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Lettre ouverte aux politiques, universitaires et chercheurs toulousains participant au séminaire "des nanotechnologies-biotechnologies-infotechnologies à la vie"

Toulouse : Faut-il un microscope pour voir Gaza ?

Nous apprenons avec consternation que M. Pierre Cohen, Député Maire de Toulouse, M. Martin Malvy, Président du Conseil Régional Midi-Pyrénées et nombres de nos collègues chercheurs et universitaires, sont pressentis pour participer les 19 et 20 janvier 2009, au séminaire « NBI to Life » organisé sous l’égide de la chambre de commerce France Israël de Toulouse qui représente des intérêts économiques israéliens en France.

L’organisation de cette manifestation indique qu’elle vise au renforcement des relations entre la Région Midi-Pyrénées et l’Etat d’Israël. Le but est clairement politique et s’inscrit dans les efforts conduits par le gouvernement israélien et plusieurs gouvernements européens - dont le gouvernement français - pour le « rehaussement » des relations entre l’Union Européenne et Israël. Il s’agit là de l’intégration au moins partielle d’Israël à l’Europe, mais contrairement au cas de la Turquie, elle serait non assujettie aux obligations démocratiques qui sont sensées fonder l’Union Européenne. Pourquoi cela alors que l’État d’Israël ignore depuis des décennies les résolutions de l’ONU, viole incessamment les conventions relatives au Droit international, dont les décisions récentes de la Cour Internationale de Justice de La Haye, jugeant illégale la construction du mur israélien dans les territoires palestiniens.

Le terme Hébreu hafrada (séparation) est utilisé par les Israéliens pour qualifier ce mur qu’ils ont construit pour isoler les territoires palestiniens de ceux où ils vivent. En Afrique du Sud, le mot Boer pour séparation est apartheid, régime raciste qui séparait les bantoustans noirs des quartiers blancs. La similitude n’est pas que sémantique. Deux récents rapports de l’ONU (mars 2007 et novembre 2008) qualifient d’apartheid la politique israélienne envers la population palestinienne. Ces rapports sont basés sur l’observation « qu’Israël viole continuellement les principes démocratiques sur son propre territoire à l’égard des milliers de Palestiniens, citoyens israéliens, victimes de discriminations en termes d’emploi, de logement, de droit de propriété, de liberté de circulation, de droit à la citoyenneté et droits politiques ». Parmi ces droits politiques, l’accès au savoir et à la culture, c’est-à -dire le droit à l’éducation, concerne directement les universitaires et les chercheurs.

Il n’est pas besoin de lire ces rapports pour comprendre la désorganisation permanente de la vie scolaire et universitaire des Palestiniens ; points de contrôle et permis de se déplacer, fermetures et destruction des lieux d’enseignement, arrestations et détentions des étudiants et professeurs qui osent protester. Tout le système d’éducation du peuple palestinien est menacé par ces agressions et ces violences. Ceux qui réussissent à devenir étudiants ou professeurs sont souvent contraints d’émigrer, renforçant ainsi l’affaiblissement de la culture et de la société palestinienne.

La plupart des universitaires et chercheurs israéliens se conforment à cette situation et s’associent donc à ces violences et agressions. Dans le meilleur des cas, ils en sont les témoins passifs. En cela les membres des institutions universitaires israéliennes ont démontré leur manque de solidarité envers leurs collègues et concitoyens palestiniens.

Aux élus socialistes du peuple Français qui s’apprêtent à parrainer et cautionner une telle manifestation, nous rappellerons les déclarations de leur Première secrétaire et du groupe socialiste européen sur Gaza.

Communiqué de Martine Aubry, 28 décembre 2008.

En « appelant à ne pas participer au "rehaussement des relations scientifiques" entre la France et Israël, nous voulons [les socialistes] peser sur l’opinion publique française et sur l’Union Européenne pour renoncer au rapprochement en cours entre l’Europe et Israël, qui apporte une nouvelle caution à la politique d’apartheid de cet état. »

Déclaration du groupe socialiste européen, 9 janvier 2009.

6. Insiste à nouveau sur la fait [sic] que tout rehaussement des relations politiques entre l’Union Européenne et Israël doit être strictement conditionné par le respect du droit humanitaire international, […]. Aussi longtemps que la situation demeure aussi critique, le Groupe Socialiste maintiendra sa position négative concernant le vote par le Parlement Européen de l’avis conforme sur une participation accrue d’Israël aux programmes CE.

9. Invite activement ses Membres à promouvoir une campagne politique adressée à l’opinion publique européenne, en coopération avec les partis socialistes européens et les autres mouvements progressistes et ONG, basée sur un vigoureux appel pour la paix au Moyen Orient.

C’est en prenant clairement position contre ce type de manifestation, soutien implicite aux Gouvernements "voyou" que l’opinion internationale - incluant chercheurs, universitaires et hommes politiques - a soutenu les opposants à l’apartheid dans leur pays et dans le monde, et favorisé l’abolition du régime ségrégationniste et raciste qui prévalait en Afrique du Sud depuis plus de quarante ans.

Nous attendons de nos élus qu’ils représentent dignement la France, signataire de multiples conventions et lois internationales sur les droits de l’Homme et les Crimes de guerre. Nous demandons aux chercheurs et universitaires qu’ils mettent temporairement leurs intérêts professionnels à l’écart et réfléchissent à la façon dont ils pourraient exprimer par des faits tangibles leur solidarité envers leurs collègues palestiniens.

Collectif de chercheurs et universitaire toulousain

P.S. La démarche que nous reprenons ici a été initiée à Toulouse par le collectif JAFFATOULOUSE, l’Association France Palestine Solidarité et l’Union Juive Française pour la Paix, dans un tract diffusé dans la ville pendant les manifestations contre les attaques israéliennes sur Gaza.

Ces associations appellent tous les Toulousains à se joindre à nous pour un sit-in pacifique de protestation, au commencement du séminaire.

lundi 19 janvier à 8h 30, devant le siège de la CCI de Toulouse 2 rue d’Alsace-Lorraine (Métros Esquirol ou Carmes).

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