1- Les bases universelles pour une nationalisation judicieuse (plan extérieur)
« Ce qui caractérise le communisme, ce n’est pas l’abolition de la propriété en général, mais l’abolition de la propriété bourgeoise ». (Marx et Engels, Manifeste du Parti communiste).
Pour réussir l’insurrection, celle-ci ne doit pas s’appuyer sur un complot, mais sur une classe d’avant-garde. C’est le premier point. L’insurrection doit s’appuyer sur l’élan révolutionnaire du peuple. Second point. L’insurrection doit surgir à un point nodal de l’histoire dans laquelle est palpable l’essor des idées révolutionnaires et où les activés de l’avant-garde sont efficientes. Troisième point. L’insurrection doit surgir lorsque les hésitations chez l’adversaire sont les plus fortes. Quatrième point. L’insurrection est un art. Elle n’est pas « j’ai envie de tout casser ». Bref, l’insurrection est une destruction créatrice.
Le peuple russe de 1917 avait été orienté sur les chemins de l’insurrection. Le parti Bolchevik jouissait d’une légitimité dans le cœur des innombrables masses de la Russie. La révolution de février avait été provoquée par une série de conditions objectives et subjectives que Lénine dénommait « des conditions de première importance dans l’histoire mondiale ». La révolution de février 1917 illustrait la continuité rationnelle de la lutte des classes en Russie tsariste. En effet, elle avait été précédée par trois années de lutte de 1905 à 1907 (durant lesquelles les innombrables masses de la Russie avaient acquises une expérience de la lutte des classes). Les luttes de 1905 à 1907 étaient en Russie tsariste ce que les Gilets jaunes ont été pour la France du XXIe siècle. La première guerre impérialiste fut, comme le disait Lénine, « le régisseur » tout-puissant, l’accélérateur du cours de l’histoire mondiale.
Lénine terminait sa première « lettre de loin » sur ces mots : « « la seule garantie de la liberté et de la destruction complète du Tsarisme est dans l’armement du prolétariat, la consolidation, l’extension, le développement du rôle, de l’importance et de la force du Soviet des députés ouvriers et soldats ».
Il continuait en affirmant : « La liberté sera invincible en Russie, la monarchie impossible à restaurer, la République assurée ».
Il concluait par cette exhortation : « Ouvriers ! Vous devez accomplir des prodiges d’organisation prolétarienne et populaire pour préparer votre victoire dans la seconde étape de la révolution ». Lénine confirmait ainsi le caractère historique de la révolution, mais aussi sa portée sociale, économique, politique et idéologique. Il avait compris que les conditions matérielles avaient atteint un tel degré de développement qu’elles posaient la révolution comme une nécessité immédiate. Les Soviets devenaient l’embryon d’un type d’État nouveau. Le Soviet était alors un pouvoir fondé sur la poussée des idées révolutionnaires. Il s’appuyait sur la levée des masses populaires qui avaient été plongées depuis des décennies dans les méandres funestes de l’exploitation capitaliste.
Le Soviet était un pouvoir du même type que celui de la Commune de Paris de 1871. Ce pouvoir embryonnaire devait encore mûrir dans la continuité du développement des conditions matérielles et donc de la conscience. Lors de la période de coalition l’atmosphère politique se réchauffait. Les contradictions de classes s’aiguisaient encore un peu plus. Les traîtres au prolétariat que furent les socialistes-révolutionnaires, les Mencheviks, furent décapités politiquement par le parti Bolchevik. Ces événements avaient démontré que dans une révolution, il faut vaincre les classes ennemies, briser le pouvoir d’État défendu par ces classes exploiteuses.
On ne doit pas uniquement briser Sarkozy, Hollande ou Macron, mais nous devons détruire leur classe sociale exploiteuse. L’état capitaliste français doit être remplacé par un état ouvrier et populaire à la fin du confinement. Le COVID-19 est une donnée de la nature qui a accéléré cette nécessité historique. Mais la nationalisation est une question erronée si elle est posée alors que l’État demeure un état bourgeois capitaliste. Souvenons-nous de ce magnifique début du 20ème siècle en Russie pour comprendre pourquoi.
