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Populisme de gauche : les limites de la stratégie marketing

« On en a gros ! », « Dégagez ! », « Résistance ! » sont autant d’expressions et de mots d’ordres énergiques dont l’utilisation a fleuri à la gauche du paysage politique français pendant la dernière campagne présidentielle, et qui méritent d’attirer notre attention aujourd’hui. Cela n’apparaît pas à première vue mais l’emploi de ce type de slogans, dépourvus de tout contenu idéologique est assez inhabituel pour les organisations de la gauche radicale européenne, et constituent la marque la plus visible du changement de stratégie qu’ont opéré certaines de ces formations . Ce changement a un nom : le populisme de gauche. Théorisé par le couple de philosophes Ernesto Laclau et Chantal Mouffe, le populisme de gauche est défini par ses partisans comme une « radicalisation de la démocratie ». Cherchant à remplacer le clivage gauche-droite par le clivage peuple-oligarchie (en se plaçant bien sûr du côté du peuple), cette orientation électorale répond aux profonds changements sociologiques et politiques qui ont secoué la fin du dernier millénaire et qui jusque là, n’avaient pas été pris en compte par cette famille politique. Nous allons d’abord nous intéresser à ces changements ainsi qu’aux réponses apportées par le populisme de gauche, et enfin les limites que comporte cette stratégie.

Un constat : l’éclatement des revendications sectorielles

Pour comprendre les phénomènes qui ont abouti à la définition du concept populiste de gauche, il est nécessaire d’effectuer un rapide retour en arrière. Jusqu’au mois de mai 1968 (ou plutôt du 22 mars de la même année pour être précis), un mois qui pour la droite française restera le symbole du désordre et de la subversion, mais qui aura aussi des conséquences très importantes pour la gauche. Mai 68 est en effet l’événement historique qui marque l’éclatement et la multiplication des luttes dites sectorielles : féminisme, défense des minorités, écologie, progrès social... deviennent autant de démarches séparées et divisées qui tranchent avec les revendications de la classe ouvrière que le marxisme avait réussi à unir et à doter d’un programme. Cet éparpillement des luttes sectorielles a comme conséquence l’impossibilité de celles-ci de s’unir et d’arriver au pouvoir.

Une réponse : l’unification de celles-ci

Le populisme part donc de ce postulat pour apporter à ce problème, une réponse simple : la fédération de ces luttes dans un mouvement et un programme commun. Cependant, il n’apparaît pas aisé au premier abord de rassembler des cultures et des objectifs politiques très différentes et agissant jusque là, sans rapport entre eux. C’est pourquoi la stratégie populiste propose deux moyens simples : le signifiant vide et le leader charismatique. Le signifiant vide est à la fois un nom, un slogan et un logo dépourvus de toute référence idéologique et/ou trop précise, l’objectif étant de rester flou afin de ratisser large, c’est-à-dire l’ensemble des luttes sectorielles dont nous avons parlé. Vérifions si le mouvement de Jean-Luc Mélenchon que nous avons déjà évoqué entre les lignes, se conforme à cette stratégie. D’abord le nom « La France Insoumise » est rassembleur (« La France »), utilise un terme plutôt considéré comme mélioratif surtout à gauche (« insoumis ») et surtout ne se revendique d’aucune idéologie. Les slogans utilisés (« Dégagez ! », « Résistance »...) là aussi restent larges et permettent à chacun de les interpréter comme bon lui semble, le logo lui aussi (un « phi » grec, symbole de l’harmonie et de la sagesse) refuse d’être clivant pour réunir toujours plus largement. Enfin, le leader charismatique est tout trouvé : figure de la gauche radicale française, dont la qualité de tribun et le talent oratoire sont unanimement reconnus, Jean-Luc Mélenchon dispose de la verve nécessaire pour fédérer ces luttes (a défaut pour l’instant du peuple) derrière lui.

Indiscutablement, le populisme de gauche présente des intérêts et une efficacité indéniables. Son utilisation en France et en Espagne ont démontré qu’il avait une capacité de résonance importante au sein de l’électorat et la dynamique qu’il a suscité durant ces dernières années de l’autre côté des Pyrénées, et depuis quelques mois de ce côté peut assurément nourrir les espoirs des militants de Podemos comme de la France Insoumise. Attention toutefois à ne pas considérer le populisme de gauche comme un sortilège électoral capable à lui seul, d’assurer la victoire de toutes les formations de gauche du continent. Car cette stratégie présente également des limites importantes qui doivent pousser à s’interroger sur son utilisation.

