1 – Pourquoi affirmer que le Venezuela est en proie à une “guerre civile” alors que les violences sont circonscrites à la frontière avec le paramilitarisme colombien et à 18 municipalités – gouvernées par l’opposition – sur 335 ?
2 – Si la majorité de la population a voté pour un programme de gauche lors d’élections validées comme “transparentes” par les observateurs de l’Union Européenne, de l’Organisation des États Américains, de l’UNASUR, de l’Association des Juristes Latino-américains et qualifiés de “meilleur mode de scrutin du monde” par l’ex-Président Jimmy Carter, pourquoi faire passer l’idée que le gouvernement bolivarien représente une minorité et que les violences sont le fait d’une majorité ?
3 – Pourquoi, alors que la presse écrite et les ondes de radio et télévision, du local à l’international, sont sous l’hégémonie de grands groupes privés opposés aux politiques du gouvernement bolivarien et qui ont co-organisé un coup d’État meurtrier en avril 2002, faut-il faire croire depuis quatorze ans que le gouvernement bolivarien "contrôle les médias" ?
4 - Pourquoi occulter les images et les voix de la majorité des citoyen(ne)s qui ont manifesté pacifiquement – coordinations étudiantes, syndicales, travailleurs vénézuéliens, mouvements sociaux latino-américains comme les Travailleurs Sans Terre du Brésil, et que la quasi-totalité des gouvernements du continent expriment leur soutien au gouvernement bolivarien du Venezuela ?
(Même la chancelière María Angela Holguin, ministre du gouvernement de droite colombien, a rappelé ce 21 février que Nicolas Maduro a été "élu par une majorité populaire et a maintenu un caractère démocratique").
5 - Si la pénurie d’aliments est telle qu’on le dit, comment expliquer que les secteurs populaires ne participent pas aux incendies et aux destructions ? Comment comprendre les chiffres de la FAO et de l’OMS qui confirment que le Venezuela a pratiquement éradiqué le problème de la faim et qu’il est un des pays souffrant du taux le plus élevé d’enfants et de jeunes obèses ?
6 – Pourquoi l’épicentre des manifestations contre la “pénurie” est-il la Plaza Altamira, coeur des résidences huppées d’habitants de peau blanche, et non, comme ce serait logique, les quartiers populaires et de population métisse, le Venezuela possédant la plus grande proportion d’afro-descendants de l’Amérique du Sud si on excepte le Brésil ?
7 – Pourquoi le “porte-parole” des manifestations est-il Leopoldo López, héritier d’une des familles les plus riches du pays et dont le groupuscule "Voluntad popular" est impliqué dans les tentatives de coup d’État de 2002 et de 2013 ?
8 - Pourquoi alors que les étudiants et syndicats des pays néo-libéraux défilent contre les privatisations, contre le chômage, pour plus de droits sociaux et d’égalité, n’a-t-on entendu parler ici d’aucune revendication à ce sujet de la part d’une fédération étudiante ?
9 – Pourquoi si nous sommes en présence d’un “mouvement social” issu d’une lutte populaire, celui-ci se sent-il obligé de retwitter des photos de tortures ou de répression prises en réalité au Chili, en Espagne ou en Syrie ?
10 - Pourquoi, alors que les étudiants de l’éducation supérieure dépassent les 2 millions 600 mille, et que l’UNESCO reconnaît le Venezuela comme le 5ème pays mondial en nombre d’universitaires (ce chiffre ayant cru de plus de 800% depuis la révolution), les manifestations ne regroupent-elles que quelques centaines de personnes ?
T.D., avec Matías Bosch Carcuro, Rome-Caracas 21 février 2014.