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Auteur : Philippe ARNAUD

De l’USS Pueblo au Galaxy Leader

Philippe ARNAUD
On a vu tout récemment à la télévision la capture d'un navire japonais (mais appartenant, en fait, à un homme d'affaires israélien), par des rebelles Houthis, combattant au Yémen contre l'Arabie saoudite. Cette attaque n'est pas loin de faire penser à une affaire du même genre, vieille de près de 56 ans. De quoi s'agit-il ? De la capture du navire-espion étasunien USS Pueblo, le 23 janvier 1968, par les Nord-Coréens, en mer du Japon. Pourquoi opérer ce rapprochement ? 1. Parce qu'il s'inscrit dans un contexte d'affrontement géopolitique mondial. En 1968, on était en pleine tension Est-Ouest : guerre du Vietnam, accrochages persistants entre les deux Corées, guérillas en Amérique latine (Che Guevara avait été assassiné à peine quatre mois auparavant en Bolivie), guérillas dans les colonies portugaises d'Afrique australe, et poursuite du conflit arabo-israélien (la guerre des Six Jours avait eu lieu sept mois auparavant). Il y avait, en gros, trois secteurs d'affrontements : un entre le monde capitaliste (...) Lire la suite »

Yaël Braun-Pivet et le pâté d’alouette israélien

Philippe ARNAUD
Ce 23 octobre 2023, Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale, était l'invitée de Nicolas Demorand et Léa Salamé sur France Inter. Elle revenait d'un voyage de solidarité en Israël. A cette occasion, elle révéla ingénument que deux de ses précédents voyages à l'étranger avaient été à Kiev, au début de la guerre russo-ukrainienne, et en Arménie, au moment du blocus du Haut-Karabakh. Elle n'aurait su mieux dire à quel point elle se plaçait dans le camp "occidentaliste", c'est-à-dire dans le petit bloc euro-nord-américain, si sûr de lui qu'il élargit son pré carré en se baptisant "communauté internationale" - comme les Étasuniens, qui annexent le Nouveau monde en se baptisant "Américains" : en effet, aller à Kiev, c'est se déclarer contre les "méchants" Russes, successeurs des non moins "méchants" Soviétiques, et aller en Arménie, c'est se déclarer contre les "méchants" Azéris (et, derrière eux, contre les "méchants" Turcs, soutiens des Azéris et successeurs des Ottomans de triste mémoire). On a eu droit, (...) Lire la suite »

Chérir le sémantisme des Israéliens

Philippe ARNAUD

Philippe Arnaud poursuit sa réflexion sur les mots utilisés par nos médias pour parler du conflit en cours.

Depuis l'attaque du Hamas du 7 octobre, l'énorme majorité des médias (y compris les journaux de province comme La Nouvelle République de Tours) tendent à présenter le conflit palestino-israélien en privilégiant le point de vue israélien. [N.B. L'ordre des mots n'est pas neutre : j'ai commencé par écrire "israélo-palestinien", et le correcteur d'orthographe n'a rien signalé. Lorsque, en revanche, j'ai inversé l'ordre des termes, et que j'ai fait figurer en premier le mot dérivé de "Palestine", j'ai vu cet adjectif composé souligné d'un trait rouge comme si c'était une graphie fautive – et fautive dans tous les sens du terme : fautive non seulement de manière orthographique, mais fautive surtout de manière morale et politique. Comme si ce conflit ne pouvait être considéré qu'au travers d'une vision israélo-centrée – voire, plus largement, occidentalo-centrée]. 1. D'abord par l'ouverture des journaux télévisés - par exemple celui de 13 h de France 2, le dimanche 15 octobre - sur l'assassinat, par un (...) Lire la suite »

Ah ! la “ Communauté internationale ”…

Philippe ARNAUD

L’observation des médias, depuis le début de l’attaque du Hamas, le 7 octobre, livre un certain nombre d’enseignements.

