voulez vous rendre compte par vous même en évitant la pénitence que représente la lecture des 962 pages de son brûlot, vous pouvez consulter ici l’esquisse qui fut publiée par le CRIF en 2003, 35 pages qui n’avaient pour seul objectif que de légitimer les croisades meurtrières de Bush et de Sharon.

Hofstadter à la sauce néo-con

Dans la foulée, Pierre-André Taguieff publie en 2005 « La foire aux Illuminés. Ésotérisme, théorie du complot, extrémisme« . Par delà les 612 pages de notes sur la Franc-maçonnerie, ou bien encore les Illuminati… (ces thèmes folkloriques furent très bien synthétisés par Richard Hofstadter), Taguieff passe également en revue quelques sous-produits de la culture américaine, en particulier Dan Brown et la série télévisée X-Files. Ces types de productions favorisent d’après lui le fantasme du « complot mondial » et plus précisément d’un complot judéo-maçonnique en mettant en scène les sociétés secrètes et l’ésotérisme.

Que valent les dites « vérités » de Pierre-André Taguieff quand elles sont confrontées au réel ?

Pour se faire une idée, apprécions quatre affirmations récurrentes dans le système Taguieff.

Première assertion : Les gouvernements des « grandes démocraties » occidentales luttent contre l’extrême droite et l’antisémitisme.

● Pourtant régulièrement la presse évoque la fuite de certains criminels nazis via les filières d’exfiltrations soutenues par les Etats-Unis. Par exemple Klaus Barbie, le chef du service de renseignement de la SS à Lyon. Autre exemple : dirigée par Paul Schäfer, un ex Waffen-SS, la Colonie Dignidad servit de lieu d’interrogatoire à la police politique du dictateur chilien Augusto Pinochet.

● Plus proche de nous, fin 2013 en Ukraine, dès le début des événements à Kiev, le quotidien israélien Haaretz rapportait que Pravy Sektor et Svoboda distribuaient des traductions de Mein Kampf et des Protocoles des Sages de Sion sur la place Maïdan. Ces deux « partis » sont toujours des acteurs majeurs d’un gouvernement mis en place grâce au soutien des « grandes démocraties ». Quant au bataillon Azov au service de Kiev, il est la fidèle reconstitution de la tristement célèbre division SS « Galitchina ».

Deuxième assertion : Les gouvernements occidentaux luttent contre l’islamisme.

● Dans une interview accordée à « Valeurs actuelles » en janvier 1995, l’ancien secrétaire d’Etat américain James Baker s’attache à faire le tri entre les « bons » et les « mauvais » intégristes. Parmi les mauvais, James Baker classe l’Iran. Parmi les bons, il cite l’Arabie saoudite. « Il n’y a pas de pays musulman plus intégriste que l’Arabie saoudite, et pourtant, c’est à la fois un ami et un pays important pour les Etats-Unis », disait-il. En 1998, c’est au tour de Zbigniew Brzeziński d’être interviewé par Le Nouvel Observateur. Le géostratège qui a conseillé les présidents Jimmy Carter, George W. Bush et qui conseille toujours Barack Obama, y explique « Pourquoi et comment il a financé Ben Laden en Afghanistan« .

Troisième assertion : Tous les complotistes croient au complot judéo-maçonnique.

● Le conspirationniste et terroriste Anders Behring Breivik, auteur des attentats en Norvège, est décrit par le Jerusalem Post comme militant d’extrême droite sioniste fermement opposé à l’Islam. « Nous luttons ensemble avec Israël, avec nos frères sionistes contre tous les anti-sionistes, contre toutes les formes de marxisme culturel« , déclarait Breivik, ce qui décidément ne correspond en rien à l’archétype du conspirationniste selon les critères de Taguieff. Le manifeste de Breivik est résolument orienté vers l’idée d’un complot « islamo-gauchiste ».

Quatrième assertion : « Pour un conspirationniste » écrit Taguieff, « il n’y a pas de hasard » ou « tout est lié, mais de façon occulte« .