Un impact idéologique incertain

Beaucoup considèrent que le populisme de gauche est le procédé qui a rendu possible le bon score de Jean-Luc Mélenchon à la dernière élection présidentielle. Or si ce score peut être objectivement qualifié de satisfaisant, on constate en y regardant de plus près, qu’il n’est pas si impressionnant que cela. D’abord il faut garder à l’esprit que depuis 2002, les candidats situés à gauche du PS, enregistrent régulièrement un score compris entre 10 et 15%, la stratégie populiste de Mélenchon lui a simplement permis en rassemblant sur son nom les luttes sectorielles, de faire main basse sur la quasi-totalité de ces électeurs. On pourrait aussi ajouter la logique du vote utile qui a peut être servi de léger tremplin à Mélenchon face à son concurrent Benoît Hamon, mais les raisons du succès « insoumis » sont sans doute davantage idéologiques que stratégiques. Il serait donc intéressant de voir quelles sont elles et comment la gauche peut « capitaliser » (sans mauvais jeu de mots) ce succès pour porter une alternative capable de détrôner le macronisme triomphant.

Les leçons tirées depuis 2012

Comme le désormais député l’a lui-même reconnu, la campagne de Mélenchon de 2017 s’est avérée très différente de la précédente, et pas seulement sur le plan stratégique. Certes, l’ancien ministre socialiste a su présenter durant la campagne une image apaisée, « pédagogue » comme il a été mille fois répété mais sa progression n’est sans doute pas tant une question de forme que de fond. Son programme comme son discours ont en effet tous deux évolué : d’abord notre « insoumis » a très souvent évoqué le patriotisme, la France et sa souveraineté, axant régulièrement sa campagne sur les intérêts de la France et sur la nécessité pour celle-ci de s’affranchir de la tutelle de l’OTAN et des traités austéritaires européens. En outre, l’ex-sénateur a contrarié certaines personnalités classées à gauche ou à l’extrême-gauche (Julien Bayou d’EELV et Olivier Besancenot du NPA notamment) en rompant avec la totale ouverture prônée par « certains milieux gauchistes » (Raquel Garrido) sur les questions relatives à l’immigration. Mélenchon a par exemple, combattu régulièrement la directive des travailleurs détachés et a affirmé que son objectif était de permettre à « chacun de pouvoir vivre dans son pays ». De manière plus symbolique, on notera que les drapeaux tricolores se sont affichés partout durant les meetings et que “ La Marseillaise ” a définitivement remplacé “ L’Internationale ”. Ces évolutions ont permis à Mélenchon de pouvoir incarner une gauche patriote revendiquée capable de rassembler davantage et de récupérer certains anciens électeurs de gauche auparavant tentés par le Front National.

Un « retour aux sources » imparfait

Ce retour aux origines de la gauche française républicaine, sociale et au final très jaurèssienne, semble cependant compromis par les élections législatives et la montée en puissance de personnalités (Danièle Obono, Clémentine Autain ou Farida Amrani pour ne citer qu’elles) et d’un courant issu de l’extrême-gauche opposé d’une part aux positions républicaines et laïques historiques de Jean-Luc Mélenchon, et de surcroît en désaccord total avec l’évolution impulsée par ce dernier lors de la dernière présidentielle. Il demeure cependant urgent de ne pas baisser les bras et de ne surtout pas faire machine arrière. La gauche radicale grâce à ces évolutions souverainistes et patriotes, a atteint un score qu’elle n’avait pas réalisé depuis les années 1960 ! A condition donc, de réaffirmer sa ligne républicaine sur ces sujets-là et de ne plus tolérer d’ambiguïté sur les questions de laïcité, de lutte contre l’islamisme et le terrorisme qui va avec, alors la gauche redeviendra la plus sûre garante de la République, s’adressera à tous les français et ne restera plus cantonnée à ce rang de « premier opposant » au libéralisme. Si celle-ci se définit à nouveau comme sociale, écologique, laïque et républicaine alors elle pourra à nouveau conquérir le pouvoir pour cette fois véritablement changer la vie.

