RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Notre agriculture, un secteur structurellement vulnérable en cas de crise

Les agriculteurs, les agricultrices et tout le secteur agricole et alimentaire sont fortement impactés par la crise du Covid-19. En effet, l’exposition aux risques sanitaires liés à la pandémie actuelle, les mesures de confinement et de fermeture des frontières menacent de lourdes conséquences. Par ailleurs, l’économie mondialisée dans laquelle nous sommes, la chute démographique du secteur en font un secteur d’une extrême vulnérabilité face aux aléas et aux crises. La survenue du Covid-19 laisse présager des répercussions durables sur ce secteur d’activité, y compris une fois la pandémie passée. Analyse.

Le résultat d’une dépendance voulue
La population agricole est en déclin depuis de nombreuses années et la tendance à l’agrandissement des fermes se poursuit. En 2016, il ne restait plus que 440 000 exploitations agricoles (contre 495 000 en 2010, soit une baisse de 11 % en 6 ans) d’une surface moyenne de 63 ha (soit +7 ha depuis 2010). En 2016, cela correspond à 564 000 exploitant·es et co-exploitant·es agricoles, 191 000 salarié·es permanents et 149 000 salarié·Es saisonnier·es et/ou temporaires avec une hausse des travailleur·ses saisonnier·es (+3 % depuis 2010). Le secteur agricole dépend donc fortement de la main d’œuvre saisonnière (15,4 % en 2016). Mais la concentration des fermes s’est opérée dans le temps long avec une diminution de 72 % des effectifs en 46 ans et un changement de vocation : de la souveraineté alimentaire à l’exportation.

Tout ceci est le résultat d’une politique agricole et commerciale nationale, européenne et internationale désastreuse que la France insoumise dénonce depuis toujours. La Politique Agricole Commune (PAC), en versant des aides à l’hectare, favorise l’agrandissement des exploitations et incite à la concentration des terres. Depuis les années 1990, tous les systèmes de régulation des prix et des volumes prévus par la PAC ont été supprimés laissant l’agriculture européenne en prise directe avec les marchés agricoles mondiaux. Et cette tendance est aggravée par la signature ou négociation des différents traités de libre-échange au niveau européen : CETA, TAFTA, MERCOSUR, etc.

On risque d’importer plus de produits qu’on en exporte !
Par ailleurs, l’Union européenne subventionne massivement l’exportation jusqu’en 2013 (subvention aux exportateurs et subvention internes), puis de manière indirecte depuis puisque seules les subventions internes sont désormais versées (subventions qui bénéficient également aux produits exportés) et qui ont donc un effet de dumping important.

Au niveau national, depuis les années 1960, l’orientation de la politique agricole est définie dans le cadre d’une cogestion entre le gouvernement et la profession agricole en plus d’être soumise à la concurrence libre et non faussée qui est l’alpha et l’oméga de la politique européenne. Ces connivences entre les pouvoirs publics et le syndicat autoproclamé majoritaire conduisent à une accélération de la concentration de la production agricole et une multiplication des fermes-usines avec pour but de garantir la compétitivité de l’agriculture et sa vocation exportatrice et pour conséquence une diminution massive du nombre d’actifs agricoles. Cette perte d’actifs est de l’ordre de 350 000 en 15 ans (sources INSEE, Agreste, MSA).

Ainsi, l’agriculture française exporte massivement, ce qui rend l’alimentation des Français·es fortement dépendante des importations. En effet, près d’1 fruit ou légume sur 2 consommé en France est importé, tout comme 25 % de la viande de porc ou 34 % de la viande de volaille. On risque même d’importer plus de produits qu’on en exporte, ce qui devrait être le cas à partir de 2023 selon un rapport du Sénat.

Enfin, depuis sa mise en place, le travail détaché a connu une croissance exponentielle pour concerner officiellement plus de 67 000 travailleur·ses en 2017 pour le seul secteur agricole alors qu’en 2016, l’agriculture n’employait que 26 000 travailleur·ses détaché·es. Les principaux pays de provenance de ces travailleurs sont l’Espagne, la Roumanie, la Pologne, la Bulgarie et le Portugal mais ils peuvent également venir du Maghreb ou d’Amérique latine.

Tout ceci positionne l’agriculture française et ses acteurs dans une situation de fragilité structurelle et une vulnérabilité sans précédent face aux aléas climatiques, sanitaires, économiques ou géopolitique. Chacun de ces épisodes que nous avons traversé ces dernières décennies ont mis un peu plus en évidence cette extrême vulnérabilité du secteur, accompagnée d’une aggravation de sa paupérisation. Aujourd’hui, avec le Covid-19, les conséquences à attendre seront sans précédent.

»» https://lafranceinsoumise.fr/2020/04/04/agriculture-secteur-vulnerable-crise/
URL de cet article 35926
  

Harald Welzer : Les Guerres du climat. Pourquoi on tue au XXIe siècle
Bernard GENSANE
Il s’agit là d’un ouvrage aussi important que passionnant. Les conclusions politiques laissent parfois un peu à désirer, mais la démarche sociologique est de premier plan. Et puis, disposer d’un point de vue d’outre-Rhin, en la matière, permet de réfléchir à partir d’autres référents, d’autres hiérarchies aussi. Ce livre répond brillamment à la question cruciale : pourquoi fait-on la guerre aujourd’hui, et qui la fait ? L’auteur articule, de manière puissante et subtile, les questions écologiques, les (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

La liberté commence où l’ignorance finit.

Victor Hugo

Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.