RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Les fausses habiletés de Sarkozy, par Michel Husson.



Copiez insérez multipliez librement, c’est cadeau !
www.olivox.com






Regards, septembre 2007.


Le « paquet fiscal » de Sarkozy, son cadeau de bienvenue, pose deux questions : quelle gestion de la lutte des classes, et quelles relations avec les autres bourgeoisies européennes ? Cette terminologie que d’aucuns jugeront archaïques est pourtant appropriée. La loi TEPA (travail, emploi et pouvoir d’achat) marque en effet une offensive de classe sans complexe qui organise un transfert de grande ampleur en faveur des couches sociales les plus favorisées. Certes, cette loi semble marier la carpe et le lapin : bouclier fiscal et baisse des droits de succession pour les plus riches, crédit d’impôt sur les emprunts pour les « classes moyennes » et défiscalisation des heures supplémentaires pour une fraction (d’ampleur d’ailleurs indéterminée) du salariat.

A court terme, cela peut faire une majorité. Mais ce court terme ne durera que jusqu’au prochain budget, puisqu’il faudra bien financer une partie au moins de ces largesses. Or, tous les moyens envisageables pour le faire vont frapper une autre majorité. Avec la TVA sociale, les consommateurs vont voir les prix augmenter, car il y a peu de chances que le gouvernement réussisse à convaincre les entreprises de ne pas profiter de l’aubaine en la répercutant dans leurs prix. Les fonctionnaires vont se trouver coincés entre le marteau des réductions d’effectifs et l’enclume des heures supplémentaires impossibles à payer. Les bénéficiaires d’heures supplémentaires vont peu à peu découvrir que la contrepartie est une moindre progression du salaire de base, et les salariés qui n’auront pas eu la possibilité de profiter de la manne seront légèrement aigris. Et tout le monde ou presque pâtira d’une nouvelle dégradation des services publics et de la Sécurité sociale.

A moyen terme, le programme de Sarkozy, une fois lancé, est une machine infernale, dont toutes les pièces s’imbriquent les unes dans les autres : nouvelle « réforme » des retraites, nouvelle « maîtrise » des dépenses de santé, nouvelle réduction des moyens des services publics, nouveau contrat de travail. On voit bien alors que la base sociale du sarkozysme est destinée à se rétrécir comme peau de chagrin. Si la majorité de la population réalise qu’elle paie les cadeaux aux riches, les oeillères risquent de tomber assez vite.

Tel est le dilemme de Sarkozy. S’il cherche à faire passer l’intégralité de son programme, il fabrique mécaniquement une compréhension du contenu de sa politique. S’il y renonce, il perd son crédit politique fondé sur l’idée de rupture. Ce ne sont pas quelques Besson ou Hirsch de plus qui suffiront à résoudre cette équation. D’où la nécessité d’une certaine distance à l’égard de l’orthodoxie européenne. D’un côté, on donne un coup de pouce à Angela Merkel pour faire passer son traité simplifié, mais, de l’autre, on reporte aux calendes grecques le retour à l’équilibre budgétaire et on institue une TVA sociale. Cette mesure - très peu coopérative - vise à reporter sur les autres pays la charge d’un certain laxisme budgétaire. Là encore, la voie est étroite car les rodomontades du gouvernement français sur la Banque centrale et sa non-gestion de l’euro sont un pur simulacre dans la mesure où il n’a ni l’envie ni les moyens de s’affranchir durablement du carcan libéral européen.

La reprise économique pourrait desserrer cette contradiction en donnant des marges de manoeuvre budgétaires. Mais il faut compter aussi avec la médiocrité du personnel politique : gaffes de Fillon, inconsistance de Besson, souverainisme insultant de Guaino (« Le problème de l’Afrique, c’est de cesser de toujours répéter, de toujours ressasser » fait-il dire à Sarkozy à Dakar). Il suffit de lire les articles de Godet qui ont inspiré la réforme des heures supplémentaires ou encore le discours de Lagarde à l’Assemblée [1] pour découvrir que la cohérence idéologique de Sarkozy est de faible intensité. Pour la ministre de l’Economie, par exemple, « il ne sert à rien de se chamailler quand il est l’heure de travailler ». On est donc assez loin de Gramcsi. L’habileté supposée de Sarkozy ne tiendra pas la distance, et les astuces style « plan Alzheimer pour justifier les franchises » n’auront qu’un temps. La politique de Sarkozy est donc condamnée à ressouder le camp du travail et fissurer celui du capital. Mais tout dépendra des luttes sociales qu’il trouvera sur son chemin. Et ce n’est pas une clause de style.

Michel Husson

Michel Husson, administrateur de l’ INSEE, chercheur à l’ IRES ( Institut de recherches économiques et sociales).
Auteur entre autres, de "Les casseurs de l’ Etat social", La Découverte.




L’usine à gaz Sarkozy, par Michel Husson.


TVA « sociale » et impostures fiscales... par José Caudron et Catherine Mills.

On meurt de désespoir au travail, après y avoir mal vécu. La caricature du capital, par Danielle Bleitrach.









[1Documents disponibles sur le portail OUPS : http://sarkoups.free.fr.


URL de cet article 5302
  

Même Thème
Rêves de droite : Défaire l’imaginaire sarkozyste
Mona CHOLLET
« Elle, je l’adore. D’abord, elle me rassure : elle ne dit jamais "nous", mais "moi". » Gilles Martin-Chauffier, « Fichez la paix à Paris Hilton », Paris-Match, 19 juillet 2007. En 2000, aux États-Unis, un sondage commandé par Time Magazine et CNN avait révélé que, lorsqu’on demandait aux gens s’ils pensaient faire partie du 1 % des Américains les plus riches, 19 % répondaient affirmativement, tandis que 20 % estimaient que ça ne saurait tarder. L’éditorialiste David Brooks l’avait (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Le système bancaire moderne fabrique de l’argent à partir de rien. Ce processus est peut-être le tour de dextérité le plus étonnant qui fut jamais inventé. La banque fut conçue dans l’iniquité et est née dans le pêché. Les banquiers possèdent la Terre. Prenez la leur, mais laissez-leur le pouvoir de créer l’argent et, en un tour de mains, ils créeront assez d’argent pour la racheter. ôtez-leur ce pouvoir, et toutes les grandes fortunes comme la mienne disparaîtront et ce serait bénéfique car nous aurions alors un monde meilleur et plus heureux. Mais, si vous voulez continuer à être les esclaves des banques et à payer le prix de votre propre esclavage laissez donc les banquiers continuer à créer l’argent et à contrôler les crédits.

Sir Josiah Stamp,
Directeur de la Banque d’Angleterre 1928-1941,
2ème fortune d’Angleterre.

Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.