Un populisme utile mais pas indispensable

On peut donc en déduire que si la stratégie du large rassemblement est intéressante, il y a des sujets comme la République ou la laïcité qui pour donner à la gauche la possibilité de gouverner, nécessitent l’intransigeance. Et qu’il ne faudrait pas que le populisme permette de constituer ce qui serait une sorte d’auberge espagnole ouverte à tous y compris aux moins républicains et aux moins laïcs sous prétexte que ceux-ci s’opposent également au libéralisme.

Le populisme de gauche peut ainsi se révéler utile pour rassembler sa famille politique et conférer une certaine dynamique au mouvement qui l’utilise, mais pour autant, sans évolution idéologique celui-ci ne demeurera qu’une stratégie marketing incapable d’assurer la victoire à la gauche, et partant le (vrai) changement de politique.

 http://www.lidermaximoblog.wordpress.com

COMMENTAIRES  

15/11/2017 20:16 par alain harrison

Bonjour et merci.

« « Mai 68 est en effet l’événement historique qui marque l’éclatement et la multiplication des luttes dites sectorielles : féminisme, défense des minorités, écologie, progrès social... deviennent autant de démarches séparées et divisées qui tranchent avec les revendications de la classe ouvrière que le marxisme avait réussi à unir et à doter d’un programme. Cet éparpillement des luttes sectorielles a comme conséquence l’impossibilité de celles-ci de s’unir et d’arriver au pouvoir. » »

Dans ce petit paragraphe, une lueur.

Tous les militants ont un point de départ d’analyse et de discussion pour concevoir le possible rassemblement des différentes couches sociales ?
Vue d’ensemble et questionnement.

Mais ce mouvement éclaté, c’est à travers le Monde.

Amérique Latine : Déclaration finale d’ALBA Mouvements
Publié le 15 Novembre 2017 par Bolivar Infos
« « Dans l’esprit d’unité qui nous caractérise, nous encourageons l’Assemblée Internationale des Mouvements et des Organisations des Peuples qui se déroulera à Caracas, Venezuela du 27 février au 6 mars 2018 sur ces terres chavistes. Ce processus est un processus de coordination mondiale dans lequel se retrouveront tous les mouvements populaires de tous les points cardinaux de la planète pour débattre, échanger et projeter leurs expériences de lutte, et chercher une stratégie mondiale des peuples. » »
http://bolivarinfos.over-blog.com/2017/11/amerique-latine-declaration-finale-d-alba-mouvements.html

Le nouveau langage est aussi percutant, remarquez l’absence de biais idéologique (les abus.....) dans plusieurs discours. La sobriété du langage peut être très rassembleur dans la mesure que les populations en voient les solutions versus la problématique.

15/11/2017 21:51 par szwed

Le populisme de gauche n’est pas une idéologie, ce n’est qu’une stratégie, précise Chantal Mouffe. Selon cette auteure, ( L’Humanité 10 avril 201) "cela n’aurait pas de sens de remplacer le projet socialiste ou communiste par le populisme. Ce n’est pas du même niveau. Le populisme, ce n’est ni un idéal de société ni un régime. C’est une stratégie d’organisation du mouvement politique qui dépend de la conjoncture. Aujourd’hui en Europe, nous vivons un moment populiste en réaction à la post-démocratie, conséquence de la globalisation néolibérale dont l’ennemi est la souveraineté populaire. Derrière des formulations parfois xénophobes, c’est une réaction au libéralisme. C’est comme un cri qui dit : “On veut être écoutés, on veut exister”, dans la mesure où le Parti socialiste leur tourne le dos. C’est un terrain fertile pour le populisme de droite. Dans cette conjoncture, il faut développer un populisme de gauche".

