RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
58 

Une guerre ne devient pas une guerre le jour où les médias décident de vous la montrer.

Être anti-guerre, ce n’est pas être simplement contre "la" guerre. Être anti-guerre, ce n’est pas exprimer des positions (plutôt futiles à notre humble niveau) une fois qu’elle a éclaté. Être anti-guerre, c’est vouloir comprendre l’enchaînement des décisions prises par chacun des acteurs qui ont mené à un tel dénouement. Être anti-guerre, ce n’est pas déclarer son opposition à sa forme la plus concrète, évidente, et spectaculaire, mais être aussi archi-critique des actions et des logiques économiques et politiques qui l’ont alimentée. C’est tenter d’évaluer la culpabilité respective des acteurs.

Rejeter une telle démarche intellectuelle montre que l’on n’est nullement "anti-guerre", seulement anti cette guerre-là, en particulier. C’est aussi exposer un angle mort sur les causes et les autres formes de guerre, économiques, tels que les embargos et blocus, qui peuvent faire, et font souvent, autant de victimes, mais silencieuses (silencieuses, parce que les grands médias en ont décidé). Les centaines de milliers de victimes des sanctions contre l’Irak, pour ne prendre qu’un exemple - et pas des plus récents - en sont la preuve.

Être anti-guerre, c’est s’opposer à toutes les guerres, y compris économiques.
Etre anti-guerre, c’est s’opposer à son expression concrète et aussi aux politiques qui y ont mené.

Le premier responsable d’une guerre est évidemment celui qui l’a déclenchée. Le deuxième est celui qui l’a sciemment provoquée, ou manœuvré pour, en créant les conditions dont il savait qu’elles seraient perçues comme un casus belli. Avec - et c’est important - une hiérarchisation des "légitimités" invoquées. Car non, tous les casi bellorum ne se valent pas.

Que les gigantesques États-Unis considèrent comme casus belli l’instauration dans la minuscule Cuba d’un système socio-économique inconvenable n’est pas la même chose que l’installation de missiles nucléaires sous le nez de votre adversaire. Et l’installation de missiles nucléaires sous son nez n’est pas la même chose si lui-même a commencé par en installer sous le vôtre. (Le résultat final pouvant être difficile à distinguer, on est d’accord).

Il est donc évident, et je n’ai pas l’intention de m’en cacher ni de me justifier, que je "comprends" mieux la position russe que la position occidentale.

(Pardon, mais je considère l’Ukraine comme un pion du camp occidental, et la réaction des chancelleries occidentales tend à me conforter dans cette opinion. On dirait qu’elles n’attendaient que ça.)

Il me paraît évident aussi que la diabolisation des Russes pour cet acte d’agression n’est qu’une de ces farces régulières dans lesquelles les médias entraînent les populations hébétées. C’est quoi ça ? Quelle population a déjà été lynchée par les médias occidentaux et sanctionnée par les politiques pour un acte d’agression commis par ses dirigeants ? Et qui en a déjà commis et combien de fois, et qui en commet en ce moment même, et sous quelles formes et avec quelles "excuses" et pour quelles indignations ? Posez les listes côte-à-côte, et on en reparle.

Et il se trouve aussi que, contrairement à d’autres, je m’en cogne et contre-cogne que l’Ukraine se trouve en Europe et que ses habitants soient des blonds aux yeux bleus.

Alors,
Aux Raphaël Glucksmann & consorts...
A tous ceux qui ont trouvé dans cette affaire un exutoire pour leur racisme, leur bellicisme - qui l’eut cru ? - et un casus belli contre la liberté d’opinion et notre droit de savoir...

...Tant que la Tour Eiffel ne sera pas éclairée, ne serait-ce qu’une fois, une seule fois, aux couleurs de la Palestine, du Yémen, du Soudan, de l’Irak ou de [longue liste], je n’ai qu’une réponse : "Fermez-la".

Viktor Dedaj

URL de cet article 37828
  

Même Auteur
Les Etats-Unis de mal empire : Ces leçons de résistance qui nous viennent du Sud
Danielle BLEITRACH, Maxime VIVAS, Viktor DEDAJ
Présentation de l’éditeur Au moment même où les Etats-Unis, ce Mal Empire, vont de mal en pis, et malgré le rideau de fumée entretenu par les médias dits libres, nous assistons à l’émergence de nouvelles formes de résistances dans les pays du Sud, notamment en Amérique latine. Malgré, ou grâce à , leurs diversités, ces résistances font apparaître un nouveau front de lutte contre l’ordre impérial US. Viktor Dedaj et Danielle Bleitrach, deux des auteurs du présent livre, avaient intitulé leur précédent ouvrage (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

(...) quelqu’un a dit il y a vingt ans : "vous pouvez croire tout ce qu’on raconte sur cet homme, sauf qu’il est mort".

(...) Ce lieu sera pour toujours un témoignage de lutte, un appel à l’humanisme. Il sera aussi un hommage permanent à une génération qui voulait transformer le monde, et à l’esprit rebelle et inventif d’un artiste qui contribua à forger cette génération et en même temps en est un de ses symboles les plus authentiques.

Les années 60 étaient bien plus qu’une période dans un siècle qui touche à sa fin. Avant toute chose, elles ont été une attitude face à la vie qui a profondément influencé la culture, la société et la politique, et a qui a traversé toutes les frontières. Un élan novateur s’est levé, victorieux, pour submerger toute la décennie, mais il était né bien avant cette époque et ne s’est pas arrêté depuis. (...)

Avec une animosité obstinée, certains dénigrent encore cette époque - ceux qui savent que pour tuer l’histoire, il faut d’abord lui arracher le moment le plus lumineux et le plus prometteur. C’est ainsi que sont les choses, et c’est ainsi qu’elles ont toujours été : pour ou contre les années 60.

Ricardo Alarcon,
président de l’Assemblée Nationale de Cuba
Allocution lors de l’inauguration de la statue de John Lennon à la Havane, Décembre 2000

Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.