L’opportunisme efface les remords chez nos responsables et justifie l’existence virtuelle d’un savoir dans le monde des flatteurs. Les faux éducateurs détruisent les âmes et débouclent les consciences de nos enfants dans le temple du savoir. Que faire face à la décadence du système éducatif péjorativement nommé ghebritien ? C’est ainsi qu’un enseignant de Tlemcen présente son constat.
Dans un monologue honteux, il parle à Benghebrit et l’évalue face au miroir. La ministre de l’Education, Nouria Benghabrit-Remaoun est née le 5 mars 1952 à Oujda (Maroc), comme tant d’autres. Elle est sociologue de formation. Elle a fait ses études à l’université d’Oran. Elle parle un français parfait. Elle bégaie en arabe dialectale. Elle parle difficilement l’arabe classique et ignore complètement la langue de Shakespeare. Elle publie de beaux articles dans les revues africaines. C’est à travers sa dance tlemcenienne en rond et sur un sol trop glissant, un sol qui use ses sandales de marque française, qu’on comprend pourquoi les ministres de l’enseignement n’y comprennent pas grand-chose et que leurs appréciations et rapports sont souvent truffés d’erreurs et de contradiction.
Il se contemple dans le passé et découvre que les connaissances acquises à l’école algérienne ne lui donnent plus une valeur dans un monde à l’envers. A défaut de titres glorieux dans des batailles imaginaires, le titre d’enseignant lui convient sur-mesure. Il l’accepte et le trouve haut et honorant. Il protège sa dignité d’une toile d’araignée et salue malgré lui une école trop fragile pour une poignée de dinars dans sa poche mal cousue. Dans sa tête bien faite les plus belles défenses pour son savoir et sa la liberté sont sa bonté et son pardon. Pour ce pauvre enseignant, le chemin vers la bonne école est l’un des plus tortueux et plus bourbeux dans la vie quotidienne. Poussière et oubli cachent ses compétences dans l’anarchie ghebritienne qui règne à tous le niveau de l’éducation. Il souffre dans le silence et accepte ce métier de malheur. En plus clair, enseigner n’est plus le métier le plus noble dans le royaume ghebritien. La poussière et l’oublie s’accumulent dans le temps et les évènements un peu drôles justifient sa raison d’être dans le royaume Nouria. La réalité est difficile à accepter quand on fait face au miroir. Derrière ce miroir, il découvre que des dieux mortels placent l’ignorance au plus haut niveau de l’échelle de l’éducation pour blanchir les ombres de leurs vices et cacher leurs défauts.
Ecoutons maintenant un directeur d’école primaire parler des réformes : "Le ministère de l’Education privilégie l’approche par compétences depuis quelques années. Je pense que ça a eu le mérite de nous connecter aux innovations internationales car le système éducatif algérien s’était sclérosé. La difficulté est l’acceptation des enseignants des nouvelles orientations. Pour certaines disciplines, les esprits sont plus ouverts et de nouveaux manuels et méthodes pédagogiques peuvent se développer. Mais, pour d’autres disciplines, les enseignants restent attachés au passé et à ce qu’ils ont toujours fait. D’une certaine manière, je pense qu’ils feront plus de dégâts pédagogiques si on les oblige à changer pour l’approche par compétences. Quand on a une formation fragile et superficielle, il est plus sage de ne pas s’aventurer sur de nouveaux chemins que l’on ne maîtrise pas. C’est ce que je pense à partir de mon expérience dans le terrain (Référence : T. Lauwerier & A. Akkari Université de Genève ( 2013))
Je continue mon analyse par un évènement un peu bizarre qui illustre la conscience de nos dits responsables. En visite de travail, le wali d’Alger fut roulé à l’italienne. Les responsables de l’éducation, qui entourent Nouria, lui ont présenté des enseignants acteurs. Une fois la scène théâtrale devant le wali terminée, ils disparaissent. C’est une scène éducative hollywoodienne jouée par des enseignants fantômes dans le théâtre de Nouria. Cette réalité très amère nous oblige de dire "Personne ne peut faire "beet" plus haut que Benghebrit".
Dans les pays qui se respectent, un ministre de l’enseignement doit être du domaine et doit exercer la fonction d’inspecteur d’académie pendant une période de cinq ans au minimum. Faute de démocratie et de transparence dans les nominations des hauts responsables, le miracle devient réalité dans le pays des merveilles. Benchetrit ne peut pas faire une exception à la règle. Elle a fait partie de la commission dite Benzaghou, chargée en 2001 de proposer un rapport visant à réformer le secteur de l’éducation en Algérie. Accident ou calcul, treize ans après elle se trouve à la tête du ministère le plus sensible en Algérie. Une fois ministre, elle reconnait que la commission Benzaghou n’a pas fait un travail sérieux.
Si la décrépitude éducationnelle est fatale, nous ne devons pas dire nous avons loupé l’excellence de justesse. Nos pertes légendaires dans le souk des connaissances s’affirment en gains dans la superette de l’ignorance. Les négociations entre le perdant et le demi-gagnant continuent et les gamins dans nos écoles sinistrées crient faillite et secours. Pis encore, au cœur des fléaux les plus graves dans nos écoles ghebritiennes – telles les violences, la drogue, l’autodestruction des cerveaux jeunes – se découvre une nouvelle arrogance intellectuelle. Une arrogance qui célèbre l’échec et chante la décadence pour exprimer notre grande réussite dans nos écoles. La nouvelle arrogance intellectuelle justifie bien les paroles de Lwennas Maṭub : "Mon fils je ne te garantis pas, le savoir et la paix, dans un pays qui dévore les siens". A la manière de ce chanteur je dirai : "Le savoir et la paix ne sont pas garantis dans un pays qui méprise ses intellects."
Aucune règle n’est assez droite pour tirer un grand trait au plus bas de la liste des gens qui sabotent l’école algérienne au nom des reformes. Notre système éducatif a fait un grand pas en arrière depuis la légende de notre oncle dans son l’école fondamentale. Entre le système Bouzidien et le système Ghebritien nos enfants vadrouillent. Dans cette balade éducative, certains politiciens ont arabisé l’école pour satisfaire leur désire politique et arriver au poste convoité. Une fois au poste, ils chantent dans la langue coloniale les plaisirs du grand maitre qui leur donne des ordres du quai d’Orsay.
En conclusion : ce constat est le résultat accablant que font les spécialistes de l’éducation. Des spécialistes marginalisés pour une seule raison : avoir dénoncé les saboteurs et les corrompus éducateurs qui gèrent le savoir. Ils regardent de loin les dégâts dans une école gérée dans la confusion et l’arbitraire. Ces spécialistes pensent que savoir Lire, Ecrire, Compter ou Calculer dans un lycée n’est pas une urgence pour des responsables de l’éducation qui brillent par leur incompétence. Depuis vingt ans une coterie, pour ne pas dire une clique, impose une méthode d’enseignement sans référence dans le monde et très dangereuse pour le pays et les familles. Pour cette clique dirigée par Benzaghou ou Benghebrit l’école algérienne est en bonne santé et brille comme une étoile dans un ciel grisonnant. La brillance dans un état lamentable et les répercussions de ce sombre état des lieux vont bien au-delà de la faiblesse du niveau des élèves. Les grèves répétées et les manifestations rétablies sur la tête butée de Nouria sont une image réelle de notre réussite dans l’éducation.