15/11/2017 22:04 par Francois

C’est marrant, à lire cet article, on a l’impression que tout n’est que strategie froide et qu’il n’y a aucune dimension militante, aucun travail pour definir un programme cohérent,aucune conviction profonde de la nécessité de servir le bien commun et de preserver gaia, aucune humanité, juste un fourre tout pour bobos de gauche et un filet tissé pour attraper les reveurs. Qu’ils s’en aillent tous, c’est juste un slogan creux, fourre tout, consensuel pour l’auteur. Cette analyse tout azimut y compris sur le phi, c’est vraiment a la limite du ridicule, les conclusions n. Cet assaut final sur les différents courant de la FI a propos de la laïcité acheve un travail aussi laborieux qu’inutile. La laïcité c’est le surligneur rouge qui relegue sciement tout le reste du programme FI en arriere plan. Raz le bol des discussions sur les religions, la laïcité, Je pense que l’écrasante majorité des Français on une culture qui les vaccine de toute forme de religions.
Cet article faussement bienveillant cache une critique sournoise de toUt ceux qui se sont retrouvé dans la FI. Comle tout les habitué de cette critique, il ne propose rien.

15/11/2017 22:40 par bob

Bonjour
Pour info , lire sur le populisme : Tom Thomas "Le capital automate" voir postface, éditions jubarte
Et la montée des extrêmes de la crise économique à la crise politique éd jubarte

15/11/2017 23:16 par irae

Le rassemblement le plus large autour de l’anti-libéralisme qui prenne enfin le pouvoir me suffit amplement.
Les blablas sur les calculs stratégiques, les discussions d’experts idéologiques ça ne changera pas mon quotidien et ne sauvera pas notre écosystème de la prédation libérale. Qui plus est, est-ce que cela répond à une demande ? Qu’attend l’électeur des discours ? des constructions théoriques ou la mise en oeuvre de programmes qui améliorent la vie ? C’est pourtant simple mais très populiste probablement.
Je ne trouve même pas cet article faussement bienveillant. Sous couvert d’analyse fine il décoche discrètement des critiques au seul mouvement actuellement en lutte valable contre un exécutif 100 % libéral.

16/11/2017 02:31 par Georges SPORRI

La tactique c’est l’art de remporter des victoires et la stratégie celui d’utiliser les victoires pour atteindre les buts de la " guerre " / dans ce texte et dans beaucoup d’autres le concept de stratégie devient synonyme de " tactique " / je trouve cela regrettable ! J’explique, par exemple, la défaite relative de JLM - FI par les capitulations de septembre 2016 ( essoufflement du mouvement contre la loi travail accentué par la mollesse du duo Martinez-Mailly / disparition du mouvement "nuit debout" qui n’a strictement rien produit ) ...

16/11/2017 07:34 par gus de nantes

bonjour bonjour !!!

oui j’écris en double , non je suis pas plus fada qu’hier , je sors de mon dictionnaire , bin oui , pupolisme je savais pas bien ce que ce mot cachait , oh , j’avais bien senti l’insulte dans la bouche des droitistes de tout poil .

Et en lisant cette "analyse" je me disais , "bin mon gars si t’es payé au nombres de "poulpisme de gauche" que tu places dans dix lignes tu vas te faire un gros restau ce mois ci . " (oui je sais je m’appelle "mon gars" et par contre je vais jamais au restaurant ) .
Je vois bien de quoi ça cause , par contre ou veux t il en venir ? Moi il m’a fait réfléchir à ce terme pulpilisme ..... dans ma tete de zozo cela désignait un discours mettant les interets du peuple ignorant de lui meme au service de celui qui parle en son nom , je vous le refait en cours , je traite de populiste tout fumier qui monte à la tribune et s’égosille sur "le peuple" les besoins du "peuple" , mais dépense de quoi paver paris-versailles de diamant pour aller au tennis avec ces potes de noeud yi .
Et pour les curieuses je désigne de populaire celui qui viens du peuple et parle comme lui cherchant tant dans son parcours que dans ces positions à protéger la dignité des faibles , le bien commun , retrouver le graal et coetera ad nauseum ^^ (je sais pas si ça veux dire un truc mais c’est ce que j’avais de plus latin pour conclure ) .
De plus pour moi , la gauche , de FI PC NPA , et puis c’est tout ah si la CGT et Sud , sont des organisations qui jusqu’a preuve du contraire défendent le peuple et le bien commun. Donc ils sont populaires par définition , il y a une forme de synonime qui plait aux nasmes , un peu si quand meme , ah si , non mais ça se voit , soit on défend le peuple et on est de gauche , soit on est de droite et on défend le pognoooonnnnnnnn . Oui je sais c’est évident et gugus avec son violon enfonce des portes ouvertes , et quand on est ni de drauche ni de groite ? c’est qu’on est parfaitement de Droite .

