RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Á propos de “ Comme j’aime”

Comme tous les Français qui regardent la télé, ne serait-ce que cinq minutes par jour, je suis bassiné depuis des mois par une pub pour un régime amaigrissant du nom de “ Comme j’aime ”.

Je suis allé voir des réactions d’internautes qui ont testé ce régime. Les centaines que j’ai consultées vont toutes dans le même sens : c’est l’arnaque publicitaire du XXIe siècle. Cette bouffe est chère, sans goût, grasse et manque de protéines.

Mais ce qui m’a intéressé dans le cas du PDG de cette société qui s’est exprimé sur nos écrans un tout petit peu moins que Big Brother, c’est qu’il s’agit de Bernard Canetti, un septuagénaire brillant et talentueux, qui a réussi dans de nombreux domaines culturels et commerciaux. On peut dire que le bon Bernard (peut-on être totalement mauvais quand on s’appelle Bernard ?) est un touche-à-tout de génie.

Seulement, dans l’éternel débat entre l’inné et l’acquis, le génie ne relève pas que de l’acquis. Pour tous les Français de ma génération (et de la précédente), le nom de Canetti est très frais dans les esprits, sonne comme une cloche, comme disent les Grands-Bretons. Bernard est le fils de Jacques, le personnage le plus important et le plus influent de la chanson française de la seconde moitié du XXe siècle. Mais ce n’est pas tout. L’inventeur de la ratatouille (pardon, chère ratatouille) de “Comme j’aime” est le neveu d’Elias Canetti, écrivain d’expression allemande et prix Nobel de littérature en 1981, et de Georges Canetti, un des plus éminents spécialistes français de la tuberculose.

Tous les grands de la chanson française de qualité, à l’exception de Bécaud et Halliday (voir plus bas), doivent quelque chose à ce fils d’émigrés juifs bulgares. La liste est interminable : Brassens, Béart, Aznavour, Brel, Sylvestre, Gainsbourg, Vian, Salvador, Escudero, Lemarque, Mouloudji. Canetti a aidé de nombreux talents comiques, Dac, Blanche, Lamoureux, Raynaud, Devos, Yanne. Aux Trois-Baudet qu’il possédait, il a fait chanter Gréco, les Frères Jacques, Clay, Aubret, Moreno. Il a découvert Félix Leclercq contre les producteurs canadiens qui n’en voulaient pas. Il a été le premier à enregistrer Marlène Dietrich en français en 1933 (il avait 24 ans) et à convaincre Reggiani de se lancer dans la chanson. Il enregistre le jeune Higelin qui n’avait que 18 ans. Et ce fou de jazz organisa les premières tournées françaises d’Armstrong, de Calloway et d’Ellington.

Johnny Halliday sera son seul échec. Philips, dont il est l’un des patrons, subtilise le jeune rockeur à Vogue et décide d’investir une fortune sur sa tête. Aux détriments d’autres chanteurs, forcément. Canetti pense que le rock n’est qu’un avatar médiocre du jazz et ne durera que six mois. Il démissionne de la grande maison et crée sa propre marque.

On connaît maints exemples de fils qui ont égalé ou dépassé leur père. Bernard a brillé comme entrepreneur. La grande histoire retiendra Jacques. La petite retiendra le régime bidon.

URL de cet article 35155
  

Même Auteur
Le cauchemar de Humboldt de Franz Schultheis
Bernard GENSANE
Bien qu’un peu long, ce compte-rendu rend à peine justice à la richesse de cet ouvrage indispensable à ceux qui veulent comprendre pourquoi, par exemple, la première contre-réforme imposée par Sarkozy fut celle des universités. On pourrait commencer par cette forte affirmation de 1991 de sir Douglas Hague, universitaire britannique de haut niveau, professeur de sciences économique, spécialiste du " marché de l’éducation " et, ô surprise, ancien conseiller de Madame Thatcher : "Si les (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« A toute époque, les idées de la classe dominante sont les idées dominantes : autrement dit, la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est en même temps la puissance spirituelle dominante. La classe qui dispose des moyens de la production matérielle dispose en même temps, de ce fait, des moyens de la production intellectuelle, si bien qu’en général, elle exerce son pouvoir sur les idées de ceux à qui ces moyens font défaut. Les pensées dominantes ne sont rien d’autre que l’expression en idées des conditions matérielles dominantes, ce sont ces conditions conçues comme idées, donc l’expression des rapports sociaux qui font justement d’une seule classe la classe dominante, donc les idées de sa suprématie. »

Karl Marx

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
123 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.