● Traduisons : le conspirationniste ne croit pas au hasard, donc pour lui, l’histoire est totalement planifiée de manière occulte. En fait, en partant de ce présupposé emprunté à Hofstadter « pas de hasard pour les conspirationnistes », Taguieff ne fait que fustiger les positions de son propre « camp ». Voici deux types de croyances radicales qui postulent une absence de hasard :

  1. Pas de hasard pour David Ben Gourion, fondateur de l’État d’Israël, qui déclarait « Si j’étais un leader Arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël. C’est normal ; nous avons pris leur terre. Il est vrai que Dieu nous l’a promise, mais comment cela pourrait-il les concerner ? Notre dieu n’est pas le leur ».
  2. Cette doctrine mystique est totalement corroborée par celle du puissant lobby chrétien sioniste pour lequel « l’Etat d’Israël
    est la condition préalable à la seconde venue de Jésus. Les juifs seront encouragés à devenir chrétiens, ce qui garantira le triomphe de Dieu sur les forces du mal à l’issue de l’apocalypse
    « .

● Avec la théorie d’ « Eurabia » dont nous reparlerons plus bas, les amis de Taguieff entérinent l’autre partie de la formule que Taguieff a soutirée à Hofstadter « l’histoire est planifiée de manière occulte ».

La réfutabilité poppérienne comme caution scientifique ?

Pour les néo-cons, en particulier Taguieff, la caution scientifique est apportée par Karl Popper, qui fut l’un des fondateurs de l’ultra libérale Société du Mont-Pélerin, qui regroupe des économistes anti lutte des classes comme Friedman et Von Hayek, à l’origine de l’école de Chicago.

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Taguieff y fait constamment référence, ainsi « L’imaginaire du complot mondial » commence par une longue citation de Popper où l’on comprend qu’il est une source d’inspiration sinon de plagiat conceptuel : « On ne croit plus aux machinations des divinités homériques, auxquelles on imputait les péripéties de la Guerre de Troie. Mais ce sont les Sages de Sion, les monopoles, les capitalistes ou les impérialistes qui ont pris la place des dieux de l’Olympe homérique. » Karl R. Popper, 1948

Développant une critique de l’historicisme de Hegel et Marx, Popper publie en 1945 « La Société ouverte et ses ennemis, tome 2 : Hegel et Marx« . Popper nous dit « il est rare que ces complots réussissent à atteindre le but recherché, car la vie sociale n’est pas une simple épreuve de force entre groupes opposés« . Mais sur ce point précis, Popper n’est-il pas trop affirmatif ? Que nous apprend l’Histoire ? Que vaut l’hypothèse de Popper quand on la soumet à l’épreuve de la réfutation ? Détaillons les deux exemples significatifs :

1/ L’« Opération Condor », également connue sous le nom « Plan Condor », était une campagne de répression et d’assassinats d’opposants impliquant les services de Renseignement des dictatures militaires en Amérique latine. Le gouvernement des États-Unis a fourni un soutien technique et une aide militaire aux participants au moins jusqu’en 1978. En raison de sa nature clandestine, le nombre exact de décès directement imputable à l’Opération Condor est fortement contesté. Selon certaines estimations, au moins 60 000 décès peuvent lui être attribués.

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2/ Le réseau « Gladio » : En Octobre 1990, Giulio Andreotti, Président du Conseil italien, reconnaît publiquement l’existence du réseau « Gladio » ; il parle d’une « structure d’information et d’intervention », avec des caches d’armes et des officiers de réserve. Un documentaire diffusé sur ARTE se concentre sur les opérations du réseau Gladio dans l’Italie et l’Allemagne des années 1960 à 1980. Les attentats de la piazza Fontana à Milan en 1969, celui de la gare de Bologne en août 1980, puis celui de la Fête de la Bière à Munich quelques semaines plus tard, furent attribués à des anarchistes ou à l’extrême gauche. On saura plus tard qu’ils étaient l’œuvre de l’extrême droite.

 

Pierre-André Taguieff et « Le Meilleur des Mondes »

« Le Meilleur des Mondes« , édité par la maison d’édition Denoël, était l’outil de propagande du Cercle de l’Oratoire, la principale structure de rayonnement du mouvement néo-conservateur en France sous l’ère Bush.

Cliquez pour en voir plus !

Parmi les contributeurs de la revue, nous retrouvons Pierre-André Taguieff, mais également Antoine Vitkine, réalisateur de documentaires pour la télévision française, en particulier pour la société de production Doc en Stock fondée par Daniel Leconte qui fut parmi ceux qui, avec Philippe Karsenti, ont attaqué le journaliste Charles Enderlin de France 2 dans l’Affaire Mohammed al-Durah. Enderlin sera accusé d’avoir bidonné les images de la mort d’un enfant palestinien (Mohammed al-Durah). Pourtant, en 2013, Charles Enderlin gagnera un nouveau procès.

Pierre-André Taguieff écrivait en 2008 « Al-Dura : stéréotypes antijuifs, défaillance journalistique, imposture médiatique« . Cela se passe de commentaire.