16/11/2017 10:03 par CN46400

Le populisme de gauche, c’est la gauche sans la lutte de classes, du radical socialisme d’avant 40, rouge dehors, blanc dedans..., la Marseillaise sans l’Internationale, le drapeau des monuments aux morts de 14-18. Avec çà on peut gagner, ou perdre, une guerre, mais, regrettons-le, la sociale n’est pas au bout de ce fusil-là...

17/11/2017 01:23 par Roger

J’ai ressenti exactement la même chose que François, un article vicieux par sa "fausse bienveillance" qui cache mal l’anti-mélenchonisme de l’auteur et une sorte de mépris de l’inculture politique des membres de la FI qui se laissent prendre à un populisme stratégique aux slogans vides et à l’inconsistance idéologique.
Florilège des vacheries :
- le signifiant vide et le leader charismatique.
- le leader charismatique ...figure de la gauche radicale française... tribun ..., Jean-Luc Mélenchon dispose de la verve nécessaire pour fédérer ces luttes (a défaut pour l’instant du peuple) derrière lui.
- score peut être objectivement qualifié de satisfaisant...il n’est pas si impressionnant que cela...main basse...vote utile
- l’ancien ministre socialiste ...pédagogue...l’ex-sénateur...
- l’auberge espagnole
- mais pour autant, sans évolution idéologique celui-ci ne demeurera qu’une stratégie marketing incapable d’assurer la victoire à la gauche, et partant le (vrai) changement de politique.

Il faut dire que jusqu’ici l’idéologie et le marketing de la gauche que semble préférer l’auteur s’est révélée particulièrement pertinente. N’est-ce pas ?

17/11/2017 13:36 par Moundi

Qu’ils s’en aillent tous, c’est juste un slogan creux, fourre tout, consensuel pour l’auteur.

En effet, ce n’est bien qu’un slogan creux quand 20 min après les résultats du 1er tour, on appelle à votre Hollande sans concession, sans contrepartie.

17/11/2017 18:18 par irae

Ho moundi quelle surprise. On ne vous attendait plus pour le petit tacle fielleux de dernière minute. Juste à temps je suis soulagée.

19/11/2017 00:40 par alain harrison

Bonjour.

Je reviens sur ce passage de l’article.

« « Mai 68 est en effet l’événement historique qui marque l’éclatement et la multiplication des luttes dites sectorielles : féminisme, défense des minorités, écologie, progrès social... deviennent autant de démarches séparées et divisées qui tranchent avec les revendications de la classe ouvrière que le marxisme avait réussi à unir et à doter d’un programme. Cet éparpillement des luttes sectorielles a comme conséquence l’impossibilité de celles-ci de s’unir et d’arriver au pouvoir. » »

D’ un côté il y a la classe ouvrière sur laquelle le marxisme a son fondement réel, de l’autre la société civile et toutes ses "démarches" et missions. La reconnaissance des classes et le facteur clientélisme passablement insidieux.
Voilà le réel défi de la gauche éclatée ?

Au Vénézuéla, il est dit que la sortie de la crise a été fait par le haut, au-dessus du labyrinthe : la guerre médiatique, économique et la violence utilisée.

La Constituante Citoyenne Travailleur, on peut l’appeler aussi la Constituante de la Société Civile.
Développer un discours cohérent unificateur démontrant et démystifiant les divisions dans le peuple.
Se donner une vision d’ensemble juste, découvrir et comprendre l’imbroglio dans lequel le système nous maintient
par le questionnement de chacun. Dans la mesure que nous ferons le bon diagnostique, les solutions apparaîtront.

