RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Cinema Komunista : hommage à la Yougoslavie.

Deux films de mémoire sortent cette semaine : Cinema Komunisto, de Mila Turajlik et : Barcelone, avant que le temps ne l’efface, de Mirèia Ros. Tous deux auraient pu se référer, en sous-titre, au livre de G. Orwell, Hommage à la Catalogne.

Malheureusement, le deuxième se contente de dérouler les souvenirs de quelques grandes familles de la bourgeoisie industrielle et mécène de l’époque moderniste (fin XIXe-début XXe) ; il apporte certes des informations intéressantes et même amusantes, ainsi l’étymologie du mot "culé" (supporter du Barça) : le choix du terrain du nouveau stade, le futur Camp Nou, s’était porté sur un champ de choux, "col" en catalan ; "coler", amateur de choux, s’est ensuite déformé en culé, qui se prononce de la même façon. Mais c’est un film narcissique, et on a du mal à partager la nostalgie des auteurs (du film, et du roman qui l’a inspiré) qui semblent penser que la fin des grandes dynasties bourgeoises est la fin de Barcelone (pas la moindre allusion au projet de deuxième Renaissance catalane à travers la revendication de l’indépendance).

Au contraire, Cinema Komunisto est un hommage au peuple yougoslave et au projet fédérateur de la Yougoslavie. Avec l’histoire des studios Avala de Belgrade (qui rivalisaient avec Cinecittà), c’est toute l’histoire de la Yougoslavie (1945-1991) qui défile sous nos yeux, à travers les souvenirs d’un directeur d’Avala, un acteur idole du public yougoslave, Bata Zinojenovic, et, surtout, le projectionniste privé de Tito, Leka Konstantinovic, qui, pendant plus de 30 ans, lui a montré un film par jour.

Tito avait en effet compris le rôle du cinéma comme ciment d’une nation. Les films d’Avala ont ainsi uni les Yougoslaves autour des luttes de la Résistance contre le fascisme ; car les Yougoslaves, avec les Grecs, sont le seul peuple occupé par les nazis qui ait réussi à libérer, seul, une bonne partie de son territoire (il semble qu’on le leur ait fait bien payer...).

On voit ainsi le tournage de La Bataille de la Neretna, de Veljko Bulajic (1969), sur un haut fait de la Résistance : là, Tito refusa d’abandonner les blessés, et livra bataille pour pouvoir les évacuer. Ce fut un tournage spectaculaire (les témoins répètent avec fierté qu’Avala faisait des choses qu’on n’aurait même pas pu se permettre à Hollywood) : Tito donna l’autorisation de faire réellement exploser le pont, pour reconstituer le déroulement de cette "bataille pour les blessés" !

Mais ce que les témoins ont surtout à coeur de faire revivre, c’est l’esprit d’une époque, celle des pionniers, la génération qui a construit la Yougoslavie, esprit où se mêlent la fierté nationale, l’amour du pays physique, le sens du devoir civique et l’espoir dans l’avenir (sans compter un humour bon enfant). C’est cet esprit qui fait que Leka, le dévoué projectionniste de Tito, n’est jamais ridicule ni déplaisant quand il rend hommage à son héros, se plaçant respectueusement à gauche de sa statue, ou allant le saluer dans son mausolée.

Même si le bilan qu’esquissent dans la dernière partie les témoins s’assombrit, Tito a en tout cas incarné la volonté de vivre ensemble des Yougoslaves, et sa mort a laissé le champ libre aux pressions des pays de l’Ouest dans le sens des tentations séparatistes ; et l’on sait bien aujourd’hui à quel point les Etats-Unis et leurs multiples officines sont passés maîtres dans le dépeçage des pays, à coups de financements et armements de séparatismes parfois même dénués de tout enracinement populaire.

La question que pose le film est : quel avenir pour la Yougoslavie ? Ne reste-t-il rien de cet esprit, que le témoignage des centaines de films d’Avala ? Cinema Komunisto ébauche quelques réponses : la bataille de la Neretva se situe en Bosnie, et le film nous montre des actualités tournées là, en 2008, pour le 65e anniversaire de la bataille : d’anciens Partisans, et des milliers d’hommes et de femmes de l’ex-Yougoslavie sont venus commémorer leur victoire contre le fascisme. Le film se termine même sur un coup de théâtre : après le générique, on voit un Partisan, debout devant un écran, haranguant des soldats : "Ils disent que les partisans sont morts ; regardez ce film : vous verrez que les partisans sont toujours là !"

La calamiteuse Europe actuelle aura un terme ; quand les ex-Yougoslaves pourront décider librement de leur destin, ils se réuniront peut-être autour de l’esprit des pionniers. Les films d’Avala ne seront peut-être pas seulement un témoignage sur "un pays qui n’existe plus", mais un ferment de renaissance de ce pays.

Rosa Llorens

URL de cet article 22592
  

Cuba est une île
Danielle BLEITRACH, Jacques-François BONALDI, Viktor DEDAJ
Présentation de l’éditeur " Cuba est une île. Comment l’aborder ? S’agit-il de procéder à des sondages dans ses eaux alentours de La Havane, là où gisent toujours les épaves des galions naufragés ? Ou encore, aux côtés de l’apôtre José Marti, tirerons-nous une barque sur la petite plage d’Oriente, et de là le suivrons -nous dans la guerre d’indépendance ? Alors, est-ce qu’il l’a gagnée ? C’est compliqué ! L’écriture hésite, se veut pédagogique pour exposer les conséquences de la nomenclature sucrière. L’épopée (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Etre radical, c’est prendre les choses par la racine. Et la racine de l’homme, c’est l’homme lui-même.

Karl Marx

Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.