Lénine a indiqué le chemin de la période de coalition en écrivant : « Les tâches du prolétariat reproduisent le type d’État élaboré par la Commune de Paris, et que Marx a appelé la forme politique enfin trouvée où peut s’accomplir l’affranchissement économique des travailleurs ». La période de coalition a jeté les bases d’un véritable démocratie prolétarien sur la base de ce principe de lutte doté d’une universalité dépassant les bornes étriquées du « nous ne sommes pas dans la même époque » !
En effet, les idées, les principes de lutte ne sont pas limités par un cadre spatial et temporel : ce qui a été effectué par le prolétariat de 1917 doit s’accomplir aujourd’hui (s’accélérant après le confinement lié au COVID-19). Dans son ouvrage très célèbre « l’État et la révolution » qui a été écrit à la veille de la révolution d’octobre, Lénine a donné les caractéristiques d’un nouveau type d’État : de la différence entre l’état prolétarien et l’état bourgeois. Il prenait exemple sur l’expérience de la Commune de Paris : suppression de tous les privilèges pécuniaires des hauts fonctionnaires et abaissement du salaire de tous les fonctionnaires d’État au niveau du salaire de l’ouvrier.
Une transition permettant de passer de la démocratie des oppresseurs à la démocratie des classes opprimées, de l’État comme force spéciale destinée à réprimer une classe déterminée à la répression des oppresseurs par la force générale de la majorité du peuple, des ouvriers et des paysans. Les bases objectives et subjectives pour une nationalisation se précisent. La question de l’organisation de la production est alors posée. Les Bolcheviks se sont basés sur la production (bases matérielles) qui avait été créée par le capitalisme, mais en s’appuyant sur l’expérience de la classe ouvrière.
Le développement du capitalisme prépare les conditions économiques pour l’organisation de l’économie socialiste. Ce mode de production capitaliste engendre de lui-même le mécanisme de la société socialiste. Un mécanisme techniquement supérieurement organisé. La « main de fer de la classe ouvrière » sera alors à même de broyer la « machine bureaucratique de l’État contemporain ». Lénine déclarait : « Voilà la base économique de l’État qu’il nous faut. Voilà ce que donnera la suppression du parlementarisme, voilà ce qui débarrassera les classes laborieuses de ces institutions prostituées par la bourgeoisie ».
Dès les premiers jours de la révolution de février, les Bolcheviks ont conduit la classe ouvrière vers le combat pour la transformation de la révolution démocratique bourgeoise en une révolution socialiste. En effet, l’état bourgeois capitaliste est un mensonge, une violence organisée. Il est une violence camouflée par le mensonge « démocratique » tels sont l’alpha et l’oméga de la dictature de la bourgeoisie impérialiste. La nationalisation ne peut pas être une solution dans ce cadre économique, social et politique.
2- La nationalisation concrète
La contradiction antagoniste entre Capital et Travail dans une société d’exploitation doit être utilisée consciemment par le prolétariat. La question du pouvoir est une question vitale pour le marxisme révolutionnaire. La revendication de la nationalisation ne peut pas se poser si la question de la prise du pouvoir par la classe ouvrière et les couches populaires n’a pas été prise en compte. C’est après la prise du pouvoir par le prolétariat que fut entreprise la nationalisation des monopoles capitalistes en Union Soviétique. La nationalisation avait transféré à toute la société ses moyens et instruments de production : usines, banques, commerces, terres, etc...
Le pouvoir prolétarien et populaire avait alors garanti que la nationalisation conserverait un caractère de propriété sociale. La prise du pouvoir est le point nodal qui permet de différencier une nationalisation en régime capitaliste de la nationalisation socialiste en qualité de transition vers après LA révolution. La nationalisation en Union Soviétique avait confirmé que les moyens de production cessaient d’appartenir à la classe capitaliste. L’ensemble des richesses qui ont été générées n’ont pas été appropriées ou détournées par les classes possédantes.