Sortir par le haut ?
Rester dans l’esprit du vieux monde que nous réactualisons chaque jour ?
Tien encore une bonne nouvelle de la marche de l’Évolution :
Les Amish ont un secret pour vivre longtemps : une mutation génétique très rare.
https://www.msn.com/fr-be/actualite/monde/les-amish-ont-un-secret-pour-vivre-longtemps-une-mutation-g%C3%A9n%C3%A9tique-tr%C3%A8s-rare/ar-BBF2q04
L’Évolution nous a mis au monde, pas l’inverse. Nous n’avons, que mis des concepts plus adéquat (dans certains secteurs) pour notre compréhension du monde. Ceci n’est pas un reniement de notre patrimoine ancestral, il ne fait que nous replacer dans l’échelle du temps historique de l’humanité. ( Ne pas oublier nos erreurs de perceptions, ignorance d’époque oblige)
Krishnamurti : voir le vrai du faux et le faux du vrai.

Lire et relire (n’est pas inutile)
Nous sommes le Pouvoir - Discours de John Trudell, poète et activiste
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/nous-sommes-le-pouvoir-discours-de-195578

19/11/2017 15:15 par Dominique

Sur le marxisme et la société civile. Je fais partie d’un collectif en Suisse qui essaie d’aider les immigrés à pouvoir rester dans ce pays au lieu d’être renvoyé, en vertu des accords Dublin, dans le premier pays de l’espace Schengen où ils ont posé les pieds en arrivant en Europe. Dans ce collectif, nous sommes en contact direct avec les immigrés, et il est composé de gens d’un vaste horizon politique. Il y a même des gens de droite qui sympathisent, bien que ce soient plutôt des exceptions. Il y a aussi pas mals de militantEs proches ou faisant partie de partis comme la Gauche Anticapitaliste et Solidarités, ou du syndicat UNIA. Donc des marxistes. Ce que nous avons eu souvent l’occasion de discuter est qu’il y a un décalage entre les militantEs qui ne voient les immigrés que lorsque nous faisons des actions et les militantEs qui les côtoient régulièrement. Les premierEs veulent des actions plus politiques, tout en sachant très bien que pour changer la politique suisse sur un sujet aussi impopulaire que l’asile, il faudra des décennies de luttes. Les secondEs, conscientEs de l’urgence existentielle que représente les demandes d’asile pour les réfugiés, sont pour des actions de désobéissance civile, à l’image d’un héros suisse de la seconde guerre mondiale, Paul Grüninger, un commandant de la police cantonale qui avait désobéi aux ordres et fourni des faux papiers à des centaines de réfugiés juifs fuyant le nazisme, leur permettant ainsi d’entrer dans le pays.

Ce genre de conflits sur les moyens de la lutte sont très souvent totalement contre-productif et destructeur pour la cohésion et l’énergie du collectif. Que d’énergie perdue en discussions interminables et souvent très désagréables, ceci simplement parce que celles et ceux qui veulent une lutte plus politique sont incapables de travailler avec les autres, critiquent leurs modes action, à la place de leur faire confiance. Ceci est d’autant plus ridicule que des travaux universitaires ont démontré que ce qui a permis un résultat rapide (15 ans) de la lutte antinucléaire des années 70 et 80 qui a abouti à un moratoire en Suisse de la construction des centrales nucléaires est la cohabitation de ces 2 types d’actions - pétitions, référendum populaire, manifs autorisées d’un côté, et désobéissance civile de l’autre comme ce militant qui avait tiré un missile sur Crey-Malville lors d’une manif. Son acte héroïque avait été relayé par tous les médias européens, voir mondiaux, et avait fait une pub grandiose pour le mouvement antinucléaire, ceci bien que le résultat n’avait été qu’une raie sur le revêtement extérieur de la centrale.

Les divisions de la gauche existent, et face à cela le seul remède pratique est que les gens qui poursuivent un même but se fassent confiance. De plus, il y a toujours le principe de réalité qui dit que discuter peut être nécessaire, mais que si l’on veut que quelque chose se fasse, le meilleur moyen est de se retrousser les manches et de le faire soi-même. Et à ce petit jeu, la société civile est beaucoup plus dynamique et entreprenante que les partis et associations politiques, car les collectifs et associations de la société civile sont beaucoup plus en contact avec les gens concernés par leurs luttes que les politiques, lesquels semblent plus intéressés à vouloir garder le contrôle qu’à lutter, sont empêtrés dans leur calculs électoraux et ne se joignent aux luttes que quand celles-ci sont inévitables et médiatisées.