1. L'usage répétitif de l'expression "la communauté internationale". Cette expression n'est pas employée dans n'importe quel contexte : elle l'est, en général, pour stigmatiser, condamner, vouer aux gémonies un pays (la Corée du Nord, l'Iran), un régime ou un mouvement politique (le gouvernement cubain, le Hamas), un responsable politique (Vladimir Poutine, Bachar El-Assad, Fidel Castro, Hugo Chavez...) dont la politique contrarie celle des Occidentaux. Mais cette "communauté internationale" représente-t-elle les quelque 196 pays représentés à l'ONU ? Oui, à condition d'en exclure quelques-uns, entre autres le monde musulman, l'Afrique sub-saharienne, l'Amérique latine, la grande majorité de l'Asie (sauf le Japon, la Corée du Sud, Taïwan...), c'est-à-dire plus des trois quarts des gouvernements, des habitants et des opinions de la planète... 1.1. Que reste-t-il au fond de la cornue à l'issue de la distillation ? Les États-Unis, plus les pays anglophones du groupe Échelon regroupant, autour du (...) Lire la suite »

Travail, Famille, Patrie ?

Philippe ARNAUD
Le 19 avril, le gouvernement a débaptisé Pôle Emploi. Désormais, à partir du 1er janvier 2024, cet organisme s'appellera France Travail. Je souhaite ci-après revenir sur la forme de cette appellation car, comme je l'ai dit lors que remarques précédentes, la forme dit toujours quelque chose du fond. Le 11 mai 2017 [je tiens cette rubrique depuis novembre 2002], je titrais une de mes Remarques : "Après 52 ans sur son pas de tir, la fusée Lecanuet a enfin décollé...". Je revenais, en effet, sur la parenté entre Jean Lecanuet et Emmanuel Macron : tous les deux jeunes, portant beau, brillants élèves, libéraux (si ce n'est ultralibéraux), pro-américains, pro-européens, atlantistes. Surtout, j'insistais sur le slogan de campagne de Lecanuet : "Un homme neuf... une France en marche". Et, en 2017, Macron se présentait comme un homme "hors système" – c'est-à-dire, dans l'image qu'il voulait faire passer de lui, un homme "neuf". Et le nom de son parti était "La République en marche". La "République", la "France" (...) Lire la suite »

Une émeute ? Non, Sire, une insurrection !

Philippe ARNAUD
Ces remarques portent sur une déclaration un peu lointaine (datant de plus d'un mois) mais comme leur objet – la contestation de la (contre)-réforme des retraites – est loin d'être obsolète, je vais y revenir quelques instants. Le 21 mars dernier, la veille de son interview, à 13 h, sur les chaînes nationales, Emmanuel Macron, devant les élus de son parti, a dit : « L'émeute ne l'emporte pas sur les représentants du peuple ». Par « émeute », il faisait allusion aux nombreuses manifestations (parfois accompagnées de violences et de déprédations) organisées contre sa « réforme » (en fait sabotage) des retraites. Remarque 1. Emmanuel Macron ne serait pas président de la République (le mot est important) si, le 14 juillet 1789, le 10 août 1792, le 27 juillet 1830, le 22 février 1848, le 4 septembre 1870 (entre autres), il n'y avait pas eu « d'émeutes » (pour reprendre son terme méprisant) qui renversèrent le pouvoir monarchique du moment. Si ces « émeutes » n'avaient pas eu lieu, la France serait encore un (...) Lire la suite »

Argumentaire contre les fonds de pension

Philippe ARNAUD

Cet argumentaire est destiné à démonter un projet mortifère, qui avance en catimini derrière la (contre)-réforme des retraites du gouvernement. Projet mortifère qui en est même, in fine, le véritable objectif : remplacer la retraite par répartition par la retraite par capitalisation, généraliser et imposer les fonds de pension.

La droite sénatoriale a d'ailleurs montré le bout de l'oreille, le 5 mars, en adoptant un amendement qui vise à étudier "les modalités d'instauration d'un régime social applicable à des cotisations versées à un régime d'assurance-vieillesse par capitalisation". Avec toutes ses précautions procédurières (il n'est question que d'un "amendement", d'une "étude"), avec ses périphrases, ses circonlocutions, la droite LR rappelle l'employé de l'abattoir qui, jadis, caressait le chanfrein de l'animal avant de lui asséner un grand coup de merlin... Ce projet mortifère a bien été décelé par tous ceux qui luttent contre la réforme Macron, puisque c'est l'objet (entre beaucoup d'autres articles) de l'article du Monde diplomatique de mars 2023, intitulé "Capitalisation, l'autre nom de la réforme des retraites", écrit par par Grégory Rzepski. C'est aussi l'objet de l'article de Jean-Marie Harribey (économiste, professeur agrégé, ancien co-président d'Attac), paru dans Alternatives économiques, le 25 février 2023, et (...) Lire la suite »
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Un grand moment de propagande à France Inter le 18 janvier 2023

