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Le patron du FMI, Strauss-Kahn, pris au piège

Je n’ai aucun moyen de savoir si la femme de chambre de 32 ans qui affirme avoir été agressée et forcée à un acte de sexe oral sur la personne du patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, dit la vérité ou pas. Je laisse ça à la meute médiatique qui a déjà endossé l’habit du juge, du jury et du bourreau. Mais je dois dire que toute cette affaire me paraît louche, tout comme l’affaire Eliot Spitzer paraît louche. Spitzer, vous vous en souvenez peut-être, était l’adversaire le plus résolu de Wall Street et le probable candidat à tête de la SEC (organisme de contrôle boursier US - NdT), un poste où il aurait excellé. En fait, je n’ai aucun doute que si Spitzer avait été nommé à la tête de la SEC, la plupart des plus grands banquiers de Wall Street seraient actuellement en train de casser des cailloux dans un pénitencier fédéral. Il y avait donc suffisamment de raisons pour suivre chaque geste de Spitzer pour voir s’il n’y avait pas moyen de le salir. Et il se trouve que l’ex-gouverneur de New York a facilité la tâche de ses ennemis en achetant les services d’une prostituée de luxe nommée Ashley Dupre dans l’hôtel Mayflower. Lorsque l’information a éclaté, les médias sont tombés sur lui comme une nuée de sauterelles pour examiner à la loupe tous les moindres détails. Pendant ce temps, les escrocs de Wall Street ont pu pousser un soupir de soulagement et retourner à leur spécialité : arnaquer les investisseurs et voler les économies de toute une vie aux gens.

Strauss-Kahn avait lui aussi des ennemis hauts-placés, et c’est pour cela que toute cette affaire pue. D’abord, Strauss-Kahn était le candidat probable du Parti Socialiste Français face à Sarkozy lors les prochaines élections présidentielles. Le chef du FMI avait une avance sur Sarkozy qui a connu nombre de scandales personnels et a plongé dans les sondages d’opinion.

Mais si Strauss-Kahn a été piégé, c’était probablement par le coalition des banquiers occidentaux, le groupe obscur de porcs égoïstes dont la politique a maintenu une grande majorité de la population mondiale dans la misère et le désespoir depuis 200 ans. Strauss-Kahn s’était récemment écarté de la «  ligne du parti » et était en train de modifier le cours du FMI. Sa conversion était défendue par l’économiste progressiste Joseph Stiglitz dans un article récent intitulé «  Le changement du FMI ». Voici un extrait :

«  Le fait remarquable lors de la réunion annuelle de printemps du FMI a été l’effort souligné du Fonds de se démarquer de ses anciens principes sur le contrôle des capitaux et la flexibilité du marché du travail. Il semble qu’un nouvel FMI ait progressivement émergé, en douceur, sous la direction de Dominique Strauss-Kahn.

Il y a un peu plus de 13 ans, lors de la réunion du FMI à Hong-Kong en 1997, le Fonds avait tenté d’amender sa charte pour s’accorder plus de possibilités pour pousser les pays vers une libéralisation des capitaux et des marchés. Le moment choisi ne pouvait être pire : la crise de l’Asie de l’est ne faisait que commencer - une crise largement provoquée par la libéralisation des capitaux et des marchés dans la région qui, eu égard à son fort taux d’épargne, n’avait aucune raison d’être.

Ce choix avait été défendu par les marchés financiers occidentaux - et par les ministres des finances occidentaux qui sont à leur service. La déréglementation financière était la principale cause de la crise globale qui a frappé les Etats-Unis en 2008, et la libéralisation des finances, des capitaux et des marchés ailleurs à favorisé la prolifération de la crise «  made in America » à travers le monde. La crise a démontré que les marchés libres et non faussés ne sont ni efficaces ni stables. »

Ainsi, Strauss-Kahn tentait d’adopter une politique plus positive, dans une direction qui n’exigerait plus des pays qu’ils ouvrent leurs économies aux ravages provoqués par les capitaux étrangers qui s’engouffrent - en faisant monter les prix et en créant des bulles - et qui se désengagent aussi rapidement en lassant derrière eux un fort taux de chômage, une consommation en chute libre, des industries brisées et une profonde récession.

Strauss-Kahn avait tracé une voie «  plus douce », une voie qui n’obligerait pas les dirigeants étrangers à privatiser leurs industries nationalisées ni à briser les syndicats. Naturellement, ses initiatives n’étaient pas chaudement accueillies par les banquiers qui comptent sur le FMI pour légitimer leur actuel pillage du reste du monde. Ce sont ces gens-là qui pensent que la politique actuelle est «  très bien comme elle est » parce qu’elle produit les résultats qu’ils espèrent, à savoir plus de profits pour eux et plus de misère pour les autres.

