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Á propos de “ Comme j’aime”

Comme tous les Français qui regardent la télé, ne serait-ce que cinq minutes par jour, je suis bassiné depuis des mois par une pub pour un régime amaigrissant du nom de “ Comme j’aime ”.

Je suis allé voir des réactions d’internautes qui ont testé ce régime. Les centaines que j’ai consultées vont toutes dans le même sens : c’est l’arnaque publicitaire du XXIe siècle. Cette bouffe est chère, sans goût, grasse et manque de protéines.

Mais ce qui m’a intéressé dans le cas du PDG de cette société qui s’est exprimé sur nos écrans un tout petit peu moins que Big Brother, c’est qu’il s’agit de Bernard Canetti, un septuagénaire brillant et talentueux, qui a réussi dans de nombreux domaines culturels et commerciaux. On peut dire que le bon Bernard (peut-on être totalement mauvais quand on s’appelle Bernard ?) est un touche-à-tout de génie.

Seulement, dans l’éternel débat entre l’inné et l’acquis, le génie ne relève pas que de l’acquis. Pour tous les Français de ma génération (et de la précédente), le nom de Canetti est très frais dans les esprits, sonne comme une cloche, comme disent les Grands-Bretons. Bernard est le fils de Jacques, le personnage le plus important et le plus influent de la chanson française de la seconde moitié du XXe siècle. Mais ce n’est pas tout. L’inventeur de la ratatouille (pardon, chère ratatouille) de “Comme j’aime” est le neveu d’Elias Canetti, écrivain d’expression allemande et prix Nobel de littérature en 1981, et de Georges Canetti, un des plus éminents spécialistes français de la tuberculose.

Tous les grands de la chanson française de qualité, à l’exception de Bécaud et Halliday (voir plus bas), doivent quelque chose à ce fils d’émigrés juifs bulgares. La liste est interminable : Brassens, Béart, Aznavour, Brel, Sylvestre, Gainsbourg, Vian, Salvador, Escudero, Lemarque, Mouloudji. Canetti a aidé de nombreux talents comiques, Dac, Blanche, Lamoureux, Raynaud, Devos, Yanne. Aux Trois-Baudet qu’il possédait, il a fait chanter Gréco, les Frères Jacques, Clay, Aubret, Moreno. Il a découvert Félix Leclercq contre les producteurs canadiens qui n’en voulaient pas. Il a été le premier à enregistrer Marlène Dietrich en français en 1933 (il avait 24 ans) et à convaincre Reggiani de se lancer dans la chanson. Il enregistre le jeune Higelin qui n’avait que 18 ans. Et ce fou de jazz organisa les premières tournées françaises d’Armstrong, de Calloway et d’Ellington.

Johnny Halliday sera son seul échec. Philips, dont il est l’un des patrons, subtilise le jeune rockeur à Vogue et décide d’investir une fortune sur sa tête. Aux détriments d’autres chanteurs, forcément. Canetti pense que le rock n’est qu’un avatar médiocre du jazz et ne durera que six mois. Il démissionne de la grande maison et crée sa propre marque.

On connaît maints exemples de fils qui ont égalé ou dépassé leur père. Bernard a brillé comme entrepreneur. La grande histoire retiendra Jacques. La petite retiendra le régime bidon.

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