Philippe ARNAUD
Ces remarques se rapportent à l'émission de France Inter du mercredi 18 janvier, entre 8 h 20 et 8 h 43. Les deux animateurs, Nicolas Demorand et Léa Salamé, recevaient Jérôme Fourquet, de l'IFOP, et Adélaïde Zulfikarpasic, de BVA, pour analyser le rapport des Français à la réforme des retraites. Cette émission fut un grand moment de propagande, où les deux journalistes et leurs invités se sont efforcés de légitimer cette réforme et de décourager les Français de se mobiliser contre elle. Ce n'était d'ailleurs pas la première fois que, les uns et les autres, ils procédaient à cette opération, comme Le Monde diplomatique et Acrimed (entre autres) l'ont relevé à plusieurs reprises. Au début, Adélaïde Zulfikarpasic, interrogée par Nicolas Demorand sur la possibilité que la mobilisation tienne dans la durée, ou qu'il y ait une explosion sociale, évoque les autres causes potentielles d'explosion sociale (l'inflation, le pouvoir d'achat, les négociations salariales, les gilets jaunes...) et conclut ainsi : "tous les (...) Lire la suite »

Contre-réforme des retraites : un argumentaire de Philippe Arnaud

Philippe ARNAUD

Face à la propagande gouvernementale et médiatique, il convient d’aiguiser les couteaux. C’est ce que fait Philippe Arnaud avec sa précision coutumière. Philippe s’exprime ici en tant que responsable des Amis du Monde Diplomatique à Tours.

1. On vous dit : il faut bien travailler plus longtemps car on vit plus longtemps. Faux !C'est inverser le rapport des causalités ! C'est parce que, depuis 1945, la durée globale du travail a tendanciellement diminué, par jour, par mois, par an, et tout au long de la vie, que les Français vivent plus vieux. Si on augmente la durée du travail (selon tous les critères de temps), la durée de la vie se remettra à diminuer. 2. On vous dit : la longévité ne cesse d'augmenter. Très inexact ! Si, vers 2003, la durée de la vie augmentait d'un trimestre par an, cette augmentation a fortement régressé, pour ne plus être que d'un mois par an. 2.1. Lorsqu'on vous parle de l'augmentation de la longévité, voici ce qu'il faut rétorquer : ce n'est pas la durée de la vie qui compte, c'est la durée de la vie en bonne santé ! Or, celle-ci, il y a quelque temps, était de 64 ans pour une femme et de 63 ans pour un homme. [J'en sais quelque chose, c'est à 63 ans qu'on m'a diagnostiqué un diabète]. Quand on vieillit, on (...) Lire la suite »
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“Saigner” la Russie ?

Philippe ARNAUD
Dans le Monde Diplomatique, Serge Halimi écrit que l’objectif proclamé des États-Unis était "d’affaiblir la Russie ", de la saigner en vérité". Remarque 1. Ces verbes n’expriment pas seulement l’opinion des seuls États-Unis, mais aussi celle de leurs supplétifs européens : le 1er mars, le ministre français de l’économie, Bruno Le Maire, disait : "Nous allons livrer une guerre économique et financière totale à la Russie. Nous allons donc provoquer l’effondrement de l’économie russe. " Même si, quelques jours plus tard, Bruno Le Maire modérait ses propos, le mal était fait : il avait exprimé le fond de sa pensée : réduire à néant la Russie. Ce qui, d’un point de vue politique et psychologique, était calamiteux : cela risque d’accentuer la radicalisation des Russes, et, quelle que soit l’issue de la guerre (que les Russes gagnent ou qu’ils perdent), susciter, de leur part, un durable ressentiment. Remarque 2. Ces verbes rappellent les mots de Richard Nixon, décidé, le 15 septembre 1970, à renverser le gouvernement (...) Lire la suite »
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