Encore Stiglitz, qui cette fois-ci donne le «  baiser de la mort » à son ami Strauss-Kahn :

«  Strauss-Kahn a été un dirigeant sagace pour le FMI... Strauss-Kahn a conclut son allocution devant le Brookings Institution peu avant la récente réunion du FMI : «  Au final, l’emploi et la justice sont les bases d’une stabilité et prospérité économique, d’une politique de stabilité et de paix. C’est le coeur du mandat du FMI. Il doit être placé aux coeur de notre programme. »

C’est ça. Maintenant, le FMI va se transformer en un agent de redistribution des richesses (pour) «  renforcer les négociations collectives, restructurer les emprunts immobiliers, restructurer les impôts et les politiques de dépenses pour stimuler l’économie par le biais d’investissements à long terme et la mise en oeuvre de politiques sociales qui accordent une égalité des chances » ? (selon Stiglitz)

Bonne chance, mon gars.

Peut-on imaginer combien ce genre de discours peut énerver ceux qui sont au sommet ? Combien de temps pensez-vous qu’ils supporteraient ce genre de fadaises avant de décider que Strauss-Kahn a besoin de prendre quelques congés ?

Pas longtemps, je parie.

Lisez ceci de World Campaign et jugez par vous-mêmes si Strauss-Kahn était devenu un «  problème » qu’il fallait régler pour que les affaires, qui consistent à extirper la richesse des plus pauvres de la terre, puissent se poursuivre tranquillement :

«  Pendant des décennies, le FMI a été associé par les altermondialistes à tout ce qui n’allait pas dans la manière que les plus riches géraient le reste du monde, surtout les pays les plus pauvres, avec leur obsession d’exiger des politiques d’austérité en échange de leurs prêts, et une philosophie «  d’écoulement de la richesse vers le bas » qui a permis aux élites traditionnelles de maintenir le statut quo tout en maintenant la majorité dans la misère. Avec un monde de plus en plus agité par ces réalités, et à la suite de la crise financière globale et des mesures de contrôle et autres politiques qui ont fait leurs preuves après la Grande Dépression, le directeur du FMI Dominique Strauss-Kahn a fait quelques déclarations étonnantes sur comment le FMI et le monde devaient changer de politique.

Dans un article publié aujourd’hui dans le Washington Post, Howard Schneider écrit qu’après que le crash de 2008 ait abouti à un retour à la réglementation des sociétés financières et à plus d’engagement des gouvernements dans l’économie, selon Strauss-Kahn «  nous n’avons parcouru que la moitié du chemin, alors qu’il a dirigé le Fonds vers une remise en cause fondamentale de la pensée économique. Il a récemment exposé un récapitulatif général de ses conclusions : il faut renforcer le contrôle des marchés par l’état ; les politiques globales doivent produire une meilleure redistribution des revenus ; les banques centrales doivent limiter l’expansion trop rapide des emprunts et des prix de l’immobilier ; «  il y aura un retour de balancier du marché vers l’état, » a déclaré Strauss-Kahn lors d’une intervention à George Washington University la semaine dernière. «  La mondialisation a donné beaucoup de résultats... mais elle a aussi un côté sombre, le fossé qui se creuse entre les riches et les pauvres. A l’évidence, il nous faut une nouvelle forme de mondialisationn » pour empêcher que «  la main invisible » des marché déréglementés ne se transforme en un «  poing invisible ». http://wcampaign.org/issue.php?mid=625&v=y

Répétez après moi : «  … remise en cause fondamentale de la pensée économique » … (une plus grande) «  redistribution des revenus »... (plus) «  de régulations des sociétés financières », «  les banques centrales doivent limiter l’expansion trop rapide des emprunts et des prix de l’immobilier ».

C’est une blague ? Relisez encore une fois le passage et je pense que vous serez d’accord avec moi pour dire que Strauss-Kahn a signé là son propre arrêt de mort.

Il n’y aura pas de révolution au FMI. Fadaises. L’institution fut créée avec l’intention claire de dépouiller les gens et elle a fait un excellent travail à cet égard. Il n’y aura pas de changement de politique non plus. Pourquoi faire ? Est-ce que les banquiers et les grosses pontes des multinationales auraient soudainement acquis une conscience et décidé de donner un coup de main à l’humanité en souffrance ? Et puis quoi encore ?

Strauss-Kahn a franchi la ligne rouge. C’est pour cela qu’ils l’ont piégé et écrasé.

Mike Whitney

http://www.informationclearinghouse.info/article28103.htm

traduction «  qui aurait cru qu’un jour je traduirais une défense de DSK ? » par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement encore plus de fautes et de coquilles que d’habitude.

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La Chine sans œillères
Journaliste, écrivain, professeur d’université, médecin, essayiste, économiste, énarque, chercheur en philosophie, membre du CNRS, ancien ambassadeur, collaborateur de l’ONU, ex-responsable du département international de la CGT, ancien référent littéraire d’ATTAC, directeur adjoint d’un Institut de recherche sur le développement mondial, attaché à un ministère des Affaires étrangères, animateur d’une émission de radio, animateur d’une chaîne de télévision, ils sont dix-sept intellectuels, qui nous parlent (...)
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