En 2004, Antoine Vitkine associé à Barbara Necek et produit par Daniel Leconte, s’illustre dans « Le Grand Complot« . Ce reportage sur fond de 11-Septembre se veut pédagogique. Le duo Vitkine-Necek cible dans la pure tradition néo-con les monstres utiles : « l’extrême droite, l’extrême gauche et les islamistes« .

Au final, tous sont désignés comme responsables de la propagation d’idées « qui vont du complot juif à la mainmise des Francs-Maçons, en passant par le Protocole des sages de Sion« . En somme, du « déjà vu » avec Pipes et Taguieff.


Barbara Necek et Antoine Vitkine : duo de documentaristes néocons. Cliquez pour un décryptage de leur propagande.

En 2008, Antoine Vitkine s’attaque à l’histoire de Mein Kampf dans son documentaire « Mein Kampf, c’était écrit« . L’esprit orienté globalement dans la même direction que les canons de Bush et Sharon (le monde musulman), Vitkine conclut son reportage ainsi : « Il y a une partie du monde où Mein Kampf vit une nouvelle jeunesse. Loin de la veille Europe aujourd’hui démocratique, le poison agit encore dans des pays comme l’Egypte, le Liban, la Syrie, la Palestine et la Turquie. » La veille Europe démocratique dont parle Vitkine soutient le gouvernement ukrainien qui emploie des groupes paramilitaires ouvertement néo-nazis comme nous l’avons vu plus haut. A ce jour, ni Vitkine ni Taguieff ni aucun autre membre du Cercle de l’Oratoire ne s’est indigné de cette situation.

Pierre-André Taguieff et drzz.info / dreuz.info qui publie les diatribes de Daniel Pipes


Selon Dreuz.info Obama conspirerait contre l’occident pour imposer l’islam radical...

« La rédaction de drzz.info a l’immense fierté de vous annoncer que Pierre-André Taguieff, directeur de recherche au CNRS et professeur à l’Institut d’Etudes Politiques (Sciences Po) a accepté de publier ses écrits sur drzz.info. » Depuis, drzz.info est devenu dreuz.info. Ce média est défini par sa direction comme « site américain francophone, chrétien, pro-israélien et néo-conservateur, adverse aux extrêmes et au racisme« , alors que les auteurs de dreuz.info se revendiquent islamophobes. Pierre-André Taguieff restera chez dreuz.info jusqu’en 2013 avant de s’éclipser au moment de la sortie de son « Dictionnaire historique et critique du racisme ».

A lire ! Pierre-André Taguieff, le Néo-Con Lajoie

Mais dreuz.info est surtout et avant tout une tribune permanente pour la théorie d’Eurabia, un néologisme forgé en 2006 par l’essayiste et contributrice de dreuz.info, Bat Ye’Or. Le concept Eurabia est souvent repris par des mouvements d’extrême droite parlant d’une Europe absorbée par le monde arabe. Faisant référence à la théorie du complot juif des Protocoles des Sages de Sion, le journaliste et écrivain Johann Hari qualifie les deux d’« étonnamment similaires ». Dans le Dagens Nyheter, journal suédois, les journalistes Andreas Malm et Eva Ekselius réagissaient à la thèse de Bat Ye’Or par ces mots « les musulmans sont à leur tour victimes d’une propagande antisémite, il y a une comparaison directe avec l’Europe d’avant-guerre« . A ce propos la présentation du livre « Eurabia : L’axe euro-arabe » par l’éditeur est édifiante. Nous retrouvons en quelques lignes au moins huit postulats qui font d’Eurabia une véritable théorie du complot selon les critères définis par Hofstadter : 1/ La conspiration dure depuis plusieurs décennies – 2/ Allégeance à une puissance étrangère (le monde arabe) – 3/ L’Europe sacrifie ses valeurs – 4/ Les arabes imposent leur langue, l’islam et des émigrés – 5/ L’alliance euro-arabe est une politique commune hostile à Israël et aux Etats-Unis – 6/ Il y a complicité des instances dirigeantes européennes – 7/ Complicité des médias – 8/ L’idéologie de l’axe euro-arabe imprègne les institutions scolaires, universitaires, et même parfois les Églises, dans cette entreprise de dénaturation de l’identité européenne.

