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Aymeric Caron, nouvelle idole mélenchonesque ?

Jean-Luc Mélenchon a choisi de faire du journaliste people Aymeric Caron un symbole de sa campagne. La découverte du vrai Aymeric Caron par l'analyse de ses écrits invite davantage à briser la nouvelle icone.

NOTE DE LGS : ce texte a fait l’objet d’un DROIT DE REPONSE

Qui pourrait s’imaginer un Jean Jaurès s’époumoner : "Humain, je crois que j’ai cessé de t’aimer. Tes qualités, si peu exploitées, ne suffisent plus à compenser tes tares rédhibitoires au premier rang desquelles je place la stupidité. Car tu es désespèrément idiot" (Aymeric Caron, Vivant, p. 21). Ce jugement définitif ne relève pas du propos de comptoir car il structure toute sa doctrine : "Humain, nul besoin que tu assassines pour me rebuter (...) Humain, j’ai voulu t’aimer mais cela m’est impossible aujoud’hui. Misanthrope ? Pas loin, je l’admets" (op. cit., p. 23).

Je conçois mal Blum ou Mitterrand s’écrier : "J’imagine, à la louche, que (les beaux salauds) constituent 95 % de l’espèce humaine, du petit salaud au gros salaud, en passant par le moyen salaud" (op.cit., p. 196).

Je conçois mal Thorez ou Marchais renchérir : "Tous les viandales ne sont pas des salauds, mais tous sont des assassins (...) L’éleveur, le boucher et le mangeur de viande sont des assassins (op. cit., p. 161-162).

Je conçois mal René Dumont écrire sans frémir : "Imaginez que vous devez choisir entre sauver la vie de votre animal (chien, chat ou poule) et celle d’un humain (...) En ce qui me concerne, je sais qu’il n’y a quasiment aucune chance que je choisisse de sacrifier l’un de mes chats plutôt qu’un copain, un collègue ou, a fortiori un inconnu (...) Tout simplement parce que je les aime plus, et que eux aussi m’aiment plus" (op, cit., p. 185).

Qu’Aymeric s’emmourache de Jean-Luc, qui pouvons-nous, mais que Melenchon, qui sait tout de même reconnaitre une idéologie politique, réponde plus que favorablement à cette demande en mariage peut troubler, d’autant plus que ce même "humaniste" avait déjà, en 2017, sollicité, sans succès, auprès du chef de la France insoumise, un poste de député. Notre misanthrope avait alors voué Mélenchon aux poubelles de l’histoire en le qualifiant de "sectaire". Aymeric Caron n’a pas changé mais le voilà adoubé, coopté même au sein du Parlement de L’Union Populaire et, pire encore, promit à une carrière de représentant de la Nation. Par la grâce mélenchonesque, lui aussi pourra s’écrier, si le peuple y consent : "La République, c’est moi ! Et sauf à s’illusionner sur l’élection de Mélenchon, son retrait annoncé de la vie politique ferait de Caron un des leaders maximo de la gauche. Le drame va au-delà de la question animaliste, pour qui consent encore à lire ce qu’écrit ce faux-ami.

Je crains que le camarade présidentiable se soit contenté de l’avis de quelques (mauvais) conseillers, sinon ce serait affligeant pour le devenir de la FI. Quel rapport entre les thèses du Père de la VIe République et la pensée politique d’Aymeric Caron ?

Notre misanthrope propose de remplacer le Sénat : "A coté de l’Assemblée Nationale existerait donc une deuxième chambre, l’Assemblée Naturelle (qui remplacerait l’actuel Sénat). Les membres de cette deuxième chambre ne seraient pas élus. Une partie du collège (un tiers par exemple) serait constituée de hauts fonctionnaires formés dans une "Nouvelle ENA" (...) L’autre partie du collège de l’Assemblée naturelle serait composée d’experts et de représentants d’ONG qui défendent la nature et les animaux. Les experts et ONG en question seraient choisis par le Comité du Vivant (...) collège de sages et d’experts, constitué de scientifiques, de philosophes et d’intellectuels" (op.cit., pp. 446-447). Aux Gilets Jaunes revendiquant plus de démocratie, Aymeric Caron répond par une réforme prenant des allures funestes de "gouvernement des sages". Comment faire confiance, selon lui, à de simples humains à l’heure de l’intelligence artificielle ?

Aymeric Caron, tout en cédant en apparence à la vague qui vient en faveur de la démocratie réelle, n’hésite pas à sonner le glas de la démocratie : "Si l’IA peut avantageusement remplacer dans le travail les humains défaillants, irrationnels, fragiles, stupides, sans mémoire, aux puissances de calcul limitées, elle devrait pouvoir s’imposer dans un autre domaine où les capacités d’analyses, et donc de calcul, sont sollicitées dans des proportions inégalées : la politique" (op.cit, p. 245). S’agirait-il de remplacer les politiques par des robots-pensants ? " En effet, jusqu’à présent, les pays sont gouvernés par des individus aux compétences intellectuelles souvent limitées, à la culture littéraire, historique, économique, et scientifique superficielle (...) Comment attendre d’eux qu’ils prennent les décisions que la raison impose ? En réalité, le dirigeant politique actuel est un anti-logiciel..." (op. cit., p. 245). "La gestion d’un pays ou d’une communauté n’est qu’une équation hypercomplexe convoquant des milliards de données. N’est-ce pas exactement le travail d’une intelligence artificielle (...) Les humains sont incapables de faire correctement ce colossal travail de calcul" (op. cit., p. 247). Cet éloge des robots s’étend au-delà du politique, de l’économique ou du culturel : "Les robots intelligents joueront un rôle prépondérant dans les rapports amoureux (...) imaginez que vous ayez la possibilité de choisir un partenaire au physique et au caractère répondant à vos attentes. Mieux : un partenaire que vos propres caractéristiques humaines et naturelles ne vous auraient sans doute jamais permis de séduire (...) Tentant, non ? (...) Beaucoup préféreront l’artificiel au naturel, d’autant plus que l’artificiel a toutes les chances d’être plus intelligent, plus spirituel, et plus divertissant qu’un(e) partenaire humain(e)." (op. cit., p. 243).

