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Une seule chose unit les Égyptiens : l’antiaméricanisme

Cet article de Bassem Sabry, commentateur égyptien, pour le site Al-Monitor, ce 5 août 2013, décrit le seul sentiment commun à toutes les factions de ce pays déchiré et au bord de la guerre civile : l’antiaméricanisme ... Et ce terme, pris dans son sens exact, c’est-à-dire l’hostilité à l’américanisme en tant qu’émanation au sens le plus large de la direction politique washingtonienne. C’est ainsi que conclut Sabry : « Quasiment tous ceux que j’ai vu porter des panneaux anti-Obama dans les manifestations m’ont dit qu’ils avaient un problème avec le gouvernement étatsunien, pas avec le peuple étatsunien. » (Cela n’est d’ailleurs pas une position de forme, comme on a pu le voir lors des manifestations de Madison, dans le Wisconsin, au début de 2011, alors que la “révolution” de la place Tahrir battait son plein. La population égyptienne affirma plus d’une fois sa solidarité avec les gens de Madison, qui le lui rendirent d’ailleurs fort bien [voir le 17 février 2011 et le 18 février 2011].)

Il s’agit donc de la politique américaniste, qui se voudrait habile en jouant sur tous les tableaux, d’une façon délibérée jusqu’à être grotesque, qui distribue les divers prébendes de tous les côtés, qui clame “démocratie !” et qui s’interroge comme Hamlet autour de la définition de “coup” (coup d’État). (La très récente visite du duo McCain-Lindsay Graham au Caire pour aider (!) à la résolution de la situation a eu comme effet classique et attendu de déclencher une vague de protestation contre les déclarations des deux sénateurs, notamment McCain, considérées comme une ingérence dans les affaires intérieures égyptiennes [voir PressTV.ir le 7 août 2013]) Le résultat est évidemment catastrophique. Tout le monde au Caire et en Égypte est antiaméricain. Si l’on veut insulter un adversaire politique aujourd’hui, on dit de lui qu’il a “rencontré Anne Patterson” (l’ambassadrice US). Les chiffres statistiques de la popularité US sont consternants. Description du paysage égyptien à cet égard :

« Les Egyptiens sont plus que jamais divisés sur tout. Ils sont divisés entre pro-Sisi, pro-Morsi et pro-aucun des deux. Ils sont divisés sur le débat "coup d’état ou révolution", sur l’usage de la force contre les sit-ins, sur la politique qui devrait être menée, sur qui il faut blâmer pour la violence et le sang versé dans le pays, etc. Mais une chose est sûre, ils sont tous d’accord sur le fait que : l’ambassadrice étatsunienne, Anne Paterson, doit partir et que l’"ingérence" étatsunienne en Egypte a un impact négatif.

 »En fait, même le nouvel ambassadeur prévu, l’ancien délégué en Syrie, Robert Ford, est déjà l’objet d’une campagne de rejet populaire croissant, car il est considéré comme "l’homme qui a divisé la Syrie et créé l’Armée Libre Syrienne pour détruire ce pays" pour reprendre le refrain populaire. Ceux qui ont initié cette campagne pensent que soit Ford est envoyé dans le pays pour le transformer aussi en Syrie, soit qu’il n’est pas la bonne personne pour ce poste. Au-delà de Patterson, tout le monde déteste Obama. Il y a même une nouvelle chanson tout à fait étonnante à ce sujet.

 »L’opposition a souvent mis un point d’honneur à utiliser une rhétorique plutôt violente en parlant des Etats-Unis, que ce soit les Islamistes pendant l’ère Moubarak ou les laïques sous Mohammed Morsi. Beaucoup de personnalités laïques indépendantes ainsi que des membres du Front National du Salut et l’alliance libérale de gauche ont régulièrement évité de rencontrer les représentants étatsuniens. Ils ont qualifié de plus en plus souvent les Frères Musulmans "d’alliés proches des Etats-Unis" comme si cela constituait une insulte en soi, et ils ont présenté leur propre comportement comme la preuve de leur patriotisme et de leur nationalisme. Avec le temps, il est devenu normal de critiquer ou condamner une formation ou une personnalité politiques pour avoir "rencontré Anne Paterson" comme si c’était un crime évident, comme si les formations politiques n’étaient pas censées rencontrer les ambassadeurs, surtout les ambassadeurs de la seule superpuissance planétaire.

