RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Que vaut l’esclave du capitalisme ?

Je crois bien en avoir déjà causé ailleurs, mais j’ai toujours le doute qu’évoquer un bon sujet au mauvais moment n’ait pas l’impact qu’il pourrait avoir s’il était traité au bon. Et ces jours derniers convergent tous tellement en ce sens que j’ai décidé de retenter mon sujet. Il y a eu la conférence Tedx de Jorion, Monique Pinçon-Charlot, les « fainéants » de Macron et ceux « qui ne sont rien », les « anti-spécistes » vegan radicaux, des discussions sur le capitalisme comme responsable de tous nos maux…. enfin en gros une sorte de dichotomie entre les discours compréhensibles, logiques, raisonnables de la plupart des gens, avec une réalité contraire qui semble au premier abord indéfendable : les riches possèdent déjà tout, et ils essaient encore par tous les moyens d’en gratter un peu plus sur le dos des pauvres. Personne ne trouve cela normal et pourtant c’est bien ce qui se passe : on veut faciliter les licenciements pour favoriser les embauches !

Face à cette contradiction apparente, monsieur Jorion nous parle de gratuité et du droit fondamental à l’existence, qu’étant des semblables nous devrions avoir de semblables droits. Tandis que certains dépensent une énergie considérable pour sauver un cochon dans un abattoir qui en tue plus de 2000 par jour. Ils revendiquent pour les animaux des droits équivalents à ceux des humains, sans sembler voir que ces mêmes droits accordés aux humains ne sont encore respectés nulle part : des enfants meurent de faim et vivent dans la rue, sont exploités ou contraints à se vendre pour survivre, partout dans le monde. Si seulement toute cette énergie était dépensée pour les aider !

On peut s’accorder facilement sur le fait que les inégalités de revenus engendrent des inégalités sociales mais il est plus difficile d’intégrer la philosophie qui sous-tend cette réalité : pour ceux qui font partie des 1%, ou des 10% si on veut être large, ils considèrent que leur réussite est le gage de leur supériorité : ils le méritent. Par extension (et aussi un peu pour apaiser leur conscience), ceux qui n’ont pas réussi ne le méritent pas : ils sont inférieurs. Lorque le décalage est trop grand, il apparaît que certains Hommes ne valent rien aux yeux de certains autres. Des fainéants, des gens qui ne sont rien.

Leur conception du monde et des Hommes est si éloignée de celle de la majorité que nous avons du mal à l’entendre, mais elle réside pourtant bien là : ceux qui crèvent de faim dans ce monde en sont responsables, et c’est tant pis pour eux ; de toutes les manières il n’y a pas assez pour tout le monde.

Orwell -encore lui !- avait bien décrit cela : « les prolétaires ne se révolteront que lorsqu’ils seront devenus conscients, et ils ne pourront devenir conscients qu’après s’être révoltés ». Nous sommes la force du nombre et pourtant nous ne faisons rien pour faire cesser cette mascarade. Le système capitaliste nous épuise à la tâche pour ne pas nous laisser le loisir de penser notre condition.

Orwell écrivait aussi, toujours dans 1984 : « le travail physique épuisant, le souci de la maison et des enfants, les querelles mesquines entre voisins, les films, le football, la bière et, surtout, le jeu, formaient tout leur horizon et comblait leurs esprits. Les garder sous contrôle n’était pas difficile »

et puis plus loin : « tout ce qu’on leur demandait, c’était un patriotisme primitif auquel on pouvait faire appel chaque fois qu’il était nécessaire de leur faire accepter plus d’heures de travail ou des rations réduites ».

Voilà à quoi nous sommes réduits aujourd’hui. Le capitalisme est l’ennemi contre lequel il faut lutter de toutes nos forces. Nous devons cesser d’engraisser tous les intermédiaires (qu’ils soient financiers ou politiques) et organiser notre société sans les 10% qui parasitent l’ensemble de l’humanité. Nous prêter entre nous, échanger entre nous, partager entre nous, décider entre nous, agir entre nous. Sans notre travail et notre misère ce sont eux qui ne sont rien. Ils ne valent plus rien. Les fainéants sont ceux qui récupèrent les fruits du travail des autres sans bouger le petit doigt : les actionnaires, les politiques, les héritiers…

Caleb Irri

http://calebirri.unblog.fr

URL de cet article 32324
  

Même Thème
Pourquoi les riches sont-ils de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres ?
Monique Pinçon-Charlot - Michel Pinçon - Étienne Lécroart
Un ouvrage documentaire jeunesse engagé de Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, illustré par Étienne Lécroart Parce qu’il n’est jamais trop tôt pour questionner la société et ses inégalités, les sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot, passés maîtres dans l’art de décortiquer les mécanismes de la domination sociale, s’adressent pour la première fois aux enfants à partir de 10 ans. Avec clarté et pédagogie, ils leur expliquent les mécanismes et les enjeux du monde social dans lequel ils vont grandir et (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

L’illusion de la liberté se perpétuera tant qu’il sera rentable de maintenir l’illusion. À partir du moment où l’illusion deviendra trop coûteuse à maintenir, ils démonteront simplement le décor, ils écarteront les rideaux, ils déplaceront les tables et les chaises et vous verrez alors le mur de briques au fond de la salle.

Frank Zappa

La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.