Est-ce de ce futur dont rêve la gauche ? Est-ce là l’émancipation promise au peuple par Marx ? D’autant plus que, selon notre joyeux misanthope, "l’Intelligence artificielle va faire disparaître presque totalement les emplois" (op. cit., p. 243). Définissant "les priorités de sa République du vivant" notre néo-humaniste estime d’abord que "nous sommes déjà trop nombreux sur la planète " (in Antipséciste, p. 453). Oserais-je rétorquer qu’il y a toujours trop d’humains pour ceux qui ne les aiment pas ? Comment concilier cet impératif malthusien avec le vieux slogan "l’Humain d’abord" des Insoumis ? C’est sans doute pourquoi il avance "la mise en place d’un gouvernement mondial qui prenne en charge toutes les questions liées au vivant" (Antispéciste, p. 448). Les grandes firmes "conscientes des enjeux éthiques et civilisationnels", auxquelles Caron rend hommage, les Amazon, Facebook, Google, Microsoft, IBM et Apple (Vivant, p. 249) ne suffiraient-elles donc pas pour franchir ce nouveau Rubicon, à savoir le passage de l’homo-sapiens au transhumanisme ? Car tel est bien l’alpha et l’oméga de son programme, l’invention de "l’homme amélioré", de "l’humain augmenté" (Vivant, pp. 249-253). Pour Caron, le problème de l’humanité c’est l’humanité elle-même, parce qu’elle est mortelle (Vivant, p. 13), parce qu’elle est souffrante, parce qu’elle est limitée : "L’imperfection nous caractérise (...) Nous sommes des créatures confrontées à leurs limites et contradictions (...) Si nous étions des machines dénuées d’affects et capables de calculs vertigineux, sans doute serions-nous tous plus vertueux (Vivant, p. 255). Ayméric Caron conclut tristement : "Il est curieux de l’admettre mais c’est ainsi : "Un robot est potentiellement plus sage qu’un humain (Vivant, p. 255) Mais pauvres humains ne désespérez pas : "rien ne nous empêche pourtant d’imaginer que nous intégrions des règles programmées qui régissent nos comportements individuels quels que soient les circonstances ou nos intérêts personnels en jeu." (Vivant, p. 256). L’homotique (sic) fantasmée par la nouvelle idole mélanchonesque risque donc fort de ressembler au "Meilleur des mondes"... Pour ceux qui en douteraient encore il suffit de suivre l’icone de la nouvelle gauche lorsqu’elle passe aux travaux pratiques pour s’en convaincre : "La sortie éventuelle de l’euro, le niveau des aides sociales accordées aux entreprises, l’augmentation de l’âge de départ à la retraite de quelques mois pour tenir compte de l’allongement de l’espérance de vie, les moyens de créer de la croissance, etc. En soi ces thématiques ne disent pas grand-chose du monde que l’on est en train de construire. Ce ne sont que des détails de gestion qui devraient être laissés à des techniciens" (in Antispéciste, p. 43). Que ceux qui voient en lui un digne continuateur de l’écologie politique méditent la pensée du maître : "Promouvoir les élevages bios revient à militer pour une aristocratie de la nourriture (...) La vérité est que l’élevage industriel est la seule manière de fournir de la viande à tout le monde. Il est donc en cela plus démocratique. Donc, si l’on considère que la viande est une nécessité, il faut continuer les élevages industriels" (in Antispéciste, p 184). On comprend qu’il s’entête à ne pas condamner l’agriculture cellulaire, bref la fausse viande, le faux lait, etc ! Que ceux/celles qui voient en lui un digne héritier de l’écologie politique reculent d’effroi : "La nature n’est pas un cadre parfait qui serait intrinséquement bon, magninime et généreux. Sa réalité est souvent cruelle (...) Il est donc injuste de reprocher à l’humain de se servir de la nature à son bénéfice et de lutter contre sa logique de mort (...) L’éthique nous sort de la nature or l’écologie essentielle est une éthique donc l’écologie essentielle nous sort de la nature. Mais si nous sortons de la nature, c’est pour mieux en prendre soin, comme un adulte quitte l’enfance pour s’occuper de ses propres enfants." (Antispéciste, p. 364). "Sortir de la nature", "en prendre le contrôle comme d’un enfant" : anthropocentrisme au carré, toute-puissance infantile ! Rien de pire que des fantasmes qui menacent de passer dans le réel, le vivant ! Cette foi béate dans la techno-science est anti-scientifique.

Mélenchon réveille-toi, Jean-Luc est devenu fou !

Aymeric Caron, Vivant, Flammarion, 2018
Aymeric Caron, Antispéciste, Don quichotte, 2016

NOTE DE LGS : ce texte a fait l’objet d’un DROIT DE REPONSE

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Bernard Klein. Les expressions qui ont fait l’histoire. Paris, E.J.L. 2008
Bernard GENSANE
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