Il en sera de même si nous collectivisons nos moyens de production en nous appuyant sur une possible révolution qui sera fluidifiée par l’effondrement du capitalisme que nous vivons actuellement (aggravé par le COVID-19). Dans les années 1930, en Union Soviétique, plus de 99% des moyens de production industrielle avaient été nationalisés. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les produits du travail appartenaient à tous les membres de la société et non à une classe possédante, une bande de voleurs. Le chômage fut liquidé en 1928, mais elle sera réintroduite après la contre-révolution impulsée par Khroutchev.
La propriété sociale avait réparti le revenu national d’une manière cohérente et c’est ainsi que les travailleurs avait atteint un niveau de vie jamais vu. La propriété bourgeoise fut abolie, la classe bourgeoise capitaliste fut expropriée, liquidée, mais la propriété individuelle demeurait préservée concernant les produits de consommation. Exemple : imaginons que nous collectivisions les moyens de production et d’échange après le confinement. Dans ce cas, notre portable resterait une propriété individuelle, mais les moyens et instruments de production permettant de fabriquer nos portables appartiendraient à la société tout entière ! Bref...
Nous savons que sous le capitalisme, la journée de travail est composée de deux parties. La première concerne le temps de travail nécessaire à la production de la force de travail (selon les pays, elle est de trois heures environ) qui correspond au salaire journalier. La deuxième est le surtravail (travail gratuit donc) qui va générer la plus-value (le profit) qui est accaparée par la classe capitaliste. Cette manipulation physique et psychologique permet au patronat d’adopter un train de vie luxueux, tandis que la masse des salariés peine à subvenir aux besoins élémentaires du quotidien.
Les rapports de production nouveaux qui ont été engendrés par la nationalisation (dans la continuité de la révolution russe de 1917) vont décomposer la journée de travail d’une manière différente, rationnelle elle-aussi. La première partie de la journée de travail était un travail pour soi (salaire donc), mais la deuxième partie consistait en un travail pour LA SOCIÉTÉ : il en a résulté un développement économique fulgurant ! On a pu ainsi constater que la nationalisation de l’économie était indissociable du pouvoir de la classe ouvrière, des couches populaires et leurs alliés.
Dans notre XXIe siècle, la question de la nationalisation est commentée par les acteurs sociaux-démocrates (LFI ou PCF). Ils prétendent améliorer les conditions du peuple travailleur, changer la politique du pays, mais sans cependant toucher à la propriété bourgeoise capitaliste. C’est d’ailleurs dans ce sens que les sociaux-démocrates évoquent « le partage des richesses » puisque la classe bourgeoise capitaliste continue de s’approprier les richesses produites : ce qui est inévitable dans le système capitaliste ! Ils sont ainsi des opposants acceptables pour la classe bourgeoise capitaliste.
Les sociaux-démocrates s’avèrent donc au service du capital et comme les premiers ennemis de la classe ouvrière et des couches populaires. Parce que sous leurs phrases pseudos-gauchistes, ils subordonnent le peuple travailleur à la classe bourgeoise capitaliste ! La nationalisation après la révolution Russe de 1917 était liée au processus de construction du socialisme. On ne peut la comprendre si on la détache de la question de la lutte des classes, du pouvoir ouvrier, du socialisme.
Dans le mode de production socialiste, nous dépassons les bornes très limitées de la production anarchique. La différenciation des salaires allait de pair avec l’engagement dans les branches vitales de l’économie de cette Russie du début du 20ème siècle : métallurgie, mines, pétrole, constructions mécaniques, régions stratégiques où le climat était particulièrement difficile. Des fonds importants alloués par l’état avaient été débloqués grâce à la collectivisation des moyens de production et d’échange : santé, éducation, transport, logement, culture, etc...
La nationalisation de l’économie, additionnée à une politique salariale judicieuse, ont permis la répartition judicieuse et non anarchique des marchandises, de la main d’œuvre selon les besoins de la société : et non selon les besoins d’une poignée de voleurs ! Les syndicats étaient chargés de gérer les assurances sociales (santé et retraites par exemple). Ils veillaient au respect des normes définissant les conditions de travail, l’organisation et la rémunération du travail. Les syndicats avaient été engagés dans la lutte pour l’émulation socialiste et l’innovation technique.
