RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Et pendant ce temps-là, la gauche privatise les barrages hydrauliques...

Photo David Monniaux

Sous couvert de transition énergétique, la casse du service public français organisée par les socialistes (qui n’ont plus de socialiste que le nom) se poursuit. Après la privatisation des autoroutes, qui doit pourtant laisser un goût amère au gouvernement au regard des revenus substantiels qu’elles rapportent chaque année aux sociétés d’exploitation Vinci, Eiffage et Albertis, ce serait donc au tour des concessions hydrauliques et des grands barrages français de tomber sous le contrôle du secteur privé.

Répondant à une directive européenne imposant la mise en concurrence de ces concessions hydrauliques, le gouvernement a en effet organisé la privatisation de ses aménagements via la création de SEM (société d’économie mixte) par lesquelles l’Etat pourra se désengager jusqu’à 66% et ne garder plus que 34% des parts. Comme Prévu dans l’article 29 du projet de loi de transition énergétique débattu prochainement en seconde lecture à l’Assemblée nationale (et sans aucun doute déjà adopté), ces sociétés anonymes à capital public et privé seront donc composées d’un tiers (34%) détenu pas l’Etat, ou tout autre collectivité publique, d’un tiers détenu (34%) par l’exploitant et d’un dernier tiers (32%) attribué à des investisseurs minoritaires. La part du capital et des droits de vote détenue par l’actionnaire opérateur ne pourra être inférieure à 34 %, précise le texte, assurant ainsi à l’opérateur privé un contrôle de l’exploitation au même titre que les pouvoirs publics.

Dans le même temps, une remise en concurrence des concessions hydroélectriques est prévue ouvrant largement à la concurrence internationale le patrimoine énergétique national que sont les barrages hydroélectriques et marquant logiquement la fin du service public hydraulique au profit des intérêts privés de tel ou tel investisseurs ou fonds de pension. Une situation des plus alarmantes lorsque l’on sait que les barrages, via une production d’électricité souple et réactive, assurent l’équilibre et la stabilité du réseau à chaque instant et jouent un rôle primordial dans la gestion des réserves et cours d’eau au niveau national.

Difficile de ne pas imaginer dans ce cadre les conséquences catastrophiques qui pourrait provoquer un émiettement des concessions hydrauliques pour les salariés, les consommateurs, l’environnement et la biodiversité de nos rivières. Comme l’explique Laurent Farenc, secrétaire CGT des agents de production, "notre inquiétude c’est que tout l’argent que l’on met aujourd’hui pour la sécurité, la sûreté des ouvrages, la maintenance de nos installations ou la protection de l’environnement ne serve plus qu’a rétribuer des actionnaires privés ou des fonds de pension. Ici en Ariège on est très inquiet pour l’avenir".

Jean-Damien Navarro, secrétaire département de la CGT-Hydraulique en Ariège va même plus loin en dénonçant les faveurs faites aux groupes industriels potentiellement acquéreurs des concessions. Ces derniers pourront en effet utiliser "des installations largement amorties pour produire une électricité bon marché, à leur propre usage. Mais rien ne les empêchera de la vendre au prix fort lorsque la demande est importante". Enfin, "il n’y a rien, dans ce projet de loi, en ce qui concerne la sécurité des installations", déplore-t-il.

Résultat, il sera donc possible de voir une centrale hydraulique ariégeoise exploitée par un consortium américain ou chinois, qui sous-traitera la maintenance à des ingénieurs espagnols ou portugais (afin de minimiser les coûts) et revendra une électricité à prix d’or. Un scénario un peu extrême mais qui reste à l’heure actuelle tout à fait probable.

Le gouvernement s’en défend néanmoins, prétendant que cette "privatisation de résistance" comme l’a qualifié non sans ironie sur Rue89 le fondateur de l’émission culte Arrêt sur images, Daniel Schneidermann, permettrait de satisfaire les nouvelles exigences européennes tout en garantissant un contrôle public minimum des ouvrages et sociétés hydrauliques. Drôle de façon de résister... Une fois notre patrimoine hydraulique vendu au plus offrant, la France n’aura plus aucun pouvoir sur sa production hydroélectrique et les premiers à en pâtir seront bien sûr toujours les mêmes, les salariés et les consommateurs.

Nicolas Rouhaud

URL de cet article 28410
  

Même Thème
Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary
Guy HOCQUENGHEM
Préface de Serge Halimi : Avant de mourir, à 41 ans, Guy Hocquenghem a tiré un coup de pistolet dans la messe des reniements. Il fut un des premiers à nous signifier que, derrière la reptation des « repentis » socialistes et gauchistes vers le sommet de la pyramide, il n’y avait pas méprise, mais accomplissement, qu’un exercice prolongé du pouvoir les avait révélés davantage qu’il les avait trahis. On sait désormais de quel prix - chômage, restructurations sauvages, argent fou, dithyrambe des patrons - (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Que ce soit bien clair : nous avons commis des erreurs, évidemment. Et nous en commettrons d’autres. Mais je peux te dire une chose : jamais nous n’abandonnerons le combat pour un monde meilleur, jamais nous ne baisserons la garde devant l’Empire, jamais nous ne sacrifierons le peuple au profit d’une minorité. Tout ce que nous avons fait, nous l’avons fait non seulement pour nous, mais aussi pour l’Amérique latine, l’Afrique, l’Asie, les générations futures. Nous avons fait tout ce que nous avons pu, et parfois plus, sans rien demander en échange. Rien. Jamais. Alors tu peux dire à tes amis "de gauche" en Europe que leurs critiques ne nous concernent pas, ne nous touchent pas, ne nous impressionnent pas. Nous, nous avons fait une révolution. C’est quoi leur légitimité à ces gens-là, tu peux me le dire ? Qu’ils fassent une révolution chez eux pour commencer. Oh, pas forcément une grande, tout le monde n’a pas les mêmes capacités. Disons une petite, juste assez pour pouvoir prétendre qu’ils savent de quoi ils parlent. Et là, lorsque l’ennemi se déchaînera, lorsque le toit leur tombera sur la tête, ils viendront me voir. Je les attendrai avec une bouteille de rhum.

Ibrahim
Cuba, un soir lors d’une conversation inoubliable.

Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.