La gauche d’Amérique latine nous montre l’exemple. Elle comporte de vastes coalitions allant de l’extrême-gauche aux sociaux démocrates et de la société civile aux partis et syndicats. Le résultat est qu’il y a des gouvernements de gauche au pouvoir en Amérique du sud, et même si leur écosocialisme est critiquable car en pratique il rime avec plus d’extractivisme industriel, ils ont aussi un bilan social très positif avec des millions de gens sortis de la misère, soignés et éduqués.

Après, je ne crois pas plus aux vertus sociales et humaines du productivisme et du progressisme qu’en celles de l’argent, ce qui me pose une question dont je n’ai jamais vu la réponse : comment les marxistes, majoritairement progressistes et productivistes vont-ils construire une société industrielle sans capital ? C’est impossible et c’est pour moi l’incohérence fondamentale du marxisme. D’ailleurs en pratique ils n’ont jamais été rien de plus que la gauche du capital. Même à Cuba les banques se font braquer et la croissance économique sert à y bâtir une société industrielle et extractiviste. Mais cela est un autre débat, très vaste, qui rejoint le débat sur l’écologie et pose la question fondamentale : notre mode de vie, cette civilisation industrielle qui nique la planète, est-il négociable ? Si la réponse est oui, l’espèce humaine a peut-être une chance de survie. Si non, les bonnes réponses aux problèmes d’aujourd’hui seront mises en oeuvre après la chute de la civilisation industrielle, c’est-à-dire trop tard, et je ne suis même pas sur qu’il y aura des survivantEs.

20/11/2017 07:04 par alain harrison

Bonjour Dominique.

« « Les premierEs veulent des actions plus politiques, tout en sachant très bien que pour changer la politique suisse sur un sujet aussi impopulaire que l’asile, il faudra des décennies de luttes. Les secondEs, conscientEs de l’urgence existentielle que représente les demandes d’asile pour les réfugiés, sont pour des actions de désobéissance civile, » »

Les complémentarités qui s’ignorent.

Pour cette raison de plus, cette dissonance doit être mise en relief.
Les militants et la société civile doivent en discuter, ceci permettra de surmonter les objections des uns et des autres. Qui sait ?

Le mot important est « « dissonance » ». On veut les mêmes choses, mais on butte sur les concepts.
Krishnamurti : il faut crever les concepts, le symboles, les mots pour tout dire.

Comment rendre cela claire.
Korzybski : la carte n’est pas le territoire.

Il y a des lectures plus fondamentales que vous pouvez penser.

De même la science nous donne des mots, des concepts plus adéquats dans certains secteurs, Marx a su mettre au devant de la seine la notion de l’exploitation. De l’exploitation de l’homme par l’homme : la plus value, mais il y a eu des mutations dans l’économie.
Quel est le principe de ces mutations ?
Je vous le donne en mille : l’imagination.*
L’exploitation de l’homme par l’homme.
Cette seule petite "phrase" dit tout sur le déséquilibre qui touche notre condition humaine.
L’économie n’arrive pas seul, ce sont des humains qui la véhiculent, la conçoivent, en font la promotion.
L’humain qui n’a jamais entendu le mot économie, pour lui ce concept n’existe pas.

* Albert Einstein
L’imagination est plus important que l’intelligence (de mémoire).
Qu’est-ce qu’un système ?
Un ensemble de rouages.
Mais c’est toujours un humain quelque part.

Albert jacquard
Oui à toute la connaissance, NON à toutes les réalisations.

20/11/2017 11:04 par Assimbonanga

Je suis surprise de lire que Danièle Obono, Clémentine Autain ou Farida Amrani seraient "opposées aux positions républicaines et laïques historiques de Jean-Luc Mélenchon" Je ne le pense pas de Clémentine Autain, je ne le pense pas de Danièle Obono dont je suis les interventions grâce à Youtube. Alors Farida Amrani ? Je ne la connais pas.
Je vais tacher de la découvrir à l’avenir mais il ne faudrait pas que nos opinions se conforment aux prescriptions mensongères des télés dominantes.
Pour savoir vraiment ce qu’il se passe, un citoyen de base est mal outillé. Il lui faudrait consacrer du temps à visionner la chaîne youtube du groupe parlementaire France Insoumise et c’est un loisir qui ne mobilise pas les foules. Les gens ont déjà leur propre hobby, et ce n’est pas la politique dans une majorité de cas.
Hors Danièle Obono s’en sort haut la main lorsqu’on regarde ses prestations.