3- la nationalisation concrètement en France (plan intérieur)
La France a connu des nationalisations de type bourgeois (dans l’intérêt du capital). Elles furent effectuées dans des périodes où le capital monopoliste avait besoin que les investissements soient assurés et garantis par l’état bourgeois capitaliste. Ce type de nationalisations correspondait à une politique de CME (capitalisme monopoliste d’État ) qui transfère l’argent des travailleurs en aides publiques et à l’ensemble du capital. Chez Arcelor-Mittal, la social-démocratie avait annoncé, par la voix d’Arnaud Montebourg à l’époque, « une nationalisation temporaire d’Arcelor-Mittal dans l’attente d’un repreneur ».
A l’époque, cette proposition avait été relayée par les élus de l’UMP (actuellement LR) et du PS. Il s’agissait ici de l’une de ces nationalisations de type bourgeois dans la logique monopoliste. A l’époque, le premier ministre Ayrault affirmait : « il faut des circonstances exceptionnelles », c’est-à-dire qu’il faut l’aval du capital pour ces nationalisations de type bourgeois lorsque la faillite menace. En effet, c’est l’argent public qui prend le relais pour réamorcer l’accumulation des capitaux. Finalement, le gouvernement avait cédé devant les menaces de la patronne du Medef de l’époque qui parlait de pur scandale » et de « vol de la propriété » : dans tout les cas le peuple travailleur était perdant.
Les révolutionnaires ne sont pas opposés la question de la nationalisation. Il ne doit pas y avoir de dogme, car c’est l’analyse de la situation concrète qui peut alors fournir les réponses. Dans les pays qui ont été libérés du colonialisme et de l’impérialisme, la nationalisation est un moyen d’assurer l’indépendance nationale, de prendre possession, de contrôler les entreprises aux mains du capital international (Cuba par exemple). Après la Seconde Guerre mondiale, le programme de la CNR (Conseil National de la Résistance) prévoyait « le retour à la nation des trusts ». C’est ainsi que de 1945 à 1947 furent engagés une série de nationalisations en France. Mais dans la France d’après-guerre, il existait un rapport de force instable entre la bourgeoisie monopoliste affaiblie par son aile collaboratrice et le prolétariat qui avait représenté une force puissante dans la résistance.
Le mouvement des communistes révolutionnaires, en France, a commis des erreurs que nous ne devons pas reproduire :
1- Dans le mouvement communiste révolutionnaire français, il y a eu une sous-estimation de la nature de classe de l’État. Une nation bourgeoise sous le pouvoir de la bourgeoisie monopoliste est régie par la contradiction capital/travail. Les nationalisations de type bourgeois ont été confrontées aux limites du CME et à l’anticommunisme en puissance. La nationalisation doit être liée à une stratégie révolutionnaire de renversement du pouvoir d’état capitaliste avec instauration d’un pouvoir ouvrier et populaire.
2- En 1945-47 il existait dans le PCF une tendance à confondre les démocraties populaires avec la situation en France. Oui, le PCF de l’époque était le premier parti, mais l’État restait entre les mains de la classe capitaliste. La lutte extra-parlementaire aurait été alors décisive, mais le PCF a dévié en refusant cette lutte nécessaire.
3-Lors de la résistance, le PCF a orienté la lutte pour chasser « l’occupant fasciste », ce qui était nécessaire évidemment. Mais de 1945 à 1947 la bataille des nationalisations n’avait pas été connectée à une stratégie révolutionnaire pour le passage au socialisme. Nous nous souvenons encore de ces phrases du PCF baignées d’un parfum de collaboration, affirmant que « le socialisme n’était pas à l’ordre du jour » ! La question de la nationalisation implique une bataille contre les forces du capital !