Le texte dans son intégralité : « Depuis plus de trois décennies, l’Europe planifie avec les pays de la Ligue arabe la fusion des deux rives de la Méditerranée. Par le « Dialogue euro-arabe », elle a développé une structure d’alliances, et souvent d’allégeances, avec le monde arabe. Elle sacrifie son indépendance politique tout comme ses valeurs culturelles et spirituelles en échange de garanties (quelque peu illusoires) contre le terrorisme et d’avantages économiques que lui dispensent les pays arabes. Si ces derniers fournissent à l’Europe des hydrocarbures, s’ils lui offrent des marchés, ce n’est pas sans lui imposer des contreparties : ils exigent d’elle une ouverture sans cesse accrue à leur culture, à leur langue, à leur religion – l’islam -, à leurs émigrants, qu’ils veulent toujours plus nombreux. Ils arrachent aux pays d’accueil des conditions visant à maintenir ces émigrants dans leur culture d’origine au lieu de faciliter leur intégration. Enfin l’alliance euro-arabe se base sur une politique commune hostile à Israël et aux Etats-Unis. C’est une stratégie de subornation de l’Europe qui est ainsi mise en œuvre par les pays arabes, avec l’active complicité des instances dirigeantes européennes : la Commission européenne pilote un puissant dispositif financier servant cette politique ; elle a déployé une immense toile médiatique fabriquant le « politiquement correct eurabien » ; elle a enrégimenté les institutions scolaires et universitaires, et parfois même les Eglises, dans cette entreprise de dénaturation de l’identité européenne ». (Rappel de la quatrième assertion : « Pour un conspirationniste » écrit Taguieff, « il n’y a pas de hasard » ou « tout est lié, mais de façon occulte« .)

Taguieff révélé par Guy Millière rédacteur de dreuz.info


Guy Millière, membre du comité de rédaction de Dreuz.info et proche collaborateur de Daniel Pipes

Un des éléments les plus révélateurs de la pensée profonde de Taguieff apparait dans sa vive altercation épistolaire avec un des autres rédacteurs de dreuz.info nommé Guy Millière. Ce dernier qualifié de raciste par Taguieff s’emporte et dévoile les coulisses de cet « expert en théories du complot »

« Prétendre vous situer au dessus des « extrémistes » en plaçant d’un côté Dreuz, web magazine auquel vous avez longtemps collaboré, et de l’autre oumma.com, n’est pas très honorable. »

« Je constate que vous condamnez l’« antisionisme radical ». Il fut un temps où vous condamniez l’« antisionisme » tout court. Vous me parlerez peut-être de nuances subtiles et userez de circonlocutions alambiquées : ne pensez pas me tromper avec de tels subterfuges. Pas moi ».

« Taguieff compte-t-il vraiment garder des liens avec les milieux qui luttent contre l’antisémitisme et qui défendent Israël sans concessions tout en nouant des liens avec des gens dont les positions sont très différentes, voire très très différentes ? Entend-il plutôt rompre avec ceux qui lui ont, à tort, fait confiance pendant des années, pour nouer des liens avec des gens à qui il dirait maintenant qu’il a changé ? Ceux qui s’y fieraient seraient, en ce cas, fort peu regardants. Les éventuels nouveaux amis de Taguieff savent-ils ce que celui-ci a écrit sur Stéphane Hessel ? »

« Un soir au fond du Sahel, un serpent piqua le vieil Hessel, que croyez-vous qu’il arriva, ce fut le serpent qui creva ». Pierre André Taguieff.

« A l’époque, j’avais moi-même trouvé que Taguieff allait trop loin, et je n’ai pourtant jamais eu aucune sympathie pour Stéphane Hessel. Que pensent les éventuels nouveaux amis de Taguieff en lisant cette phrase : « Quand un serpent venimeux est doté de bonne conscience, comme le nommé Hessel, il est compréhensible qu’on ait envie de lui écraser la tête  » ? »

« Les éventuels nouveaux amis de Taguieff savent-ils que le même Taguieff proclamait voici peu encore lutter sans merci contre des « décennies de propagande palestinienne et pro-palestinienne », dénonçait « l’antisionisme » comme un antisémitisme, et faisait cela avec l’ardeur fébrile du nouveau converti ? »
« Un homme qui passe d’une position à une position quasiment inverse en quelques mois, voire beaucoup moins, n’est, en tout cas, pas un homme fiable. »

Rappelons que Guy Millière est de ceux qui peuvent benoitement déclarer en 2010 : « On a trouvé des armes de destruction massive en Irak« , pour justifier son soutien à la destruction des structures de l’état irakien alors que le gouvernement Bush à lui même avoué l’inexistence de ces ADM. Guy Millière avec Daniel Pipes et Pierre-André Taguieff partagent leur obsession pour l’Islam et la judéophobie au point d’être persuadés que le chef du gouvernement des Etats-Unis est, en fait, un agent de l’islam qui complote en vue de l’affaiblissement d’Israël et l’avènement de la suprématie musulmane ! Et selon eux le salut viendrait de l’Arabie Saoudite et du Qatar dont ils semblent oublier leur islam extrémiste : « Seuls résistent à Obama l’Arabie Saoudite, les émirats autres que le Qatar, l’Égypte, financée par l’Arabie Saoudite ».