22/11/2017 21:33 par alain harrison

Bonjour
20/11/2017 à 11:04 par Assimbonanga
C’est un commentaire que j’ai laissé sur
https://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/video-ordonnances-reforme-bac-meme-combat-lappel-prcf-tract-jrcf-nonalaselection/#comment-3024 ( EN ATTENTE ......... et j’en ai plusieurs....... Certains sites les font disparaître.......un effet collatéral idéologique ? Je me pose la question, car le dogmatisme n’est pas disparu, et le néo-libéralisme ne se gène pas pour nous imposer le sien (la pensée unique, son vrai nom $$$-profit). Ceci dit, y aurait-il une nouvelle course pour le grand marché de la conscience de la part des dogmatismes *)
alainharrison
22 novembre 2017 at 20:46
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Un texte intéressant sur la laïcité.
Au-delà des querelles de chapelles, réaffirmer la République
22 nov. 2017 Par André Bellon Blog : Pour que vive la souveraineté populaire !
EXTRAIT
« « La laïcité est un principe qui s’est construit tout au long de notre Histoire. Elle n’est absolument pas un acte conjoncturel des années 1900 comme l’affirment ceux qui veulent « l’adapter », en particulier Baubérot qui se pose en maître d’école de la laïcité. La question est sous-jacente au travers d’affrontements schismatiques fort anciens. Elle commence à s’exprimer dans les drames des guerres de religion : bien avant Victor Hugo et son « L’Eglise chez elle et l’Etat chez lui » de 1850, le juriste Pierre de Belloy affirme dès 1585 que « La République n’est pas dans l’Eglise, mais au contraire l’Eglise est dans la République » [ii]. Elle trouve un début d’expression politique dans les débats de la Révolution. Des tentatives y existent, en effet déjà, soit locales (Nièvre), soit plus générales sous la Convention thermidorienne. Elle est liée à une conception profonde de la liberté de pensée qui est pour nous un combat permanent. Elle n’est pas, contrairement à ce que racontent ceux qui la haïssent, une atteinte à la liberté religieuse. Elle est la séparation des églises et de l’Etat et met l’école publique hors d’atteinte des dogmes religieux. » »
https://blogs.mediapart.fr/andre-bellon/blog/221117/au-dela-des-querelles-de-chapelles-reaffirmer-la-republique
Je remercie les auteurs pour me permettre de m’instruire.
Plus nous verrons avec facilité la globalité et plus nous serons en mesure de se libérer.
Krishnamurti : le fait de voir son conditionnement nous en libère. Le fait de Voir.
Voilà un texte à mettre dans son coffre à outil (sortir à point nommé), catégorie Éducation, Histoire et politique.
Avis aux militants.
Un idée.

* Comment les peuples peuvent-ils se défendre et trouver les solutions adéquates ?
Nous ne considérons pas assez le phénomène de la sur population, déjà que le phénomène climatique fait parti de l’inconscient de milliards d’humains. Y aura-t’ ìl seulement un éveil ou la mort au bout ?
Mais nous, la génération des baby boomers ne le verrons pas.
C’est réellement un manque d’humanisme de notre part.
Au lieu d’aider à concevoir, à promouvoir une alternative, la plupart d’entre nous continuons à contribuer à la confusion.
La gauche (mot générique) est la seule à pouvoir pondre une alternative radicale, mais les oui mais et ci. ne cessent d’entraver par leur demi mesure. La demi mesure est celle la même qui permet toutes les récupérations et augmente la confusion.
De la part du néo-libéralisme, les demis mesures (les politiques économiques d’ajustement, coupe ici, là..__au Québec du PLQ, le peuple en refait pour une énième fois l’expérience) font parti de leur stratégie. Aucune leçon d’apprise. En regard des politiques économiques des communistes, la question se pose aussi. Prenez le temps de comparez les stratégies économiques de fond (la conception de ce qu’est un travailleur ?) du libéralisme et du communisme, un exercice incontournable.
Le programme du CNR était prometteur, mais que c’est-il passé ?

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