Actuellement la stratégie pour les révolutionnaires s’articule autour de deux axes :
1- Remettre en cause la propriété des moyens de production et d’échange qui appartient actuellement à une minorité, l’oligarchie financière. Par un processus historique de luttes qui nous orienterait vers la révolution socialiste, pour ensuite organiser le transfert de cette propriété à l’ensemble des travailleurs via la collectivisation.
2- Comprendre l’état comme le pouvoir exclusif d’une classe sociale dominante : la bourgeoisie monopoliste. S’engager dans un processus historique qui s’orienterait vers le renversement du capitalisme et de son État. Briser la domination instaurée sur la majorité des travailleurs, afin de redonner le pouvoir aux ouvriers et aux masses populaires.
Pour accomplir cette double tâche historique dont les conditions objectives paraissent mûres, le facteur subjectif doit progresser quantitativement et qualitativement : une organisation révolutionnaire exige d’apparaître enfin ! La question de la transition vers la révolution est vitale, car elle amorcera les conditions nécessaires pour que la nationalisation puisse se poser d’une manière rationnelle. Mais la transition n’est pas une étape préalable (étapisme) dans laquelle les révolutionnaires dilueraient momentanément leur but final.
Dans le cadre de l’impérialisme cette étape intermédiaire entre la dictature du capital et la dictature du prolétariat est une collaboration de classe en réalité. Doit-on d’ores et déjà poser cette revendication de nationalisation immédiatement et ceci même si l’État ouvrier et populaire n’existe pas encore ? Dans ce cas cette revendication immédiate se présenterait ainsi : « nationalisation sans indemnisation des monopoles casseurs d’emplois et avec contrôle ouvrier » ! Cette revendication avait été posée il y a quelques années par une organisation qui s’appelait URCF (Union des Révolutionnaires Communistes de France), mais qui n’existe plus aujourd’hui.
Peut-être que cette revendication avait-elle été prématurée ? Je laisse à l’opinion publique répondre à cette interrogation et en débattre...
Il est certain que durant des décennies les bourgeois capitalistes se sont enrichis de la plus-value générée par la classe ouvrière et les couches populaires. Avec le mécanisme du CME (capitalisme monopoliste d’état), ils ont reçu des aides publiques. Nous devons comprendre que l’économie capitaliste est un « cadre fatal », la fin de l’histoire et que la classe ouvrière, les couches populaires peuvent diriger le pays sans recourir à l’aide de cette bourgeoisie monopoliste.
La nationalisation des années 1945-47 recelait une autre défaillance relativement grave de conséquences. En effet, aucun contrôle ouvrier n’avait été établi pour vérifier la gestion de l’entreprise ou mobiliser les travailleurs. La nationalisation se doit d’être animée par une orientation de classe irréductible ! Autrement, nous reproduirons ce qui a existé dans le passé et le peuple travailleur n’aura pas avancé d’un liard. Les grandes conquêtes sociales ont été le fruit des luttes passées : grèves, grèves générales, manifestations massives. Elles sont le fruit de séquences historiques au cours desquelles la balance a penché du côté du Travail contre le Capital (contradiction Capital/Travail).
Les conditions objectives et subjectives sont-elles les mêmes dans la France actuelle que dans la Russie soviétique du début du 20ème siècle ? Absolument pas...
La France est un pays impérialiste. En d’autres termes, elle est un capitalisme parvenu au « stade suprême » de son développement. L’impérialisme français est doté d’un capital financier (fusion entre les capitaux bancaires et les capitaux industriels monopolisés) tout puissant,
subordonnant jusqu’à l’État lui-même. Cela ne signifie évidemment pas que l’État bourgeois français serait « exploité » par ces monopoles capitalistes !
L’État bourgeois français est une continuité naturelle de ces monopoles capitalistes. L’État bourgeois français s’avère donc un organe permettant de « dérouler le tapis rouge » à ces monopoles capitalistes sous couvert d’une « démocratie représentative » qui n’a jamais existé.
La nationalisation via un État bourgeois ne représente donc pas une « avancée sociale ». Au contraire, elle est un outil permettant d’entretenir l’exploitation de la classe ouvrière et des couches populaires par la classe capitaliste.
Admettons qu’il y ait une nationalisation après la crise du COVID-19. La nationalisation réamorcerait ainsi la rotation du capital, l’accumulation des capitaux, le processus de concentration. Cette nationalisation serait une forme de capitalisme monopoliste d’État temporaire. L’argent qui nourrirait ce processus de développement des capitaux viendrait de la sphère publique : l’argent du peuple travailleur donc !
Le peuple travailleur ne percevrait rien de ce processus de développement des capitaux ainsi réamorcés. Pire ! C’est lui qui paierait ! En effet, la somme totale de l’argent généré par cette nationalisation retournerait par après dans les poches de la classe capitaliste. Rien de neuf sous le soleil. Le profit qui serait généré via la nationalisation dans la France actuelle serait alors un profit étatisé. Le profit n’est jamais distribué à la classe ouvrière, aux couches populaires : qu’il soit privé ou étatisé. Puisque c’est l’exploitation de la force de travail dans les processus de production capitaliste qui génère le profit.
La nationalisation demeure confuse dans la tête de certaines personnes. Cette confusion découle de cette réalité que la classe ouvrière, les couches populaires n’ont pas de parti ou d’organisation révolutionnaire : elles sont orphelines !
Les formations révolutionnaires ne sont que des églises dogmatiques figées dans le passé. Elles sont inactives et les opportunistes en leur sein y règnent depuis 50 ans. En conséquence, le facteur subjectif de conscientisation s’y vérifie gravement défaillant. La crise du COVID-19 confirme que les conditions objectives ont été réunies pour une révolution, mais non les conditions subjectives. Cette confusion de compréhension de ce qu’est la nationalisation se situe dans la continuité de cette « défaillance » puisqu’elle prend sa source dans l’abandon de l’analyse matérialiste de l’État !
4- L’organisation du prolétariat
Dans l’arène de la lutte des classes, on remarque uniquement des groupes isolés, divisés, dogmatiques. Le degré de conscience ne permet pas ou difficilement de distinguer la bourgeoisie du prolétariat en tant que classe sociale. Pourtant, lorsque que la lutte des classes atteindra un haut degré de développement, nous assisterons à une lutte entre deux armées : l’armée du prolétariat contre l’armée de la bourgeoisie. Une armée doit agir de manière organisée, elle est dotée de son avant-garde qui la précède et lui éclaire la route.
La théorie se fonde sur l’expérience du mouvement ouvrier de tous les pays prise sous sa forme générale. La théorie est sans effet si elle n’est pas liée à la pratique révolutionnaire. De même que la pratique est aveugle si elle n’est pas éclairée par la théorie révolutionnaire. Il doit s’établir un lien indissociable entre les deux.
Lénine affirmait : « Sans théorie révolutionnaire, il ne peut y avoir de mouvement révolutionnaire ».
Le parti est le détachement d’avant-garde de la classe ouvrière. Le parti doit absorber les meilleurs éléments de la classe ouvrière, leur expérience, leur esprit révolutionnaire, leur dévouement à la cause du prolétariat. Il ne doit pas se borner à enregistrer ce qu’éprouvent et pensent les masses (enregistrement des affects, même si cela est une nécessité). Il ne doit pas rester en arrière du mouvement spontané. Il doit surmonter l’indifférence, l’inertie politique du mouvement spontané. Ses prérogatives d’avant-garde doivent l’amener à s’élever au-dessus des intérêts momentanés du prolétariat.
Le parti doit être doté d’une tactique (avec ses étapes) et d’une stratégie inébranlable. Le parti se doit d’être à l’avant-garde de la classe ouvrière, il doit en faire partie intégrante, être un détachement de celle-ci. La distinction entre détachement d’avant-garde et masses populaires n’aura plus lieu d’être lorsque les classes sociales auront disparu. Le parti ne peut s’entendre que comme un détachement organisé de la classe ouvrière. La lutte des classes nécessite d’être menée sur le front intérieur et extérieur. Le parti doit ainsi mener l’armée du prolétariat à l’offensive lorsque la situation objective lui est favorable, mais aussi l’amener à battre en retraite (un pas en avant, deux pas en arrière ) lorsque l’adversaire est trop puissant.
Les gilets jaunes, le mouvement contre la retraite à point, la crise du COVID-19, l’effondrement de l’économie capitaliste en cours confirment que nous vivons une séquence de flux révolutionnaire : Il nous faut donc passer à l’offensive. Le parti doit être égal à la somme totale des organisations du prolétariat. Il doit incarner le système unique de ces organisations, leur union formelle dans un tout unique et armé. Doté d’un centralisme démocratique, il ne doit toutefois pas s’enfermer dans un fonctionnement bureaucratique ou dans un formalisme étroit.
Il incombe au parti d’incarner la forme suprême du prolétariat. La somme totale des organisations du prolétariat qui inclinent contre le capital (syndicats, coopératives, union des femmes, presses, organisations culturelles et éducatives, union des jeunes, etc...) doivent être amenées judicieusement à s’engager dans la lutte des classes. Certaines de ces organisations sont sans parti. Elles doivent devenir des ramifications du parti. Le parti est alors la courroie de transmission de cette unité de volonté incompatible avec l’existence de fractions.
Il faut que le prolétariat prenne en main son avenir politique : cela suppose de prendre le pouvoir. L’État doit personnifier un État ouvrier jouissant du soutien des couches populaires. L’existence de fractions engendre une division de la volonté unique, une désagrégation du chemin commun menant vers l’émancipation de la classe ouvrière et des couches populaires. Sommes-nous incapables de comprendre que les victimes de nos divisions sont la classe ouvrière et les couches populaires elles-mêmes ? Bref...
5 - Le front uni des révolutionnaires en tant que nécessité immédiate et urgente
Pour construire et consolider ce front, il nous faut cerner, mais aussi surmonter nos divergences. Notre premier terrain de convergence sera défini par notre attitude quant aux rapports que nous entretenons avec la social-démocratie que représentent les formations du PCF et de LFI. Ces sociaux-démocrates sont des « relais » du capital. Leur rôle est d’établir un lien entre la classe ouvrière, les couches populaires et la classe bourgeoise capitaliste (donc leur subordination aux monopoles capitalistes). Si nous brisons politiquement les sociaux-démocrates, nous briserons alors ce lien entre le Capital et le Travail. Nous orienterons ainsi la classe ouvrière, les couches populaires vers la porte de sortie qu’est le socialisme.
Du degré de rupture avec le PCF/LFI découlera notre rupture avec le révisionnisme et l’opportunisme. En effet, pour ces formations politiques, la démocratie se présente sans aucune caractérisation de classe. Ils ont abandonné le marxisme-léninisme comme guide idéologique. Ils ont adhéré à ce concept nauséabond du « dépassement du capitalisme » qui voudrait donner un « visage humain » au capitalisme ! Ce qui est utopiste...
Ils ont adhéré à ce concept « d’euro- communisme » qui voudrait transformer le capitalisme par une accumulation de réformes ! Une plaisanterie ? Malheureusement, non ! D’ailleurs, nous sommes à même de constater la véritable orientation de classe de ces formations politiques lorsque nous constatons dans leurs textes l’omission significative de termes tels que : capitalisme, impérialisme, révolution, socialisme... Ce n’est ni un hasard, ni un oubli de la part de leurs auteurs. Nous devons réarmer idéologiquement le prolétariat en tirant les leçons de notre histoire :
1- Rupture totale avec les sociaux-démocrates réformistes que sont le PCF/LFI, mais en appelant les militants révolutionnaires (s’ils existent encore dans ces formations politiques) à rejoindre la véritable lutte des classes. Sans rupture avec le Mencheviks, les SR, les Bolcheviks n’auraient pas pu faire la révolution d’octobre 1917.
2- La dictature du capital, le pillage impérialiste ont pour finalité d’intégrer les chefs syndicalistes aux secteurs et partis bourgeois et réformistes. Sans la praxis, nous nous transformerons en gestionnaires du système capitaliste.