Ainsi Taguieff tente de dissimuler son extrémisme avéré pour faciliter la promotion de ses ouvrages, mais reste un néoconservateur violent et intolérant qui n’hésite pas à se réjouir de la mort de Stéphane Hessel pour la seule raison que ce dernier défendait ardemment les droits du peuple palestinien. Il a très longtemps été rédacteur d’un journal proche de l’extrême droite et voit en Obama un islamiste qui complote contre l’occident (sic) et considère tous les altermondialistes ou anti-OGM comme des illuminés paranoïaques. Autant d’éléments qui montrent l’envers du décor d’un Taguieff brandissant à tout va son titre de chercheur du CNRS, en oubliant de signaler ses proximités idéologiques pour le moins nauséabondes avec l’extrême droite internationale.

George W. Bush : l’avènement du « style paranoïaque »

GW Bush et Michael Gerson

Selon Richard Hofstadter, Barry Goldwater est devenu le porte-drapeau de l’ultra-conservatisme en réunissant les éléments les plus extrêmes du protestantisme et du catholicisme. Avec dreuz.info et le néo-conservatisme, le sionisme vient s’ajouter, créant ainsi un nouveau cénacle qui sous-entend que « l’heure est grave, Armageddon n’est plus très loin« . « Soit vous êtes avec nous, soit vous êtes avec les terroristes  » disait Bush. Dans cette nouvelle typologie, l’Islam remplace les forces occultes. Dès lors, chaque musulman est considéré suspect, pouvant appartenir à une cinquième colonne. « Deux millions de musulmans en France, ce sont deux millions d’intégristes potentiels. » (Pierre-André Taguieff, France Inter, 1997). À 21 heures, le 20 septembre 2001, le président George W. Bush devant le Congrès prononça un discours dans lequel le religieux s’entremêlait avec le patriotisme. En réaffirmant que Dieu est du côté américain, Bush promettait une vengeance « du bien contre le mal ». Ce sermon américain post-9/11 fut rédigé par Michael Gerson, une figure de proue de l’intelligentsia évangélique.

Cette religiosité guerrière, Bush la combinera à la doctrine ultra libérale du laissez-faire économique anti-New Deal, anti-État-providence que prônait Milton Friedman, l’économiste qui conseillait Barry Goldwater en 1964 et qui plus tard inspirera les politiques économiques et sociales de Pinochet, Reagan et Thatcher, qui sont autant de références pour les néo-cons français.

« Nostalgie de Margaret Thatcher » Dreuz.info

« Crise financière : le vrai coupable, c’est l’Etat » Dreuz.info

« Ronald Reagan, l’enfance d’un chef« , réalisateur Antoine Vitkine pour Doc en Stock

Conclusion

A la lumière de Richard Hofstadter, il apparait que la rhétorique inspirée par Taguieff est invariablement composée de trois constantes : 1- le principe de non contradiction est totalement bafoué dans la narration (les assertions dans le système Taguieff). 2- l’indignation est sélective (les dictatures alliées à l’Occident échappent toujours à la critique). 3- certains faits sont volontairement ignorés (opération Condor, réseaux Gladio). De surcroît le maître d’œuvre Pierre-André Taguieff possède toutes les caractéristiques du porte-parole paranoïaque défini par Hofstadter. Malgré cela, force est de constater que Taguieff a fait des émules. Si « c’est au pied du mur qu’on reconnaît le maçon », le néo-con français lui se révèle à l’outil qu’il utilise, en l’occurrence la matrice créée par Taguieff qui n’est ni plus ni moins qu’une contrefaçon droitière et malhonnête de l’oeuvre de Richard Hofstadter, que Taguieff a fusionnée au prêche islamophobe et belliqueux de Daniel Pipes. Ce grossier cocktail est devenu en peu de temps un référentiel pour les agents de diffusion de la propagande impérialiste et néo-libérale faisant le lit d’un racisme et d’un extrémisme toujours plus radical.

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