 »Les études et les statistiques ont révélé un déclin progressif des opinions favorables aux Etats-Unis en Egypte. En 2008, pendant la dernière année de la présidence de George W. Bush, un sondage réalisé par le Pew Research Center for the People & the Press a montré que seulement 22% des Egyptiens avaient une opinion favorable des Etats-Unis alors que le chiffre était de 30% en 2006. Le chiffre est monté légèrement à 27% après l’élection d’Obama mais il a chuté à 16% au début de 2013. La confiance en Obama est passée de 42% en 2009 à 26% au début de 2013 avec 72% de personnes n’ayant aucune confiance dans le président étatsunien.

 » Au début de 2013 seulement 24% d’Egyptiens considéraient que la relation avec les Etats-Unis revêtait quelque importance tandis qu’un écrasant 69% pensaient qu’elle n’avait que peu ou pas du tout d’importance. Fait encore plus remarquable peut-être, le même sondage du début de 2013 indiquait que 55% des Egyptiens considéraient que l’aide économique étatsunienne à l’Egypte avait un "impact largement négatif". De la même manière, 58% considéraient que l’aide militaire avait un impact largement négatif. Le sondage montrait aussi que ceux qui votaient pour des laïques et de libéraux avaient tendance à avoir une opinion plus favorable de l’aide économique étatsunienne à l’Egypte. Un mois après le 30 juin, les données ont certainement empiré... »

Bassem Sabry essaie ensuite d’expliquer la cause de ce sentiment si général, si fortement implanté, si répandu qu’il en devient lien commun. Divers arguments sont avancés, et sans doute ont-ils tous quelque chose d’un peu de la vérité. Enfin Sabry termine par ses propres explications. Il ne cache pas qu’elles relèvent du cliché, mais comment faire autrement ? En vérité, le vraie problème de la politique égyptienne de Washington, ce n’est ni la politique, ni l’Égypte, mais Washington soi-même, en majesté, en complet autisme psychologique, en complète inculpabilité-indéfectibilité et le reste... Par conséquent, ultime recommandation de Sabry : il faut que Washington conduire une appréciation critique profonde de sa politique US ; effectivement : « Toute politique qui aboutit à ce qu’un pays profondément divisé ne soit d’accord que sur une seule chose : la haine qu’il vous porte, est de toute évidence un échec total. »

« A mon sens, les causes immédiates les plus profondes de cette haine ont été données dans les arguments stéréotypées des précédentes discussions. L’Egypte demeure, malgré le nouveau nationalisme qui semble se développer, un pays fortement pan-islamique et pan-arabe. Par exemple, la guerre en Irak et la destruction qui s’en est suivie (et qui se poursuit) a profondément affecté l’opinion qu’avaient les Egyptiens des Etats-Unis. Chaque attentat à la bombe à Bagdad rallume leur colère et ranime les discussions sur "le sang du pétrole". Mais la cause la plus profonde de leur haine et de leur colère est la politique étatsunienne dans le conflit arabo-israélien -un conflit qui a pour eux une profonde signification nationale, culturelle, politique et religieuse. Ce qui suscite notamment leur colère c’est le soutien à leurs yeux disproportionné que les Etats-Unis apportent à Israël. Pour la plupart des Egyptiens les Etats-Unis n’ont rien d’un honnête médiateur dans le conflit ; ils laissent Israël changer la donne sur le terrain à son avantage et violenter à sa guise les Palestiniens.

 »Il est clair que la détérioration de l’image des Etats-Unis dans le public égyptien n’est pas une chose à laquelle on peut remédier en un clin d’oeil, mais il faut cependant entamer le long processus de rectification. Le premier pas pour les Etats-Unis devrait être de reconsidérer du tout au tout leur politique à l’égard de l’Egypte. Une politique qui aboutit à ce qu’un pays profondément divisé ne soit d’accord que sur une seule chose : la haine qu’il vous porte, est de toute évidence un échec total... »

Traduction des parties en Anglais : Dominique Muselet

»» http://www.dedefensa.org/article-une_seule_chose_unit_les_gyptiens_l_a...
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