Il y a un scandale et une crise dans le journalisme britannique. Depuis environ trois semaines, une audience d’extradition cruciale a lieu au Tribunal pénal central de Londres. Vous n’en saurez rien si vous vous fiez pour vos informations des journaux établis, à la BBC ou à ITV ou à Channel 4. Ils ont les ressources nécessaires pour la rapporter, mais ils ne le font pas.
Vous ne le sauriez toujours pas si vous suivez une des nombreuses agences d’information, qui n’ont pas les ressources nécessaires pour couvrir un procès important.
L’affaire tourne autour de Julian Assange, de Wikileaks ; et du gouvernement des États-Unis d’Amérique, qui souhaite extrader ce journaliste pionnier et révélateur de la vérité et le mettre dans une horrible prison jusqu’à sa mort.
Apparemment, une dizaine de journalistes se rendent régulièrement au tribunal et prennent des notes, mais à notre connaissance, un seul d’entre eux publie des comptes rendus sérieux sur ces procédures ridicules et honteuses. La grande majorité du public ne sait même pas que les procédures ont lieu, sans parler de la distorsion de la justice qui se produit à la vue de tous.
Il s’agit d’une affaire de liberté d’expression, de révélation de secrets ignobles et de la capacité des journalistes à travailler dans la société. Pourtant, les journalistes eux-mêmes lui tournent le dos. On dirait presque qu’ils espèrent qu’Assange sera enlevé, qu’il sera retiré de la vue du public et qu’on leur laissera labourer leur sillon sans être troublés par une aberration qui nous a montré que certaines choses ne sont pas ce qu’elles paraissent être.
Les journalistes devraient couvrir les procédures au jour le jour, en exposant le niveau de connivance entre les politiciens, les avocats et les journalistes américains et britanniques.
Le seul journaliste qui fait ce travail est Craig Murray, ancien ambassadeur du Royaume-Uni en Ouzbékistan, dont le blog a probablement un lectorat réduit et qui est lui-même menacé de prison en raison de sa dénonciation effrontée de la corruption et des mensonges des milieux politiques. Pour des journalistes et des syndicalistes de longue date comme nous, les reportages de Murray sur les tribunaux sont étonnants par leurs détails et leur analyse. Toute personne qui se soucie de la vérité et de la justice devrait lire chaque mot.
Le "procès" d’Assange est comparable à celui de Dreyfus, notre presse "libre" trahissant à la fois le mot lui-même et et son lectorat. Plus les gens pourront lire ce qui se passe, plus la pression sur notre gouvernement sera forte. Notre appareil judiciaire est corrompu et notre système judiciaire empoisonné sur ordre de Trump et, par conséquent, nous glissons vers le fascisme. Veuillez faire tout ce que vous pouvez pour donner "de la visibilité" à cette grotesque persécution d’Assange.
Nous sommes tous deux à la retraite. Jacob a été journaliste et dirigeant syndical au Times pré-Murdoch pendant 20 ans, puis secrétaire général adjoint de l’Union nationale des journalistes de 1980 à 1997. Bernie a été journaliste senior au Birmingham Post, Guardian et Independent, puis rédacteur en chef du journal "Journalist" de la NUJ, puis organisateur, négociateur et chargé de dossiers pour la NUJ, puis secrétaire général de la Writers’ Guild of Great Britain de 2000 à 2016.
Nous sommes peut-être vieux mais nous sentons encore l’injustice et nous sommes incrédules que la génération actuelle de journalistes ignore cette parodie critique.
Aidez-nous, s’il vous plaît.
Avec nos meilleurs vœux
Jacob Ecclestone
Bernie Corbett
Traduction "toute ressemblance avec une presse locale n’est pas fortuite" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles