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De l’accent des nègres

Je suis atterré par toutes les sottises que je lis dans la presse et qui sont au niveau des insultes que je reçois quotidiennement de quelques racistes qui ne supportent pas ce que j’écris ou même simplement que j’écrive. Fort heureusement, je ne regarde pas la télévision et n’écoute pas la radio. Est-ce mon esprit critique qui s’aiguise au fil des années ou la sottise qui gagne du terrain et annonce un passage imminent à la barbarie ? Si c’est mon esprit qui s’affine, me voilà terrifié à la pensée de toutes ces années où, peut-être, je ne me rendais compte de rien. Si ce sont les Français qui sombrent dans l’abrutissement, je me demande où nous en serons dans dix ou vingt ans et s’il ne faut pas songer à l’exil. Franchement, si je n’étais pas retenu par cette foutue langue qui est mon moyen d’expression et donc de pensée privilégié, mais aussi par le pressentiment que la baisse du niveau est un phénomène planétaire et que ça ne sert à rien de se déplacer, je crois bien que, depuis longtemps déjà , j’aurais laissé la France s’abrutir sans moi.

Concernant Alexandre Dumas, ce que j’ai lu de mieux ces jours-ci était la référence à son « accent créole » dont se seraient moqués, paraît-il, ses contemporains. Cet « accent créole » viendrait donc de Villers-Cotterêts (Aisne) où Alexandre Dumas est né et où il a grandi. Alexandre Dumas, orphelin de père à trois ans et demi, aurait l’« accent créole » de sa Picarde de mère. Je pense que l’abruti de journaliste qui a écrit ça faisait allusion à un accent particulier qu’auraient, selon lui, tous les nègres. Quelque chose qui trahirait le fait qu’ils sont à part et inassimilables. L’odeur de leur voix, la mélanine de leurs neurones, en quelque sorte.

Ma première intervention à la radio date d’il y a bien longtemps. C’était sur France Musique. J’avais une dizaine d’années. Le producteur de l’émission m’avait demandé si je jugeais utile que l’on parle de ma "couleur", de sorte que les auditeurs en fussent informés. J’avais répondu que si rien dans ce que je disais ne se rapportait à une couleur particulière qui serait la mienne, alors je ne voyais pas l’intérêt d’être rangé dans une catégorie spéciale et que, de mon point de vue, la musique de Mozart (il s’agissait de parler de Mozart) n’avait pas de couleur particulière puisque les nègres pouvaient la jouer.

Je me demande si le fait que je n’aie pas d’accent supposé nègre qui puisse justifier de la couleur de ma peau n’est pas une des raisons de la haine de certains journalistes. Je serais donc un Français comme eux, né dans la même maternité, peut-être, ayant vécu dans les mêmes villes, croisé les mêmes gens et je n’aurais même pas un accent qui puisse bien montrer que je ne suis pas de la même « race », que je suis arrivé en clandestin avec d’autres boat-people de mon espèce et que j’ai intérêt à me tenir à carreaux si je ne veux pas être frappé d’un arrêté d’expulsion vers la « Nigritie », le pays des nègres où l’on parle la langue nègre, le pays d’où viennent celles et ceux à qui, toute leur vie durant, les racistes demanderont : « Tu viens d’où ? » ». Bigre, je comprends que c’est inquiétant. Il y a en France soixante mille malvoyants, dont certainement des nègres sans accent qui, du coup, ne savent même pas qu’ils sont nègres. Rien que d’y penser, j’en ai la chair de poule.

Claude RIBBE
www.claude-ribbe.com

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