3- Notre travail militant doit s’orienter vers le prolétariat en priorité, dans les entreprises pour construire des brigades révolutionnaires. Permettant ainsi à l’avant-garde (qui elle aussi doit être construit) de prendre la tête du mouvement ouvrier et populaire.
4- Le prolétariat ne peut pas s’émanciper sans une large alliance avec les couches populaires.
Nous devons créer des comités ouvriers et populaires d’entreprise, de quartier, etc...
5- Dans les états impérialistes nous devons poser immédiatement la revendication de la collectivisation des moyens et instruments de production : ce qui est différent de la nationalisation via un état bourgeois qui est un non-sens. Nous devons développer le facteur subjectif de conscientisation en partant du mécontentement face aux politiques d’austérité du capital, des restrictions des libertés démocratiques qui seront jetées à la poubelle dès la fin du confinement.
6- Ce front des révolutionnaires devra s’engager à analyser les forces motrices de la révolution. Il devra analyser les axes transitoires conduisant au socialisme.
Quelques exemples de ces axes transitoires :
1- Rupture avec l’UE, mais sans la dissocier de la lutte des classes, de la lutte pour le passage au socialisme. Sortir du capitalisme de l’UE pour revenir uniquement à un « capitalisme national » ne servirait à rien ! Au-delà de l’UE, c’est la politique du capital que nous devrons abattre.
2- Le combat pour sauver les emplois et du tissu industriel passera par l’exigence de la collectivisation des moyens et instruments de production. Nous rencontrerons alors deux obstacles :
– la propriété privée bourgeoise
– la question de l’État comme dictature de classe des monopoles
L’assemblée générale des travailleurs doit devenir une instance dirigeante dans les entreprises.
3- La lutte contre le système impérialiste mondialisé, les guerres impérialistes de l’OTAN et de l’impérialisme français.
Le front uni des révolutionnaires doit inclure tous les révolutionnaires. Le fait qu’ils aient appartenu à diverses formations idéologiques n’est pas une raison pour s’opposer à la nécessité d’un front uni. En effet, ces révolutionnaires jouissent très souvent de conditions d’existence matérielle quasiment similaires. Leurs idées devraient donc y trouver matière à penser. Des conditions d’existence matérielle différentes engendrent des idées différentes : à chaque classe lui correspondent ses idées.
Il est impossible d’envisager le monde de la même façon lorsqu’on habite dans une luxueuse villa sur la Côte d’Azur ou dans un HLM du 93 ! Même si les révolutionnaires ont eu des formations idéologiques différentes, combien d’entre nous sommes-nous à vivre dans le luxe ? Nos divisions ne trouvent donc pas pour origine ces données matérielles nécessaires à notre analyse. Si divisions il y a, elles se logent dans la tour d’ivoire d’une forme d’égocentrisme idéologique, une forme d’égoïsme archaïque étroit.
Le ciment permettant de développer, de consolider le front uni des révolutionnaires est l’exploitation obscène de la classe ouvrière, des couches populaires par la classe capitaliste. Le ciment : panique, peur et vengeance que nous imposerons à la classe capitaliste lors de la révolution. Seul ce ciment sera à même de consolider notre unité de volonté sur la base de notre volonté d’unité.
Nous divergeons quant aux moyens de parvenir à la révolution....c’est exact. Nous divergeons quant à ce que nous édifierons après la révolution....c’est exact. Mais, actuellement, les conditions objectives pour une révolution sont mûres. Nous sommes dans l’obligation de prendre nos responsabilités en tant qu’éclaireurs de la conscientisation des masses. En d’autres termes faisons la révolution tous ensemble et nous déciderons ensuite : le peuple travailleur le mérite !
Tous ensemble, nous accomplirons la collectivisation des moyens de production et d’échange. C’est une revendication qui se pose d’une manière immédiate !
Notre dénominateur commun doit être notre lutte contre l’abjecte exploitation du peuple travailleur ! Nous briserons les forces du capital !
A bas le capital ! A bas le capital ! A bas le capital !